Les anachronismes font partie des points noirs du film, à mon sens. De manière générale, l'ambiance des années soixante-dix n'est jamais définie, que ce soit par les véhicules (ça, c'est normal, qui dit "film amateur" dit "pas de profusion de véhicules d'époque") ou les coupes de cheveux, les vêtements (moins logique, car la mode de la fin de cette décennie était riche, mais beaucoup moins diversifiée que l'actuelle, et la totalité des protagonistes de l'oeuvre sont donc vêtus, selon les critères de l'époque, de manière marginale et atypique). On peut également noter que notre héros est supposé "n'avoir jamais fait l'armée" alors qu'en 1977, le service militaire était encore obligatoire. Mais il a pu y échapper en se faisant passer pour un citoyen inapte physiquement ou psychologiquement à remplir son devoir envers la patrie.
Le problème, avec l'époque à laquelle est situé le récit, n'est pas qu'elle ne soit guère indiquée que par des téléphones rustiques, mais plutôt que le film ne joue jamais là -dessus, même pas au niveau humoristique. 70 n'apporte rien à cette oeuvre et emmêle même les pinceaux du spectateur avec un parti pris monochrome évoquant davantage les films noirs des années cinquante à soixante, comme Rosiel l'a fait remarquer.
Passons sur ce choix étrange pour aborder la qualité intrinsèque du film. Comme à l'habitude de Marlon Roux "Moulou", nous avons ici droit à une succession de gags atterrants et/ou formidables (c'est à vous de voir), organisés selon une structure qui se veut linéaire mais qui dessine de très beaux zigzags (comme celui de l'une des farces les plus faciles du film). Au passage, le scénario, rédigé par Moulou et Rémy Sansky "Q-po", nous brosse une galerie de portraits aussi délirants que sympathiques.
Bien sûr, l'intrigue est incohérente, la réalisation pas toujours au top, les scènes d'action perfectibles (la moitié du temps, je n'ai même pas l'impression que le fusil tire), mais le film, malgré des longueurs et des mollesses, remplit son objectif, faire rire.
Au niveau des performances d'acteur, je saluerai surtout Rémy, dont la voix comme le visage, décidément, passent très bien à l'écran. J'aurais aimé revoir le reste des Clodos ailleurs que dans des rôles de seconds couteaux, mais bon. C'est dommage que Marlon ait choisi de rester derrière la caméra, il a un physique...
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