Parenthèse
Je dois clarifier la position d'Eltanin à ce sujet : tout simplement, même en humour, certains termes ne sont pas acceptés, que ce soit "pédale" (qu'un homosexuel voulait utiliser), "youpin" (qu'un juif souhaitait lancer) ou autre, c'est refusé, un point c'est tout. À partir de ce point de l'insulte raciste/homophobe/xénophobe/autre, les dérives peuvent se produire à un rythme extrêmement rapide (il suffit de voir la célérité avec laquelle le "niakwé" de Bonjour a déchaîné les passions).
Bien sûr, on peut considérer cette politique comme stupide. Que voulez-vous, le règlement a été défini ainsi, il y a d'autres sites avec un règlement plus sévère, d'autres avec un règlement moins sévère, et ici, ce sont ces règles-là que l'on applique.
Je me dois également de rappeler que sur Elta, la censure n'est pas automatique. Les termes interdits ne sont pas prohibés dans le code même de la chose. Ceci justement en prévision de débats comme celui-ci sur le sens des mots, mais aussi des textes littéraires qui pourraient avoir besoin d'un vocabulaire ordurier. Comment, par exemple, ce récit de Soulblighter pourrait-il se débrouiller sans termes injurieux ?
Bref, la censure des termes est laissée au jugement des Eltarques et Sédateurs.
Il est certain que dans un sujet tel que celui-ci, né d'une extraction de l'Horloge Parlante et appelé à discuter justement des termes à connotations racistes, les gros mots de tous types ne seront pas supprimés à la légère.
Mais il est tout aussi certain que le débat sera particulièrement surveillé. La question est délicate, c'est le moins qu'on puisse dire.
Prière de ne pas répondre à cette partie en italiques de mon message, elle est là pour exprimer l'orientation du forum en la matière, et l'orientation, sur le point de la censure, n'est pas sujette à débat, tant ces thématiques sont un vivier à Trollage.
Ce qui compte pour la discussion, c'est ce qui suit...
Pour revenir au sujet...
J'ai cet automne même vu
"L'âge des ténèbres" qui illustre bien, dans une certaine scène, le côté délicat du débat.
On y voit les déclarations d'un comité d'entreprise qui fait passer l'un de ses employés en cour martiale pour avoir plaisanté avec un autre employé, un Noir, en employant le terme
nègre. La séquence réunit à peu près, tacitement, tous les problèmes posés par ce genre de mots, car en opposant l'absurdité d'une négation sociale et le franc-parler du héros, elle n'omet pas la signification négative dont ont pu avec le temps se charger certains noms.
Cela se lie aux problèmes que sont la tolérance de l'intolérance et la tolérance de l'intolérable.
On ne peut pas décemment considérer le Noir de cette scène comme le complice passif de la propagation d'une terminologie raciste parce qu'il aime blaguer avec ses collègues en employant le terme
nègre.
Mais on ne peut pas non plus permettre encore que ledit mot soit employé à tort et à travers, parce qu'il est clairement chargé de mépris, dans sa signification contemporaine. Le
nègre implique des concepts épouvantables du genre "
salaud de Noir de race inférieure, sauvage et retardée".
Je connais des personnes à qui il paraît absurde d'avoir renommé les pâtisseries autrefois désignées comme
têtes de nègres. Il y a dix ans, j'étais de leur avis : "il ne faut pas avoir peur des mots, même les plus puants". Aujourd'hui, je me dis que je ne voudrais pas que notre génération et nos enfants continuent à manger des
têtes de nègres. Ce serait sinistre et carrément odieux, et je pense bien que d'une certaine manière, ça renforce les concepts que ça charrie.
La question est donc déjà sujette à dilemme, mais enrichissons-la de la considération suivante, histoire de rigoler : la vogue actuelle de non-dit, de politiquement correct, voire même de novlangue. Non-voyant, malentendant, technicien de surface, etc... vous la connaissez bien, cette langue de bois...
Dans leur utilisation de certains termes "atténués", les médias travestissent des noms et adjectifs tout à fait communs et inoffensifs en mots à éviter. Et c'est là que commencent des amalgames avec des termes injurieux déjà cités plus haut. Amalgames qui font la joie de toutes les personnes déclarant volontiers "
J'appelle un chat un chat, un Noir est bien un nègre et un homosexuel une pédale, une tarlouze...".
Là , on tombe dans un véritable Noeud Gordien des problématiques de la langue... et même de l'expression à tous les niveaux, m'est avis.