Tim Burton nous avait habitué à des introductions grandiloquentes à coup de musiques sublimes et d’images esthétiquement parfaites orchestraient pour former un tout qui vous donnait des frissons rien qu’aux premières secondes du film. Sur Sweeney Todd, cette fois, Burton use et abuse du numérique pour nous montrer la progression ô combien passionnante d’un sang gluant et trop rouge pour être vrai qui même dilué dans l’eau de l’égout garde sa couleur initiale. Le tout soutenu par une chanson qui n’a certes pas le mérite d’égaler Danny Elfman, mais s’en sort plutôt pas mal en distillant une ambiance sombre et inquiétante.
Puis apparaît cet acteur incontournable des adolescentes qui ne connaissent de son Å“uvre que sa fameuse attraction de Walt Disney transposée sur grand écran avec grand, que dis-je, dantesque budget à la clé. Ceci dit, ces midinettes auront quelques regrets puisque la belle gueule de Depp n’exécutera pas le one-man show de Jack Sparrow, mais renouera avec son idéal burtoniesque. C'est-à -dire un personnage sombre, déprimé, peu bavard et hanté par ses pensées. Une prestation modeste, mais toutefois parfaite avec son visage teinté de morosité animé de temps à autre par ses mimiques faciales habituelles. A ses côtés se dressent Helena Bonham Carter, muse gothique et femme de Tim Burton qui joue à merveille son rôle de boulangère aux tourtes digne des mets des Bouchers Verts. Alan Rickman quant à lui reprend son rôle et ses vêtements du Parfum et se retrouve entouré de son collègue d’Harry Potter : Timothy Spall. A eux deux, ils forment le duo sur lequel la vengeance de Sweeney Todd risque de s’abattre. Notons également le rôle tenu par Sacha Baron Cohen qui apporte une petite dose d’humour assez bienvenue à travers son personnage d’imposteur au faux accent italien et aux gestes surjoués.
Assez bienvenue car en réalité, malgré son beau casting, le film de Tim Burton ne séduit pas. La musique est insipide, ne dépassant pas trois accords et se répétant tout le long du film, et il faut bien avouer que pour un film musical, ça fait tâche. Les paroles en vont de même, naïves baignant constamment dans de l’eau de rose et au final n’a aucun intérêt narratif, et il faut bien l’avouer que pour un thriller, ça fait tâche. Tim Burton nous avait habitué à ses mélodies particulières et aux nombreux jeux de mots qui hantaient ses compositions, et là , à part la redondance du « je vais vous raser au plus près », on en trouve que très peu, surtout avec les sous-titres français.
L’image est soutenue par une esthétique sombre, gothique et nostalgique fidèle au réalisateur et on sera même surpris pas quelques scènes très kitsch proche de La famille Addams. On savait déjà que Burton affine ses images avec un très grand soin numérique, et c’est donc sans surprise que l’on pourra voir avec une esthétique irréprochable les visages mortuaires de Johnny Depp et Helena Bonham Carter, la représentation d’un Londres glauque et fétide… La fin du film, bien que prévisible nous apporte un regain d’intérêt, mais il est trop tard, le mal est fait.
Avec cette histoire qui s’essouffle très rapidement et ses nombreuses facilités on a du mal à retrouver une Å“uvre de Tim Burton pleine d’audace, personnelle et tout simplement folle…
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