Tribersman a écrit:
Yves a écrit:
(mais dans ce cas, pourquoi ne pas consulter directement cette autre source sans passer par Wikimerdia).
Peut être parce que Wikipedia permet de les recenser bien mieux que Google avec parfois des extrait en plus ?
Je sais que c'est difficile à croire, mais vois-tu, l'information peut se trouver
ailleurs que sur internet, et autrement que par le biais des moteurs de recherche.
Dans ces endroits étranges et oubliés qu'on appelle des bibliothèques (aussi nommés CDI dans les collèges/lycées, parce qu'ils ne contiennent pas que des livres, ce que laisse entendre l'étymologie du mot "bibliothèque") par exemple, il y a des connaissances, classées suivant un système logique (le Dewey, du nom de son inventeur, si ça t'intéresse) de manière à ce que ceux qui le souhaitent puissent trouver ce qu'ils cherchent.
C'est quelque chose qui m'a frappé l'année dernière, vois-tu. Le vide quasi-total du CDI de mon lycée - qui était pourtant très bien fourni et équipé. Passons.
Lorsque je parle de vérifier une information, je ne parle pas de la confronter à d'autres sources numériques - ne serait-ce que parce que, bien souvent, ladite information aura été copiée/collée à l'identique sur tous les sites de la première page des résultats de recherche que propose Google.
Je sais bien que c'est la méthode la plus facile de recherche, que de lancer un navigateur internet, d'ouvrir Wikimerdia ou Google, de taper des mots clefs et de faire "Entrée". Pour des gens qui n'ont pas compris ce que je me tue à répéter - qu'internet ne fait que véhiculer les connaissances qu'on y met en ligne, qu'il n'est pas une sorte de divinité numérique infaillible détentrice de manière innée de tout le savoir humain et le redistribuant à chacun selon ses besoins - c'est en apparence la solution idéale, bien plus acceptable pour leur paresse que d'aller chercher "à l'ancienne" - et encore, à l'ancienne... ne serait-ce que dans ma ville, le catalogue des bibliothèques municipales est accessible depuis le net, il n'est donc même pas nécessaire de s'y rendre physiquement pour chercher, on sait depuis chez soi si ce que l'on veut y est disponible, donc on n'a besoin de s'y rendre que pour trouver.
Voilà une autre raison pour combattre cette perception terriblement erronée du net : cela favorise le développement d'une terrifiante paresse intellectuelle.
En effet, il est
tellement plus pratique de laisser un moteur de recherche chercher à sa place. Et comme il est infaillible - voir le postulat n° 1 sur internet - alors ce qu'il trouve est tout ce qu'il y a à trouver, et s'il ne trouve pas, alors c'est qu'il n'y a rien à trouver, fin de l'histoire.
Tout dans internet, rien hors d'internet !
Aussi convaincante puisse-t-elle être, l'illusion selon laquelle un moteur de recherche est une forme d'intelligence numérique qui comprend parfaitement ce que vous lui demandez n'est que cela - une illusion. Officiellement, il n'existe pas (encore ?) d'intelligence artificielle. Ce qui signifie que la compréhension mutuelle entre l'Homme et l'ordinateur n'est pas (encore ?) d'actualité, donc quand vous demandez quelque chose à un moteur de recherche, vous passez un ordre à une machine. Aussi performant soit-il, le moteur de recherche n'est pas un esprit humain, et ne réfléchit donc pas à votre place : il ne peut faire que ce que vous lui demandez.
Ce paragraphe est dédié à certains de mes élèves de l'année dernière, quand je les ai fait travailler sur les émeutes urbaines de 2005 dans le CDI. Si leur première recherche avec certains mots clefs ne donnait rien de probant, alors c'est qu'il n'y avait rien à trouver, et ce n'était pas de leur faute si le CDI ne possédait pas les informations voulues. L'idée qu'il faille réfléchir à une autre approche, entrer d'autres mots clefs... leur était étrangère.
Aussi immenses soient-elles, les banques de données d'internet ne contiennent pas
tout le savoir humain. Des projets comme ceux de Google ou de la Grande Bibliothèque de France pour scanner les ouvrages en leur possession et les rendre disponibles en ligne sont loin d'être aboutis, et quand bien même, ils ne peuvent que scanner ce qu'ils ont sous la main. Même si ça fait un sacré paquet de bouquins, ce n'est pas tout. L'illusion d'exhaustivité d'internet n'est elle aussi que cela - une illusion. L'information que vous cherchez peut ne pas être sur le net - si si - soit pour une raison passive - personne n'y a pensé - soit pour une raison active - elle est protégée par des droits et son propriétaire fait barrage.
Donc, encore une fois : internet est un outil phénoménal. Je ne dirais pas le contraire, je suis le premier à m'en servir.
Mais comme pour tous les outils, il faut bien l'utiliser si on veut obtenir de bons résultats. Et cela implique de comprendre comment on s'en sert, et surtout à quoi exactement il peut servir.
Internet n'est pas la somme parfaite et exhaustive du savoir humain, revu, corrigé et confirmé. Ce qu'on a besoin de savoir peut ne pas s'y trouver, ou s'y trouver sous une forme corrompue, qu'elle soit incomplète ou erronée. Et vu qu'internet dans son ensemble n'est contrôlé par personne, son contenu est à l'avenant.
Donc, quand je te parle de vérification du contenu d'un article Wikimerdia, je ne te parle pas d'aller regarder si la page web voisine dit la même chose - ou pas.
Je te parle de faire un vrai travail de recoupement d'informations. Ah, c'est moins rapide et facile que de simplement changer d'onglets, je te l'accorde. Mais c'est aussi bien plus pertinent.
Tribersman a écrit:
Je reconnais naturellement que le travail de contrôle ne sera pas aussi "professionnelle" (application systématique) sur des sujets pointu et surtout les articles les plus longs, mais ils ont l'avantage d'être le résultat de tous ceux ayant pris la peine de participer, ne serait-ce que pour améliorer la tournure d'une phrase, les articles peuvent donc être très "fin".
Deux choses à dire, ici.
1) "C'est l'intention qui compte." Non. C'est bon pour les tous-petits. "Prendre la peine de participer" ne vaut pas de bons points. S'ils le font, c'est parce qu'ils le veulent, personne ne les y force. Pour faire une comparaison extrême et ridicule, un bénévole qui perd des enfants en forêt ne va pas dire "Vous pourriez tenir compte du fait que je suis accompagnateur bénévolement !" pour essayer d'alléger sa responsabilité pour avoir perdu des gosses.
2) Tu mélanges le fond et la forme. Alors pour toi, si un article est écrit "finement", le fait qu'il soit incomplet ou pire, erroné, est excusable ? L'important étant qu'il soit agréable à lire ?
Tribersman a écrit:
Au vu de la pédagogie de nombreux profs, j'ai déjà trouvé des articles Wikipédia bien mieux formulé que certains cours scolaires, "chronométrés" par nécessité, d'où le "travail à la maison" qui à mon avis devrait ne pas hésiter à pointer vers des sites internet mis à jours plutôt que sur des livres qui eux ne le peuvent pas.
Sites internet développé et mis à jour par qui ? Tu devais t'attendre à ce que je te pose cette question, vu que j'ai déjà longuement développé la question de l'anonymat et de ses conséquences sur internet.
Un livre ne peut pas être mis à jour, certes. A la place, c'est un nouveau livre qui sort, quand une avancée a été effectuée dans un domaine de la connaissance humaine. Et ça va peut-être te surprendre, mais en général, le bouquin précède la diffusion sur internet - parce que le type qui écrit le bouquin veut se faire des sous avec, et qu'il va donc balancer ce qu'il a à dire sous une forme commercialisable plutôt que sous une forme gratuite duplicable à l'infini sur le net. Si tu es vraiment soucieux de te tenir à jour sur un domaine précis, plutôt que de consulter tous les jours les sites sur le sujet, va plutôt guetter les dernières parutions dans les librairies spécialisées. Et pour en revenir aux profs, ceux-ci ne sont pas supposés t'envoyer sur un bouquin de 1986 - à moins que ledit bouquin confine au génie et demeure pertinent vingt ans plus tard.
Tribersman a écrit:
On peut parler du fait que des esprits "mal-intentionnés" peuvent et modifie déjà des articles Wikipédia pour faire passer leurs propagandes, mais il ne peuvent pas couvrir tous les articles du monde, c'est pour ça que nombre de groupe religieux on crées leurs propres (Wiki) comme "Creationpedia".
J'ai tendance à avoir une foi absolue en la malveillance et plus simplement la connerie humaines.
Et plus simplement, sans même parler de volonté de nuire... peux-tu dresser la liste des choses que tu ne sais pas ? Non, ce n'est pas un koan zen.
Ce que j'essaye de te dire, c'est que tu ne pourras jamais dire dans un article que ce que tu sais toi. Ce qui signifie que l'article n'est pas un compte-rendu des connaissances humaines, mais de tes connaissances à toi, sur le sujet.
Et lorsque l'article est rédigé par l'image que j'évoque dans un de mes précédents messages, celle de l'élève de première année gonflé d'orgueil qui est persuadé, parce qu'il a une bonne culture générale, de déjà tout savoir... Il ne va peut-être pas écrire des choses fausses - mais il va sans aucun doute écrire des choses très superficielles et incomplètes sur le sujet.
Tribersman a écrit:
Tu me parle de défensive, regarde toi attaquer avec des interprétations sur mesure et tes moqueries sournoise entre deux lignes.
J'interprète tes propres phrases - je cite quasi-systématiquement ce que tu dis avant d'y répondre - et me moque donc (plutôt gentiment d'ailleurs, tu devrais m'avoir vu à l'oeuvre suffisamment, depuis que nous fréquentons ce forum, pour savoir que je peux être bien plus cinglant si j'en ai envie) de ce que tu dis s'il y a matière à s'en moquer.
C'est à toi de contrôler ta prose pour qu'elle exprime exactement ce que tu veux exprimer, pas à moi. Ce que tu veux dire est certainement très clair dans ton esprit, mais je n'y suis pas, il t'appartient donc de rédiger tes messages afin de me le communiquer, sachant que je n'en percevrai et n'en comprendrai que ce que ton message dira. Si tu ne parviens pas à exprimer efficacement ta pensée et qu'à la place, tu me sors quelque chose de bancal qui inspire mes petites railleries, qu'y puis-je ?
Tribersman a écrit:
je voulais dire par une légère exagération que l'on n'a pas systématiquement besoin d'entrer en profondeur dans les croyances absurdes d'une religions pour expliquer un fait qui peut être expliquer par des concepts simple.
Je n'appelle pas ça de la culture générale, j'appelle ça du bourrage de crane.
Mais toi tu à directement fait passer ça comme si je me plaignais que ce soit "trop compliqué".
La façon dont je l'ai relevée était perfectible mais "l'attaque personnelle" est bien là .
Non, point d'attaque personnelle. Je ne t'ai pas accusée d'être simplet - si je le pensais, je ne rédigerais pas de telle réponse détaillée...
Si je te dis que je suis très influencé par la méthode socratique, vois-tu où je veux en venir ? Ou faut-il que j'explicite ?
En attendant... Sache que je vais vraiment finir par baisser les bras concernant ta vision des religions. "Les croyances
absurdes". Absurde pour toi, à ton regard d'homme du XXIe siècle, peut-être. Mais qu'est-ce que j'ai longuement expliqué sur la nécessité de NE PAS juger les hommes du passé et leurs société, ni de les comparer... ?
"Un fait qui peut être expliquer par des concepts simple". Même remarque. Le fait en question en est peut-être un pour toi, avec ton bagage intellectuel d'homme du XXIe siècle, mais l'était-il pour eux ? Il peut être expliqué simplement pour toi, mais encore une fois, l'était-il pour eux ?
Pour prendre un exemple concret, l'interdiction faite par certaines religions de manger du porc.
Pour nous, il y a un fait simple : la viande de porc peut être vectrice de toutes sortes de saloperies (j'admets ne pas être assez érudit en cette matière pour savoir si le terme "germes" est scientifiquement correct pour désigner les saloperies dont je parle). Si on veut la manger, il faut donc prendre diverses précautions lors qu'on l'abat puis qu'on conditionne sa viande.
Pour les hommes du VIIe siècle après JC - pour citer le cas de la religion musulmane -, crois-tu que ce fait s'expliquait aussi simplement ? Une certaine élite intellectuelle avait établi un lien de cause à effet entre la consommation de viande de porc et le développement de certaines pathologies. Il fallait donc proscrire cette habitude alimentaire dans un souci d'hygiène publique. Mais à peu près tout le monde le sait, il ne suffit pas d'interdire quelque chose pour que la pratique cesse par seule vertu civique. Il faut donner une raison autre que la seule peur du gendarme pour que les gens acceptent de changer leurs habitudes - et même ainsi, cela ne suffit pas nécessairement.
De nos jours, on explique en long, en large et en travers pourquoi et comment la cigarette nuit à la santé. Cela suffit-il à dissuader les fumeurs ? Non.
Alors ils en ont fait une interdiction religieuse, ce qui a permis de contourner le problème de l'explication, en la résumant à une expression de la volonté divine.
A tes yeux, il est peut-être absurde de dire que Dieu a interdit à ses adeptes de manger du porc. Mais cette "absurdité" a permis de promouvoir une habitude alimentaire qui a considérablement profité aux musulmans.
On peut juger que les musulmans
contemporains, qui respectent à la lettre cet "interdit religieux" sans essayer de comprendre sa raison d'être, ont, eux, une attitude véritablement absurde - aujourd'hui, nous savons abattre le porc et conditionner sa viande de manière à ce qu'elle soit parfaitement propre à la consommation.
Mais pour leurs prédécesseurs, cette mesure relevait de l'hygiène publique. Est-ce qu'ils l'auraient appliquée si on s'était contenté de leur expliquer un fait simple, à savoir que "Beaucoup de gens qui mangent du porc tombent malades, il faut donc vous abstenir d'en manger." ? Pas plus que les fumeurs d'aujourd'hui arrêtent de fumer quand on leur explique que beaucoup de fumeurs développent un cancer des poumons et toutes sortes d'afflictions.
Je te le dis encore une fois, ta vision de la religion n'est pas nécessairement celles de nos prédécesseurs. Pas plus que la religion telle qu'elle se présente aujourd'hui n'est celle qui existait autrefois. Aujourd'hui, les religions déclarées comme telles sont vues comme des reliques dépassées, tentant de promouvoir des règles de comportement absurdes car fondées sur la seule vertu de l'ancienneté.
Comme l'exemple que je cite. "Notre religion nous dit que nous ne devons pas manger de porcs, alors ne mangeons pas de porcs. Peu importe que cet interdit ait été édicté en une époque et un cadre complètement différents, si c'était valable pour eux, ça l'est pour nous." Tu peux dire, et je serais d'accord avec toi, que tenir DE NOS JOURS de tels discours est absurde. Mais en d'autres temps et d'autres lieux, ils ne l'étaient pas nécessairement.
Se dire que le contenu des religions a toujours été un ramassis de "croyances absurdes" parce qu'aujourd'hui, dans nos société contemporaines, leur message est absurde, c'est faire exactement la même chose que ceux qui disent le contraire et soutiennent que, parce qu'en un temps donné, les préceptes de leur religion était valable, alors ils le seront aussi ici et maintenant. C'est faire abstraction du
contexte.
Et le contexte est la pierre angulaire de toute réflexion scientifique. Ce qui est vrai dans un contexte donné ne l'est pas nécessairement dans un autre, et vouloir ignorer cela est inacceptable. Pour donner un exemple simpliste, un biologiste ne peut pas affirmer que la forme de vie dominante sur Terre, ce sont les dinosaures, sans rien ajouter. Il faut qu'il précise dans quel contexte c'était vrai.
Tribersman a écrit:
Je n'ai jamais affirmé que je ne connaissait rien d'Eve ou d'Adam
...
http://www.expressio.fr/expressions/ne- ... d-adam.phpTribersman a écrit:
Le problème c'est que tu m'invente un dégout pour la culture que je n'ai pas.
Pas un dégoût. Un goût mal canalisé - comme j'essaye de te démontrer combien il est mal venu de se fier aveuglément à internet pour s'instruire et de délaisser les formes plus fiables de connaissances.
Tribersman a écrit:
c'est parce ce que je connais leur façon de penser que je les considères moins aptes à prendre des décisions rationnelles, tous comme un adulte ne laisse pas son enfant conduire sa voiture.
Je ne vais plus insister...
Mais comme je ne peux résister. TA logique n'est pas LEUR logique. Ils ne sont pas des enfants qui en grandissant deviendront toi, "adulte" qui sait mieux qu'eux.
Tant que tu n'auras pas compris cela, je ne vois pas l'intérêt de poursuivre sur ce sujet avec toi.
Tribersman a écrit:
Citer:
Ceci est la connaissance. Ce n'est pas la même chose que la culture. La différence est la même qu'entre savoir et comprendre. Pour illustrer la différence entre les deux, un exemple tout bête.
Je sais que le soleil se lève à l'est. Cela me fait une belle jambe... Connaissance
J'ai compris que le soleil se lève à l'est et que je peux m'en servir pour m'orienter. Culture
Est ce que les mots en gras correspondent à ce que tu voulais faire passer ?
Tout à fait.
Tribersman a écrit:
Citer:
Je viens de te répondre. N'importe qui, à commencer par ces penseurs eux-mêmes, peut coucher sur du papier - ou sur un disque dur de nos jours - des mots. Et n'importe qui, en faisant preuve d'une concentration suffisante, peut les mémoriser. Les comprendre, ça, c'est autre chose.
Mais le point est que si leurs travail peut être recopié (voir traduit) de façon à ce qu'il soit possible de comprendre le sens original, je ne vois pas en quoi les recopier sur un site internet où partout ailleurs dénaturerait leurs sens et empêcherait leurs compréhension.
Ce n'est pas le fait de recopier qui dénature leur sens - sous réserve que la copie soit fidèle.
Je ne dis pas qu'il ne faut travailler que sur les textes originaux écrit par la main même de ces penseurs (quoique cette remarque, pour humoristique qu'elle soit, soulève implicitement la question de la traduction... mais laissons la de côté).
Ce n'est pas contre le fait d'accéder à la connaissance via internet que je m'élève. C'est la question "Quelle connaissance ? Quelle version de la connaissance ?" que je pose.
Je n'aurais rien à reprocher à un article de Wikimerdia qui serait un scanner fidèle d'un ouvrage de Nietzsche. Mais dans ce cas, pourrait-on appeler cela un article ? Non. Il va falloir résumer et expliquer la pensée de Nietzsche, c'est le principe même d'un article - sinon, tous les articles d'une encyclopédie ressemblerait à "Nietzsche : lire ses ouvrages pour le comprendre.".
Et QUI va faire ce résumé et cette explication ? Déjà lorsque c'est un philosophe reconnu, pour qui une telle tâche est un métier, c'est un exercice de haute voltige intellectuelle.
Alors tu m'excuseras de ne pas être très confiant en le résumé et l'explication fournis par un quidam dont j'ignore tout, à commencer par les éventuelles antécédents philosophiques. Qui me dit qu'il ne fait pas de monumentaux contre-sens dans la pensée de Nietzsche, ou qu'il ne passe pas sous silence des concepts clefs parce qu'il ne saurait pas les expliquer - ou tout simplement parce qu'il ne les connaît pas, n'ayant pas lu l'intégralité du travail de Nietzsche ?
Rien.
Pour croire ce que quelqu'un va te raconter sur un sujet donné, il faut avoir confiance en ses compétences dans le sujet donné. Il y a diverses raisons qui peuvent pousser à faire confiance à quelqu'un.
Ne rien savoir de lui hormis ce qu'il veut bien te dire et que tu n'as aucun moyen de vérifier n'est pas vraiment une bonne base pour lui faire confiance, je penses que tu seras d'accord. Il peut réellement être ce qu'il prétend, ou tout à fait autre chose. Dès lors, choisir de croire ce qu'il dit revient à jouer à pile ou face en aveugle, comme je l'ai déjà dit, en espérant qu'il soit bien ce qu'il dit.
Plutôt que le pile ou face, je préfère me référer à des connaissances un peu plus contrôlées, pour lesquelles on peut raisonnablement espérer que leur auteur est bel et bien paré des compétences qu'on lui attribue sur le quatrième de couverture. Certes, c'est moins pratique qu'un texte qui s'affiche directement sans qu'on ait à se bouger le cul de devant son PC...
Tribersman a écrit:
En simplifiant à outrance on peu dire que la principale différence c'est qu'il y a infiniment plus de relecteur sur Internet
J'avoue que j'attendais cet argument avec une certaine impatience.
Ma réponse sera fort simple : le nombre est donc selon toi un facteur de véracité ?
Si suffisamment de gens le disent, alors c'est que c'est vrai ?
Puisque nous parlons en même temps des religions, il y a deux milliards de chrétiens dans le monde. Cela rend-il vrai leurs croyances ?
A quelques millions de relecteurs de Wikimerdia qui ne seront pas spécialement qualifiés, je préfère une centaine de chercheurs dont c'est le métier, pour m'assurer de la véracité d'un article de l'Encyclopedia Universalis. La qualité contre la quantité, quoi.
Tribersman a écrit:
Je rappel que je ne plaçais pas Internet comme "successeur de l'enseignement" mais comme sources complémentaire d'information
C'est également ainsi que je pense qu'il faut l'utiliser. Les possibilités offertes par cet outil ne doivent pas être ignorées. Mais comme je ne cesse de le répéter, il faut d'abord apprendre à bien utiliser cet outil, quelles en sont les limites.
Tribersman a écrit:
il serait bon que l'EN apprenne à utiliser afin de palier les limites pratiques des méthodes actuelles. (durée limites des cours, impossibilité de traiter tous le sujet, limite pratique pour acquérir l'information que l'on veut, limitation des profs ...etc ...etc)
Entièrement d'accord. Mais bon. L'Educ. Nat. est, comme la quasi-totalité des administrations françaises, un dinosaure de type diplodocus, placide et très, très difficile à faire bouger. La force d'inertie est la puissance suprême de ce microcosme.
Je pense qu'il serait bon que le programme intègre de manière bien plus structurée le travail à la maison. Que le ministère crée des sites au contenu certifié et taillé sur mesure que les élèves devront consulter afin de compléter les notions fondamentales vues en classe. Quelque part, c'est déjà plus ou moins à ça qu'est supposé servir le manuel scolaire.
Après se posent plusieurs questions, comme par exemple le fait que tous les élèves n'ont pas accès à internet chez eux et qu'une telle mesure reviendrait à les pénaliser. Ou encore les limites bien connues du travail à la maison...
Tribersman a écrit:
Citer:
Aïe ! La grosse confusion qui tâche ! Bon, on ne peut guère t'en blâmer, vu que cette confusion entre recherche et enseignement est institutionnalisée en France, mais bon.
En clair : je te parle de contrôler la validité des connaissances, et tu dérapes vers les méthodes d'enseignement. Ce qui n'est quand même pas la même chose !
Personnellement je pense que les 2 sont biens assez proches pour être discutés ensemble. Comme tu l'a dit toi même un professeur ne va pas (ou du moins n'est pas sensé) apprendre une matière qu'il ne comprend pas.
Dans le cas précis des professeurs, oui. Mais à l'échelle globale, l'origine d'une connaissance et sa diffusion procède de deux travaux bien différents.
Tu peux te passionner pour, mettons, la physique quantique. Tu peux collecter toutes les informations disponibles sur le sujet. Tu peux développer une telle connaissance de la chose que tu serais capable de donner des cours dessus.
Tu peux faire tout cela sans jamais avoir travaillé dans un laboratoire de physique ni mené la moindre expérience dans un accélérateur de particules.
Inversement, un chercheur du CNRS peut très bien ne pratiquement jamais s'adresser au moindre élève et se consacrer tout entier à ses expériences et calculs.
Saisis-tu mieux la différence entre le professeur - qui transmet les connaissances - et le chercheur - qui les "crée" ? Tous deux doivent connaître leur domaine - afin de pouvoir l'un, l'enseigner, l'autre, le faire progresser. Mais après, chacun a besoin de talents différents.
Tribersman a écrit:
Et bien parce que s'ils y faisaient appel pour "compléter" ce savoir, il le corrigerait eux même avant et participerait du même coups à l'amélioration de ses qualités.
Nous en revenons à ce que j'ai déjà dit.
Pour mémoire, j'envisageais deux méthodes fiables pour corriger un article de Wikimerdia : soit les confronter à une source qui elle serait fiable, soit être soi-même assez compétent pour voir les erreurs et les rectifier. Tu parles de la deuxième option, si je te comprends bien. Je te pose donc la question que je me posais déjà :
Si je connais assez bien la pensé platonicienne pour pouvoir corriger les erreurs de l'article, pourquoi irais-je lire ledit article ?
En général, si tu cherches quelque chose, c'est quelque chose que tu ne sais pas.
Tu ne peux donc corriger que par rapport à ce que tu sais. Si l'erreur se trouve dans quelque chose que tu ne sais pas et qu'elle ne consiste pas en un contre-sens grossier, tu peux tout à fait ne pas la voir...
Tribersman a écrit:
A moins que tu ne me dise que chaque professeurs (même spécialisé) vivant sur Terre (toi inclus) est capables de d'expliquer avec autant d'exactitude qu'une page internet immuable (Wikipedia exclue) toute sa vie et ses Å“uvres.
Je vais surtout te dire qu'à mon avis, il n'existe pas de pages internet expliquant la vie et l'oeuvre de Platon avec autant d'exactitude que les manuels spécialisés que tu trouveras dans le rayon philosophie d'une bonne librairie.
Et pourquoi diable voudrais-tu recourir à n'importe quel professeur pour tenter de le coller sur Platon alors qu'il existe des professeurs de philo dédiés entre autre à cela... ?
Tu n'as pas l'air de le comprendre, mais ce que tu trouves sur internet vient de quelque part, et dans le cas des savoirs scientifiques, a en général existé avant sous la forme d'un bouquin. On en revient au début de mon message, par ce biais.
Tribersman a écrit:
Exact, et c'est parce que de "fausse information" se cache dans l'outil de communication et de stockage d'information le plus puissant jamais inventé qu'il faudrait que l'EN apprenne à vivre avec lui.
Nous sommes entièrement d'accord. Mais il n'y a pas que l'Educ. Nat. qui doive apprendre à utiliser correctement cet outil, comme je ne cesse de le répéter.
Tribersman a écrit:
Comment reconnaitre le vrai du faux et des tentatives de propagande.
Bien sûr pour ça il ne faut pas déjà utiliser soit mêmes des méthodes de propagande.
Je pourrais rajouter encore une déviance au sujet à partir de ces remarques, en te parlant de l'illusion qu'est l'objectivité totale, mais je laisse ça de côté.
Tribersman a écrit:
Dans mon lycées j'ai croisé beaucoup de monde qui croient que la science est une religion !
Mais la science est une religion, mon cher. Elle en a tous les attributs.
La science prétend expliquer le monde à l'Homme. C'est le rôle fondamental d'une religion que de répondre aux questions que l'Homme se pose et auxquelles il ne trouve pas de réponses évidentes. "Pourquoi le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest ?" ; la religion des égyptiens antiques expliquait cela avec l'histoire d'une divinité qui traverse le ciel pendant la journée et fait le trajet en sens inverse sous terre pendant la nuit pour recommencer le lendemain ; la science nous parle de gravité et de révolution de la Terre autour du soleil. Dans les deux cas, la finalité est la même : répondre à la question.
La science implique de croire en des choses qui dépassent la perception humaine. Je pense pouvoir affirmer que personne n'a jamais vu par lui-même de tachyons. Les savants eux-mêmes qui travaillent dessus les perçoivent indirectement à l'aide d'instruments complexes dans les laboratoires , leurs sens propres étant incapables de les leur montrer. La pythie respirait des gaz chthoniens pour voir le futur parce que les sens humains ne permettent pas de le percevoir.
Une connaissance est d'autant moins répandue qu'elle est complexe et que seuls les individus correctement éduqués peuvent l'appréhender. C'est le principe même du niveau d'études. Ces individus choisis ont pour fonction d'interpréter et d'étendre les croyances - les chercheurs qui font des découvertes sont très comparables aux prophètes qui recevaient la parole divine ou, pour être moins monothéiste, aux chamans des cultures chamaniques qui consultaient les esprits.
L'une des applications concrètes de la science est d'améliorer la qualité de vie de ceux qui se conforment à ses préceptes qui visent à leur inculquer des comportements qui leur soient profitables. Faire bouillir l'eau pour la purifier. Tout comme l'islam visait à épargner à ses fidèles divers pathologies en leur interdisant de manger du porc.
La science est une religion. La formule est un raccourci considérable avec une pointe de provocation, je l'admets, car comme je l'ai déjà expliqué plus haut, on prête généralement un sens bien particulier au mot "religion" dans notre société. Mais pour ma part, je ne vois aucune différence de fond entre les deux.
Tribersman a écrit:
Et bien ... Je me disai que les adresse IP des particuliers et des gros serveurs sont encore traçable et que les FAI ont surement une batterie de filtre possible, et puis les informations sont encore très centralisée, Google a surement déjà tous ce qu'il faut pour favoriser telle ou telle informations. La Chine à une censure très efficace.
Je n'ai pas nié l'existence de moyens techniques pour tenter de contrôler internet. Mais l'absence de contrôle du net a été intégrée parmi les libertés individuelles, ou mise sur un même pieds, il suffit de voir les levées de boucliers dans tous les pays où de telles notions sont supposées être respectées, dès que le gouvernement veut la restreindre. Les pays qui ne se soucient pas de ces choses, comme la Chine que tu cites, peuvent donc s'adonner à cela. Mais pas ailleurs.
Et quand bien même, n'oublions pas un phénomène simple, que tu as toi-même évoqué avec ton "les données veulent être libres" : comme toute nouvelle frontière, le net a attiré des gens qui ont un esprit libertaire. Au moins pour encore quelques décennies, je pense que nous pouvons nous reposer sur les "pirates" pour combattre efficacement les poussées sécuritaires sur le net.
Tribersman a écrit:
Je ne vois pas comment quelqu'un peut stagner comme tu le décrit et ne pas être classé comme "mauvais" dès que quelqu'un de meilleurs passera.
Tu sous entend que l'information sur Internet est condamné à stagner sans jamais être mise à jours ?
Non, je sous entend que rien ne garantit que quelqu'un de meilleur passera. Ou tout simplement qu'il passera après que bien des gens aient consulté un article superficiel et s'en soit contenté, croyant avoir fait le tour de la question.