M'étant récemment intéressé à la vie pour le moins hors du commun de
Nadezhda Durova, j'ai achtéléchargé et regardé une comédie musicale soviétique vaguement inspirée de ladite vie,
Gusarskaya Ballada ou "La Ballade des Hussards". En version originale. Sans sous-titres, parce que je n'en ai pas trouvé [insérer ici une glose sur la domination unilatérale du cinéma américain]. Il y avait de quoi hésiter, moi qui supporte déjà mal de regarder une VOST quand la langue de la VO en question est une langue que je ne comprends pas (ce qui me limite au français et à l'anglais, en fait).
Hé bien, ce film est tellement bien que comprendre 1 mot sur 1000 et connaître vaguement l'histoire m'a suffi. Il faut dire que l'intrigue n'est pas compliquée et n'a pas besoin d'exposition orale : aventures et histoire d'amour, le tout ponctué de chants, puisque c'est une comédie musicale. Chants qui sont d'ailleurs superbes. Je ne supporte pas la comédie musicale américaine (aka
soap opera) à la
West Side Story, saucissonnée de pop niaise. Evidemment,
Gusarskaya Ballada n'utilise pas de la pop américaine, mais bien de la musique russe aux accents traditionnels - tout à fait en accord avec le fait que le film est censé se passer en 1812. Les chansons font tout à fait naturelles, d'autant qu'elles sont bien insérées dans le déroulement du film, et non plaquées au milieu.
Et puis il y a les acteurs, tous très convaincants en hussards, surtout l'héroïne, qui, comme Nadezhda Durova, réussit à devenir officier de cavalerie en dissimulant son sexe. L'actrice est très convaincante dans son rôle de garçon manqué, ou plutôt de fille qui doit en faire encore plus que les autres pour passer inaperçue. Le résultat est un personnage crédible, attachant, très expressif (autre point qui aide beaucoup : ses expressions et ses tons très révélateurs du sens de ses paroles) et flamboyant. Tout comme l'action du film, simple mais prenante, un peu à la manière du western, finalement.
Bref. Si jamais vous avez l'occasion de mettre la main dessus (sait-on jamais ?) essayez ce film qui, quoiqu'inconnu de ce côté du Mur, a été la comédie musicale préférée de toute la Russie. Non seulement c'est un bon film, mais il m'a personnellement été une "révélation", comme on dit quand on parle l'hyperbolo-clichéïque. Avant, si on m'avait dit qu'on pouvait apprécier un film sans comprendre ce que disent les acteurs (et ici ils sont tout de même bavards), je ne l'aurais pas cru.
C'est aussi sur cette question du rôle de la langue dans le cinéma que je voudrais ouvrir le débat à l'occasion de la présentation de ce film. Avez-vous déjà fait des expériences similaires ? Quel est votre avis sur la question ?