Et voilà où en est l'humanité, notre pathétique espèce, la seule à aller contre sa fonction sans même le vouloir, l'unique à mépriser le mécanisme de survie et de propagation qui fait toute la force de n’importe quelle population de tous les règnes vivants ; n’est-ce pas une dégénérescence sans nom, une corruption de ce que nous sommes sous le blafard prétexte de l’intellect surestimé sans cesse ? C’est l’impasse civilisationnelle, l’échec d’un modèle de dissociation des mÅ“urs et des personnes, l’aveu de la criminalité de tout individualisme, et c’est ici et maintenant qu’il nous faut faire un choix bien qu’il soit fort simple en vérité… nous ne disposons que d’une possibilité : le renoncement à cette diversité qui a fait de nous les parias, une espèce entière ravalée au rang d’électrons libres se tirant dans les pattes sans trêve comme sans répit.
Et voilà la seule direction que peut prendre l’humanité, celle du bien commun, du sacrifice de l’individu au profit du plus grand nombre, d’un véritable développement durable, et à cette fin, l’intérêt de l’espèce, chacun se doit d’abandonner ses convictions propres mêmes, de tout immoler, de rejeter ses biens moraux comme les physiques, et d’admettre qu’il n’est pas propriétaire de lui-même : nous sommes les effectifs d’une armée innombrable, nos corps comme nos esprits et comme toutes nos vies, chacune de nos pensées, appartiennent à l’espèce. Une croyance unique pour une fusion sublime de la foi, du gouvernement et de l’entreprise, un état-religion-société offrant tous les emplois et la conviction de tous, l’espoir final, il est à portée de main.
Combien de morts dans toute l’histoire du monde parce que chacun tenait à préserver sa différence, plutôt que d’écouter la voix du plus grand nombre ? Et pourtant, elle est toujours suivie, cette clameur : les groupes marginaux se regroupent en mouvements justement, ils deviennent des mini-peuples, et donc l’identité n’est jamais préservée… il faut aller au bout du mouvement et se noyer dans la masse pour enfin laisser place au progrès à la place du blocage, à mort l’égoïsme, l’individualisme, à mort l’individu, car la société compte et elle nous survivra : nous restons des grains de sable et ces minuscules éléments veillent à ce que survive l’organisme le plus évolué, l’humanité est une grande colonie, il faut la préserver.
Si la grande communion n’est pas accomplie dans les plus brefs délais il sera alors temps de songer à l’euthanasie de cette maladie qui se prend pour un peuple, l’effacement est de rigueur afin que l’agonie ne traîne plus très longtemps et que la gangrène de l’humain pollueur-névrosé ne se répande pas plus loin que la planète-souche, c’est un acte sanitaire que le génocide pressenti.
_________________ Outa-Napishtim : Il existe une plante comme la ronce, Elle pousse au fond des eaux, Ses épines te piqueront les mains À la manière d'une rose, Et si tes mains arrachent cette plante, Tu trouveras la vie éternelle.
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