Eltanin

Les dernières vacances ont été pour moi l'occasion de découvrir la ville de Marseille, en compagnie de ma famille (ciel un récit de vacances en famille... donnez-moi un instant pour aller chercher ma boîte de Kleenex... voilà , ça va mieux). A cette occasion, un ami nous a fait découvrir la fameuse cité radieuse de Le Corbusier, qui a fêté il y a peu ces cinquante ans. Cette visite a été l'occasion d'un débat passionné entre mes parents et moi - il faut croire qu'on ne guérit jamais vraiment de son adolescence - que j'aimerais vous retransmettre.
Avant tout un petit point historique. Construite en 1952, cette "unité d'habitation verticale" répondait à  un projet utopique de Le Corbusier : un rêve d'autonomie, d'aucun diraient d'autarcie. L'espace a été soigneusement aménagé pour faire en sorte que la disposition des pièces soit la plus agréable possible et qu'on ne perde pas de temps en soucis domestiques : ainsi le séjour est placé face à  une immense baie vitrée laissant rentrer le soleil tandis que la cuisine est pourvue d'un garde-manger qu'un livreur peut ouvrir depuis l'extérieur avec un passe spécial afin d'y déposer les provisions que vous aurez commandé.
D'autre part, cet immeuble est également doté d'une école, d'un supermarché d'une piscine, et même d'un atelier d'art, situé sur le toit. De par son esthétique très particulière, même pour un immeuble, et son coût de revient apparemment légèrement plus élevé que les clapiers habituels, le projet n'a pas connu de suite, et l'immeuble est aujourd'hui essentiellement occupé par des entreprises, des psychanalystes et des architectes...

Le sujet du débat qui nous a opposé était le suivant : il me semble assez terrifiant de faire en sorte qu'un immeuble seul se suffise à  lui-même. En effet, il n'est théoriquement pas impossible qu'une personne passe sa vie dans cette construction, pour peu qu'elle travaille chez elle ou qu'elle soit enseignante dans l'école, par exemple. L'idée d'un endroit où "chaque geste aurait sa place" me semble procéder à  un processus de déshumanisation assez terrifiant. Il ne me semble pas possible de faire venir le monde dans une seule construction, aussi bien réalisée soit-elle. Je tiens d'ailleurs à  signaler au passage que, mis à  part la clarté, je n'ai pas constaté de grande différence avec le style HLM habituel.

Les arguments en face (dont je me rappelle moins clairement, mauvaise foi oblige) était que ces conditions de vie sont infinement plus enviables que dans les HLM classiques qui comportent à  peine de quoi se loger et assurer ses besoins sanitaires, et qu'être libéré d'une partie de ses obligations (le gamin n'a qu'à  prendre l'ascenseur pour rentrer de l'école), peut se révéler plus qu'enviable et qu'une telle vie peut favoriser la socialisation.

Toujours est-il que je ne pensais pas qu'une simple suite de logement puisse m'impressioner à  ce point. Je voulais avoir votre avis sur la question, si vous avez déjà  eu l'occasion de visiter les créations de Le Corbusier... ou pas ^^

Petite visite en images...

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There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
and no 'green with envy' in a black and white world.

L'héritage de la Chartes d'Athènes, quand les architectes ont décidé de devenir des urbanistes...

L'urbanisme, ou la volonté de penser l'organisation d'un espace urbain, est presque aussi vieux que le monde. C'est une question de logique. Vous ne construisez pas le quartier des entrepôts au coeur de la ville, vous le placez près des points d'arrivée des voies de circulation.

Là  où commence le danger, c'est quand on veut aller plus loin que le bon sens de base. Quand l'urbaniste choisit de suivre des idées, des réflexions... qui sont des théories politiques/sociologiques/philosophiques.

La Charte d'Athènes s'inscrit dans cette optique. Elle date de 1933, et pose les fondations de ce qui se veut une façon rationnelle et organisée de créer l'espace à  vivre des citadins. En clair : les architectes s'engagent sur la voie glissante du fordisme à  domicile... avec en plus la prétention de nous rendre heureux de vivre dedans !

Je rejoins Jalk lorsqu'il se hérisse contre "l'idée d'un endroit où "chaque geste aurait sa place"", et partage son avis quand il estime que cela relève de la déshumanisation.

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Il est facile de distinguer les jours où je suis de bonne humeur de ceux où je suis de mauvaise humeur : les premiers, je me définis comme obscurantiste et professe que l'Humanité a désespérément besoin d'être ramenée au niveau technologique d'il y a trois siècles ; les autres, je me définis comme nihiliste et professe que le meilleur avenir auquel l'Humanité puisse aspirer, c'est une extinction sans douleur.

Merci pour la précision, mes connaissances en architecture sont plutôt réduites et j'ignorais tout de l'existence de cette charte.
Ceci dit, il me semble que cette construction, en particulier au niveau de l'utilisation de l'espace, aurait pu servir de source d'inspiration, tout idéologie mise à  part... Or, les urbanistes paraissent toujours tomber dans les mêmes travers lorsqu'il s'agit de construire des HLM...

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There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
and no 'green with envy' in a black and white world.

Je crois que le vrai problème est cette volonté de transformer en espace public des lieux conçus à  la base comme des endroits privés.

Un immeuble c'est fait pour avoir un chez soi et le soir y dormir, pas pour y faire sa vie.

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Meaow, c'est pas la même chose que Miaou ! C'est plus pointu, plus exotique ! Certes, c'est un anglicisme, mais... L'anglicisme dans les onomatopées me va ! Yeah !

Raphaël


Ah, glander n'est pas de tout repos !

Kanar

C'était l'idée du Corbusier.
En vérité, il faut voir ça comme des habitats fonctionnels avant tout. Le Corbusier pronait cette aspect de l'habitat urbain.
On peut y voir un style certain, certes. Mais c'est avant tout fonctionnel.

Personnelement, je ne trouve pas ça très constructif sur le point de vue humain.
Brasilia, c'est une ville dans laquelle je ne souhaite à  personne de vivre... Mais ca reste à  titre personnel.

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A Firminy, la ville où j'étais au lycée, il y a une autre unité d'habitation de Le Corbusier. Il y a un moment déjà , ils en ont fermé la moitié parce que personne ne veut y habiter et l'entretien revient trop cher. L'école maternelle sur le toit a fermé aussi faute d'élèves.

Quand j'ai visité l'appartement témoin là  bas j'étais gamine, et je me souviens que d'un point de vue fonctionnel ça faisait de chouettes apparts (ne serait-ce que pour le côté lumineux). Le souci c'est que les 'rues' intérieures sont affreusement glauques.

Après concernant le concept d'urbanisme associé, je l'ai tellement vu poussé à  l'extrême dans des romans de SF que ça ne me fait même plus réagir.

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