Pas vraiment.
Certes, au premier regard, il peut apparaître séduisant, pour ne pas bouder son plaisir, de se dire qu'on peut voir n'importe quoi dans tout, qu'en cherchant des dénominateurs communs et des comparaisons, on finit toujours par les trouver, qu'une oeuvre est une tache de Rorschach.
Cependant, en l'occurrence, nous avons un point d'ancrage pour l'analyse, le comics de Miller, nettement plus extrême.
J'étais tombé sur un message sur le Madforum, exprimant mon avis mieux que mes propres mots (et pourtant, des mots, j'en ai eu, dans la réalité comme sur la Toile, sur ce film très beau et très creux, démonstration technique et prouesse picturale davantage que récit). Je me permettrai de vous y renvoyer :
Kea a écrit:
Maintenant, plus intéressant, sur le fond. Ce qui frappe direct, c'est que le film souffre d'un assez grave problème de rythme, doublé de problèmes scénaristiques qui peuvent faire décrocher le spectateur, et qui font que vers la fin du métrage, on se fait tout de même un peu chier (à moins que ce ne soit l'effet calva qui commençait à se faire sentir).
À mon avis, ce problème est directement lié aux modifications apportées au scénario originel de Miller. Je m'en vais expliquer ça, en deux temps. D'abord ce qui a été retiré, ensuite, ce qui a été ajouté.
1) Ce qui a été enlevé :
Quasiment toutes les répliques sur les Athéniens. C'est clairement un choix, le but étant de faire passer les Spartiates pour plus démocrates qu'il ne le sont. Les soldats de Miller ne se privent pas de se foutre régulièrement de la gueule de ces tapettes d'Athéniens et de leur démocratie de fillette. Ici, il ne reste plus qu'une misérable réplique. tout le reste a été épuré, visiblement pour faire passer un message "défense de la liberté et de la démocratie", qui trahit complètement la BD, bien plus ambiguë sur ce point (ce qui faisait, à mon humble avis, tout son intérêt).
Nous sommes du coup aussi privés de toutes les histoires du "conteur", ce qui pose un autre problème. La voix-off a été conservée (et le conteur est assez bien amené ) mais son rôle est extrêmement réduit. On l'ignore complètement entre le tout début et la toute fin du film, ce qui le fait arriver un peu comme un cheveu sur la soupe. Du coup, la voix-off perd sa justification, et le problème sin-citien, autrement nommé par les cinéphiles Syndrôme du "Mais tu vas la fermer, ta gueuuuuuule" se fait cruellement sentir.
2) Ce qui a été ajouté :
Toujours dans la même optique, à savoir transformer nos dieux du stade en gentils républicains, protecteurs des valeurs de la démocratie, on rajoute une pseudo-intrigue politique dans la ville même de Sparte. Cela permet aussi de rajouter un rôle féminin, a savoir l'épouse de Léonidas, qui passe d'un CPE dans la BD (deux cases !) à un CDI (et perd une bonne quinzaine d'années au passage...).
Plus d'une demi-heure de métrage créée ex-nihilo, qui se raccroche comme elle peut à l'histoire de base. Le problème, c'est que c'est assez peu crédible, assez mal développé, à côté de la plaque, et que ça coupe méchamment le rythme du film.
Du coup on revient de temps en temps voir un fragment d'étripage chez nos petits dieux du stade, le temps de se faire un rhino ou un éléphant, ce qui donne un côté "boss de fin de niveau" assez lassant à la longue.
Tout ça pour finir sur le climax le plus leeeeeeent du monde, bien lourd, au milieu des champs de blé (on se croirait dans Jericho tellement c'est mou) avec le subtil symbole du collier de Rahan passé à la génération suivante et discours galvanisateur de trois plombes à la Independence Day. Pitié.