Après le controversé Saint Ange, Laugier nous offre un film de genre parmi les plus choquants qui soient. Sa sortie à grande échelle sur les écrans français, et le combat du réalisateur contre la censure, auront d'office offert une certaine renommée à un récit atroce, roi des films de torture. Âmes sensibles s'abstenir, l'Å“uvre n'est cependant dénuée ni d'esthétisme ni de sens. À voir au cinéma, si possible, pour vivre la tentation de s'enfuir de la salle...
Spoiler! :
Assez étrange dans son commencement (le coup de la croque-mitaine peut d'abord être perçu comme une version écourtée et inutile du twist de Haute Tension, avant de servir - très relativement, d'ailleurs - les thématiques traumatico-mystiques), le long métrage tient le coup sur la longueur grâce à une structure désespérée. Dommage que cette histoire ne nous présente jamais de figure féminine de battante, dommage aussi que le concept de la secte soit réduit au minimum syndical. Au nombre des qualités de la chose : une photographie hors du commun (mettant particulièrement en valeur les reliefs de la peau), des actrices qui donnent tout à leur rôle, des maquillages d'exception, une musique parfaite, une mise en scène au scalpel. Rien que ça. Ultime performance : ce film parvient à éviter toute complaisance, d'abord par la pudeur de ses séquences de torture (qu'est-ce qui est montré, finalement ? De simples tabassages... tout le reste est hors-champ ou traité en ellipse), ensuite par un espèce de recul, une sorte d'amoralité salutaire. Les assassins et bourreaux, quel que soit leur bord, ne sont aucunement présentés comme impardonnables, et, quelque part, chacun d'entre eux... arrive à ses fins.
Inscription : 01 Mai 2004, 11:57 Message(s) : 1161
Peut-être le meilleur film du genre. Qui dit mieux ?
En tant que film trash "primaire", déjà : une entrée en matière spectaculaire (la première décharge de chevrotine) et de l'horreur soutenue, une violence d'autant plus crue qu'elle utilise essentiellement des objets ménagers (couteau, ciseaux, marteau, clous rouillés...), une ambiance musicale adéquate (la basse qui sert du thème à la première "chose"...). On en excuserait presque l'incroyable connerie des deux héroïnes (dormir sur les lieux du massacre, s'aventurer seule dans des endroits suspects...), lot commun des films du genre.
Mais l'essentiel n'est pas là . Le plus horrible est sans doute la "transformation" que subissent les martyrs. Extérieure, bien entendu, mais surtout intérieure : des êtres privés de tout, dont l'unique repère est la douleur... et qui ne savent plus s'exprimer QUE par la douleur (infligée ou reçue). Dixit la scène où l'héroïne "communie" avec le monstre, qui lui entaille les bras et commence à lui fracasser la tête, ou celui qui se rape désespérément la peau avec un couteau de cuisine. Comme dira le personnage le plus ignoble du film, il faut peu de choses pour faire un martyrs : de l'obscurité, un peu de bouillie, des coups répétés... et beaucoup de solitude. Songer que l'on puisse finir pareil, quelle que soit notre résistance psychologique, génère un profond malaise.
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Le pire/meilleur moment du film, à mon sens, et celui où l'on croit voir débarquer de bon gros flics américains (c'est médiocre, mais quel soulagement !) pour découvrir aussitôt qu'il s'agit d'un gigantesque réseau de tortionnaires, dont tout ce que l'on a vu jusqu'à présent n'était qu'un échantillon. A ce moment, j'ai eu un vague spasme vomitif, et ai souhaité que le film s'achève *rapidement*, chose qui ne m'était arrivé qu'une fois auparavant (Eraserhead, de Lynch). La suite, étrangement, ne m'a pas choqué, comme si je commençais à accepter la logique du truc.
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Ah oui, le passage du "sauvetage", un pur cauchemar, je n'arrivais pas à y croire. Je ne pouvais pas croire que la pauvre fille encore vaguement épargnée allait elle aussi passer par là . Je me disais que c'était impossible, qu'elle allait forcément s'enfuir, les combattre ou un truc comme ça... Mais non, l'histoire est inéluctable, sans deus ex machina à l'hollywoodienne. Je dois confesser, pour ma part, un deuxième passage de malaise, celui où j'avais envie de sortir de la salle. C'est bien sûr l'abominable répétition de scènes de tabassage. "L'ennui" se fait ici le complice de l'empathie ressentie pour la victime.
La fin, quant à elle, est un peu obscure et nauséeuse...
Bouais, pas été convaincu. J'ai pas mal aimé le retour sur les photos des Martyrs que la vieille montre à Ana, on sent davantage l'aspect historique et écorché du terme. Le labo bien trop aseptisé à mon goût(bon, ok, l'idée c'est: "il en faut peur pour être heu...martyr" mais je regrette quand même l'ambiance trop lumineuse.)pourtant j'y ai cru un instant quand elle descendait un escalier menant à une cave...ah non...le labo tout propre. Enfin bref...pour moi c'est moyen.
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