Voici l'un des rares sujets où je renonce à pondre une présentation structurée, me contentant de lancer quelques images et quelques remarques.
J'ai maintes fois tenté de poster une description valable de ce film, mais aucune ne fonctionnait. Enfin, j'ai trouvé la parfaite définition de "la chose" : c'est comme un parc d'attraction visité sous acides, un voyage à bord d'une machine temporelle, la traversée d'un paysage empli de silhouettes saugrenues se livrant à des actes aussi étranges que des pirouettes par-dessus des voitures... enfin bref, ce film, à première vue, c'est n'importe quoi, et je ne vous le cache pas.
Pour ce qui est des acrobaties à l'aide de véhicule, je suis parvenu, après quelques essais, à saisir l'une de ces roues rapides :
Et encore, vous n'avez pas l'accompagnement musical et les bruitages idoines.
Pour ceux qui connaîtraient
la série éponyme, il s'agit ici d'Akio, qui semble croire amusant de jouer les abonnés absents du film, ce qui n'est qu'une différence de plus à compter avec
l'autre "Utena". Du début à la fin, le long métrage affiche son intention de se démarquer des épisodes animés, que ce soit au niveau des dessins, des couleurs, du propos ou même de l'univers présenté. La musique fait exception, bien que ses thèmes soit plus synthétiques que ceux de la série.
Une excellente surprise que la nouvelle conception d'Utena, d'une intéressante androgynité dans son costume au croisement de diverses influences, Harlequin et casquette gay... Ambiguïté sexuelle qui n'apparaît plus guère dès lors qu'elle ôte ses délicats pétales :
Car, oui, le film n'hésite pas à montrer ce que la série suggérait... et même davantage ! Mais, je le répète, il ne se préoccupe guère de travailler par rapport à cette oeuvre et suit son propre chemin, particulièrement riche et biscornu. C'est une oeuvre conceptuelle qui ne se permet guère que quelques clins d'oeils aux épisodes de "Utena".
Nous voyons ici Puchu... euh... Chuchu... faire son apparition surprise. Elle sera suivie de celle... d'un tout autre personnage lui aussi "coupé au montage".
Pour de l'avant-gardisme, c'est de l'avant-gardisme, et le nouveau visage du campus Otohri a de quoi surprendre même le fan le plus ouvert. Architectures épurées, évidées, mobiles, poutrelles d'acier et blocs de marbre plats s'entrecroisent de fort belle manière, formant des structures complexes que l'artiste Eschar n'aurait pas rené.
L'histoire est à la mesure des tours et détours de ces édifices, avec des rebondissements aussi invraisemblables narrativement parlant que "logiques" pour peu que l'on emploie un système de références situé loin, très loin, extrêmement loin de toute matérialité, empruntant beaucoup aux symboles (le château enchanté, image de l'école, contenant des salles de classe emplies d'épouvantails !), dans l'optique d'un seul mouvement, celui de la liberté. Pour autant, on ne peut pas dire que tous les symboles soient justifiés, voyez plutôt l'image ci-dessous qui ne correspond à rien d'autre qu'à une oeuvre d'art moderne !
Il y a clairement un souci esthétique là -dessous, et c'est ce qui sauve le film, au final, et décuple sa saveur pour en faire une oeuvre de qualité : cette préoccupation de faire quelque chose d'audacieux, certes, et de n'appliquer aucune limite aux délires graphiques, mais avec une volonté claire d'offrir une oeuvre belle.
Tiens, l'image ci-dessus me rappelle quelque chose.
Beau tableau :
Je conclurai ce bref article rédigé en roue libre par une fort belle image achevant ce petit diaporama d'un film-univers :