Les motifs pour lesquels des refus s'opposent à l'Europe du TCI puis du Traité de Lisbonne sont nombreux, je ne dirais pas le contraire. Rien que dans le paysage politique français, on a vu s'y opposer des tendances très divergentes.
Une analyse globale, pourtant, est possible. Cette Europe, qui est l'Europe de l'harmonisation contrainte et forcée, de la perte, pour chaque pays, de certaines de ses spécificités institutionnelles - lesquelles spécificités font partie de son monde de fonctionnement, de son organisation propre -, bref cette Europe qui se veut supranationale, qui se fait au détriment des Etats-Nations, cette Europe de la perte de la souveraineté nationale et de la possibilité pour chaque peuple européen de mener ses affaires comme il l'entend en le soumettant à des bureaucrates bruxellois, cette Europe-là , non, on en veut pas.
Concernant la confiance en les capacités des dirigeants, je me permettrai d'exprimer le plus grand scepticisme. Quand on nous tient des discours aussi simplistes que "Dire non, c'est être anti-européen", bref des discours manichéistes à la petite semaine, alors que depuis des décennies, avant même la création de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, au début des années 50, avant le Traité de Rome), il est évident qu'il y a plusieurs visions possibles de la construction européenne... Pour moi, les dirigeants qui ont négocié tous ces traités qu'on nous impose - et le procédé est d'autant plus inadmissible que lorsqu'on daigne nous demander notre avis, on répond non - sont, pour employer de la vieille réthorique rouge, "les laquais du capital". L'Europe se construit uniquement dans un objectif économique, soi-disant pour mieux nous défendre face à la mondialisation, en réalité pour mieux nous y enchaîner. Ce n'est pas une Europe des nations, c'est une Europe des porte-feuilles, et les Etats en sont les victimes. Il N'y a PAS d'identité supranationale européenne, tout au plus y a-t-il une identité occidentale, très floue, et qui ne concerne que de très grands traits culturels qui ne pèsent pas lourd face aux spécificités nationales. Dans ces conditions, faire une Europe fédérale - démarche soutenues et en train de se concrétiser - est impossible, et les dirigeants qui s'y prêtent sont, à mes yeux, coupables de haute trahison envers leurs pays.
_________________ Il est facile de distinguer les jours où je suis de bonne humeur de ceux où je suis de mauvaise humeur : les premiers, je me définis comme obscurantiste et professe que l'Humanité a désespérément besoin d'être ramenée au niveau technologique d'il y a trois siècles ; les autres, je me définis comme nihiliste et professe que le meilleur avenir auquel l'Humanité puisse aspirer, c'est une extinction sans douleur.
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