Comme toute règlementation, celle qui concerne la conduite repose sur l'idée qu'elle est acceptée - pas nécessairement de gaieté de coeur il est vrai - par toutes les personnes concernées, ou du moins la quasi-totalité, qui admettent que ladite règlementation est nécessaire et dans l'intérêt de tous, ce qui rend possible la répression : les personnes qui refusent de "jouer selon les règles" refusent donc de respecter l'intérêt d'autrui et à ce titre sont condamnables.
Aujourd'hui nous nous trouvons face à une règlementation ubuesque, tellement coercitive que de plus en plus de gens ont le sentiment qu'elle vise purement et simplement à nuire/oppresser et non à préserver l'intérêt commun. Le résultat ? La dernière fois que je me suis penché sur les chiffres, deux millions de conducteurs sans permis en France (estime-t-on).
Lorsque l'insoumission atteint une telle ampleur, que veux-tu faire ? Coller ces deux millions de personnes en prison ? Les hors-la-loi sont supposés constituer une infime minorité ; lorsque cette minorité prend une telle ampleur, c'est tout l'édifice qui est menacé.
Avec sa politique ultra-répressive et maniaque, la "sécurité routière" est en train, sans même s'en rendre compte, d'atteindre exactement le contraire de son objectif : au lieu de pousser les gens à respecter les règles, elle les fait tellement chier qu'ils finissent par les ignorer, considérant qu'elles sont tellement restrictives qu'elles sont inconciliable avec leur mode de vie.
Bref, on a recours la solution de facilité, celle qui ne nécessite aucun travail en profondeur, dont l'application sera bien visible et permettra à qui de droit de prétendre que "des efforts sont faits" - démagogie, quand tu nous tiens. On soigne les symptômes en retirant leur permis à de plus en plus de conducteurs - qui sont de plus en plus nombreux à s'en passer comme je le disais.
En clair, on est contre-productif au possible, à emmerder les gens sur tous les médias avec des slogans à la con, des films supposés "chocs", des mesures répressives de plus en plus lourdes et démagogiques - les jeunes conducteurs qui n'ont droit qu'à la moitié de leurs points pendant trois ans et ne récupèrent le reste que s'ils n'en ont pas perdu UN SEUL pendant tout ce temps, c'est... écoeurant, franchement, ça me donne des envies de meurtre. On brasse beaucoup d'air, c'est clair.
Je crache sur toute cette hypocrisie démagogique qui pagaye à contre-sens plutôt et se refuse à s'attaquer aux problèmes de fond. Comme par exemple le fait qu'on vende des voitures capable d'atteindre les 250 km/heure alors que la limitation la plus élevée est de 130 par exemple - et je me retiens de partir sur le sujet, les allemands ont prouvé, depuis des décennies, qu'on pouvait très bien se passer de limitations de vitesse, mais bref. On s'attend à quoi ? Que les conducteurs que la vitesse démange ignorent bien sagement que l'aiguille n'est qu'à la moitié du compteur ?
Par définition, l'Homme est imparfait - "Errare humanum est" - et la conduite automobile est un exercice qui se prête bien aux erreurs dramatiques. Le risque zéro n'existe pas, il serait temps de l'admettre - on ira pas en-dessous de 0, 000... 1. Et lorsqu'on parle d'un échantillon de population de soixante millions d'habitants, même les plus infimes probabilités ont des conséquences sensibles.
Il y a eu, il y a et il y aura, aussi longtemps qu'on continuera dans ces conditions, des accidents routiers. Leur disparition ne passe pas par la répression outrancière, le battage médiatique et autres conneries. Ce sont les conditions mêmes qu'il faut changer. Aussi longtemps qu'on refusera d'imaginer et d'appliquer des solutions de fond, leur préférant des mesures superficielles, on obtiendra des résultats à leur image : superficiels. Je trouve obscène de se flatter d'avoir réduit de sept milles à cinq milles trois cents le nombre de tués sur les routes - chiffres pour 2005 - : pour moi ce ne sont pas mille sept cents "réussites", mais cinq milles trois cents échecs qui auraient pu être évités.