Je repasse rapidement pour intervenir sur ce sujet qui me tient particulièrement à coeur : l'Education Nationale.
Année après année, je suis de plus en plus attristé et consterné des mesures et "réformes" de notre ministère préféré. On n'arrête pas de baisser le niveau afin d'atteindre 80 % de réussite au Bac. Résultat : le taux d'échec en première année de supérieur est phénoménal ! J'ai quelque peu discuté avec mon propriétaire de ce qu'il faisait en mathématiques, il y a 20 ans, tenez-vous bien... Ils faisaient en 3ème ce que l'on aborde maintenant seulement en Prépa ! J'ai découvert lors de mon année de Sup que je n'avais auparavant jamais fait de maths, mais des maths appliquées à la physique ! On ne fout plus rien ! Je ne crache pas sur la physique pour autant : le programme de lycée est tout aussi minable que celui de mathématiques et ne correspond aucunement à cette science rigoureuse. J'ai eu la chance d'avoir d'excellents profs dans ces 2 matières (mon prof de physique avait un doctorat et ma prof de maths nous a vraiment bien preparés à bosser de manière rigoureuse dans le supérieur), c'est seulement maintenant que j'ai fini mon cycle préparatoire que je comprends ce qu'ils voulaient dire : les programmes sont aberrants de nullité intellectuelle.
La faute n'en revient pas aux élèves pour autant, on leur apprend dès le primaire à ne surtout pas faire d'efforts. Ma mère était institutrice, donc je sais de quoi je parle. Elle s'est battue toute sa carrière (et y a laissé sa santé) contre cette aberration qu'est la méthode globale. Outrepassant les consignes du ministère, elle a toujours appliqué la méthode syllabique qu'elle considère, et je suis convaincu que c'est à juste titre, comme permettant véritablement d'apprendre à écrire et à lire Français. La méthode globale donne l'illusion de savoir lire et écrire parce qu'elle donne des resultats plus rapides et ne génère pas de sentiment de frustration des élèves qui sont très motives, au départ ! Mais à force de leur apprendre à ne surtout rien foutre, a considérer que tout DOIT être facilité et divertissement, ils finissent par ne plus voir d'ambition et à se complaire dans la médiocrité ambiante de la société moderne.
Je prendrai l'exemple d'un costagiaire que j'ai connu cet été, qui vient d'un milieu peu favorisé et a quitté la scolarité en 3ème parce qu'il trouvait cela inutile. Il en veut aujourd'hui à sa mère de ne pas l'avoir forcé a continuer et de ne pas avoir foutu deux baffes au "petit con" qu'il était (sic). Je considère que la faute de la décadence de l'Education Nationale revient en grande partie à cette bande d'"abrutis finis" ((c) ma mère) que sont les parents d'élèves, toujours prompts a défendre leur siiiiiiiiiiiiiiiii parfaite progéniture. Je suis désolé, mais apprendre, oui, c'est difficile ! Bercer les élèves dans l'illusion qu'ils réussissent en les faisant passer bien qu'ils n'aient même pas le niveau - déjà peu élevé - requis est très grave ! On ne leur donne plus la fierté du devoir accompli, la fierté d'avoir terminé sa tâche.
Pour ma part, j'ai la chance de venir d'un milieu certes peu fortuné, mais instruit et cultivé. Ma mère et moi lisons beaucoup et nous avons souvent des discussions sur des sujets divers et variés. Etant quelqu'un de très timide, régulièrement tête de classe tout en n'étant pas sportif pour deux sous, en plus d'avoir un an d'avance (donc plus petit que les autres) et d'être malentendant, j'ai très souvent été le souffre-douleur des autres. Les passages au vestiaire pendant les heures d'EPS étaient le moment que je redoutais le plus, puisque nous étions seuls sans prof, j'y passais le moins de temps possible. J'en étais même venu à ne pas me changer tellement j'y étais tétanisé ! Je suis litttéralement consterné par le fait qu'il y ait désormais autant d'heures de Sport que de Maths et de Français au collège !
Je suis également désolé par ce qu'est en train de devenir mon frère : c'est loin d'être quelqu'un de sot, mais étant moins timide que moi, il arrive à rentrer dans "le groupe", dans cette culture de la médiocrité généralisée. Quand je vois ses discussions sur Internet, je suis consterné ! Vous voyez le niveau de jeuxvideo.com ? Hé bien, il est en dessous... Je ne parle pas d'en revenir aux méthodes des années 40, mais tout simplement de réhabiliter le travail.
Je viens de passer une semaine éprouvante (que l'on appelle piscine) : cours de 14h à 19h, sujet qui tombe à 21h et à rendre à 6h du matin au plus tard (et idem le week-end). La notation est elle aussi incroyablement sévère : 0 a l'exo si UN (oui, UN et UN seul !) test foire et tous les points sinon ! Et impossible de manquer ou de tricher : pas de rendu = -21 et triche = -42 (oui, on est tous fans de Douglas Adams ! ^_^). Aussi difficile que cela ait été (manque de sommeil, de repas, de douche, d'habits propres...), je considère que cela est une excellente méthode : on nous apprend véritablement à bosser, j'ai retrouvé le goût du travail qui m'avait quitté en 4ème, tellement les programmes étaient nuls et stupides (sans RIEN foutre de la 4ème a la Terminale, j'ai toujours eu 12 de moyenne et j'ai eu mon Bac avec mention Assez bien). Le dernier jour, pardon soir, nous avions un sujet en 3 parties notées ainsi : 10 pour la premiere, 5 pour les deux dernières. J'ai fait à fond la première partie, et je suis parti a 5h : en me réveillant, j'avais 10 (comme seulement 29 autres dans la promo, et il s'agissait de la meilleure note, moyenne : 0.95 ^_^). Hé bien, j'étais fou de joie ! J'étais heureux d'avoir bien bossé et de voir mes efforts récompensés !
On nous apprend (ou réapprend) que le travail est récompensé, et ça, c'est très important parce qu'on l'avait tous oublié. On ne nous apprend plus à bosser de nous-mêmes, et là , on retrouve le goût du travail, la volonté d'aller plus loin. Ceci dit, les horaires sont inhumains, et je peux vous assurer que bosser 15 heures par jour est atroce. Maintenant, je pense régulièrement aux enfants d'Afrique qui bossent autant tout en se faisant gueuler dessus, parce que nous, au moins, nous travaillons dans une ambiance somme toute assez sympathique (barbecue le soir, à 1 heure, les assistants qui nous font cours sont des étudiants d'années supérieures, ambiance de promo...).
Ceci dit, je suis plus que favorable à des mesures comme les 35 heures, et aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis socialiste convaincu, adepte de l'Etat-Providence, qui permet au plus pauvre de se soigner, de manger (presque à sa faim), et de (presque) vivre. La France va mal mais je suis convaincu que l'unique faille du système est l'Education Nationale parce qu'elle n'a plus les moyens de remplir son rôle d'intégration, qu'elle n'a plus les pleins pouvoirs, qu'elle n'a plus le droit de véritablement éduquer les élèves. Je ne parle bien entendu pas de châtiment corporel ou d'humiliation publique comme le bonnet d'âne (dont ce forum adore abuser, au passage [fin du HS]). Mais il faut redonner du pouvoir aux profs, ce sont eux qui sont les garants de la transmission du savoir, et à ce titre, ils devraient avoir les moyens d'accomplir leur tâche.
Une Education Nationale fonctionnelle permettrait d'avoir plus de hauts diplômes, donc des plus hauts revenus, d'où des plus hauts prélèvements, d'où une baisse des déficits. Poursuivre dans la voie de l'industrie classique est une grossière erreur : nous ne pouvons pas concurrencer des pays comme la Chine qui exploitent littéralement leurs ouvriers. Nous devons nous focaliser sur la recherche, parce que nous avons les moyens de le faire, contrairement à ces pays. Cela ouvrirait la voie à la creation de labos à la pointe de la technologie et attirerait les départements R&D des entreprises.
Pour finir, je parlerai du plus grand démago que nous avons connu depuis Hitler : Sarkozy. Je le hais. Je ne pense pas que l'être humain fasse le mal autour de lui pour son plaisir (à part moi, mais je suis un cas à part), si la délinquance augmente, je suis persuadé que c'est parce que certaines parties de la société française ont été délaissées pendant trop longtemps. Et que toute cette rancoeur si longtemps contenue explose maintenant au grand jour. On n'a pas essayé, ou plutôt volontairement refusé de traiter tout le monde sur un pied d'égalité, et je pense qu'il y a une grande part de raisons racistes là -dedans. Quoi qu'il en soit, maintenant, le mal est fait et il sera très difficile de sortir de ce problème. Sarko dit au peuple ce qu'il a envie d'entendre : que c'est la faute aux mêmes, il faut les enfermer, etc... Mais cela ne résoud en rien le problème : pourquoi sont-ils délinquants ? Pourquoi vouent-ils une telle haine à la France ? Bien au contraire, la méthode Sarko attise encore plus cette haine, créant par là même un cercle vicieux dont il devient de plus en plus difficile de sortir.
Je pense que s'il devient président en 2007 (et je suis malheureusement persuadé qu'il le deviendra), alors tout espoir est perdu : la France sera définitivement condamnée au déclin, tout au moins au déclin idéologique. Les idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité auxquels je crois plus que tout et qui furent les fondements même de la République sont déjà en train de disparaître petit à petit, et malheureusement, ils disparaissent "sous les applaudissements", pour reprendre la formule d'une sénatrice d'une petite planète d'un film sorti récemment. Et cela m'attriste au plus haut point...
C'était le coup de gueule du jour.
_________________ Is it can be hugs tiem now plees?
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