Voilà , je me dis que j'ai besoin de l'avis avisé (!!) de lecteurs. Je me dis que je peux avoir confiance aux gens d'Eltanin pour avoir l'oeil littéraire. Je me dis que peu de gens connaissent vraiment ce que sont les Electrawax par ici. Et tant mieux c'est ce qui m'arrange. Voilà , je m'explique: je bosse sur un projet littéraire depuis pas mal de temps, ça fait juste près de quatre ans que j'ai eu l'idée, depuis je bosse l'idée, je la ponce, je l'adapte au fil d'idées diverses et variées, et surtout quatre ans que je chope les idées, que je crée de choses, en détruit plusieurs, et bref, je pense être enfin arrivé plus où moins à la construction finale de ce que sera l'univers que je compte proposer. Et avec la création de cet univers arrive enfin le moment ou il faut se lancer dans ce qu'on veut, c'est à dire l'écrire. Et donc j'ai écrit ce qui sera le "prologue" de ce qui pourrait être le premier volume. Il ne se passe pas à l'époque ou se passera l'intrigue générale (qui sera située en août 1281 - je laisse les historiens savoir ce qui s'est passé à cette date) et servira à présenter, à donner envie d'avoir la suite.
Donc voilà , je vais vous demander, si vous avez déjà le courage de le lire, si ce prologue remplit ce devoir. C'est à dire que vous comprenez après la lecture les bases de ce qu'est une "Electrawax" (nom barbare je l'accorde mais c'est le même nom depuis 4 ans et je n'ai jamais eu la volonté de le changer), si ça donne
envie, si le style n'est pas trop lourd (je sais que j'ai une tendance à laisser le narrateur faire ce qu'il veut, trop inspiré par Douglas Adams peut-être) et si vous voyez des fautes grosses comme une maison (je sais absolument pas me relire, je laisse toujours passer des trucs énormes, et j'ai beau faire ça ne passe pas), signalez le. Vos commentaires seront lus avec grand interêt de ma part.
Le premier chapitre et le second sont déjà finis par ailleurs. Si des gens les veulent, pourquoi pas
.
Donc voilà je vous laisse au contenu tant attendu (on va finir par croire que je tourne autour du pot), hop là boum:
PROLOGUE2493"Mes amis, il y'a presque un siècle, nos vibrants ancêtres découvraient l'Amérique. Depuis, nous avons commis des évolution, des régressions, des coups de génie, des grandes erreurs. Mais aujourd'hui, là ou en 1492 l'Europe avait accédé à la Renaissance, je suis fier de décréter aujourd'hui, qu'en 2493, c'est le Monde entier qui accède à une nouvelle Renaissance, et ce n'est..."
C'était un long, douloureux et pompeux discours. Il faut dire qu'en ce 19 Décembre 2493, l'heure n'était pas à être humble. Pour la première fois, un vaisseau spatial avait été construit. Certes, ce n'était pas quelque chose de fondamentalement nouveau. Là ou ça devenait spécifiquement intéressant c'était dans le fait que le dit vaisseau spatial possédait la superficie d'un pays comme l'Autriche. Enfin l'ex-Autriche. Il fallait dire que dans ces temps-là , la comparaison à des pays de notre époque ne voulait pas dire grand chose, ni même que se référer à la notion-même de "pays" était quelque chose de très antique.
Dans le public d'officiels chargés de suivre ce très long, très douloureux et définitivement pompeux discours, il y'avait une femme. Robe de soirée blanche, couvrant comme le veut l'époque des épaules aux mollets, mais laissant les bras nus et exposant le nombril. Cheveux châtains, courts, coupés peu après les oreilles, mais en bataille. Comme si une loi physique s'était créée juste pour elle et disait, en gros, "ces cheveux ne seront plus JAMAIS comme avant." Soit, elle s'en accommodait plus où moins bien. Et sur le moment, elle se sentait à peu près contente d'elle et ses cheveux étaient donc le cadet de ses soucis. Il fallait dire qu'elle avait été fière d'être une des principales têtes pensantes du projet Mercury. Bon, elle n'avait pas vraiment pu imposer le nom. "Mercury" était une idée du professeur responsable en chef, Ikila Nanparov. Léna aurait préféré un nom plus clinquant, comme "Infinity", ça, c'était vraiment chouette.
"... et pas moins de dix millions de personnes pourront donc vivre dans l'espace, à l'abri des dangers qui peuplent notre terre et dont nous sommes pour le moment encore totalement impuissant... "
C'est vrai que si il fallait trouver un intérêt à envoyer dix millions de personnes dans l'espace, l'argument d'une vie sans radiations et sans animaux du fléau était le meilleur, mais pas le plus proche de la vérité: le personnage proférant le discours étant le maire de la Grande Cité de Karachi-Islamabad, il ne peut néanmoins pas dire publiquement: "on a besoin de place ici, et on va envoyer les gens qui servent à rien dans l'espace." Mais qu'importe, l'idée était là et déjà pas moins de sept millions de personnes issues de la Grande Cité de Karachi-Islamabad avaient signées et payées pour faire partir de ces gens qui partaient vivre pour la première fois dans un monde artificiel, fruit de vingt ans de théorie, trois ans de chantiers intensifs, de compétition avec une entreprise concurrente, de retards, de ragots journalistiques, de plaintes politiques, de masturbation administrative et, fruit sur le gâteau, du soutien et de la protection d'êtres immortels vivant dans une autre dimension et portant tous les attributs de l'image de l'ange lambda. Mais ceci était officieux et uniquement deux personnes étaient au courant de ce fait et ne l'avait jamais dit à qui que ce soit. Même si, de leur avis, quiconque apprendrait cela risquait sans nul doute bien rire et retourner tondre la pelouse, faire la vaisselle, ou toute autre activité enrichissante et utile pour le bien de tous.
Le discours était interminable, le politicien s'étirait en longueur, la jeune femme se leva de son siège, souffla quelques mots à son voisin de gauche, celui-ci remua légèrement la tête, et baissant la tête, traversa la salle pour prendre la première porte de sortie, sous le regard inquisiteur du mauvais orateur qui en oublia même le mot suivant, presque vexé.
La jeune femme en question était effectivement importante à ses yeux, car il s'agissait de Léna Voldava. 36 ans, aucun diplôme, aucun réel passé, mais elle avait su aider et conseiller efficacement le professeur Nanparov, participer aux calculs, à la communication et, certains l'affirment, avoir aidé sur le chantier, principalement en machinerie. Certes, ce ne serait pas elle qui obtiendra le prix de l'homme de l'année 2493 du Times mais qu'importe, elle laissait ce titre à Nanparov avec plaisir et se rattraperait sans doute plus tard. Peut-être pas dans ce siècle, mais dans une époque prochaine.
Elle entra dans ce qui lui servait de bureau. En réalité, elle n'y avait mis ses pieds que trois fois: une fois en mars, une fois en juin et une dernière fois en octobre. Il faut dire qu'elle travaillait toujours chez elle, au grand dam du personnel local, toujours très stressé par le projet faramineux que représentait le Mercury. Ce n'est pas comme si c'était l'avancée scientifique du millénaire qu'ils disaient tous en prenant le métro aérien pour rejoindre le quartier où elle vivait afin de lui filer en main propre quelques papiers importants, et qu'ils ne referaient plus le trajet, que Madame Voldava devait être plus assidue à son bureau, pour le bien de tous, et que Madame Voldava devrait ranger son studio, et que manger du maïs était encore quelque chose de dangereux, et qu'ils ne reviendraient pas. Mais non seulement ils revenaient toujours, mais au fil du temps le studio était de plus en plus semblable à une de ses images antiques représentant la guerre des tranchées. Le coté tragique en moins. C'est en pensant à tout ça que Léna était entré dans ce lieu désormais mythique qu'était ce bureau. Pourtant, les femmes de ménages continuaient courageusement de faire le ménage, à en juger par l'absence totale de poussière, de toiles ou de tout ce qu'on pourrait attendre d'une pièce désertée pendant deux ans.
Et quand Léna alluma la lumière, c'est pour voir quelqu'un assis derrière le bureau. Une femme, aussi. Plutot jeune physiquement aussi, on pourrait lui attribuer entre vingt-trois et vingt-sept ans. Cheveux de couleurs grisâtres, longs, attachés et portés en queue de cheval, poches sous les yeux d'une taille relativement peu commune, elle dormait. Léna jeta un oeil au dessus de la tête de la visiteuse: il y'avait bel et bien cette auréole caractéristique qui pendait au dessus de sa tête, mais qui était presque transparente et n'émettait aucune lumière. Elle vit également au niveau de la paupière, sur cet oeil fermé, une inscription assez petite mais lisible: "XII", des chiffres romains. Puis elle regarda au niveau du buste mais ne sembla pas trouver ce qu'elle cherchait, qu'importe elle lui demanderait puisque celle-ci venait de se réveiller, ouvrant assez rapidement les yeux pour une personne en plein sommeil. Et ouvrant assez vite sa bouche:
"- Tu m'as fait attendre. Bécasse."
Ce n'était pas spécialement dit avec gentillesse. Mais Léna sembla prendre ça pas spécialement mal. Enfin, elle avait décochée un chaleureux sourire et répondit, ton léger, presque arrogant:
"- Oh. Depuis quand tu attends comme ça ?
- TROIS JOURS. TROIS."
Cette femme aux poches sous les yeux gigantesques venait de littéralement crier sur Léna, avec cette fois-ci de la haine et dans un ton rempli de "je vais me venger un jour tu vas pas comprendre d'ou ça vient sale conne" - en gros. D'un coté elle savait pertinemment que cette vengeance n'aurait jamais lieu.
"- Oh."
C'était un "oh" amusé. Et Léna était véritablement amusée. Donc elle était restée dans ce bureau, à l'attendre, pendant trois jours. Folie. Et elle n'avait même pas essayée de la trouver à son studio ? Pourtant le lieu était assez connu, il suffisait de demander. Elle imaginait déjà qu'elle avait du recevoir comme conseil d'un des scientifiques de l'immeuble "installez vous dans son bureau, je l'envoie dès qu'elle arrive."
"- Arrête de te moquer de ma tronche. Je suis arrivée, un de tes gus m'a dit "Installez vous dans son bureau, je vous l'envoie dès qu'elle arrive", et à chaque fois que je demandais, ils m'ont dit que tu allais pas tarder."
Elle lâcha un de ses petits rires mesquins dont le sexe féminin avait le secret. Elle reconnaissait bien son équipe pour une fois. Elle avait découvert il y'a peu qu'ils s'amusaient à envoyer des gens dans son bureau et à compter combien de temps ces invités tiendraient. Celle-ci avait indubitablement remportée le record du monde pour un petit moment. Et, pour sa défense, Léna n'avait pas mis non plus les pieds dans l'immeuble depuis cinq jours, ayant passé surtout son temps à visiter le monde artificiel que contenait Mercury. Néanmoins, après s'être laissé écoulé quelques secondes, la scientifique mit fin à son doux sourire et, plus sérieusement,
"- Par contre, Orion, même si elle est transparente, j'espère que tu n'as pas exhibée ton auréole devant mes scientifiques."
Celle qui se nommait Orion soupira et lâcha à Léna un regard noir, méprisant. Et ne prit même pas la peine de répondre. Bien sûr qu'elle n'avait pas exhibée son auréole devant des humains, ni même ses ailes si la fille aux cheveux châtains se posait la question. Léna prit le fauteuil qui se trouvait juste à coté d'elle, un pur fauteuil dans la continuité de ce mobilier purement inspiré des années 2000. Orion, après avoir jeté un oeil rapide à la salle, faisant mine de la découvrir alors qu'elle connaissait celle-ci par coeur, lança:
"- Bien, bien, bien... je vois que tu restes attachées aux années 2000 si j'en vois ton...
- Ca fait depuis la crise du ciel coupable que je ne t'ai pas revu, Orion."
Léna avait, sans pitié, coupé le blabla de son invitée. Dans un soupir de dépit, Orion se leva du fauteuil, passa sa main devant ses yeux, les poches disparurent. Et, accompagné d'un geste en avant de la main droite, une paire d'ailes sortirent du dos d'Orion, passant à travers deux minces coupures dans la longue robe noire à rayures rouges que portait la femme. Ces ailes étaient composées de plumes, d'un grand nombre de petites plumes qui semblaient solidement compactes, et la couleur noire donnait l'impression de voir, à taille humaine, des ailes de corbeaux. Néanmoins ces ailes ne devaient pas excéder, en taille, les soixante centimètres de large. Léna fit un léger sourire:
"- Désolé, je ne peux pas le faire, ma robe de soirée n'étaient pas fournies avec les coupures."
Mais une auréole apparut au dessus de sa tête, voletant doucement, et diffusant une légère lumière, peu visible à cause de la lumière principale qui inondait déjà le bureau. Orion, appuyant sur un bouton, ouvrit légèrement le store de la pièce, offrant une petite vue sur, au loin, une gigantesque sphère entourée de couleurs, qui semblait illuminer un important paysage urbain depuis une grande colline.
"- Le Mercury..." dit-elle avec mépris. Léna ne pouvait pas voir, étant à son dos, le regard haineux que celle-ci portait au vaisseau spatial qui pouvait être aperçu de loin, mais savait qu'il existait. Elle fit un autre de ces petits rires moqueurs et dit, doucement, mot par mot:
"- Tu as mis du temps avant d'en parler, je pensais que tu irais directement au sujet. Mais je suis surprise de voir que l'Electrawax de l'Astronomie boude ma création.
- Bien sûr que je la boude. L'humanité ne mérite pas l'Espace. J'étais déjà scandalisée à l'époque d'Apollo et de toutes ces conneries de prise de la lune. J'étais... j'étais... satisfaite d'avoir vu l'humanité régresser au point de ne même plus pouvoir observer les étoiles. Mais...
- ... j'ai tout gaché, comme d'habitude. "
Léna gardait son sourire et semblait se délecter de cette peine chez sa congénère. Elle réfléchit quelques instants et reprit:
"- C'est assez amusant. Tu es ma tutrice, j'étais censée te voir plus que les autres Electrawax. Mais ça ne fait que la quatrième fois que je te rencontre. En cinq-cent ans. Et à chaque fois tu me fais clairement comprendre que j'ai gâché tous tes plans et toutes tes envies. Je vais finir par avoir du... remords ?"
Elle avait pesée le dernier mot, l'ayant fait langoureusement attendre, pour excéder encore plus celle qui fut donc sa tutrice, qui se mordait la lèvre inférieure avec virulence tandis qu'une larme perlait de son oeil droit. Une larme de rage et de frustration. D'habitude elle punissait, mais là elle savait qu'elle ne pouvait simplement pas le faire, c'était une des rares fois ou elle était réellement frustrée. Cela laissant parfaitement à son apprenante le droit d'en rajouter une couche:
"- Mais qu'est-ce que tu croyais en acceptant de prendre le tutorat de l'Electrawax de l'Infini, hein ?"
C'en était trop, Orion fit volte-face, lança un regard rageur à Léna, et disparut de son regard tandis que Léna put entendre un bruit de porte fracassée. Se retournant, elle s'aperçut que sa porte avait bien été démolie à un tel point qu'on aurait pu croire qu'un rhinocéros avait fait le coup. Bah. Léna vit un léger geste de la tête et la porte se remit telle qu'elle était avant la catastrophe. L'auréole au dessus de sa tête disparut et elle porta son regard par la fenêtre tandis que les stores s'ouvrirent complètement, dévoilant le paysage urbain de Karachi-Islamabad. La ville était toujours aussi gigantesque, et n'avait pas changé d'un pouce depuis que Léna y avait fait ses premiers pas, il y'a quatre-cent-soixante-sept ans. La régression technologique y avait certainement aidé. Elle retira sa montre et regarda son poignet gauche, ou on pouvait lire, dans le sens de la longueur, un tatouage qui exhibait un "XXV", puis elle soupira.
"- Ah la la la Electrawax XII, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de toi, si tu refuses ainsi le débat... ?"
Au loin la sphère était toujours prête au départ, dans quelques heures à peine elle rejoindrait l'orbite terrestre et deviendrait une seconde lune. Une lune habitée. Peuplée de sept millions de pauvres et d'une poignée de riches qui espèrent une nouvelle vie. Peut-être que leur voeu se réalisera. Bien, il était temps d'aller aider le professeur Nanparov à appuyer sur le bouton du décollage devant les caméras et tout le carcan médiatique. Puis dire encore une fois combien elle était fière, heureuse, joyeuse et caetera. Et puis disparaître, quelques temps. Peut-être sur Mercury. Ou sur Mercury II, après tout le chantier était déjà à la moitié. Ou peut-être à Lagos, à Veneily, ou dans une de ses petites villes qui se recréent dans des zones desinfectées. Ou peut-être s'installer en ermite dans ce désert qu'est le continent américain. Et puis dormir un peu quelques années. Et puis se réveiller. Et puis se construire une nouvelle vie, encore une fois. Tout le monde l'aura oublié. Encore une fois.
Et tant mieux, c'est ce qu'elle voulait.