J'ai toujours considéré la thèse du jansénisme comme, en plus d'être parfaitement déprimante, très injuste. Cette thèse de la grâce donnée à certains et refusée à d'autres sans raison apparente me dépasse. Toutefois, la découverte de certains artistes musicaux pourraient me pousser à verser dans le "jansénisme artistique", tant tout ce qu'ils touchent semblent se changer en or. Yoko Kanno fait partie de ceux-ci.
Même si le nom ne revêt pas forcément de consonnances familières aux oreilles de tout le monde, toute personne un peu intéressée par la japanimation en aura sans doute entendu quelques morceaux. Car Yoko Kanno, c'est avant tout une discographie foisonnante qu'elle a en majorité bâtie dans le domaine de l'anime.
Pour vous donner une petite idée, Yoko Kanno se cache derrière les partitions, entre autres, de Cowboy Bebop, Escaflowne, Ghost in the Shell : Stand Alone Complex (les deux saisons), Wolf's Rain, Arjuna ou encore quelques morceaux de Jin-Roh.
Et quel est-il, le style Kanno, justement ? Voilà la grande question, à laquelle il est impossible de répondre. Car, d'un album à l'autre, la compositrice va changer, évoluer, et adopter un style radicalement différent de ce qu'elle a fait jusque là . On aura en effet du mal à retrouver des similitudes entre le jazz-funk de Cowboy Bebop et la pop électro de Stand Alone Complex. Toujours est-il qu'à chaque nouvelle production, c'est le miracle : la musicienne semble avoir parfaitement assimilé les codes du style musical qu'elle aura choisi et peu, très peu de morceaux se retrouvent "en trop".
La grande habileté de la demoiselle provient non seulement du fait de choisir des pointures pour l'accompagner (elle a entre autres travaillé avec l'orchestre de Varsovie), mais également de s'entourer de chanteurs d'exception pour donner vie à ses chansons. Steve Conte, Ilaria Grazziano, Maya Sakamoto ou encore Scott Matthew : toute une galerie d'artistes d'horizons très différents mais au talent indéniable.
De part cette volonté de ne pas se cantonner à un genre, d'introduire énormément de chansons dans les OST qu'elle compose et également de mener une carrière solo, Yoko Kanno est l'une des rares artistes à avoir totalement dépassé le cliché de la "compositrice de musiques d'animes et de jeux vidéos"... mais ça, il faut l'entendre pour le croire ^^
Petit florilège dans l'optique d'une éventuelle découverte.
Escaflowne : Lovers Only. Un best of des OST d'Escaflowne qui, même si je ne les apprécie pas, ont la faveur de nombre de fans.
Arjuna : OST1. Un new age tout doux mais jamais ennuyeux, parfois entrecoupé de thèmes beaucoup plus rock, peut-être l'album dans lequel la cohérence musicale est la plus forte. Certains pistes, telles que "Aqua aqua" sont des incontournables de la Dame.
Cowboy Bebop : Blue. Des trois OSTs composées pour l'anime, il s'agit de la plus riche en chansons et également de la plus variée. Ballades nostalgiques ou parodies de jazz déjantées, portées en particulier par l'immense Mai Yamane qui résistent vaillamment à leur quarante-deuxième écoute.
Stand Alone Complex 2nd Gig : OST1. C'est un univers un peu plus destabilisant qui est présenté dans ce CD. Un mélange d'électro et de musique acoustique auquel se mêlent des voix humaines, pour composer une sorte de musique urbaine et futuriste. Une OST peut-être un peu étrange, mais riche de mille inventions.
Song to Fly : à ce jour l'unique album hors OST entièrement réalisé par Yoko Kanno. L'aspect patchwork est plus que jamais présent, dans un CD alternant une reprise d'un "Alleluia" et un hommage aux Beatles dans "Here and Everywhere".
Note d'Administration : Messages fusionnés.
Mille merci pour ce rappel... Je me demande comment j'ai pu oublier ce splendide morceau qu'est Didn't it Rain, qui fait parti de ces instants de bonheur absolu et inépuisable.