[center]
L'aspirine qui criait "Moi !" au centre du monde. © Tyler.[/center]
[center]* * *
Petite discours, petite thèse sur l'individualité et sur le général. Ou j'entends le général comme le corps collectif.
* * *
Dédié à Soulblighter.
* * *[/center]
A- Le moi, l'autre et la résistance
Si vous voulez une béquille pour appréhender ce texte, posez quelques auteurs qui peuvent servir d'inspirations, de
tremplin... Schelling, Kierkegaard, Hegel ou même Sartre (...) Bref, des béquilles.
[center]

[/center]
Je ne le dirai jamais aussi bien que Schelling, alors,
que lorsque le Moi se heurte à une résistance, c'est-à -dire à du autre qui résiste, il est contraint de faire un retour sur lui-même. Ici, le moi est fondamentalement du non-autre et c'est le spectacle du contour des autres qui fait qu'il se crée le sien
(petite phrase Évangelionnesque, au passage). C'est la clé de l'individuation, le processus qui nous rend individu. Un individu qui est, par définition, un être distinct des autres : qui se distingue, qui se différencie, qui se démarque.
Prenez l'aspirine, par exemple. Celle-là même qui crie "Moi !" au centre du monde. Elle se distingue, entière. Elle est aspirine même si elle ne l'est que parce que, dans son rapport à du autre, elle se démarque. Quand bien même sans le non-aspirine (c'est-à -dire l'autre) elle ne serait pas aspirine, elle est aspirine entière, distinct, bref individualisée. C'est un individu.
[center]

[/center]
Maintenant mettez cette aspirine dans votre eau. Vous allez la dissoudre.
Elle n'offre pas grande résistance à l'eau, pas comme à la table ou toutes deux restent entières. Elle se dissout. L'aspirine perd son individualité et l'eau aussi d'ailleurs.
[center]

[/center]
Aussi, l'aspirine devient de l'aspirine-dans-l'eau. Elle a pris autre corps. L'individu, le particulier s'est fondu dans le général. L'individu a perdu son caractère d'individu, de particulier, de différent, se fondant dans le corps collectif. Le cri "Moi !" (ou "Moi je !") s'est étouffé. Glou glou glou, on ne l'entend même plus. Il n'y a plus maintenant qu'une nouvelle unicité, il n'existe plus ces deux corps individués qu'étaient l'eau ET l'aspirine. Tout parle d'une voix commune. Et la résistance ? S'il n'y a qu'un seul corps, il n'y a plus de résistance. Enfin, l'eau résiste au verre, le verre résiste à l'eau mais nous parlions de l'aspirine. Maintenant, nous n'en pouvons plus parler, la pauvre, on ne la reconnaît plus.
[center]

[/center]