Houellebecq a une prose fascinante, qui a souvent coloré les intrigues les plus dépouillées. Manque de bol, il paraît moins bon en réalisation...
Si la photographie et l'esthétique développées s'en sortent à peu près (mention spéciale à certains motifs coralliens), la structure scénaristique, image même de la lenteur, est d'une horreur sans nom, et la mise en scène est hélas au diapason. Dans son excellente critique, Arkh n'a fait qu'effleurer le non-sens de la chose, citons en vrac :
- Les longs plans contemplatifs sur les vieillards qui changent de vêtements en sifflotant ou les techniciens qui rangent leur matériel audiovisuel,
- La répétition à l'identique du processus de la "formation du clone", fascinant la première fois, ennuyeux la seconde,
- Les plans-séquences sur des figurants qui font avancer un ballon à tout petits coups de pied, très lentement (ça doit être l'idée d'un tétraplégique se fait d'une partie de foot), pendant que le personnage principal s'éloigne loin, très loin à l'horizon,
- Les dialogues avec le policier qui fait du tourisme, effectivement passionnants,
- Les suivants du gourou saisissant de vieux livres de la secte pour éclater en sanglots, et d'anciens posters pour ricaner (y aurait-il un message caché vis-à -vis de la littérature et du cinéma ?),
- Le très long concours de bikini filmé en plans larges et généralement fixes,
- Le passage du musée, plein de réflexions philosophiques absconses, avant un petit moment complètement silencieux...
Et je dois oublier la moitié des passages surréalistes.
Je peux également témoigner, puisque aux côtés d'Arkh, un bon tiers de la salle s'est vidé, et à la fin du film, nuls applaudissements, juste les vivats cyniques du triste individu qui a posté la critique plus haut et les rires et les pleurs mêlés de tous les spectateurs.
J'ai perdu une heure et demi de ma vie, et j'ai eu l'impression que ça durait dix fois davantage.
Le site officielUne critique amuséeBrigitte Baudin, dans Le Figaro, a écrit:
À Locarno, l'auteur des Particules élémentaires n'a pas non plus donné de conférence de presse comme il était prévu, seulement quelques interviews, triées sur le volet. Il valait peut-être mieux, car la presse internationale était plus que clairsemée dans la salle. Durant la projection de ce film post-apocalyptique, on a pu entendre des ricanements, des rires. Certains journalistes ont même quitté la salle avant la fin. À la sortie, les critiques dépités par ce succédané de nanar digne de Max Pécas, agrémenté de longs exposés sortis tout droit de Science et Vie Junior, criaient à la catastrophe, au ridicule, à la philosophie de bazar.
(Source :
http://www.lefigaro.fr/cinema/2008/08/1 ... carno-.php )