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MessagePublié: 09 Juin 2012, 05:06 
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Des moulins, Sancho !
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Localisation : Vers l'est, dit le pendule.
Salut à tous,

Je mets ça ici pour l'instant, sachant qu'il y a des lecteurs de Monsieur le Chien qui traînent (je suis moi-même plutôt fan) ; je n'exclus pas d'en faire par la suite un début de blog (oh mon dieu, un blog, quelle horreur), car les vues récemment exposées par Monsieur le Chien sur l'histoire de France me donnent fortement envie de réagir (et je doute que le Comité de Vigilance face aux Usages publics de l'Histoire, http://cvuh.blogspot.fr/ , se penche sur la question).

D'abord, liste des planches en question :
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=522
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=523
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=525
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=526
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=528
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=529
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=530
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=531
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=532
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=533
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=535
http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=536
et il y en a apparemment encore quelques unes à venir.

Pour résumer : l'histoire de France, dans le milieu de l'éducation nationale comme dans le milieu de l'édition, est manipulée par les gauchistes. Et en général, ces sales gauchistes cherchent à donner à tout le monde honte d'être français et à faire du négationnisme à grande échelle.

Pour le milieu de l'édition, j'en sais rien. Mais pour le milieu de l'éducation nationale, je ris doucement. Monsieur le Chien rapporte deux cas (http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=523 et http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=525) anecdotiques de "profs gauchistes antifrançais". Dans le second cas, c'est effectivement scandaleux et très con de la part de la prof portraiturée (si le portrait en question est juste, mais admettons que oui, y'a pas de raison). Le problème, c'est que pour un Monsieur le Chien qui nous racontera les frasques de sa prof admiratrice du Viet Minh, d'autres pourront raconter leur propres anecdotes sur la déformation de l'histoire dans l'autre sens...

Ainsi, moi qui vous parle, je me souviens encore de ma Journée d'Appel à la Préparation à la Défense (c'était il y a... quelque chose comme huit ans) où les vidéos conçues et montrées par l'armée aux jeunes "préparés" (donc un discours plus officiel et universel que celui d'une prof isolée...) présentaient, elles, un récit qui lissait les choses... dans l'autre sens. Là où Monsieur le Chien accuse le milieu de l'édition, et la société en général, de ne pas vouloir parler des massacres perpétrés par le FLN par exemple ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=536 ), ces vidéos présentaient les première et deuxième guerre mondiale en des termes uniformément positifs pour l'armée française (pas un mot, par exemple, sur ces mutins de 1917 auxquels Monsieur le Chien accuserait sans doute les "gauchistes" de trop prêter attention). Elles glissaient surtout admirablement sur l'Indochine et l'Algérie en ces termes : "l'armée française combattit ensuite en Indochine et en Algérie". Je ne m'attends bien sûr pas pour autant à ce que l'armée française émette le même discours (con et faux) que la prof de Monsieur le Chien sur "la glorieuse armée populaire pulvérisant les lâches colonialistes". Et je suis conscient qu'en quelque chose comme 5 minutes - c'est le temps que devait durer cette séquence "historique", environ - il est difficile de présenter un discours nuancé et complet sur les quatre guerres susdites, qui sont des sujets très complexes. Mais, quand on commence à parler histoire, il faut assumer, et essayer - au moins essayer ! - d'être plus ou moins neutre, objectif, nuancé et complet... sans quoi on risque de se transformer en propagandiste.

C'est hélas ce que fait Monsieur le Chien en réaction à ce qu'il perçoit comme étant une propagande de gauche et anti-nationaliste trop présente. Triste destin pour quelqu'un qui a lu "des kilos de livres d'histoire" et s'est autant intéressé à ces questions. Il est même probable qu'il a plus lu et sait plus de choses sur ces sujets que moi. Je vais pourtant tenter une déconstruction de son propos, et de profiter de son discours sur certains points. Pour ceux que ça intéresse, un Long Monologue arrive... pour ceux que ça fait chier, je vous aurai prévenus. :sournois:

De la seconde guerre mondiale, de la collaboration et de la complexité des groupes et individus
D'abord, la question du "courage des français pendant la seconde guerre mondiale" ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=523 ) et des "tendances des français à la collaboration" ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=525 ). Pour un historien - ça peut paraître évident mais disons-le quand même - poser de telles questions n'a pas de sens. "Courageux" n'est pas un terme d'historien, qui n'a pas vocation à distribuer des bons ou mauvais points a posteriori à la manière d'un arbitre du concours de bite géant que seraient les conflits humains à travers l'histoire. Et "les Français" est une catégorie bien trop grossière, qui, pour l'époque de la seconde guerre mondiale comme pour aujourd'hui, cache une diversité énorme et des oppositions nombreuses. Même un comique de music hall comme Maurice Chevalier le chantait, à l'époque, même si son propos, unité nationale oblige, était qu'il fallait oublier ces divisions... Voeu pieux qui ne se réalisa pas, et qui, étant donné le régime de Vichy qui suivit, sonne très ironiquement. Sans parler de la division entre résistants, collaborationistes, et "entre deux", même au sein des deux premiers camps susmentionnés, c'est le bordel.
Parmi les résistants, on trouve entre autres :
- ceux qui petit à petit deviendront les "gaullistes" ;
- on trouve des gens issus de l'extrême-droite de l'époque, comme la susdite Action Française (par exemple, Henri d'Astier de la Vigerie ou Honoré d'Estienne d'Orves, le "premier martyr de la France libre"), alors que le fondateur du mouvement, Charles Maurras, s'était rallié à Vichy ;
- on trouve des communistes, surtout après l'offensive allemande contre l'URSS mais déjà avant, chose que Monsieur le Chien semble peu enclin à considérer lorsqu'il traite L'Humanité de journal collaborationniste, http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=530 - la relation du PCF avec les autorités allemandes avant juin 1941 étant loin d'être "pure", mais complexe, cf. pour débuter un lien aussi bateau que Wikipédia... La simple consultation de cette page eût évité à Monsieur le Chien de dire que des résistants communistes il n'y en a que "après 1941" ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=532 ).

Parmi les collaborationistes, on trouve aussi bien, là aussi, des élus issus du PCF que des membres d'Action Française. On trouve des contradictions individuelles, comme Joseph Darnand, germanophobe, patriote, héros de la campagne de 1940 contre l'envahisseur allemand, et pourtant chef effectif et fondateur de la Milice française, groupe collaborationniste par excellence, qui servit d'auxiliaire à la Gestapo dans ses opérations contre les résistants et les juifs (Darnand sera fait officier SS pour ses services).
Et entre-deux, bien sûr, une majorité de français ni vraiment résistants, ni vraiment collaborationnistes. Bien malin qui pourra dire ce qu'ils en pensaient, tous, et bien con qui osera dire qu'ils ont été "lâches"... ou à l'inverse "courageux".

Si je m'étends ainsi sur la seconde guerre mondiale, c'est d'abord parce que c'est évidemment une source majeure de "problèmes mémoriels" et sans doute la principale raison pour laquelle il peut y avoir, en France, un rapport difficile au passé (même si je pense que Monsieur le Chien exagère grandement ce phénomène). Après la guerre, le récit gaulliste et communiste insistait sur la résistance : toute la France était résistante (cf. le discours de de Gaulle à la libération de Paris, fondateur en la matière : "Paris libéré [...] avec le concours de la France toute entière, c'est à dire de la France qui se bat, c'est à dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle"). Le principal pavé dans la mare de ce récit fut le grand, l'immense, le allez-le-regarder-tout-de-suite-sinon-j'vous-bute film Le Chagrin et la pitié (1969), qui présentait - mais bien plus intelligemment que ce que Monsieur le Chien peut décrire de la situation actuelle - le discours inverse, insistant sur la collaboration au pire, et l'indifférence au mieux, de la plupart des Français. Autre étape majeure, le livre Le syndrome de Vichy de l'historien Henri Rousso (encore un dangereux gauchiste ?) décrivant, en 1987, le rapport difficile de la société française avec son passé collaborationniste. Au total, la seconde guerre mondiale, avec les innombrables commémorations qu'elle suscite, reste un sujet difficile à appréhender, et si je puis me permettre un avis personnel, d'autant plus difficile qu'il y a cette orgie de discours, commémorations et informations sur icelle guerre.

Mais aussi et surtout, c'est pour souligner combien les catégories et les a-priori sont casse-gueules. Prenez un Français de 1940 : impossible de prédire ce qu'il fera à partir de cette seule donnée, "français". Prenez un Français communiste, ou membre de l'Action Française : on peut hasarder des probabilités, mais ça reste un exercice à peu près aussi scientifique que l'astrologie. Et même si on réduit l'échantillon à un seul individu, on trouve bien souvent des parcours très complexes qu'il est présomptueux et con de réduire à "gauchiste", "héros", "résistant", "collabo", "courageux", "lâche". Hélas, Monsieur le Chien, qui n'hésite pas à agonir ceux qui (selon lui) mettent tous les Poilus dans un même sac ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=528 ), commet le même genre de bêtise dans la même page vis à vis de "l'extrême gauche", ce tas d'abrutis antifrançais qui ne s'intéresserait qu'à la Commune et pas à Suffren (quelle honte ! Suffren, kwa !) et passeraient leur temps à soutenir les sales terroristes d'Action Directe ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=535 ). Ayant moi-même appartenu à l'extrême gauche, me sentant encore de grandes affinités avec une partie de cette famille politique : oui, certains sont comme ça à l'extrême gauche, il y a des cons partout. Mais non, pas plus qu'un Français n'est automatiquement collaborationniste, un extrêmegauchiste n'est forcément un négationniste idiot.

L'histoire selon Monsieur le Chien : neutre, vraiment ?
Face à cette extrême gauche qui ne veut parler que de communards, de Charonne et de viet minh, Monsieur le Chien nous présente aussi "ses" sujets, ce dont il voudrait qu'on parle. A savoir : le général Bigeard (http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=523 et http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=525 ), Austerlitz ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=526 ), les Hmongs (même page), le général Leclerc ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=532 ), Suffren et le 11 novembre ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=535 ), et les atrocités commises par le FLN ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=536 ). C'est à dire en résumé ? L'histoire militaire française traditionnelle, celle des "grandes heures" de l'armée française, agrémentée de ce qui permet d'émettre un contre-discours sur les guerres d'Indochine et d'Algérie. En soi, cela n'a rien de sale. L'histoire militaire française est une histoire comme une autre. Austerlitz est un sujet comme un autre. Et les contre-discours, honnêtement utilisés, permettent de nuancer la description que l'on fait d'un événement historique.

Mais là est tout le problème : "un sujet comme un autre". Quelqu'un qui s'intéresse honnêtement à l'histoire ne se limite pas à ce qui l'arrange, à ce qui plaît à ses petits sentiments ou à son enthousiasme personnel pour les héros de la France, pour l'avant-garde de la Révolution, pour les grognards de Napoléon ou pour l'usage de l'araire par les paysans du Berry de 1370 à 1415. Sans quoi, on ne fait pas de l'histoire, mais de la pure passion, au même niveau que la fangirl postant à longueur d'internet "tro bi1 Twilight!" et "Edward JTM!!!!!". Ce qui est exactement ce que Monsieur le Chien est en train de faire : "Bigeard JTM!!!!!". C'est trop facile de voir midi à sa porte, de se décrire (comme tant d'autres) comme une victime et d'être butthurt in the first degree parce que soi-disant France 2 passe trop de trucs sur la guerre d'Algérie. Là encore, de l'autre côté de la barrière, un communiste aurait beau jeu de geindre lui aussi, sur tant de choses, par exemple l'absence de l'URSS lors des cérémonies du 6 juin ou du 8 mai, où l'on ne voit généralement que les drapeaux français, anglais, et américains (techniquement, beaucoup d'autres pays pourraient aussi se plaindre... les affiches de l'époque étaient plus fiables).

C'est pour ça qu'en tant qu'historien, bien que relativement peu intéressé par l'Indochine et par l'armée française, je regrette ce que Monsieur le Chien raconte ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=531 ) sur l'impasse rencontrée par son projet d'éditer "un témoignage de vétéran" où l'on se contenterait "d'écouter ce qu'il a à dire". Sentiment louable. Auriez-vous, cher Monsieur le Chien, eu le même engouement à publier n'importe quel autre témoignage historique ? Car pour l'historien tout témoignage a une valeur, celui du vétéran français et celui du combattant viet cong, celui de Bigeard et celui d'un guerrier aztèque du XIVème siècle. Inversement, sélectionner ce que l'on veut publier, ceux dont on veut "écouter ce qu'ils ont à dire", ce n'est pas neutre. Et je n'ai hélas que peu de doutes sur les sentiments qui animaient ici Monsieur le Chien, derrière sa neutralité affichée, étant donné que l'Indochine semble être pour lui une source d'importante émotion (protip : ne faites pas l'histoire de ce qui vous émeut, ça vous évite de faire des conneries).

Et je dirais même plus : l'historien devrait, idéalement (c'est hélas une tâche impossible pour un tas de raisons) se faire le gardien de la biodiversité historique. Favoriser les sujets dont on parle le moins, les témoignages dont on manque le plus. Austerlitz ? Leclerc ? Je n'ai absolument rien contre l'un ou l'autre mais ils ne se qualifient certainement pas comme "sujets historiques en voie de disparition". Chaque fois que j'entre dans un Relay (non, ceci n'est pas une pub) en gare, je tombe dans le rayon histoire sur une floppée de magazines sur l'histoire militaire napoléonienne ("Gloire & Empire", par exemple). Cher Monsieur le Chien, si vous cherchez les martyrs oubliés de l'histoire que personne n'écoute, il en est d'autres autrement plus convaincants que vous et le général Leclerc.

Il y aurait bien d'autres choses à dire tant les quelques pages pondues par Monsieur le Chien sont riches en conn... ahem, éléments contestables. Mais pour l'instant je termine sur ces bonnes (?) paroles. A vous les studios...


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MessagePublié: 09 Juin 2012, 05:30 
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Des moulins, Sancho !
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Localisation : Vers l'est, dit le pendule.
Ah si. Juste un truc à rajouter, en vitesse. La première case de sa dernière planche sur le sujet ( http://www.monsieur-le-chien.fr/index.php?planche=536 ) suggérant qu'un bouquin sur (hypothétiquement) "les viols dans la 1ère armée en 1945" serait juste un truc de "mecs engagés" destiné à des ados boutonneux et naïfs, me fout particulièrement la trouille et aussi la gerbe (pas le genre qu'on dépose le 11 novembre), historiquement et humainement.

La cucuterie du politiquement correct ne doit pas faire oublier que oui, les viols par les armées alliées (soviétique, américaine et française, notamment) ça a existé, c'est un vrai sujet, des gens que ça a affecté sont sans doute encore en vie aujourd'hui, et s'en moquer de la sorte est à peu près aussi classe et intelligent que de moquer Anne Frank et de suggérer que son histoire n'est pas intéressante, sous prétexte que beaucoup s'en servent de manière cucul et naïve pour montrer aux djeunz "comment c'est trop horrible le nazisme".


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MessagePublié: 09 Juin 2012, 10:05 
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Il est les ténèbres
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Inscription : 01 Mai 2005, 12:16
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Personnellement, c'est moins la forme que le fond du discours développé par MLC dans ces planches qui m'intéresse - et que je soutiens.

Je pense que c'est une séquelle laissée par
a) la collaboration, puis
b) la décolonisation
qui veut que "nationalisme" soit devenu un gros mot et tout ce qui se rattache au fait d'être patriote un comportement négatif. Je m'explique.

Aujourd'hui, il est difficile de nier que la question du sentiment d'appartenance à une nation, à un pays (un Etat-nation dans notre cas) constitue un sujet... disons sensible, voire brûlant chez certains.
En effet, le sens commun veut qu'on associe spontanément ce genre de sujets aux faits les moins reluisants de notre histoire récente. Les deux guerres mondiales - la première avec ses boucheries absurdes de la guerre de tranchées, la deuxième avec la collaboration - ou les guerres de décolonisation et les dérapages sur les populations civiles (consécutifs à l'évolution de la guerre au XXe siècle) : le nationalisme est considéré comme responsable de ça. Et par ça, j'entends les aspects puants : la boucherie, la collaboration, les abus sur les civils.
On fait une association en trois temps : le nationalisme, c'est la guerre. Et plus précisément, les trucs les plus dégueulasses de la guerre - soldats considérés comme de la chair à canon, collaboration avec la bête immonde, torture...
Attention, je ne suis pas "négationniste" : je ne nie pas que la Première Guerre mondiale a vu des boucheries vaines parce que les officiers d'Etat-major méprisaient la vie de leurs soldats, je ne nie pas qu'une partie de la population française a collaboré de bon coeur avec l'occupant, je ne nie pas les exactions durant la guerre d'Algérie, etc.
Mais le problème que je soulève, c'est que pour beaucoup de gens, une fois qu'on a parlé de ça, on a dit tout ce qu'il y avait à dire sur le nationalisme.
On le résume à ça : si vous êtes nationaliste, vous êtes un monstre, regardez de quoi il est responsable !

Vous voulez expliquer que vous vous sentez appartenir à une communauté, le peuple français ? Que vous admettez que vous êtes pour une bonne part le produit et l'héritier d'une certaine culture, que votre vision du monde, vos schémas de pensée sont le fruit de votre éducation dans cette culture ?
Vous voulez expliquer que cette culture a participé à la fondation de votre identité, voire qu'elle joue encore un rôle significatif aujourd'hui dans la définition de votre identité ? Vous voulez dire "Je suis français" et impliquer par là que vous parlez cette langue, que vous avez certaines valeurs judéo-chrétiennes et humanistes qui ont façonné votre définition du Bien et du Mal ?
Vous voulez reconnaître que vous devez bien quelque chose au pays qui a pris, et prend encore, soin de vous en vous éduquant, en vous aidant à vous soigner et en vous permettant une retraite ? Que vous êtes attaché à ce pays ?
Vous voulez parler du sentiment civique et de votre place dans cette communauté, avec les droits et devoirs afférents ?

Malheureux ! Mais vous encouragez le nationalisme-qui-tue-et-torture ! Au mieux vous dira-t-on que ça commence comme ça, avec vos bons sentiments, pour ensuite finir dans la barbarie la plus totale !

Voilà, me semble-t-il, le fond du propos de MLC - pas uniquement dans les planches évoquées par Tovarich, c'est un thème récurrent dans ses notes - et la problématique dans laquelle je me reconnais tout à fait : aujourd'hui, vous êtes supposés être un apatride, un "citoyen du monde" (la formule est d'une absurdité telle qu'elle mériterait un post dédié pour la démanteler) si vous voulez prétendre au label "vertueux". Si vous vous réclamez d'une nation, vous vous portez volontaire pour un lavage de cerveau qui va vous formater et vous programmer pour la guerre... et comme on l'a vu, la guerre, ce sont les pires saloperies que vous puissiez concevoir, donc en bref, vous serez un tortionnaire et une ordure idéologique.

Le corollaire absurde de cette diabolisation (bam, point Godwin, je parle comme le FN !) du nationalisme c'est l'auto-flagellation. Car oui, étrangement, vous êtes supposé renier vos racines et votre communauté nationale, mais on attend de vous que vous en assumiez les dérapages. Et assumer veut dire se repentir. Pleurer pour les victimes de la torture par l'armée française en Algérie par exemple, ou encore vous charger de la mémoire d'un enfant juif victime des nazi, pour reprendre une idée de notre ex-président...
Il ne suffit pas de renier le fait que vous soyez français, il faut qu'en plus vous en ayez honte. Pour bien montrer que vous êtes au-dessus de tout soupçon de nationalisme, j'imagine...

Cette bien-pensance est pour partie responsable de la progression du FN dans l'électorat. Hé oui. Car le nationalisme étant devenu une chose atroce et mortifère, plus aucun homme politique ne le maniait sauf pour le condamner... à l'exception d'un certain parti qui se l'est alors approprié avec aisance puisque tout le monde prétendait le refouler.
Le résultat ?
A court terme, une dynamique auto-entretenue (Le nationalisme, c'est maaal, et le FN le revendique, donc le FN c'est maaal ! D'ailleurs, regardez, le FN, si maaaléfique, revendique une position nationalisme, donc le nationalisme, c'est vraiment, mais alors vraiment maaal !) qui a fait les beaux jours de la diabolisation du FN - et du nationalisme.
A long terme, vu que l'être humain est un animal social qui a vocation à se regrouper en communautés, un transfert du sentiment d'appartenance : au lieu de se revendiquer d'une nation (bouh ! salopard !) on se revendique d'une origine plus ou moins fantasmée (divers chercheurs ont étudié l'image de "leur pays d'origine" que se font ceux qui brandissent des drapeaux maghrébins alors qu'ils appartiennent à la troisième génération d'immigrés, c'est pas triste...), d'une région reléguée aux manuels d'histoire (et qui a disparu à cause de ces ordures de français, tout se tient, n'est-ce pas, "ami" breton ou occitan ?), d'une religion (au point où j'en suis, j'imagine que je me fiche d'être en prime catalogué islamophobe en disant ça) ou autre groupes supposés vous définir. En d'autres termes, un empoisonnement en bonne et due forme du pays par le communautarisme. "Non, je ne suis pas français (quelle horreur, ça me donne des frissons rien que d'y songer), je suis [insérer ici une communauté]."

Ces dernières années ont vu la donne changer - pas pour les bonnes raisons ni dans le bon sens malheureusement.
Quand ils ont vu les résultats du FN aux diverses élections, nos hommes politiques se sont rendus compte qu'il y avait là un réservoir de voix à siphonner - non, je ne vise personne, notamment pas un ancien président de la République complexé par sa petite taille.
Ces hommes politiques ont donc injecté dans leur discours une dose de nationalisme - légère, hein, il ne s'agissait pas de faire fuir l'électorat bien-pensant, l'opération n'en aurait plus valu le coups.
Donc aujourd'hui, EN PLUS d'être une idéologie mortifère et immonde, le nationalisme est un appel du pieds au FN et le vecteur de manipulations démagogiques - autant de raisons supplémentaires de lui cracher dessus.
Et comme ça reste relégué dans le paysage idéologique de (l'extrême) droite, les nationalistes qui ne partagent pas le reste (c'est à dire les neuf dixièmes) de la ligne du parti des Le Pen l'ont toujours dans le cul, pour conclure sur une note poétique.

_________________
Il est facile de distinguer les jours où je suis de bonne humeur de ceux où je suis de mauvaise humeur : les premiers, je me définis comme obscurantiste et professe que l'Humanité a désespérément besoin d'être ramenée au niveau technologique d'il y a trois siècles ; les autres, je me définis comme nihiliste et professe que le meilleur avenir auquel l'Humanité puisse aspirer, c'est une extinction sans douleur.


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MessagePublié: 09 Juin 2012, 13:36 
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Inscription : 18 Déc 2005, 23:29
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Si je puis me permettre, au delà des polémiques, ( j'essaye )

Jaurès et les socialistes de cette époque étaient patriotes. La canaille, Une chanson en l' honneur des communards se termine ainsi :

Enfin c'est une armée immense
Vêtue en haillons, en sabots
Mais qu'aujourd'hui la vieille France
Les appelle sous ses drapeaux
On les verra dans la mitraille,
Ils feront dire aux ennemis
"C'est la canaille, eh bien j'en suis".

La première guerrre mondiale a provoqué une rupture.

Beaucoup de gens ont considéré qu'ils avaient été envoyé à la boucherie pour satisfaire le capital et divers iméprialismes ....... beaucoup de socialistes ont regreté l'union sacrée ...... Ils restaient patriotes mais ......

La seconde guerre mondiale a provoqué d'autres ruptures. Notamment, elle a déligitimé idéologiqument la droite traditionelle maurassienne, antisémite, raciste, représentée par Pétain au profit de la droite gaulliste. Pour reprendre la tripartie de Rémond, la droite légitimiste a été déligitimée au profit de la droite bonapartiste, la droite orléaniste des affaires s'en tirant en fait assez bien.

Mais la mythologie créée autour de la résistance a ressoud é la nation autour d'une image certes fausse mais rassurante.

Entre parenthèses, si d'aucuns comme Papon ont fait du zèle, et je renvoie à l'arrêt du Conseil d'Etat rendu à son sujet, sans être résistants, beaucoup de français, même antisémites, ont désaprouvé la politique de Vichy. Les rapports des renseignments généraux de l'époque le montrent et la France est un des pays occupé à avoir sauvé la plus forte proportion de juifs présents sur son territoire.

La grosse dificulté est qu' historiquement, la construction de la France comme nation résulte d'une travail idéologique complexe commencé sous la monarchie poursuivi sous les différents régimes. Ce travail a été interrompu après la seconde guerre mondiale et nous en payons les fruits aujourd'hui,avec par exemple la résurgence des nationalismes régionaux.

Je voyage souvent à l'étranger et je dois constater que les jeunes français sont les seuls à méconnaître leur hymne national et à ne pas l'aimer.

La deconstruction du sentiment national a d'autres raisons, comme notre incapacité à intégrer nos immigrés, la cosntruction de l' Europe, et surtout la marche du capitalisme qui broie les idéologies. De ce point de vue, beaucoup de dirigeants français sont largement devenus anti nationaux. Les élites de tous les pays européens voient la construction européenne comme un moyen de défendre leurs intérêts nationaux, nos dirigeants voient l' Europe et la globalisation comme des moyens d'en finir avec l'exception française... .

Maintenant, aimer la France et se sentir français n'interdit pas de saisir la complexité des évenements. 3 de mes arrière-grands aprents ne sont pas nés français et l' histoire officielle garde la trace de ce qu'ils ont subi......

Pour prendre un exemple plus neutre que la seconde guerre mondiale, Napoléon. En résumant :

Dans l'historiographie habituelle, un génial conquérant, l' homme qui a remis la France sur les rails après la Révolution et luia redonné des structures.

Dans l' historiographie révisée, un boucher, un précurseur d'Hitlmer qui a mis l' Europe à feu et à sang, un incapable qui n'a jamais gagné une bataille sans disposer au minimum d'une quasi égalité des forces et qui a gravement failli en Juin 1815.

Eclairer le débat serait un topic différent donc j'arrête là .

Sur le colonialisme, sujet qui me tient à coeur, je donnerais juste un exemple : la sénagal a perdu plus du tiers de sa population entre l'isntallation de la France et 1910 .....

J'ai conscience qu'on ne peut juger les faits à la lumière de nos valeurs actuelles mais déjà, à l' époque, cette colonisation était dénoncée.

_________________
Smouales étaient les borogoves


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MessagePublié: 09 Juin 2012, 17:19 
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Mascara de Muerte
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Inscription : 02 Août 2004, 17:50
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Localisation : Oui mais avec du beurre!°0°
Mon post sera simple, je ne crois pas aux pavés.

Je pense surtout que le point de Mr Le Chien est de montrer en fait qu'on ne peut pas parler de tout, et dans le pays des droits de l'homme, c'est quand même extrêmement important qu'on puisse laisser aux gens faire le choix de leurs arguments en pouvant examiner toutes les variables. Car après tout vous oubliez que ce dont il se plaint c'est surtout qu'il est maintenant impossible de pointer du doigt les saloperies que nous avons nous même orchestrer, et en temps qu'artiste essayant de faire passer une idée, c'est bien entendu lamentable, surtout dans un univers aussi culcul et concon que la Bédé française. Et avant de me faire jeter des petits cailloux pointus je développe un peu mon point de vue.

Au fond, la Bédé française, qu'est ce que c'est aujourd'hui ? Outre les gens avançant des concepts plutôt originaux avec des histoires vraiment travaillées ou fantaisistes, la Bédé française, c'est le "roman/roman historique" qu'elle met en avant avec des monsieurs bien dessinés sans gros pifs qui vivent des aventures inintéressantes au possible, c'est la génération de Bédés comme ronflantes qui me rappellent la facheuse tendance de la france de faire 160 films sur l'occupation par an, eh bien j'ai du nouveau pour eux : C'est relou. Oulàlà oui c'est horrible, 39-45 Nevah Forget. Ca fait 50 ans qu'on nous bombarde sur les films avec des résistants et des Nazis, on a COMPRIS que les Nazi c'est pas bien, on le refera plus, au risque de paraître insensible aussi on a COMPRIS que les juifs ont été de malheureuses victimes, inutile de repasser une énième couche en sortant le 15 film sur Jean Moulin pour nous faire pousser un cocorico national dont la plupart des gens de la génération actuelle n'ont cure. C'est triste mais c'est comme ça. Je considère que ces auteurs de Bédé sont les plus dépourvu de style et d'imagination personnellement. Aucun charme, aucune véritable histoire.

Bref, il est important d'aborder de nouveaux points de vue sur l'histoire pour qu'on apprenne toujours quelque chose. C'est un peu l'idée d'une BD traitant de l'histoire : Apprendre des trucs et non pas en ressortir toujours aussi bête après sa lecture. Nous faire réfléchir, et dans un univers ou il est facile de tuer des personnages juste pour choquer. Qui s’émeut encore de la mort d'un enfant/femme/vieux dans une BD française historique retraçant l'occupation? Qui arrive a ressentir de l'empathie pour les personnage ? Je vous met au défis, je connais des gens qui éprouvent plus de Sympathie en regardant Dumbo être éloigné de sa maman dans le classique de disney que de regarder un pelletons de Nazi fusiller un énième groupe de résistant, ET DUMBO RETROUVE SA MÈRE A LA FIN !

Soyons réaliste : Le seul moyen de sauver la BD historique est de mettre en lumière des faits nouveaux ou Obscurs. Non pas rabâcher toujours la même soupe avec dedans deux ou trois femmes a poil pour faire passer la pilule (Il y en a toujours dans la BD française)

Edit : Ah et accessoirement. Mon point de vue sur le Nationalisme est simple : Plus nous détesterons être français, moins on avalera les conneries du gouvernement et moins on aura de chance de ressembler aux Etats Unis. Ce qui est peut être la meilleure chose que la France peut espérer.

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MessagePublié: 10 Juin 2012, 02:20 
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J'ai toujours un vague élan de pitié quand je vois quelqu'un dire "Je suis fier d'être XXX" (<-- insérez ici une dénomination tribale de votre choix). Ce besoin primitif d'exhiber sa zigounette, de se tatouer des slogans sur le corps, d'exprimer sa "personnalité profonde" en supportant telle équipe de foot ou en portant telle marque de vêtement...
OUI, la France a apporté de bonnes choses (entre autre !) au long de l'histoire. Mais pourquoi a t-on besoin de s'encombrer de cet intermédiaire abstrait - "la France" ? Ne peut-on pas se contenter de défendre les *valeurs* en question ? Non, l'individu moyen a besoin d'être "fier" de quelques choses, de s'attacher à de petits symboles... et ce, avec une énergie telle qu'il n'en reste pratiquement plus pour défendre le "fond" qu'il y a derrière !

Là où je suis d'accord avec Le Chien, ceci dit, c'est par rapport à ce "2 poids 2 mesures" insupportable en matière de tribalisme :
- On peut sans problème cracher sur le vieux con réac "fier d'être Français", qui chante la Marseillaise avec son bérêt et sa baguette;
- Par contre, gardez-vous bien de critiquer quelqu'un qui serait "fier d'être noir", "fier d'être algérien", "fier d'être musulman" ! Là, ce serait de l'odieux racisme fascisto-colonialiste !
A mes yeux, les deux sont identiquement méprisables. On s'est plaint d'avoir vu trop de drapeaux maghrébins à Bastille le soir de la victoire de Hollande... Mais, mon bon monsieur, le problème n'est pas qu'il y ait des drapeaux maghrébins : le problème est qu'il y ait des drapeaux nationaux *tout court*, ce qui est totalement hors de propos. Par ailleurs, si un quidam avait brandit un drapeau israëlien, on se serait bien gardé de créer une semblable polémique, en raison de la peur (infiniement plus forte) de passer pour un abominable nazi antisémite...

Quoiqu'il en soit, derrière ces identifications ridicules se cache une chose absolument nauséabonde : la "culpabilité transgénérationnelle", cette idée (sourde et rampante) selon laquelle on serait responsable des crimes passés perpétrés par sa nation/race/religion/etc. Cette foutue "responsabilité collective" avec laquelle on nous bassine, avec ces cérémonies annuelles d'auto-flagellation sur tel ou tel génocide ou collaborationnisme. NON, il n'y a rien à "assumer" (j'excècre ce mot que sont si prompt à sortir les djeunz de banlieue). Il y a à constater, à tirer des leçons, à faire en sorte que ça ne se reproduise plus, etc... Mais pas à se mortifier et à se repentir pour des chose dont on est aucunement responsable. Mais dont on nous colle la responsabilité avec des étiquettes ridicules (ici : "français").
Que ces "crimes" aient eu lieu ou non n'est même pas le problème : on a PAS à nous forcer à nous y identifier. Point barre. C'est là que Monsieur Le Chien tombe dans le piège, en répliquant (instinct canin ?) par des "non non, NOUS les français, ON était pas des criminels/collabos/tortionnaires" - alors qu'il n'y a PAS a répondre ni même à se sentir concerné, tout simplement. Que l'accusation vienne d'une élite bien pensante ou d'un jeune crétin de banlieue ("z'y-va, s'pèce de sale colon !"). C'est ce mode de raisonnement dans son ensemble qu'il faut rejeter.

Pourquoi tant de hargne ? Mais parce que ce "sentiment d'appartenance", ce "besoin de repères", de "racines"... est la principale cause de conflits brutaux et stériles dans le monde actuel. Pour l'illustration, j'ai récemment croisé un sympathique chinois racialiste, qui tenait absolument à se marier avec une chinoise de la même ethnie (oui, les chinois sont très racistes entre eux, on s'occupe comme on peut dans la vie...) afin, je cite, que ses enfants "aient des répères", "sachent d'où ils viennent", "sachent QUI ILS SONT". Je vomis copieusement sur ce genre de mentalité - et dieu sais qu'on la retrouve dans toutes les cultures, à tous les niveaux... En cela, je suis à 100% pour l'éradication de ces "sentiments d'appartenance", quitte à cautionner les fadaises du style "citoyens du monde". Car si le monde actuel sombre dans le chaos (et c'est bien parti pour), ce sera grâce à ces formidables "sentiments d'appartenance", la crise économique n'étant jamais que le déclencheur de cette irréductible stupidité congénitale. Qu'on en finisse avec ça, bon sang ! Ca commence à contraster de façon violemment ridicule avec le niveau technologique de l'humanité, là.

Bref, pour résumer ce post en une phrase : ne tombons pas dans le piège qui consiste à répliquer à un tribalisme X par un tribalisme Y (ici, X = "nique la france" et Y = "cocorico-marseillaise"). Activons-nous plutôt à dépasser ce logiciel archaïque, avant qu'il ne nous mène à notre perte...

Au fait, arrêtez-moi si je me trompe, mais pour moi, "nationaliste", ça veut juste dire "pour la souveraineté de la nation" (par opposition au mondialisme, par exemple). Pas "qui chante fièrement la Marseillaise", comme on serait tenté de le croire en écoutant les médias. A trop s'astiquer sur les symboles, on en oublie de débattre sur les idées qu'il y a derrière...

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MessagePublié: 10 Juin 2012, 04:02 
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Des moulins, Sancho !
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Inscription : 23 Nov 2005, 22:50
Message(s) : 514
Localisation : Vers l'est, dit le pendule.
Ce sujet s'annonce verbeux et riche. Miam ! Ca va dériver en débat sur le nationalisme, mais bon, tant pis, so be it.

Yves a écrit:
Voilà, me semble-t-il, le fond du propos de MLC - pas uniquement dans les planches évoquées par Tovarich, c'est un thème récurrent dans ses notes - et la problématique dans laquelle je me reconnais tout à fait : aujourd'hui, vous êtes supposés être un apatride, un "citoyen du monde" (la formule est d'une absurdité telle qu'elle mériterait un post dédié pour la démanteler) si vous voulez prétendre au label "vertueux". Si vous vous réclamez d'une nation, vous vous portez volontaire pour un lavage de cerveau qui va vous formater et vous programmer pour la guerre... et comme on l'a vu, la guerre, ce sont les pires saloperies que vous puissiez concevoir, donc en bref, vous serez un tortionnaire et une ordure idéologique.


Là encore, je pense que chacun voit midi à sa porte. Personnellement, j'ai jadis méprisé (bêtement, Yves se souviendra d'un accrochage avec lui sur un vieux thread à ce sujet) le nationalisme ou le patriotisme (faut-il reprendre la distinction de Romain Gary : "Le patriotisme, c'est d'abord l'amour des siens, le nationalisme, c'est d'abord la haine des autres" ?). Actuellement, étant sorti de cette bête idée de mépriser à tout va, j'avoue que je reste profondément insensible à l'idée de s'identifier à une nation. Je dirais même que c'est l'identification que je comprends le moins, moins par exemple que celle à une foi (bien qu'étant moi-même athée). Mais bref. Disons que je suis beaucoup plus sensible aux idées ou valeurs internationalistes, sans frontières (le communisme étant loin d'être la seule de ces idées, cf. par exemple... le christianisme).

Ceci posé, j'ai toujours trouvé, quant à moi, que les discours politiques, et plus largement la plupart des discours publics, étaient trop "franco-français". Soit ils mettent en avant la France comme valeur positive. C'est le discours du FN, mais pas seulement, loin de là ; par exemple, chaque fois que comme Viper Dragoon on parle de
Viper Dragoon a écrit:
le pays des droits de l'homme

c'est ce qu'on fait, idem pour tout ce qui touche à la mise en avant de ce qu'on appelait jadis "génie français" (Victor Hugo... Voltaire... etc.). Soit, ils adoptent par défaut la France comme seul cadre de référence : sans la décrire positivement, ces discours ne vont pas au-delà des frontières nationales. Pour revenir à un sujet qui me touche et sujet initial de la polémique, l'histoire, c'est ce qu'on voit : la plupart des historiens français font de l'histoire de France. L'essentiel de l'histoire vue à l'école, c'est de l'histoire de France. etc. (alors qu'on pourrait, et à mon avis devrait, prendre modèle sur la philo qui s'intéresse à un peu tout le monde, sans distinctions de nationalité, même si elle reste concentrée sur la pensée "occidentale"). C'est le nationalisme "par défaut" : on n'idéalise pas particulièrement une Nation, mais on a la flemme de regarder plus loin, on ne s'intéresse pas à ce qu'il y a au-delà des frontières. Du coup, par défaut, la seule référence c'est la France et ce qui est français. Quelque part, c'est le pire nationalisme qui soit, et c'est le plus répandu.

Or, en tant que personne que l'idée de France au mieux n'intéresse pas, au pire énerve, j'ai souvent eu, moi, le sentiment inverse de Monsieur le Chien : ce seraient plutôt les "internationalistes" qui seraient à plaindre. Je ne dis pas que c'est objectivement le cas... Simplement, on a toujours tendance à voir ou croire ses propres idées sous-représentées (et à s'en agacer).

D'ailleurs, l'expression "pays des droits de l'homme" est de celles qui m'énervent (désolé Viper Dragoon ! :rougissant: ), je la trouve pompeuse et mensongère, car les droits de l'homme n'ont pas jailli tout armés de la cuisse de Marianne, ils sont à inscrire dans tout un courant de pensée qui est sinon universel, au moins "occidental", et avant la Déclaration de 1789, il y avait eu de précédentes et non négligeables incarnations, comme l'Habeas Corpus Act anglais de 1679 ou, surtout, la Constitution des Etats-Unis, 1787, augmentée du Bill of Rights, 1789. Pour moi, c'est ça le danger du nationalisme, du moins le nationalisme "par défaut" qui prévaut : le nombrilisme, l'ignorance de ce qui se passe et s'est passé ailleurs. Et ça, à mon sens, malgré tous les discours "citoyen du monde !" et les deux-trois moments "ethnographiques" façon musée du Quai Branly ou djeun cool qui joue du djembé, ça reste très fort.

Tout ça pour dire qu'à mon avis, la France, on en parle encore trop. Mais ce n'est là que mon avis...

D'ailleurs, sur un autre point d'évaluation, proposé par Morgan :
Morgan a écrit:
Je voyage souvent à l'étranger et je dois constater que les jeunes français sont les seuls à méconnaître leur hymne national et à ne pas l'aimer.

J'ai pourtant, moi, souvenir des manifs... contre le FN (c'était en 2002, Le Pen au second tour et tout ça), où le cortège (principalement composé de "jeunes" comme moi) a entonné la Marseillaise. C'est la seule fois où j'ai entonné l'hymne national en public (je l'ai par la suite regretté mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, tant il est idiot d'ergoter dans un sens ou dans l'autre sur cette chanson - "mais dedans y'a sang impur c'est trop violent !"). Et la connaissance du premier couplet et du refrain semblait plutôt bonne. Si l'hymne national est relativement mal connu, je ne pense pas que ce soit par manque d'amour de la patrie, c'est plutôt que c'est un symbole daté et sans doute perçu comme un peu chiant (une chanson écrite à la fin du XVIIIème siècle, et dont l'écriture est... un peu lourde). Dans la même catégorie "sic transit gloria mundi", l'Internationale n'est plus guère connue ou appréciée parmi les jeunes gauchistes.

Yves a écrit:
Quand ils ont vu les résultats du FN aux diverses élections, nos hommes politiques se sont rendus compte qu'il y avait là un réservoir de voix à siphonner - non, je ne vise personne, notamment pas un ancien président de la République complexé par sa petite taille.
Ces hommes politiques ont donc injecté dans leur discours une dose de nationalisme - légère, hein, il ne s'agissait pas de faire fuir l'électorat bien-pensant, l'opération n'en aurait plus valu le coups.
Donc aujourd'hui, EN PLUS d'être une idéologie mortifère et immonde, le nationalisme est un appel du pieds au FN et le vecteur de manipulations démagogiques - autant de raisons supplémentaires de lui cracher dessus.
Et comme ça reste relégué dans le paysage idéologique de (l'extrême) droite, les nationalistes qui ne partagent pas le reste (c'est à dire les neuf dixièmes) de la ligne du parti des Le Pen l'ont toujours dans le cul, pour conclure sur une note poétique.


Le problème, surtout, c'est que les "doses de nationalisme" en question ont été des doses de "mauvais" nationalisme - à savoir un nationalisme qui exclut. Alors qu'un autre nationalisme, un nationalisme qui inclut, est aussi possible : c'est l'idéal américain jamais vraiment réalisé inscrit sur le socle de la Statue de la Liberté (Give me your tired, your poor, your huddled masses yearning to breathe free), c'est aussi l'idéal nationaliste français à la sauce "troisième république" (et colonisation) : porter la "lumière de la France" à travers le monde. Evidemment, les aspects impérialistes que cela suppose facilement ne sont guère attirants, mais le modèle FN, adopté par Sarkozy, qui est de dire en très gros "ces gens-là ne s'intégreront jamais ici, ils devraient plutôt rester chez eux" (ou "chacun chez soi") ne l'est guère plus.

Bref... comme l'a dit Morgan :
Citer:
Jaurès et les socialistes de cette époque étaient patriotes.

On peut être de gauche et nationaliste, et je pense que c'est le cas de toute une partie du PS et du PCF. Pas forcément un nationalisme fort, mais une "fierté d'être français" (même si on ne peut plus trop le dire tel quel vu la récupération de ce slogan par l'extrême-droite).

D'ailleurs, Yves :
Yves a écrit:
Cette bien-pensance est pour partie responsable de la progression du FN dans l'électorat. Hé oui. Car le nationalisme étant devenu une chose atroce et mortifère, plus aucun homme politique ne le maniait sauf pour le condamner... à l'exception d'un certain parti qui se l'est alors approprié avec aisance puisque tout le monde prétendait le refouler.

Tu avoueras (et j'imagine que tu en es conscient) qu'il y a un pendant à la dynamique que tu décris : c'est aussi le fait qu'un slogan tel que "fier d'être français", qui en soi n'a rien de hideux (encore que je rejoins Arkh sur l'absurdité de ces "fiertés", mais bon) soit arboré par des gens qui par ailleurs sont bien souvent homophobes, racistes, anti-gauchistes niveau "allons nous faire un anar", cathos ultras, etc., qui empêche d'autres personnes de clamer leur nationalisme tranquillement (alors que, on est bien d'accord, on peut tout à fait être nationaliste sans être homophobe, raciste, catho ultra, etc.). Pour son propre bien, un nationalisme "honnête" devrait donc combattre le FN, mais, à part François Bayrou, je ne vois pas trop d'exemples d'un tel nationalisme "honnête et modéré" qui par ailleurs refuse catégoriquement tout rapprochement avec le FN et ses satellites.

Yves a écrit:
A long terme, vu que l'être humain est un animal social qui a vocation à se regrouper en communautés, un transfert du sentiment d'appartenance : au lieu de se revendiquer d'une nation (bouh ! salopard !) on se revendique d'une origine plus ou moins fantasmée (divers chercheurs ont étudié l'image de "leur pays d'origine" que se font ceux qui brandissent des drapeaux maghrébins alors qu'ils appartiennent à la troisième génération d'immigrés, c'est pas triste...), d'une région reléguée aux manuels d'histoire (et qui a disparu à cause de ces ordures de français, tout se tient, n'est-ce pas, "ami" breton ou occitan ?), d'une religion (au point où j'en suis, j'imagine que je me fiche d'être en prime catalogué islamophobe en disant ça) ou autre groupes supposés vous définir. En d'autres termes, un empoisonnement en bonne et due forme du pays par le communautarisme. "Non, je ne suis pas français (quelle horreur, ça me donne des frissons rien que d'y songer), je suis [insérer ici une communauté]."

Je te rejoins entièrement sur ce point, mais, si tu rejettes le régionalisme occitan ou breton, ou le rattachement à la communauté algérienne ou musulmane, comment fais-tu pour par ailleurs légitimer le nationalisme français ? Pour moi, le nationalisme français n'a ni plus ni moins de valeur que ces autres appartenances, a priori. Tu parles d'origines fantasmées, mais il me semble assez clair que tout nationalisme, et même, tout appartenance à quoi que ce soit - j'y inclus volontiers le communisme... ô combien - tient toujours du fantasme ou plutôt, de l'idéalisation, même si on est conscient des "péchés" liés à ladite appartenance (Staline, Vichy, Sainte Inquisition, lapidations, etc. etc.)

Ce qui me rendrait le nationalisme français plus sympathique que le bretonnisme ou l'occitanisme ou le corsisme, c'est qu'il peut avoir une vocation plus universelle, comme je l'ai dit plus haut. Hélas, ce n'est pas le chemin qu'il a pris ces derniers temps. Le nationalisme français, via ses principaux représentants, le FN et l'UMP (faute d'un autre parti nationaliste fort, mais moins droitier), est en train d'adopter le même esprit obsidional que les régionalismes : notre langue et notre culture sont en danger face à tous ces estrangers, pour les défendre il faut nous fermer, nous couper, et bien bourrer le crâne des gosses avec tout ça, des fois qu'ils oublient qu'ils sont bretons/français. Mais, si je continue à adopter ce principe de "plus universel = mieux", alors je serais encore plus attiré (et c'est le cas) par des communautés ou idéologies internationales et internationalistes : communisme, ou... christianisme ou islam.

Du coup je tombe plutôt d'accord avec Arkh :
Arkh a écrit:
Bref, pour résumer ce post en une phrase : ne tombons pas dans le piège qui consiste à répliquer à un tribalisme X par un tribalisme Y (ici, X = "nique la france" et Y = "cocorico-marseillaise"). Activons-nous plutôt à dépasser ce logiciel archaïque, avant qu'il ne nous mène à notre perte...


(du coup on ne parle plus trop d'histoire mais j'espère que ce sera le sujet d'un prochain post, si le débat revient un peu là-dessus)


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MessagePublié: 10 Juin 2012, 05:06 
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Inscription : 01 Mai 2004, 11:57
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Tovarich1917 a écrit:
Mais, si je continue à adopter ce principe de "plus universel = mieux", alors je serais encore plus attiré (et c'est le cas) par des communautés ou idéologies internationales et internationalistes


Mais le nationalisme POURRAIT être une idéologie internationale, justement, si on le prenait pour ce qu'il est : un concept a priori universel. En s'alliant sur la base de leurs intérêts communs, les pays "individuellement nationalistes" pourraient constituer un rempart efficace au mondialisme (ne confondons pas alliance et fusion). Mais ça n'arrivera pas, précisément parce que les gens ont une vision trop bornée du nationalisme, qui pousse chaque pays à se replier sur lui-même et à oublier le reste du monde...

(Notez que je suis neutre sur la question, je serais bien en peine de dire laquelle des deux options est la "moins pire", entre nationalisme et mondialisme)

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MessagePublié: 10 Juin 2012, 05:25 
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Mascara de Muerte
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Inscription : 02 Août 2004, 17:50
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Localisation : Oui mais avec du beurre!°0°
Tovarich1917 a écrit:
D'ailleurs, l'expression "pays des droits de l'homme" est de celles qui m'énervent (désolé Viper Dragoon ! :rougissant: )


Y'a pas d'soucis :mrgreen: en fait le pays des droits de l'homme sonne mieux que "le pays des camemberts et des croissants", c'est un peu comme si on me signalerais que la "Perfide Albion" n'est pas si Perfide que ça XD. Enfin le nationalisme est une plaie et je suis bien content qu'on en ait bouffé assez pour éviter de nous faire lever devant la marseillaises comme le font les petits américains devant le drapeau national.

Bon sinon je n'ai rien d'autre a ajouter de constructif, mis a part que je pense qu'on s'éloigne un peu du sujet en partant sur des considérations uniquement idéalistes et politiques et qu'on extrapole un peu ce que Monsieur Le chien a voulu mettre en avant dans ces BD avant le fond politique : Le simple fait que des éditeurs se croient encore assez bête pour croire qu'ils vont choquer en publiant une BD et qu'on va leur lancer des petits cailloux, et le fait que tout le monde devrais avoir le droit a la parole, gauche, droite, centre, résistants, collabos, planqués, dinosaures partouzeurs de droite et même les nazis pédophiles mangeurs d'enfants étrangers.

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MessagePublié: 12 Juin 2012, 23:14 
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Inscription : 16 Mai 2012, 00:53
Message(s) : 19
Citer:
Mais le nationalisme POURRAIT être une idéologie internationale, justement, si on le prenait pour ce qu'il est : un concept a priori universel.


C'est très joliment pensé, mais ça n'arrivera pas étant donné que nous sommes dans une époque d'universalisme matérialiste (là-dessus communisme et capitalisme sont exactement semblables). Universalisme qui est l'ennemi de toute collectivité intermédiaire, ne tolérant que des atomes semblables et similaires à l'échelle mondiale. Son seul but tend à se réaliser concrètement, puisque pour lui il n'y a rien d'autre de viable.

Ce sujet est des plus intéressants et comme nous sommes entre gens courtois, il se pourrait même qu'il ne parte pas en couille. Je n'ai hélas pour l'heure que survolé les posts de chacun, ayant une nuit blanche dans le cul.

Je reviendrai.


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MessagePublié: 12 Oct 2012, 14:47 
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Inscription : 29 Déc 2005, 02:06
Message(s) : 327
Tout d'abord, merci à toi Tovarich pour ce post passionnant, sur une série de planches m'ayant laissé perplexe car assez peu compétent pour juger des aspects historiques évoqués par Monsieur le Chien.
A mon avis le débat gagnerait à être mené sur un blog plutôt que/et pas seulement sur un forum confidentiel.

Je m'intéresse beaucoup aux différentes pensées conservatrices* et j'y retrouve un motif systématique (bien qu'il soit -me semble t'il- récent): l'auto-victimation et l'affirmation, sans cesse renouveler, de s'opposer à des tabous et à une forme de totalitarisme de la pensée.
On ne se questionne plus aujourd'hui sur l'expression -pourtant incroyablement violente et n'allant absolument pas de soi- de "terrorisme intellectuelle". Comme me le faisait récemment remarquer le blog d'Eolas, l'idée que le conservatisme est aujourd'hui une idéologie dominée par le progressisme fait que le terme "droit de l'hommisme" est maintenant une insulte.
Ainsi quand Yves écrit
Citer:
Aujourd'hui, il est difficile de nier que la question du sentiment d'appartenance à une nation, à un pays (un Etat-nation dans notre cas) constitue un sujet... disons sensible, voire brûlant chez certains.

Personne ne lui fait remarquer que ce qu'il écrit ne permet pas de tirer grand chose. Il existe certaines personnes pour qui ne pas adhérer aux témoins de Jehova est un "sujet brulant" mais cela ne nous renseigne pas tellement sur l'atmosphère idéologique ambiante.

Posons nous la question sous la forme d'un jeu de politique fiction. Imaginons un ministre de la république qui tiendrait le discours suivant:
Citer:
J'ai toujours un vague élan de pitié quand je vois quelqu'un dire "Je suis fier d'être XXX" (<-- insérez ici une dénomination tribale de votre choix). Ce besoin primitif d'exhiber sa zigounette, de se tatouer des slogans sur le corps, d'exprimer sa "personnalité profonde" en supportant telle équipe de foot ou en portant telle marque de vêtement...
OUI, la France a apporté de bonnes choses (entre autre !) au long de l'histoire. Mais pourquoi a t-on besoin de s'encombrer de cet intermédiaire abstrait - "la France" ? Ne peut-on pas se contenter de défendre les *valeurs* en question ? Non, l'individu moyen a besoin d'être "fier" de quelques choses, de s'attacher à de petits symboles... et ce, avec une énergie telle qu'il n'en reste pratiquement plus pour défendre le "fond" qu'il y a derrière !

Peut-on vraiment croire que ce discours lui amènerait une forte popularité?

Il faudrait non seulement que l'on accepte les propos nationalistes (ce qui est bien sûr mon cas), mais qu'en plus on s'abstienne de les critiquer (sinon on "tient le gourdin idéologique" et on est robespierrien). Pour ma part je "me sens appartenir à une communauté, le peuple français", je n'en ai pas honte, mais je ne me sens pas particulièrement oppressé par les discours (certes parfois radicaux et?) antinationalistes.
Un exemple intéressant (qui me permettra de conseiller un film remarquable). En 1971, Marcel Ophüls sortait le Chagrin et la Pitié documentaire sur la France occupée. Le film allait faire date et provoquer la polémique car il présentait pour la première fois un regard critique sur cette période (précisons que le film donne aussi la parole à des résistants). Le film ne fut pas diffuser sur la télévision publique de l'époque car il provoqua l'ire des censeurs. Aujourd'hui encore, le film est attaqué de toutes parts avec une grande violence(par exemple par Simone Veil dans sa récente autobiographie).
Autre exemple: les critiques portant sur l'intervention politique faisant inscrire "le rôle positif de la colonisation". Ces dernières avaient été accusées d'être dans la "repentance" (encore un mot dont on se demande pourquoi il s'agit d'une insulte) par des hommes politiques du gouvernement et par des intellectuels médiatiques très en vogue.
On trouve aujourd'hui en France des dizaines d'intellectuels, d'hommes politiques, de blogueurs que l'on entend à longueur de journée affirmer qu'ils sont blacklistés, muselés et qu'on ne les laisse plus s'exprimer. En fait on n'entend qu'eux, ce qui devrait peut-être donner une impression de paradoxe...

*Je précise que mon intérêt -s'il est critique- tient autant à la grande place que ces pensées occupent sur les terrains médiatiques qu'au fait que les "conservateurs" comptent dans leur rang des gens dont la lecture/l'écoute est intéressante en soit et ouvre des pistes de réflexions qui me parlent.


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