Lors de mes vacances dans la rustique Corrèze, j'ai retrouvé un poste de télévision (ce genre d'artefact devient rare au sein de l'ancestrale lignée Lafarge, et c'est tant mieux) et j'ai vu un épisode de "Kaamelott" où un rendez-vous était organisé. Les deux parties pensaient à un guet-apens, mais cela s'est achevé en une discussion froide et tendue entre Arthur et un chasseur du Graal à la capuche blanche.
Quelques tournures me gênaient encore (il y a des formules qui passent bien dans des bouches médiévales, genre "
Je vous fume" ou "
Dire quoi faire à des péquenots"), mais l'essentiel du dialogue était admirable, on rit jaune devant l'agressivité de ces deux hommes déjà en cours de déshumanisation par leur quête, et on sent bien que c'est là l'effet recherché.
Et voilà que je tombe sur
cet extrait du Livre V.
Alain Chabat livre clairement la plus sinistre prestation jamais vue dans son répertoire, tous les personnages sont définis en un tournemain, l'ambiance apparaît plus lugubre que jamais, les dialogues ont achevé de "s'arrondir" vers des phrases absolument pas branchées ou djeunzs, qui gardent cependant le côté "parler vulgaire et quotidien" pas si mal vu que ça...
Vraiment, voilà une série dont l'évolution ne peut que me ravir. J'étais très mollement enthousiasmé par la première saison miteuse et statique, au final, et je suis ravi de voir cette évolution, cette structuration en une sorte de fresque dramatique, toujours attachée à l'échelle humaine, sacrifiant fréquemment l'humour sur l'autel de la profondeur.
Non, vraiment, bravo, l'équipe mérite toutes nos félicitations pour son courage de changer la formule qui marche et pour son ambition de livrer une oeuvre plus grave. Les éléments que Bloodinet observait arrivent bel et bien à maturité.