Les vampires, à force de se faire fréquenter dans divers univers virtuels, deviennent un peu de bons copains. Un peu bizarre, un peu effrayants, certes, mais tout à fait familiers. On ne serait pas surpris d'en croiser un au détour d'une rue, tiens...
C'est un peu sur ce principe que repose l'univers maintenant archi-connu de Vampire : La Masquarade dans lequel les enfants de la nuits ont prit, pour une bonne partie d'entre eux, le parti de s'urbaniser et de vivre, tantôt en symbiose, tantôt en parasites, dans l'ombre des humains. Le jeu de rôle a donné naissance à de multiples déclinaisons, dont deux vidéoludiques.
J'ai reçu ces deux opus en cadeau, ne sachant absolument pas à quoi m'attendre. Le premier volet m'avait laissé dubitatif : un mélange de role play et jeu d'action en temps réel, dans lequel un croisé se faisait étreindre (vampiriser) par le clan Brujah et que les circonstances forçait à s'allier avec différentes communautés de suceurs de sang afin de retrouver son amour perdu. Si l'idée était sympathique, le jeu souffrait de défauts rédhibitoires : difficulté faisant le grand 8, interface lourdingue, combats assez confus et doublage proprement immonde.
Vampire Bloodlines représentait donc une sorte de pile ou face. Je me suis lancé dans le jeu sans a priori, si ce n'est une très légère appréhension. Rapide compte-rendu après trois ou quatre heures de jeu.
Première observation : mazette, qu'est-ce que c'est beau ! Les graphismes ne sont peut-être pas les plus fins jamais réalisés sur PC, les personnages, bien que pas trop mal modélisés, n'ont rien d'extraordinaire, mais l'osmose graphique est absolument parfaite.
L'équipe responsable du jeu s'est défoncé sur les ambiances et cela se voit. La cité dans laquelle on commence est, bien entendu, plongée dans la nuit, et c'est une nuit aux multiples facettes : des quartiers animés du centre-ville à la plage déserte en passant par le night-club, l'immersion du joueur se fait à toute allure. On en oublie presque l'histoire et la mission.
Ah oui, parce qu'histoire il y a. Quel que soit le clan que vous choisissez à la création de votre personnage, le scénario débute de la même manière un peu simpliste : après une soirée bien arrosée, vous vous faites étreindre par un vampire qui vous a mis le grappin dessus. Mal en prend audit vampire qui vous a apparemment transformé sans autorisation préalable : il se fait anéantir. Le Prince de la Camarilla, l'assemblée des vampires, accepte de vous laisser une chance de survie, si vous exécuter ses ordres. Et vous voilà , vous petit vampire tout neuf, projeté dans le monde de la nuit, au départ presque aussi démuni qu'un humain... presque, si l'on excepte votre puissance physique exceptionnelle, vos divers talents et votre soif de sang, bien entendu...
L'idée d'introduire le joueur dans le jeu sans un mot d'explication se révèle payante dans Bloodlines, contrairement à nombres de RPG qui se veulent immersif. Au gré de petits boulots, on teste ses pouvoirs, on privilégie certaines tactiques (la séduction, la violence, la discrétion), tout en avançant lentement dans une histoire apparemment assez biscornue (apparemment car je ne suis pas encore arrivé assez loin pour en juger).
Bien que plus complexe encore que dans son prédécesseur, l'interface de Bloodlines est une merveille de jouabilité : les raccourcis sont très intuitifs (et entièrement paramétrables), permettant une prise en main rapide de votre personnage, même s'il vous faudra un certain temps pour le maîtriser.
Les différentes missions qui vous seront confiées vous forcent à diversifier vos talents et vos capacités : on peut vous demander de vous introduire discrètement dans un musée, d'apaiser une rivalité entre deux puissants vampire ou de vous infiltrer dans un entrepôt bardé de créatures mal intentionnées... Et c'est peut-être là que le bât blesse. Certaines phases sont parfaitement réussies et d'autre très moyennes... le contraste est assez destabilisant. Le système de combat reste toujours aussi bordélique que dans Vampire, premier du nom, et nuit beaucoup aux scènes d'actions. A l'inverse, les scène de pure roleplay ou les missions nécessitant un peu de discrétion sont merveilleusement réalisées. Mention spéciale à l'exploration de l'hôtel hanté que j'ai du interrompre jusqu'au matin car, petite nature que je suis, je flippais trop (chose qui ne m'était jamais arrivé, malgré les quelques survival horror auquels j'ai joué).
La bande sonore mérite également d'être mentionné : c'est une petite merveille de musique underground, pop, trance, quelques artistes plutôt connus ayant été mis à contribution (Lacuna Coil et Aerial 2012 notamment).
J'attends donc avec curiosité de connaître la suite des événments, en espérant que l'équilibre quasi parfait entre les différentes phases de jeu se conservera (je pourrais même pardonner aux combats si c'est le cas, tiens...). Pour le moment, Bloodlines se révèle immersif, dynamique, troublant, riche d'une galerie de personnages délicieux - mention spécial à Thérèse, la propriétaire du club Asylum et puissant vampire de son état - bref, ce qu'on est en droit d'attendre d'un RPG sur ordinateur... A confirmer, mais pour l'instant, c'est du tout bon !
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Dernière édition par Jalk le 02 Juil 2005, 00:00, édité 1 fois.
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