Eltanin

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MessagePublié: 30 Oct 2008, 22:51 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
Ci-dessous, un article très instructif rédigé par le dénommé Kéa sur le Madforum, et dont il a approuvé la reproduction ailleurs.
Fourni sur divers sites, libre circulation de l'information encouragée. L'essayer, c'est l'adopter. Collez-le où vous voulez, parlez-en à  vos amis !

Version .pdf disponible ici.






LA CRISE EXPLIQUÉE AUX FEIGNASSES





I. Le contexte général :


Pour bien faire, il faudrait revenir sur les fondements de l'économie de marché, et sur son évolution au cours des deux dernières décennies, mais on va tenter de rester dans les limites du raisonnable.

Donc, à  la truelle :
Les principes idéologiques qui sont à  la base du système capitaliste ont beaucoup évolué ces dernières années. Tout d'abord, la chute des systèmes communistes, et des idéologies en général, ont, de fait, laissé le système capitaliste seul maître à  bord, en tant que modèle économique globalisé et mondial. Une conclusion « pragmatique » sans réelle alternative.
Ensuite, l'explosion des nouvelles technologies a apporté de nouveaux outils qui répondaient parfaitement aux attentes du monde de la finance. Développement des réseaux, information traitée et transférée instantanément, et diffusion globale de ces outils auprès d'un très large public (individus et sociétés) Bref, un marché beaucoup plus fluide, rapide, et grandement élargi.
En voyant cela, beaucoup se sont dit que les règles avaient changées, et que nous entrions dans une nouvelle forme de marché. L'âge d'or du néolibéralisme, en quelque sorte. Par conséquent, les anciennes règles, basées sur une vision keynésienne des choses, ont commencé à  être violemment remises en question, et ceux que l'on appelle « néolibéraux » ou « ultralibéraux » ont poussé pour que les règles du jeu évoluent dans leur sens (au grand dam de certains financiers « old school » qui les accusèrent de tuer le capitalisme).
En gros l'idée est simple. La main invisible et puis c'est tout. Le marché est désormais assez puissant et outillé pour s'autoréguler, tout seul comme un grand, et gérer les crises. Un retour aux bases : il faut laisser le champ libre au marché, supprimer les freins, et diminuer au max le rôle de l'État (dont on n'a plus besoin)
Que les États et les instances de régulations aient été d'accord ou pas, ils n'ont pas trop eu le choix. Les nouveaux outils ont permis une explosion et une fragmentation du marché, le tout quasiment en temps réel. Tout s'est complexifié et accéléré, ce qui a rendu très difficile toute tentative de surveillance et de suivi. Les investisseurs eux-même ont parfois du mal à  savoir où sont précisément leurs valeurs, et qui dépend de quoi au final. De nouvelles méthodes sont apparues, amplifiant encore le phénomène. Au bout de quelques années, après que certains aient dénoncé la mise à  mort du système capitaliste tel qu'il avait été mis en place, plusieurs acteurs, dont la Banque Mondiale, se déclaraient inquiets, car ils n'avaient tout simplement plus les moyens physiques et technologiques de suivre les évolutions du marché. A partir de là , toute réglementation ou régulation devient inapplicable. Il y a trop d'informations, et si on peut comprendre et analyser un problème a posteriori, il est presque impossible de le repérer sur le moment.
Prenant acte bon gré mal gré de cet état de fait, la plupart des pays industrialisé ont commencé des réformes allant en ce sens. Un État a deux outils de contrôle principaux sur le marché : le budget (financer un secteur, faire de la recherche, orienter le marché, etc..) et les banques centrales (pour « stabiliser » le marché.) Donc, réduction des budgets, et impossibilité pour l'état d'agir directement sur le marché.

Il y a eu plusieurs crises liées à  la globalisation du marché et des échanges de devises (Thaïlande etc.. regardez ce très bon reportage) mais celle qui, à  mon avis, a marqué un vrai tournant, ça a été la crise Internet (la fameuse « bulle »).
Que s'est-il passé ? Hé bien, un nouveau marché est apparu, potentiellement énorme, mais balbutiant, et qu'on ne pouvait pas vraiment comparer à  ce qui existait. Donc : comment évaluer sa valeur boursière ?
Il a été décidé de coter ces nouvelles entreprises sur le calcul de ce qu'elles pouvaient potentiellement devenir, en partant du principe que ça allait tout bouffer et que c'était l'Eldorado. La valeur des titres s'est envolée de façon proprement hallucinante, en se basant non pas sur la valeur réelle, mais sur sa valeur future (quand il serait maître du monde, bien sûr...).
Bref, ça a gonflé jusqu'à  ce que ça explose, avec l'affaire de Time Warner voulant racheter AOL. L'annonce a encore fait grimper l'action AOL déjà  méga-sur-cotée, ce qui fait que sa valeur boursière au moment de l'achat était supérieure à  celle de Time Warner. C'est donc AOL (boîte minuscule d'à  peine quelques dizaines de personnes) qui a racheté l'une des plus grosses compagnies de la place. Ça a calmé tout le monde, surtout qu'on commençait à  réaliser que les changements prendraient du temps et que ce n'était pas la peine de flinguer immédiatement tous les acteurs historiques. Conséquence : Plop !
Seulement, ça avait prouvé une chose. Le marché était capable de générer sa propre hausse (monumentale), sans base « réelle », et donc de générer des bénéfices monstrueux à  partir de... rien ou presque. Juste en tablant sur le futur.

Et c'est en partie ce qui explique où nous en sommes aujourd'hui.




II. Mise en place de la crise :


Avec tout ces éléments, il devient assez facile de se faire un pognon énorme en très peu de temps. On peut même exiger une croissance à  deux chiffres en permanence.
La feuille de route devient claire : occuper le maximum de place sur un marché donné, et le faire grimper jusqu'à  la lune pour engranger le blé (tout en se débarrassant des risques au passage.)
C'est ce qu'a fait Enron, en manipulant le marché des ressources énergétiques qu'ils tradaient. Il se sont fait des ventes à  eux-mêmes, il ont provoqué des coupures de centrales électriques aux USA pour paniquer les marchés, et en plus, ils brouillaient la dangerosité des opérations en s'accordant à  eux-même des garanties sur les transactions. Forcément, quand on est son propre assureur...
Résultat, l'action a grimpé en flèche, est devenue ultra-populaire, des milliers de gens y ont placé leurs économies et leurs retraites et leurs investissements, sauf que quand le marché a baissé, Enron s'est retrouvé en manque de fric pour amortir ses dettes, ce qui a provoqué la faillite et attiré les curieux...

Pour comprendre la crise actuelle, il faut avoir une chose bien présente à  l'esprit. Le marché est devenu extrêmement fragmenté et diffus. Tout le monde emprunte à  tout le monde, chacun possède des parts de n'importe qui... Une bonne partie de la valeur des boîtes est en actions, qui sont éparpillées sur le marché. Tout le monde doit de l'argent à  tout le monde. Alors bien sûr, les banques ont mis en place des systèmes pour régler leurs comptes entre elles (les fameuses chambres de compensation, comme Clearstream), mais les valeurs sont tellement éparpillées que même elles ont bien du mal à  retrouver leurs petits.

Ensuite, il faut comprendre l'objectif, et les moyens mis en place pour y parvenir. Comme nous venons de le voir, l'objectif est de faire croître un marché au maximum, d'engranger le max de bénéfs, et éventuellement de limiter les risques.
Le problème, pour faire croître un marché de façon exponentielle, et en permanence, c'est qu'il faut tout de même qu'il y ait de la demande. Des acheteurs. Il va donc falloir pousser à  la consommation.
Comment ? En prêtant un max de thune à  tout le monde, tout le temps.

Un bon exemple d'application de ce système, dans le monde financier, ce sont les fameux (et tristement célèbres) Hedge funds.
Qu'est ce qu'un Hedge fund ? Il s'agit d'une petite entreprise de boursicotage spécialisée dans les marchés dangereux ou à  risques. Ce type d'entreprise possède peu de fonds propres, mais lorsqu'elle pense être sur un coup, elle se fait prêter d'énormes sommes par divers investisseurs (dont des banques...) qui acceptent de les suivre pour dégager un profit maximum. Car même si l'opération rapporte peu en elle-même, plus les sommes investies seront importantes, plus ça rapportera. C'est ce qu'on appelle l'effet levier.

Faire du blé, c'est très bien, mais comment gérer le risque ? C'est là  qu'intervient un terme trop peu connu, et pourtant en bonne partie responsable du bordel actuel : la titrisation.
Paradoxalement, la titrisation a été mise en place comme un instrument sécuritaire, permettant de limiter les risques (ce qui paraît étrange aujourd'hui.) Le principe est très simple. Disons qu'une banque prête énormément d'argent à  un tiers. Si la banque ne veut pas courir de risque, et qu'elle estime que les pertes la mettraient en danger, elle peut transformer cette dette en actions (type SICAVS) et les revendre ! En fait la banque prend cette somme qui lui est due, la fragmente en petites actions qu'elle revend un peu partout (et bien souvent planquée au milieu de paquets financiers mirobolants)... Leur valeur, c'est l'argent qui sera remboursé (s'il l'est...).
Ces actions (et d'autres) sont les fameuses actions pourries que l'on retrouve partout et qui font ressembler le marché actuel à  un gruyère.

Il y a bien d'autres choses, mais ce sont les stars du moment. Celles qui sont sous le feux des projecteurs (même si nous ne sommes pas au bout de nos surprises en la matière... On commence à  parler des Alt-A mortages, un truc comparable aux Hedge funds, comme de l'une des prochaines mauvaises surprises...).

Voyons donc comment tout cela s'est mis en place pour en arriver au chaos. Encore une fois, prenons un exemple, un gros, du genre incontournable aujourd'hui. Parlons des subprimes, des banques, et de l'immobilier.
Donc, prenons un marché et faisons-le décoller jusqu'à  la lune en prêtant un max de pognon aux gens pour qu'ils achètent en masse. Tiens, par exemple, vendons des maisons.
Vous n'aurez pas été sans remarquer un léger emballement des prix de l'immobilier ces dernières années. Voici comment ça s'est passé:
Prenons une banque que nous appellerons BigMoney Inc. (BMI).
BMI veut se faire un max de thune et elle investit à  fond dans l'immobilier à  tous les niveaux, parfois directement, parfois en passant par des Hedge funds ou autres... Elle prend une énorme part du marché, elle n'a plus qu'à  faire grimper la demande pour que les actions s'envolent.
Que va faire BMI ? Elle va prêter du pognon à  tout va pour que les gens achètent de l'immobilier sous toutes ses formes... C'est là  qu'elle utilise les subprimes. Qu'est-ce qu'une subprime ? Tout simplement, c'est un crédit en dessous de la raison bancaire.
Explication : normalement, lorsque vous empruntez des sous, la banque s'assure que vous ayez une capacité de remboursement. On vérifie votre apport, on étudie vos revenus, etc...
La subprime, elle, est un prêt accordé à  quelqu'un (entreprise ou société) dont on sait parfaitement qu'il n'est pas capable de le rembourser. Pourquoi ? Hé bien, on considère que si le marché augmente fortement et de manière constante, la valeur du bien va augmenter, et que sa revente couvrira facilement les dettes. On établit donc les calculs sur la valeur future supposée. Un peu comme pour la crise Internet, dans le fond.
Bref. BMI prête du pognon à  n'importe qui. Plein. Tous les ménages sont encouragés à  accéder à  la propriété et à  s'endetter. Les taux de remboursement sont complexes et variables, mais on prête quand même... Conséquence, le marché décolle, et la valeur des actions immobilières détenues par BMI grimpe en flèche.
BMI n'hésite pas, car elle titrise ces emprunts, ce qui fait que les dettes sont éparpillées sur les marchés, et se retrouvent dans les fonds de pensions, actions, retraites, valeurs bancaires, etc. De plus, si l'emprunteur n'arrive plus à  rembourser, on envoie les huissiers, on récupère la maison (dont la valeur a augmenté), et on la revend au pigeon suivant, en lui faisant un prêt. Si BMI est de bonne humeur, elle accordera un second emprunt à  l'expulsé, afin qu'il puisse rembourser son premier.
Plus la maison est chère, plus on emprunte, plus on paie cher, plus le marché grimpe, plus la maison est chère.
Le marché « s'auto-régule », comme on dit.

Bref, le beurre, l'argent du beurre, le cul de la crémière, et son portefeuille en prime.
Pour rappel, 2008, c'est trois millions d'Américains expulsés. Et 1 300 milliards de subprimes.




III. La crise.


Forcément, quelques esprits chagrins feront remarquer qu'il n'est pas forcément très raisonnable d'augmenter les prix ad-aeternam et de pousser les gens à  s'endetter de plus en plus, lorsque dans le même temps on baisse les salaires, on délocalise, et qu'on réduit en miettes la sécurité de l'emploi.
Car même en prêtant de l'argent comme on respire, il arrive un moment où ça casse. Genre plus personne n'achète de maison, ou on a trop construit et le marché baisse.
C'est là  que les soucis commencent.
BMI a prêté plein d'argent, mais les gens ne peuvent plus rembourser. Elle les expulse, mais plus personne n'achète de maisons, et comme il y en a trop, les prix baissent et le marché chute. Résultat, BMI a un problème, le liquide ne rentre plus, et les actions qu'elles possède ont vu leur valeur baisser. Bref, elle est à  cours de fraîche, et ne peut plus rembourser ses propres emprunts.
C'est là  que commence la partie domino de l'affaire : la crise systémique.
Tout le monde doit de l'argent à  tout le monde. Lorsque BMI ne peut plus rembourser ses emprunts, ses camarades qui lui ont prêté de la thune se retrouvent eux-même dans la panade, et ne peuvent plus rembourser leurs emprunts. Du coup panique et crise de confiance, personne ne veut plus prêter d'argent à  personne, la valeur boursière des banque s'effondre, ce qui augmente leur problème en les privant de cette ressource d'argent. Le cercle vicieux s'amorce.
Et le problème, c'est que comme tous ces braves gens ont pratiqué la titrisation, toutes ces dettes sont éparpillées sur les marchés et pourrissent l'ensemble du système. Tout est tellement mélangé que personne ne sait au juste qui doit quoi, et qu'il est très difficile d'estimer les pertes réelles (qui vont en s'amplifiant au fur et à  mesure que le marché dégringole...) On arrive vite à  des sommes astronomiques.

Plusieurs établissement ont été en difficulté et ont dû faire appel à  l'État, mais c'est la chute de Lehman Brothers, le 15 Septembre, qui a joué le rôle du bouton « autodestruction ».
Les dettes de Lehman Brothers étaient très importantes et difficiles à  quantifier. On parlait de 80 milliards, mais c'est finalement grimpé à  200 milliards. Lehman a demandé l'aide de la réserve fédérale américaine, qui a refusé de mettre la main à  la poche pour sauver l'Agence tous risques. Le signal a déclenché la panique sur les milieux boursiers, qui voulaient encore se convaincre que ça pouvait s'arranger à  l'amiable. Car Lehman Brothers n'était pas une banque normale. C'était une banque pour banquiers. La quatrième aux US. Une banque destinée aux établissements bancaires, et donc qui était censée pouvoir leur apporter des liquidités.
Bref, c'était foutu, et le système a implosé.

Il faut bien comprendre le risque de ce genre de crise. On ne parle pas d'une petite crise de confiance, on parle d'un blocage généralisé du système. Plus personne ne prête à  personne, et tout le monde est endetté. Donc plus de transactions financières. Du tout.
L'effondrement total du système. Mad Max, quoi...

Voilà  pourquoi lorsque tout a commencé à  s'effondrer, des mesures drastiques ont été prises. Les gouvernements n'avaient plus le choix. C'étaient les derniers à  avoir des liquidités pas trop pourries. Le gouvernement américain s'est donc vu contraint d'appliquer des mesures qui violent sauvagement toutes les idéologies libérales. Nationalisation d'établissement bancaires, prise de contrôle de sociétés... La totale, du stalinien pur jus. Alan Greenspan a mangé son chapeau et déclaré publiquement que le système financier actuel n'était pas fiable, et qu'il était responsable de la situation. Ça ne s'est pas fait de gaieté de cÅ“ur, ça s'est fait parce qu'il n'y avait pas d'autre choix. Ça s'est fait aussi à  l'étranger (pas de gaieté de cÅ“ur non plus, mais l'Islande était là  pour rappeler à  tout le monde le sens des priorités...)
La priorité, c'est de stopper la chute avant de s'écraser au sol comme une bouse, à  n'importe quel prix.




IV. Conséquences :


Difficiles à  estimer pour l'instant, mais très importantes.
Déjà  on va en chier pendant longtemps. Le marché ne reviendra pas à  son niveau d'avant, et plusieurs pays sont déjà  entrés en récession, avec un risque de récession mondiale. Et il ne faut pas croire qu'on puisse bazarder les milliards par centaine comme ça. Hier encore, la Fed se demandait si elle arriverait à  couvrir les pertes. Les États devront payer, en faisant cracher les contribuables, en vendant des parts de secteurs publics (moins touchés que les autres), voire en nationalisant, et bien sûr, en se serrant la ceinture (vous n'êtes pas fonctionnaire, j'espère ?).
Quant au secteur privé, ce n'est pas encore fini. Le secteur Automobile est en train de morfler, l'Aviation devrait suivre, et tous les secteurs vont être touchés à  terme...
Ça va durer très longtemps, et vu l'état du marché, tout ce qui sera vendu sera bradé.
Après, il y a deux orientations probables :
Les financiers pourraient en profiter pour mettre les États à  mort. Les banques vont de toute façon probablement gonfler encore plus les chiffres pour piquer un maximum de pognon. Faute d'option, la Fed vient d'annoncer qu'elle baissait ses taux directeur à  1 %. Ça va être dur...Si vous pensiez que les caisses étaient vides, attendez-vous à  contempler le néant. Ça va poser de graves problème de fonctionnement.
Cependant, on peut espérer qu'après avoir frôlé le désastre intergalactique, les gens vont redevenir un peu raisonnables. En plus, il n'y a pas vraiment de marge de manÅ“uvre...

Déjà  la position du lobby néolibéral est devenue intenable. La main invisible vient de leur coller une beigne, et les déclarations du genre « il faut laisser faire le marché » et « il faut faire confiance à  l'entreprise\au système », on ne devrait plus les réentendre avant un bon moment. Bien sûr, on peut se contenter de boucher les trous comme pour les crises précédentes, mais on peut estimer que la suivante serait la fin du monde. Il va au minimum y avoir un retour en grâce du Capitalisme old school (déjà  qu'on baigne en plein interventionnisme, à  la demande même du marché...).
De plus, même aux États-Unis, l'État va se retrouver à  la tête de gros établissements bancaires, et les autres auront une grosse dette envers lui. Il a donc la possibilité de faire entendre sa voix.
Après, sur le long terme et ce qui en découlera... Bah... Tiens, je vous donne les cours de la bourse d'hier, histoire de voir ce qui grimpe quand tout s'écroule :

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Des armes et de l'alcool... Tout un programme...
(Le seul ministre qui vient d'apprendre aujourd'hui que son budget allait considérablement augmenter, c'est celui de la Défense...)

















Sources :
Dossier France Culture.
Reportage Arte.
Monde Diplo d'octobre 2008.

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MessagePublié: 31 Oct 2008, 14:18 
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Cent mille millions d'années
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Inscription : 08 Jan 2005, 13:12
Message(s) : 1191
Localisation : Suzeau WaterMill - Bourgognie du Sud
Très bien expliqué, déroulement logique avec plusieurs rappels indispensables pour apprécier les événements actuels/tragiques. Les exemples, même triviaux, sont les bienvenus pour accentuer les idées clés.

Bref, tu aurais pu titré ton post "Crisis for Dummies" sans aucun soucis !

A quand : la récession pour les (futurs) pauvres ?

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Il De Mortneant a écrit:
"...Et puis les nanas, je n'aurais jamais confiance en un truc qui saigne non stop 8 jours sans en crever"


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MessagePublié: 31 Oct 2008, 19:26 
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Inscription : 01 Mai 2004, 11:57
Message(s) : 1161
Très bonne initiative, mais l'auteur aurait du se mettre encore plus à  la portée des "dummies", ceux qui n'ont aucune notion d'économie. Genre moi. La crise financière, ça me dépasse complètement, et ne me concernera que lorsque le prix de la canette passera de 1 à  2 euros.

Je le confesse avec un brin de honte : j'ai beau écouter la radio chaque matin depuis plusieurs années, des mots comme "subprime", "trader", voire "action" et "PIB" restent toujours aussi flous pour moi. Ce qui m'agace, c'est que beaucoup de gens ne se gênent pas pour caser ces mots en soirées mondaines (genre "l'économie, ça m'connait, mon gars"), et sont cependant incapable de m'en fournir une définition précise. Il serait donc temps que l'on sache de quoi on parle.

Les membres du forum possédant quelques notions pourraient lancer un projet "l'économie expliquée aux extraterrestres", en reprenant tout de zéro. Ca leur permettrait d'étaler leur science avec condescendance, tout en instruisant le bon peuple. Qu'en dit-on ?

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Spoiler! :
N'oubliez jamais que vous êtes unique, comme 7 milliards d'autres humains sur Terre.


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MessagePublié: 31 Oct 2008, 20:21 
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Inscription : 18 Déc 2005, 23:29
Message(s) : 1938
explications claires et intelligentes ......

l' économie et la bourse pour les nuls ? Vaste programme !

Un des problèmes est que l' économie de productione t de distribution flanche à  son tour. Les américains ontr emprunté dans un marché morose pour financer leur consommation . Aujour' d' hui, ils ne peuvent plus emprunter.

L' éclatement de la bulle internet a été un phénomène purement financier, aujourd' hui la crise est structurelle ..... Il y a suraccumulation de capital et excédent de capacités productives et là  est le vrai problème.

En France, la part des salaires dans le PIB a baissé de 10 points environ en 25 ans. Autant de moins pour la consomation.

En simplifiant, le PIB ( produit intérieur brut) est la somme de la valeur des biens et services produits en France moins les consommations utilisées pour les produire.

Le PIB, c'est à  dire le revenu global, est réparti entre les salariés, les entreprises ainsi que leurs détenteurs et l'Etat. Il est consommé et investi.

Quand la part des salariés diminue en faveur des entreprises, la consommation des ménages diminue et les profits des entreprises augmentent. Mais à  partir d' un certain moment, la consommation des ménages est insuffisante pour permettre aux entreprises d' écouler leur production.

De même il est possible que les investissements aient été trop importants par rapport à  la production susceptible d'être écoulée.

On aboutit donc à  une crise. Les usines ferment et mettent leurs salariés au chomage. En 1930, la production industrielle des Etats unis a baissé de 30 %. Parallelement, les emprunteurs ne peuvent plus rembourser leurs dettes et des effets en chaine se produisent.

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Smouales étaient les borogoves


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MessagePublié: 03 Nov 2008, 12:49 
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Inscription : 15 Juil 2006, 15:28
Message(s) : 1530
Localisation : Ici
Explication claire et précise, on peut difficilement simplifier.
Pour Arkh et tous les autres être inférieurs ayant un quotient intellectuel limité : Ce que sont les subprimes est expliqué dans le texte.

Citer:
Qu'est-ce qu'une subprime ? Tout simplement, c'est un crédit en dessous de la raison bancaire.
Explication : normalement, lorsque vous empruntez des sous, la banque s'assure que vous ayez une capacité de remboursement. On vérifie votre apport, on étudie vos revenus, etc...
La subprime, elle, est un prêt accordé à  quelqu'un (entreprise ou société) dont on sait parfaitement qu'il n'est pas capable de le rembourser. Pourquoi ? Hé bien, on considère que si le marché augmente fortement et de manière constante, la valeur du bien va augmenter, et que sa revente couvrira facilement les dettes. On établit donc les calculs sur la valeur future supposée. Un peu comme pour la crise Internet, dans le fond.


Ils prêtent a des gens qui ne peuvent PAS rembourser pour le moment, en se disant qu'il le pourront quant ils gagneront "miraculeusement" (prévisions étranges et relevant peut être du surnaturel) assez d'argent pour acheter leurs maisons qui pour les "même raisons" aurons aussi augmenté, "remboursant l'investissement ET générant des bénéfices".

Bref : Ils s'attendaient a ce que des personnages Endetté soit d'un seul coup capable de rembourser à  la fois l'emprunt mais aussi le prix de la maison qui n'a pas été acheté avec l'emprunt, plus les intérêts de l'emprunt.

Après, il faut lire en détail l'explication de Raphaël sur la Titrisation : Les banques peuvent transformer leurs dettes en actions qu'il est possible de refourguer en petit morceaux aux Sociétés qui n'avait pas besoin d'emprunter (ou "comment entrainer les autres dans la chute").

Si tu les achètent c'est exactement comme un prêt sans taux de remboursement ni intérêt.
La différence c'est que c'est éparpillé en morceau pour éviter d'effrayer les acheteurs avec de trop grand chiffre.
Et deviennent donc au passage bien plus compliqué à  retracer quant il s'agit de faire le bilan.


Maintenant l'Etat à  qui on demandait de "dégager du chemin" est appelé à  l'aide pour racheter toutes ces actions pourries en plus des banques qui ne peuvent plus prêter mais dont dépendent tous les sociétés qui leur empruntait.


En espérant bien sur que je ne me soit pas trompé dans l'explication, c'est la version simplifier (ou du moins plus courtes)
N'hésitez pas a me dire si je suis trompé ou ai oublié un point important.

En tous cas l'explication de Raphaël permet de replacer le problème dans la réalité avec des noms.

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MessagePublié: 23 Nov 2008, 14:52 
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Inscription : 18 Déc 2005, 23:29
Message(s) : 1938
Une synthèse claire et précise au niveau macro économique ....

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article74876

et autre article plus prospectif :

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article74878

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