Je suis récemment entré en quatrième (ayant sauté mes classes de maternelle, petite fille précoce apparemment), ma meilleure amie n'est encore pas avec moi cette année...Galère...
Je suis revenue d'un stage linguisitique en Angleterre avec Agathe (ma meilleure amie, toujours), stage qui a marqué mes premières cuites à coup de rhum et de porto volés chez l'horrible dame qui nous héberge et nous donne nos cours.Pauvre [bisounours] de vieille peau, qui n'a pas remarqué que son bar se vidait de jours en jours
, faut dire qu'on nous donnerais le bon dieu sans confession héhéhéhéhéhé...
Cigarettes et alcool, un départ ma foi peu optimiste pour deux gamines aussi jeunes....
Je passe le clair de mon temps à dessiner, j'ai arrêter depuis la cinquième de noter mes cours, à quoi bon?
A la maison, je passe des livres à la consoles, puis à la télé, puis au téléphone, puis au crayon.L'impression de ne rien apporter, d'être fait pour quelquechose d'autre que le glandage ahuri des gamins de ma générations, d'être coincée dans cette chambre-prison.Ma mère hurle pour que je travaille, à quoi bon?
J'augmente le volume de ma chaîne hifi et les cris s'estompent.
Je me regarde dans la glace et j'aperçois déjà ce regard teinté par la colère et le mépris contre toute l'humanité, par cet orgueil et cette fierté malsaine qui ne me lâcheront plus malgré mes efforts.J'aperçois aussi ma tignasse noir corbeau, tellement noir qu'elle prends des reflets humides sous la lumière; autrefois longue jusqu'en bas du dos, elle n'est plus qu'une poignée de cheveux sauvage, coiffée à la garçonne, coupe identique à celle de mes deux frères.
J'aperçois mon aquarium, qui trône sur mon bureau, la seule chose vraiment intéressante de cette pièce rose bonbon, au papier peint pastel couvert de nuage cotonneux.
On y voit des tas de poupées, encore dans leurs emballages ou mutilées, des baigneurs, des robes, des peluches, des chapeaux ornées de perles et de rubans fushia, on y voit également un lit de bois clair ornés de petites traces (j'ai une tendance fâcheuse à me faire les dents), un bureau plein de gribouillis, des tâches de peintures et de plâtre sur la moquette barbe-à -papa; sur la couette également rose trône une pyramide de peluches, correctement agençées, chacune à son nom et sa petite histoire, et obéissent à "Gros-popples", le maire de la ville imaginaire des peluches, qui n'est autre que le popple géant bleu de mon frère.
Mais il ne veut plus jouer aux peluches, il dit qu'il n'a plus le temps, et ma mère trouve qu'il y a trop de poussière, ce n'est pas bon pour mes allergies, elle dit que je peux faire une crise d'asthme et mourir, elle veut donner nos peluches.
Alors j'ai dû les mettre dans ma chambre, en sécurité, et c'est à moi de veiller sur elles maintenant.
Je suis contente, mon frère m'a filé une chemise grise à carreaux vert; on dirait une chemise de pêche, j'adore la pêche, Phillipe, le copain de ma mère, nous y a emmené une fois, et j'ai réussis à soulever sa canne pour ferrer une grosse brème, on a même pris une photo et j'avais ma chemise à carreaux; elle doit me porter chance en fait.
C'est très amusant la chance, les trucs mystiques et tout ça, ca m'intérèsse beaucoup, mais je n'ai pas un rond alors je vais à la bilbiothèque municipale et je vole des bouquins pour les lire en prenant soin de les cachés et de ma mère et de mes frères.
Mes tantes vont partir de la maison, l'une d'elle se marie et l'autre va prendre un studio, je dis au revoir aux deux femmes qui m'ont presque entièrement élevé.La maison devient de plus en plus triste, mes frères passent leur temps avec leur copains, ma mère ne rentre que pour hurler sur moi, et je ne peux même pas appeller Agathe.
Alors je lis beaucoup, et je joue beaucoup, je re-joue encore et toujours à FF7 et à BO1, mais aussi à Secret of Mana, qui est bien triste pour le petit elfe, mais aussi pour les draco-mana, qui ont raison de dégommer les humains, un arbre c'est sacré, toute la nature est sacrée de toute façon.
Ma mère est de nombreuse fois convoqué à l'école,malgré mes bons résultats scolaires, le professeur principal s'inquiète de mon manque de motivation.
De toute façon , on verra bien, les adultes sont tellement ennuyeux, ils ne comprennent rien et ne voyent rien.
J'ai douze ans.