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"Le premier film d'horreur gay", le slogan fait déjà frémir. Quand on a goûté aux rayons
ciblés des Virgin Megastores, on sait que la "communauté gay" bénéficie d'une large production qui lui est réservée. Il y aurait tout lieu de débattre sur les dérives communautaristes du "mouvement", et aussi de se demander depuis quand l'orientation sexuelle est également devenue une sorte de choix politique et un bastion de la discrimination positive, mais ce n'est ni le lieu ni le moment de se livrer à une telle discussion.
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La distribution de "Hellbent". Que des beaux garçons californiens.[/center]
Voici donc l'autoproclamé "premier film d'horreur gay", fier de son "identité gay" (???). Un tel film ne va pas se voir seul, mais avec des amis. Un tel film ne se regarde pas à jeûn, mais armé d'un immense paquet de pop-corn, d'un grand gobelet de soda industriel répandant d'inquiétantes lueurs orangées et d'un sachet de bonbons assez vaste pour durer toute la séance.
Je ne dévoilerai pas les noms des trois jeunes gens qui m'ont accompagné, et surtout pas celui de la personne qui nous a convaincus de sacrifier deux heures de notre existence à cette chose, mais oui, j'étais bien accompagné, et bien encadré. La première chose que l'on peut connaître de "Hellbent", déjà en entrant dans la salle, c'est qu'il reçoit le public qu'il mérite : que des hommes, parfois en couple, généralement bien habillés. Une seule femme dans la salle.
Puis les lumières s'éteignirent, et ce fut le drame.
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Notre ami le tueur. Magnifique costume.[/center]
"Hellbent" est un
nanar. Incontestablement un nanar.
Cela participe de l'aspect homosexuel, bien sûr, tant les gays communautaristes sont caricaturés (et pourtant, ils n'avaient pas besoin de ça
) à travers divers poncifs : le gamin timide et boutonneux, le sportif musclé, le cow-boy viril, le policier à la tenue serrée, le travesti maniéré, le bisexuel qui passe le plus clair de son temps à coucher avec des couples... ce n'est pas un bref aperçu de l'équipe, mais bien les portraits les plus nets du film, et ces clichés se cumulent parfois en un seul personnage (le cow-boy viril est aussi le bisexuel). Le film ne cache aucunement ses intentions : la moindre scène est le prétexte à montrer de jeunes éphèbes aux torses nus, aux sourires engageants, aux yeux concupiscents.
Le scénario, ensuite : bâclant systématiquement ses enjeux, sacrifiant tout suspense à la farce facile, il fait basculer le film vers la comédie déjantée. Ce ne serait pas mauvais en soi, procurant un ton assez surprenant au métrage, si la musique et la photographie ne faisaient pas, du coup, de l'oeuvre une histoire qui
déconne au sens propre. C'est là que les multiples incohérences deviennent apparentes, que l'on s'aperçoit de la stupidité de personnages n'hésitant pas à présenter leurs derrières au tueur démoniaque, et que le film s'emballe, jusqu'à un final sans aucun sens, un cliffhanger qui achèvera les plus résistants.
Quelque part, l'aspect humoristique de "Hellbent" est réussi : les phrases, les mimiques, les attitudes font mouche, et liées à l'absurdité de la narration, elles plongent le spectateur dans la béatitude au pire, dans l'hilarité au mieux. C'est là , entre comique volontaire et involontaire, que la chose trouve son équilibre.
Signalons cependant une photographie pas trop mauvaise et une bonne musique.
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Deux des beaux éphèbes que nous accompagnerons durant cette aventure.[/center]
Excellents aspects qui me font regretter que l'oeuvre n'ait pas été plus soignée :
[spoiler]1) On n'est jamais au courant des motivations du tueur en série. Le film s'en moque et nous le signale avec limpidité. Le chassé-croisé avec le maniaque est parfois assez bien fait.
2) A la fin du film, quand l'on voit enfin pour de bon la colocation de la fine équipe, une étrange nostalgie s'empare de nous quelques instants. Voilà une bande d'amis qui s'amusaient bien, mais qui ne rira plus jamais ensemble, car un drame est passé par là . La scène est maîtrisée, et son efficacité aurait été décuplée... si seulement on nous avait présenté la colocation avant ![/spoiler]
Un film où on ne s'ennuie pas, que je conseille aux petits et aux grands.