Morgan Kane a écrit:
J'ai joué à ADD première version pendant 4 ans environ et on a fait du jdr, on a fait du social, on a interragi avec des PNJ sans règles particulières ni compétences spacifiques.
Il est vrai qu' ADD, dérivé d'un wargame (chain mail) est orienté sur le combat mais cela n' interdit pas le reste.
Ca ne l'interdit pas. Ca ne le prévoit tout simplement pas, et c'est précisément l'une des choses que je lui reproche : D&D, tel qu'il a été pensé, est un système de simulation de combats dans un style médiéval fantastique.
C'est tout. Ce n'est pas un jdr. Donc créditer Gary Gigax d'inventeur du jdr est un contre-sens.
VD> Tolkien et son univers ont été pillés par les créateurs des premiers univers D&D - oui, comme je le dis plus haut : D&D à proprement parler n'est rien d'autre qu'un système de simulation de meule. Il n'y a pas d'univers associé, ceux-ci sont venus
après. Preuve s'il en était besoin de comment il était prévu qu'il soit utilisé - qui n'ont pas songé une seule seconde à la question des droits d'auteur, étourderie que ne partagèrent pas les héritiers de Tolkien. Le mithral que tu cites en exemple, ou encore les halfelins, vu que le nom de hobbit a été reconnu comme appartenant à Tolkien. En revanche, Balor n'est pas un substitut à Balrog, il s'agit juste d'un pillage de la mythologie celte, irlandaise plus précisément, méthode consacrée pour la création d'un univers D&D.
Et tu prends les choses soit de travers, soit à l'envers.
Déjà , tu fais fausse route en introduisant ton "amusement" dans les RO dans la présente discussion. Nous discutons de D&D à l'origine - ce qui explique que j'ai toujours, dans mes messages, écrit D&D, et non AD&D, ou encore D&D 3 -, et ce qu'est D&D, c'est comme je l'ai écrit plus haut un système de simulation de meule. C'est ce qu'il reste aujourd'hui encore, après un quart de siècle. D&D 3.5, tel que je l'ai feuilleté, ne me semble pas présenter de différence fondamentale d'avec son ancêtre, le seul point sur lequel les années lui ont profité est la clarté des règles - et le budget permettant de payer des illustrateurs doués. Sinon, c'est ce que ç'a toujours été : un système outrageusement technique visant à fournir les règles nécessaires pour bastonner avec des épées et des sorts. Il n'est pas prévu que l'on fasse quoi que ce soit d'autre. D&D n'est toujours pas un jdr. Pour ça, il faut aller voir du côté des univers qui y ont été greffés, ce qui sort un peu du présent sujet.
Mais puisque tu y tiens, faisons-y un tour. Les univers D&D sont, dans leur écrasante majorité, des modèles de recyclage de mythes divers et variés - les RO que tu cites en exemple poussent le mauvais goût jusqu'à mélanger les mythologies ainsi pillées - car les mythes, c'est bien en ce sens qu'on ne peut pas vous poursuivre pour viol de droits d'auteur dessus en général, et ça évite d'avoir à faire véritablement acte de création.
Ce sont des univers qui sont conçus pour donner un vague et grossier emballage au système, afin de faire illusion, ou satisfaire les faibles pulsions rôlistiques des joueurs. Faibles, car la qualité d'univers de ces mondes l'est elle-même. Un joueur qui veut faire du jdr dans un univers soigné et cohérent passe à autre chose.
C'est là que j'ai envie de dire "A simple Homme, simples plaisirs". On peut se contenter de jouer là -dedans et se prétendre rôliste ; c'est comme faire des rpg japonais et se prétendre rôliste. Objectivement, on joue un rôle, certes. Mais dans un univers patchwork, qui n'a ni cohérence interne ni logique propre, et dont l'identité est basée sur le bancal ressenti cumulé par ses utilisateurs au fil des années. Contrairement à beaucoup, je ne nie pas qu'il y a un "esprit RO" ; mais cet esprit ne se dégage pas de l'oeuvre, mais bien du fait que depuis des décennies, des milliers de gens y ont joué et en ont créé une image mentale à peu près commune.
J'ai eu une période dans cet univers, qui s'est manifestée sous la forme de romans Fleuve Noir. Je ne les cache pas. Mais je ne cache pas non plus que j'ai grandi et que mes exigences en matière de qualité ont fait de même. Vu que tu me sembles relativement jeune, j'ai bon espoir que toi aussi tu finisses par dépasser ce stade.
Les RO, et la quasi-totalité des univers D&D, sont construits sur le pillage malhabile de mythes divers, et sont taillés pour s'adapter sur le système de jeu et ses particularités - ainsi, point commun à tous les univers D&D, un mage oublie son sort après l'avoir lancé, d'où obligation de le réapprendre chaque soir. Ce qui à l'origine est une mécanique purement technique visant à équilibrer les capacités des magiciens par rapport à celles des autres classes - ils ont accès aux sorts, qui peuvent être très puissants, mais doivent les gérer avec prudence, contrairement à un guerrier moins impressionnant avec son épée mais qui a un nombre de coups illimités - est imposée comme un élément d'univers.
Bref, oui, tu peux t'amuser dans les univers D&D. Mais dans leur écrasante majorité, ils sont du bac à sable rôliste : des univers simples, de faible qualité - et je juge sur des critères objectifs comme la cohérence interne, les apports inédits, les thématiques fortes, et non sur des questions aussi subjectives de savoir si j'apprécie le suprême bourrin pleurnichard Drizzt Do'Urden - et je considère qu'en grandissant, un rôliste doit dépasser ce stade pour se plonger dans des univers originaux, bien pensés et organisés.
Et c'est bien là l'une des clefs des reproches que je fais, et que je pense PM fait, à D&D et à ses univers : beaucoup de rôlistes ne parviennent pas à dépasser ce stade. Ils démarrent sur D&D en s'entendant dire que c'est du jdr, et ne vont pas plus loin. Ils restent bloqués dans leur enfance rôlistique, ce qui est désastreux à tous les égards pour le renouvellement de la population rôlistique.
Tout ceci pour dire que ta remarque sur le fait d'avoir ou de ne pas avoir un bon MJ est à côté de la plaque. Le MJ qui rendra digne d'être appelé jdr D&D et les RO sera celui qui fera un énorme travail pour pallier à leurs défauts de conception ; à cet égard, autant qu'il se mette directement à maîtriser un vrai jdr.
Donc pour PM, je ne sais pas, mais moi, oui, je méprise D&D. J'admets son existence et l'impact positif de celle-ci dans la logique du développement du jdr - j'aime beaucoup l'analogie de PM sur l'invention de la roue et l'automobile - et cela pourrait lui valoir mon respect, mais son refus de rentrer sagement dans sa vitrine du muséum d'histoire rôlistique, dans la section "Fossiles, les lointaines influences du jdr", et son obstination à persister sur le marché, le parasitant, l'immaturisant et coulant indirectement de vrais jdr, lui valent mon mépris plein et entier.