Chapître préliminaire - "Ligne droite" (Ecriture-Spaghetti)
Drago Nori a écrit:
Avi courait dans les rochers comme s'il avait le diable aux trousses, et ce n'était pas loin d'être le cas. La chose cornue n'était pourtant qu'une bête, un taureau mugissant, chargeant, dévalant la pente dans un brouillard de pattes furieuses. L'animal ne prenait pas garde aux écorchures et bondissait follement. Le garçon ne savait pas que les bovins pouvaient sauter, mais celui-ci le faisait, volant au-dessus des obstacles, alors que lui-même, tout humain qu'il soit, ne pouvait qu'escalader les rocs acérés.
Il tomba sur une surface plane et reprit sa course en serrant les dents, un genou en sang. La bête se rapprochait, se rapprochait, et comment se faisait-il qu'elle ne se rompe pas les pattes dans ses acrobaties ?
Il courait, mais se sentait faiblir. Il enjamba quelques rochers, grimpa sur un autre, glissa dans une faille et bénit le ciel de tomber sur de la terre avant de se précipiter plus loin. Les pics et les grands blocs de pierre devenaient un labyrinthe, il ne savait pas où il se dirigeait, il espérait juste s'éloigner du taureau.
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Dela Cura a écrit:
Le Héron plongea sa main gauche, toute de blanc gantée, dans l'une des multiples poches de son noir accoutrement, et en retira une généreuse pelletée de petites piécettes trébuchantes. Il la brandit au-dessus du père Rudy, et, écartant les doigts avec une désinvolture étudiée, couvrit son péon d'interlocuteur d'une grêle de rondelles métalliques.
Rudy - Rudy le paysan - s'activa aussitôt à ramasser la monnaie de sa pièce, d'abord avec un semblant de dignité, puis, voyant qu'il en roulait sous les meubles et de toute part, tel un Judas embrassant son dû - à grandes brassées de guenilles, dans une position qu'il imaginait vaguement contenter son interlocuteur. Mais le Héron n'était pas de cette espèce-là , qu'on se le dise !
- Quelle horreur, voilà que tu fais la carpette ! J'espérais au moins que tu t'empourprerais, que, dans un dernier sursaut, tu repousserai cet or "corrompu" (- il mima les guillemets, en dépit du flagrant anachronisme que cela constituait), que tu saisirais ta fourche et me saignerait le derrière. Ah ! La dignité des gens de peu - c'est bien tout ce qu'ils possèdent, et quand bien même, elle ne vaut pas grand-chose... conclût-il, en frottant son pouce contre son index.
L'homme de peu, se sentant visiblement coupable de ne pas saigner son respectable bourreau, n’y trouva rien à répondre, et baissa honteusement les yeux.
Le Héron, tant satisfait qu'outré, saisit une chaise de paille et s'y laissa choir comme dans un fauteuil de cuir. Puis, détournant le regard vers la fenêtre, reprit :
- Moi, je trouve ça rudement chouette. Qu'on puisse, avec quelques grosses bêtes cornues, reconstituer les plus folles attractions de l'Enfer... c'est aussi simple, aussi Vrai que du fromage de chèvre étalée sur un quignon de pain.
Cette boutade gastronomique porta le dernier coup à la dignité paysanne du vieux Rudy. Le picotement salin qui lui brouillait la vision explosa en quelques gouttes de rosée - parcimonie lacrymale des rudes gaillards de son espèce. Puis, d'une voix étouffée, il beugla :
- Mais des enfants, Nomdedieu, des enfants... !
- Imbécile ! coupa l'autre. Qu'ai-je donc à faire de gros péons sanguins de ta race, qui provoquent leurs alter ego bovin pour flatter leur entourage ou faire jaser leurs commères ? Vous autres, les "usagés", pourriez vous faire déchirer l'estomac sans en Retirer (il détacha la majuscule) -plus que ça. La pure terreur de l'enfant, - voilà ce qui fait l'homme, qui forge son âme. Si j'avais lancé l'un de tes benêts de fils dans la partie, peut-être ressentirais-tu ne serait-ce qu'une once de...
Mais il s'interrompit brusquement, coupant court à cette indigne effusion. Puis il se plongea dans une feinte contemplation du champ de blé, laissant sa victime prostrée dans ses pieux sentiments. Quant enfin il perçut l'indiscernable basculement marquant la fin du crépuscule et le début de la nuit, il se leva et dit :
- Mon brave Rudy, je crois que l'heure est venue de rentrer tes bêtes. Espérons que la chasse ait été bonne, ou du moins, d'un autre cru que celle du village voisin !
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Morga Kano a écrit:
Il tomba et s' évanouit. Quand il se réveilla, l' obscurité était présente, sans étoile ni lune visible. Il porta la main à son crane, là où il avait mal. Une bosse s' était formée.
Il avait faim et soif. Il entreprit de grimper mais constata vite qu' il n' en avait pas les moyens. Normalement ses parents et amis devaient être à sa recherche. Dans le lointain, il entendait des hennissements .....
En tatonnant, il s' apperçut qu' il pouvait suivre une paroi du trou dans lequel il était tombé, ce qu' il entreprit de faire avec précaution. En fait, il se rapprochait des henissements.
(...)