"C'est écoeurant !", hurle déjà la critique. Eh bien, justement, voilà la meilleure raison de le voir. La notion de gâchis est omniprésente : des milliers de soldats aux armures surchargées d'ornements, des combattant surentraînés, des légions de servantes impassibles... tous au service d'une demi-douzaine de personnages de sang noble, dont l'ultime raffinement consiste à éprouver des passions humaines (ou pas). Et ne parlons même pas du budget dilapidé pour la réalisation.
Une vision très classique de l'Empire du Milieu, me direz-vous. Pourtant, cela m'a marqué. Il faut dire qu'il n'y a pas un seul personnage extérieur à la cité, pas le moindre paysan, commerçant, gosse insouciant... A part les quelques personnages "scénarisés", tous sont des androïdes dorés à l'or fin.
L'esthétique, d'ailleurs, repousse les limites concevables du kitsch. Je ne tenterai même pas de description. Les combats comme les décors sont si surréalistes qu'ils auraient très bien pu être tournés en image de synthèse, ça n'aurait pas changé grand chose.
Les passages qui m'ont le plus marqué (spoilers, à vous de voir) :
- La rébellion du fils cadet, seul personnage bas, envieux, impuissant - bref, humain. C'est incroyable de voir comment on s'y raccroche, comme à une bouée de sauvetage. Sans parler du combat pitoyable contre son Empereur de père, plus imposant que jamais dans sa sainte colère (rime), qui en fera de la bouillie humaine en l'achevant à coup de ceinture métallique. Arkh.
- Le nettoyage monstrueux après le grand massacre, ou des milliers de serviteurs bien huilés recouvrent le sol trempé de sang d'une tapisserie monumentale, elle même entièrement recouverte d'orchidées, comme si rien ne s'était passé.
- Les tremblements épileptiques de l'impératrice, à divers moments du film, uniques symptômes de sa démence intérieur. Tout particulièrement lorsqu'elle ajuste les ornements de sa coiffure, avec des griffes dorées sur les deux derniers doigts de chaque main (?!).
Bon, inutile de préciser que le scénario est ridicule, et de toute façon illusoire. Les "nanar hunters" n'ont d'ailleurs pas manqué d'agrémenter la séance de leurs ricanements. Je n'irai pas nier que c'est une daube, pris au premier degré. Mais la démesure excessive (non, ce n'est pas un pléonasme) de la mise en scène donne un goût unique à la démence, à l'obscénité et au cynisme qu'il contient.
Voilà , ce film ne tombera pas dans les oubliettes de ma mémoire. Peut-être serez-vous déçus, dégoûtés d'avoir claqué dix euros pour cette pâtisserie gargantuesque, mais c'est votre problème.
|