Eltanin

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MessagePublié: 08 Mars 2005, 13:46 
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Extincteur des ténèbres
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
En ce qui concerne le groupement de texte auquel je fais référence au dessus, je compte bien, un jour ou l'autre, le publier ici bas. Mais avant cela, il exigera bien des remaniements de ma part et surtout, surtout, que je le termine. Et pour ça, de loooongues vacances seront nécessaires.
Les Multivers, ainsi que les crossovers et autres réunions de mondes divers, m'ont toujours attirés, que ce soit dans Kingdom Heart, Stephen King ou bien d'autres. Et j'essaye, dans chacun de mes textes, d'inclure un élément, une référence à  d'autres récits que j'ai écrits. Dernier exemple en date avec Sylvain Detroit, ex-journaliste que j'ai inventé dans une nouvelle assez érotico/gore rédigée dans un accès de folie en trois jours. Mais bref.
Les explications arriveront en temps voulus, mais c'est justement ce dont je manque: Du temps.

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MessagePublié: 13 Mars 2005, 17:21 
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Extincteur des ténèbres
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
4. Mises en route.
Youfie laissa glisser ses ongles sur la surface de son bureau, songeuse.
Elle songeait à  ce qu?elle avait fait.
Elle songeait à  ce qu?elle aurait voulu faire.
Elle se remémorait les bons moments, les mauvais.
Elle ressassait les différents évènements marquants de sa courte vie.
Elle revoyait les centaines de personnes qu?elle avait côtoyé pendant des années.
Elle regrettait presque de finalement risquer sa vie sur un coup de tête, juste pour partir au secours d?une morte et risquer de perdre encore soixante bonnes années d?espérance de vie sans aucune assurance que son sacrifice allait servir à  quelque chose. Pour un peu, elle se serait mise à  pleurer, s?il n?avait pas fallu faire à  nouveau tout le long maquillage qu?elle affichait autour de ses yeux.
Youfie se leva de la chaise où elle avait passé tant de temps à  travailler, dessiner, surfer sur le Net et bien d?autre chose. Elle passa en revue ses derniers préparatifs : Elle était présentable, elle avait rédigé une courte lettre au cas où elle ne reviendrait pas, elle avait mis un mot de passe à  ses fichiers personnels sur son ordinateur, au cas où, elle avait loué une superbe voiture pour l?occasion, et elle avait prévenu ses parents et amis qu?elle devait s?absenter quelques temps.
« J?espère juste que je ne fais pas la plus belle erreur de ma vie en entreprenant ce voyage, moi, dit-elle à  voix haute. Dire qu?il est risqué n?est même pas possible, parce que je suis sûre et certaine de ne pas en ressortir vivante ! »
Elle commença à  rire nerveusement, avec autant de joie qu?une fourmis voyant une immense semelle se refermer sur elle, et termina par des sanglots qui auraient fendus les c?urs les plus endurcis.
Son rimmel était foutu.

*
* *

La petite pièce où se trouvaient maintenant Radamenthe, Hilde, le Ionisateur Fou et Gorgon_Roo était encombrée par des montagnes de papiers qui s?amoncelaient contre les murs, contre les étagères elles-mêmes recouvertes de piles de feuilles, contre le bureau, contre les chaises, contre les portes ? Ils avaient dû en pousser trois ou quatre piles rien que pour atteindre les sièges enfouis sous les papiers ? et certaines sculptures de ces papiers accumulés formaient des formes abstraites bien plus jolies que certaines ?uvres d?art modernes.
Le Ionisateur Fou n?osait trop se balancer sur sa chaise, ni trop bouger du tout en fait, et tripatouillait sa calculette sous l??il méfiant de Hilde et Radamenthe. Gorgon_Roo, quant à  lui, fouinait dans les monceaux de documents au cas où ceux-ci auraient renfermés quelque chose d?intéressant. Comme, exemple prit totalement au hasard, si Séphy-Roshou était passé par cet au-delà  ou non.
Le Nightstalker, après avoir raconté trois fois sa vie de A à  Z à  Hilde dans les moindres détails, les avaient conduit dans cette nouvelle salle et leur avait dit de patienter. Alors ils patientaient. À nouveau. Radamenthe avait exigé d?une voix forte qu?on le conduise à  leur roi, et Ricardo Ramirez lui avait ri au nez.
Si tu crois qu?on peut voir Jack comme ça, nabot, il est grand temps que tu arrêtes de prendre tes vessies pour des grandes bernes ! lui avait-il dit en ricanant. Radamenthe avait levé un doigt pour corriger Ramirez, mais Gorgon_Roo l?en avait empêché à  temps. Et heureusement, sans quoi ils seraient tous allés rejoindre les âmes sadomasochistes du niveau moins sept pour une trentaine de siècles, au bas mot. C?est qu?on rigole peu chez les tueurs en séries. Très à  cheval sur la procédure.
« Quand même, LIF, tu pourrais cesser de toucher à  ta calto ? dit Hilde, toujours en le surveillant. Ça me mets mal à  l?aise.
-Oh ! Mais je ne fais que quelques jeux que j?ai installés récemment. Le solitaire, la dame de fer, ce genre de chose? Ça ne risque rien.
-Ce n?est pas lorsque tu dis ce genre de truc, d?habitude, que la phrase d?après c?est ??BAOUM !!?? ? demanda-t-elle. En plus, elle commence à  cracher des pièces carrées, là ?
-On dirait des morceaux de carrelage, compléta Radamenthe.
-Ce ne sont pas des pièces de ma calculette? » les rassura le Ionisateur Fou. Ce qui, entre nous, marcha relativement peu. « Je joue au Taipei en ce moment, une sorte de mémory asiatique composé de petites plaques qu?on doit assembler par deux afin de les éliminer et pour ainsi accéder aux autres pour?
-On sait ce que c?est, LIF !!! s?impatientèrent les autres.
-Bon. Le problème, c?est que ma calto fabrique des représentation virtuelles en trois dimensions de ces tablettes de mémory et par un procédé instable de réaction en chaîne de l?antimatière face aux prolongations algébriques du continuum espace/temps modifié par ma calto, ces éléments virtuels consolidés par une répercussion sub-atomique des macro processeurs dernière génération dont je l?ai équipé, ces éléments doivent donc être éliminés et chaque jeu auquel je joue rejette ses éléments virtuels dans le réel par ici. En fait, chaque jeu virtuel devient réel grâce à  elle. »
Tous hochèrent la tête en silence, nullement impressionnés mais en se posant tous la question pour savoir quand ça allait exploser. Le Ionisateur Fou, prenant ce silence pour une marque de respect de son ouvrage, sourit largement et déclara :
« Bon, je fais faire une partie de démineur, moi. »
Le brouhaha qui s?en suivit ; en partie dû à  Hilde qui se jeta sur le Ionisateur Fou avant qu?il entame le jeu fatal et en partie à  Radamenthe qui, en voulant se cacher derrière le bureau, fit tomber deux grandes piles de dossiers sur lui-même ; ce brouhaha là , donc, tira Gorgon_Roo de ses recherches, qui examina ses compagnons d?un ?il critique.
« Ça va pas la tête ? » commenta-t-il en joignant le geste à  la remarque : un index toquant sur la tempe. Hilde, un pied sur le Ionisateur Fou qui gémissait en tendant un bras vers sa calculette modifiée, regarda Gorgon_Roo avec mécontentement :
« Mais on s?ennuie, nous ! On est transportés de salles en salles, et ça commence à  devenir lassant?
-Je dirais même plus, dit Radamenthe : On s?ennuie à  mourir. »
Gorgon_Roo jeta un regard navré à  Radamenthe, préférant le dédains à  une éventuelle remarque déplaisante. Puis il soupira et se remit dans les recherches. Hilde relâcha le Ionisateur et se dirigea vers Gorgon_Roo.
« Et que cherches-tu exactement là -dedans ?
-Je cherche les archives. Avec un peu de chance, même, celles du registre de l?entrée. Mais pas moyen de mettre la main dessus?
-Elles ne sont pas forcément ici, tu sais, ma gorgone? minauda Radamenthe. Rien ne précise que toutes les archives sont présentes dans cette salle. »
Gorgon_Roo lâcha ses feuillets en soufflant et s?assit sur une autre colline de paperasse. Il commençait à  s?impatienter sérieusement, et également à  s?agacer de la tournure que prenait ce voyage. Lui qui s?était préparé à  vivre ? il se rendit compte du jeu de mot mais n?y prêta guère d?attentions ? une aventure épique pleine de monstres à  pourfendre, de divinités à  affronter et autres problèmes à  terrasser, il s?était retrouvé engoncé dans la toute puissante administration contrôlée par des maniaques et aussi pénible que Radamenthe.
Et pour Gorgon_Roo, cette allusion n?était pas qu?un sarcasme.
« Il suffit d?aller voir dans les autres salles ? » proposa innocemment Hilde en souriant.
Les autres la fixèrent comme s?ils s?étaient retrouvés face à  un embryon de phacochère tricéphale sachant parler, ce qui n?est pas très flatteur pour Hilde, entre nous. Celle-ci caressa sa natte, les yeux allant et venant entre chacun de ses compagnons.
« Et comment tu veux sortir de là  ? demanda Radamenthe.
-Bah, par la porte là -bas ?
-Évidemment, par la porte là -bas, triple idiot ! répéta Gorgon_Roo.
-Et s?ils reviennent et qu?ils s?aperçoivent qu?on est parti ? »
Là , le silence se prolongea quelque peu.
« Il suffit de créer des clones, répondit simplement Hilde.
-Bien sûr ! s?exclama Gorgon_Roo. On va construire des statues de nous en papier, vu qu?on en a des tonnes ici, et ils n?y verront que du feu !
-Non, je dois pouvoir créer des hologrammes en utilisant le carbone de touts ses papiers avec le radiateur là -bas, et avec ma calculette je?
-LIF !!! s?écrièrent en même temps les trois autres Trauméniens.
-C?est bon, ça va? bougonna le Ionisateur Fou.
-Je vais vous faire des clones. »
Les trois se retournèrent, à  nouveau, vers Hilde qui souriait. À nouveau. Bien que son sourire soit un tantinet différent de tout à  l?heure. Il faudrait éditer une encyclopédie complète sur les divers sourires que Hilde proposait à  ses amis, puis à  ses victimes. Même des Trauméniens accomplis ne les connaissaient pas tous, et ceux qui avaient le privilège d?en apercevoir certains le regrettaient amèrement. Celui qu?elle arborait actuellement oscillait entre le nommé ?Sadique-de-nuit? et un autre, ?Intrusion-forcée?.
En résumé, un sourire qui incite à  hocher gentiment la tête sous peine de la perdre.
« Comment comptes-tu t?y prendre ? osa Radamenthe.
-Je vous rappelle que je suis la maîtresse des tortures, la reine des supplices, la déesse des souffrances physiques et mentales, l?impératrice de la soumission, la marquise de la douleur, la?
-Hilde, Hilde ! Pourrais-tu en venir au fait, nous sommes légèrement pressés?
-Excusez-moi, dit-elle avec le sourire ?Tu-me-le-paieras?. Une de mes tortures préférée consiste à  montrer à  mes victimes chéries leurs propres défauts, et pour ce faire? »
Hilde ferma les yeux, un index en l?air devant elle. L?air sembla s?assombrir, s?épaissir, et couler sur les trois Trauméniens qui se demandaient si, finalement, combattre les tueurs en série ne serait pas moins dangereux. Elle récita rapidement une série d?invocations que nous qualifierons de charabiesques et désigna tour à  tour Gorgon_Roo, le Ionisateur Fou et Radamenthe.
Et rien ne se passa.
« Très impressionnant, Hilde, commenta Gorgon_Roo en jetant des coups d?oeils près de lui. Mais? C?est sensé faire quoi exactement ?
-À ton avis, jeune impatient ? »
Gorgon_Roo se tourna vers Radamenthe, mais ce dernier leva les mains en signe d?innocence. Ce n?était pas lui qui venait de parler. Gorgon_Roo baissa les yeux et vit une deuxième paire de bras le long du corps de Radamenthe, et il comprit soudainement. Il fit un saut de coté, et son double resta à  l?endroit même où il s?était tenu précédemment.
« Tu en as mis du temps pour comprendre? soupira ce dernier. J?en aurais presque honte d?être ta copie.
-C?est bluffant, admit le Ionisateur Fou en examinant son double qui, lui aussi l?examinait. Je n?aurais pas pu faire mieux avec ma calto.
-Bien sûr, jubila Hilde.
-Mais il reste un problème, maîtresse, s?avança le double de Radamenthe en posant un genoux à  terre en signe de déférence.
-Je suis si faux-cul que ça ? s?étonna Radamenthe.
-Quel problème ?
-Vous n?avez pas de double, maîtresse. »
Hilde tressauta, puis arbora le sourire ?Volupté-fatale? à  l?adresse de son petit démon.
« Normal, dit-elle, je n?ai pas de défauts. »
Si nous avions été dans un anime japonais classique, une énorme goutte de sueur d?un bleu étincelant serait apparu à  la tempe gauche des trois Trauméniens tandis qu?une sorte de libellule mutante aurait traversé le fond de l?écran en pondant des petits points noirs. Mais nous ne sommes pas dans une de ces japoniaiserie, et les trois voyageurs restant se contentèrent de soupirer d?un air las.
« Non non, bien sûr, concilia Gorgon_Roo en regardant ailleurs. Nos doubles n?auront qu?à  dire que tu es allé aux toilettes, voilà  tout. Ou que tu t?es enfuie.
-Jenem?enfuiejam?
-Mais eux ignorent ta véritable nature, Hilde. » la coupa Gorgon_Roo. Elle paru satisfaite, non sans mal. Les trois copies conformes se placèrent sans ordres précis aux endroits exacts où s?étaient mis les originaux peu de temps auparavant. Radamenthe les regardait d?un ?il médusé, ne cessant de se poser des questions comme ?C?est vrai que je suis si maigre ?? ou ?Mais j?ai un caractère de cochon !?.
Curieusement, Gorgon_Roo souriait.
« Bon, ne perdons pas plus de temps, annonça Gorgon_Roo qui avait manifestement prit les rênes du groupe. Allons visitez les autres salles. »
Ils durent arracher le Ionisateur Fou à  son double, avec qui il était entrain de mettre au point une toute nouvelle méthode de faire voyager l?énergie d?une matéria noire entre deux points extrêmement éloignés par téléportation subliminaire, le tout à  l?aide de sa calculette. Pour vous donnez une image, le résultat de cette expérience si elle avait été achevée aurait détruit un bon quart de l?au-delà  des serial killer.
Radamenthe posa la main sur la poignée, jeta un ?il à  Hilde qui hocha la tête en signe d'approbation et tourna le loquet. Et soudain, ils aperçurent tous?
?que la porte était fermée à  clef.
Sans laisser le temps aux autres de réagir ? Hilde avait commencé à  ouvrir la bouche pour exprimer son désappointement, et Radamenthe serrait le poing ? le Ionisateur Fou se jeta en avant et apposa deux capteurs soniques sur la serrure, reliés à  sa sempiternelle TI-89 customisée qu?il se mit à  tapoter activement.
« Et voilà  ! » exulta-t-il en appuyant sur ?Cos?. Il y eut une étincelle. Il y eut un début de cri de Hilde. Il y eut une goutte de bave jouissive du Ionisateur.
Et évidemment, il y eut une explosion qui dévasta la serrure.
La porte s?ouvrit lentement, découvrant les quatre Trauméniens aux cheveux roussis et frisés, à  la face légèrement noire de charbon. Hilde, Gorgon_Roo et Radamenthe fixaient le Ionisateur Fou d?un ?il mauvais, alors que celui-ci souriait bêtement. Il rajusta ses lunettes dont le verre gauche était étoilé et dit :
« Bah, au moins, c?est ouvert, non ? »

*
* *

Youfie enclencha la cinquième et dépassa la vitesse autorisée sur les petites routes de campagnes qu?elle survolait. Les phares de sa Pontiac de location éclairaient la route qui défilait à  tout allure devant elle. Youfie, une seconde, se surprit à  vouloir écraser le frein pour tout arrêter là . Mais l?appel de l?aventure était plus fort et, au lieu de la pédale du milieu, elle appuya plus encore sur celle de droite.
Le compteur atteignit les cent soixante. Elle jeta un coup d??il au rétroviseur. Rien. Elle accéléra encore et éclata d?un léger rire nerveux.
Non qu?elle aimait la vitesse, mais quitte à  avoir un accident, autant qu?il soit spectaculaire. Et elle ne risquait pas de percuter d?autres personnes à  trois heures du matin sur des routes de campagnes déjà  désertes le jour. Youfie poussa un long soupir, guettant toujours le bas coté pour apercevoir une dame blanche. Pour passer le temps, elle mit la radio qui matraqua ses pauvres oreilles d?un air de Techno horripilant.
« Mais quelle horreur ! s?exclama-t-elle en avançant la main pour changer de station. Dire qu?il existe des personnes qui aiment ça ! »
La radio se mit soudainement à  crachoter au détriment de la musique aux basses trop lourdes. Youfie regarda le poste, qui clignotait en tout sens, en proie à  un délire total. Elle pesta contre les nouvelles technologies qui ne fonctionnaient jamais. Elle avait loué cette petite bombe pour deux raison : La première était qu?elle ne voulait pas abîmer la Peugeot 405 qu?elle avait, la seconde parce que le vendeur était plutôt beau gosse, et la troisième parce qu?on ne meurt qu?une fois, après tout.
« Bon, d?accord, ça fait trois raisons, dit-elle à  voix haute. Mais qui saura que je me suis trompé, à  par moi ?
-Moi, je le saurais. » répondit une voix à  l?arrière. Youfie se redressa au son de cette voix qui passait au-delà  des grésillements pourtant forts du poste. Une voix qui semblait non pas être passée par ses canaux auditifs, mais directement dans son esprit afin d?y résonner des milliers de fois plus fort que normalement.
Elle eu juste le temps d?apercevoir la dame blanche, de donner un coup de volant sur la droite, avant que Lord FireFly lui apparaisse dans le rétroviseur, tel un spectre machiavélique animé par un marionnettiste démoniaque, agitant la main.
« Bye bye? »
Et l?accident tant espéré et tant redouté eu lieu.

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MessagePublié: 14 Mars 2005, 00:11 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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C'est mieux, beaucoup mieux. Le coup des doubles est classique, ça me rappelle surtout l'idée des Gouttes Astrales de la bande dessinée "W.I.T.C.H.". Espérons qu'à  l'exemple de cette oeuvre exemplaire, tu sauras tirer des implications bien fourbes du concept.
Les deux parties avec Youfie sont sublimes comparées au reste... je finis par me demander si ta prose n'est pas plus intéressante et émotionnelle quand tu traites d'un cas d'un personnage à  part (par exemple, le déchirement intérieur de Mathilde, même s'il était un rien foireux à  la base, était des mieux narrés).

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MessagePublié: 14 Mars 2005, 16:02 
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Inscription : 01 Mai 2004, 11:57
Message(s) : 1161
A propos du staïle : ce chapitre fût globalement bien plus prenant et agréable à  lire que le précédent, semé de plantages narratifs et de tournures de phrases maladroites. Le paragraphe qui suit (et dont il faut diviser l'agressivité par deux pour en avoir une idée juste) ne portera donc que sur le fond.

La partie centrale n'a suscité chez moi qu'ennui et agacement prolongé. Je jurerais revoir ces séries japonaises médiocres destinées à  la détente, dont les épisodes s'enchaînent avec une platitude terrassante. Tout ceci n'est que brassage de vide et collage artificiel d'éléments disparates (l'apport à  la trame est résumable en un ligne), le tout saupoudré d'humour rouillé (qui ne semble consistant que parce que l'on insiste lourdement sur lesdites vannes). Il y aurait tellement plus à  dire sur les personnages Traumen, mais - hélas!, on s'est sans doute senti obligé de ne faire apparaître que leur ridiculement parodiques personnalités de "délires", afin de ne pas trahir *l'esprit profond* de ces phases assommantes (que j'estime bien éloignées de l'aspect jubilatoire qu'on voudrait leur conférer).
J'ose espérer que ces intermèdes lourdingues ont pour fonction principale d'espacer les parties dignes d'intérêt et/ou de diversifier les types de narration.

En revanche, mention spéciale pour les deux passages 'Youfie' . Si l'on pourra taxer le premier de "déjà  vu", ils n'en sont pas moins admirablement bien rédigés, et tendent vers une forme de perfection littéraire tant dans la justesse des phrases que dans la fluidité de leur enchaînement. Belle réussite ! (karma ++)

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Spoiler! :
N'oubliez jamais que vous êtes unique, comme 7 milliards d'autres humains sur Terre.


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MessagePublié: 14 Mars 2005, 21:53 
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Zombie
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Inscription : 29 Avr 2004, 03:00
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Moi aussi j'aime bien les 2 moments "Youfie". Surtout que ça lui ressemble vraiment avec son côté superficiel (le maquillage, le beau vendeur). :lol:

Tout comme Dn et Arkh, je dirais ce chapitre est bien meilleur que le précédent. On s'emmerde moins et je crois que tu as plus de facilité à  écrire un passage lorsqu'il ne comporte qu'un seul personnage. :wink:

J'ai bien hâte de savoir qu'est-ce qui va arriver à  Youfie, qu'est-ce que va trouver le groupe Hilde-IF-Roo-Radamenthe et bien sûr, savoir ce qui arrive avec le groupe de Magnum. :roll:


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MessagePublié: 20 Mars 2005, 10:10 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Plus de facilité à  écrire quand les personnages sont seuls? Hmmm...
Narration inintéressante et agaçante dans les partie sencée être drôle? Hmmm...
Karma plus plus? Hmmm....
...
Hmmm...
...

Dans un sens, vous avez tous parfaitement raison.
Je suis plus à  l'aise lorsque le personnage principal de mon - paragraphe, chapitre, épisode, texte (rayez la mention inutile) - est seul, ou bien accompagné d'un autre protagoniste (comme dans mes précédentes incursion dans cet univers où Serge Thourn évolue). Le problème est que si je commence à  faire ce qu'il m'est facile de faire, je n'avancerai pas et je serais condamné à  une éternité de texte aux héros solitaires.
Petit deux, je donne raison à  Arkh pour les passages plats de délires. Ils te font penser aux séries qui doivent combler 26 épisodes entre un début qui part sur les chapeaux de roues et une fin où le dénouement général satisfait tout le monde? Ils brassent le vide intersidéral en se contentant de faire du remplissage sans faire avancer l'intrigue, ou si peu? Dans un sens, c'est le but: Ne pas 'trop' avancer chaque semaine. Mon idée était par contre de réussir à  ne pas vous ennuyer pendant ces périodes. Manifestement, c'est loupé. Dommage. Mais je récidiverai quand même.

Pour cette semaine, je risque de ne pas pouvoir poster de nouveau chapitre: Une grippe foudroyante m'ayant cloué au lit du lundi au vendredi, j'ai été, je vous l'avoue, bien incapable d'assurer mes promesses d'un chapitre cette semaine. Mon avance ayant fondue comme neige au soleil depuis la mort du forum mi-janvier. Tout mes excuses, donc, et j'essayerai d'en pondre deux pour la semaine prochaine...

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MessagePublié: 20 Mars 2005, 11:34 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
Message(s) : 6475
Localisation : Paris, France.
Mr.Magnum a écrit:
Petit deux, je donne raison à  Arkh pour les passages plats de délires. Ils te font penser aux séries qui doivent combler 26 épisodes entre un début qui part sur les chapeaux de roues et une fin où le dénouement général satisfait tout le monde? Ils brassent le vide intersidéral en se contentant de faire du remplissage sans faire avancer l'intrigue, ou si peu? Dans un sens, c'est le but: Ne pas 'trop' avancer chaque semaine. Mon idée était par contre de réussir à  ne pas vous ennuyer pendant ces périodes.


Très mauvais.
Très, très mauvais, comme point de départ.
Bien sûr que c'est loupé. Si l'auteur lui-même ne croit pas que ce qu'il est en train d'écrire est intéressant, s'il sait lui-même qu'il étoffe artificiellement son récit, il ne peut rédiger que du vide, ça ne peut pas fonctionner comme ça.
Le moindre lecteur qui s'implique un tant soit peu dans la narration (il n'est même pas nécessaire d'avoir des connaissances littéraires particulières) décèlera le problème.
Tu ne dois mettre en scène que des évènements qui te plaisent. Et si tu sens toi-même que quelque chose ne te plaît pas, tu dois le changer. Ajoute du piment, de la matière, fais flamboyer ton texte par tous les moyens, accorde de l'intérêt à  cette action, fais-en autre chose que du remplissage bête et méchant.

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MessagePublié: 28 Mars 2005, 11:06 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
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5. Doubles, explosion et interrogatoires.
« Encore cinq petites minutes, dit Gorgon_Roo d?une voix nerveuse. J?y suis presque !
-Tu sais que techniquement parlant, dit Hilde, tes cinq minutes peuvent très bien se prolonger plus longtemps, ou s?interrompre maintenant, dès lors qu?on songe que n?importe qui peut débarquer ici et se saisir de nous !!! »
Hilde avait hurlé en partie la dernière phrase, provoquant un sursaut général de l?assemblée. Puis un long silence suivit, ayant surtout pour but de guetter l?éventuelle arrivée de tueurs en série qui auraient entendu quelque chose ? Hilde qui crie ? d?anormal. Pour qui connaît Hilde, l?entendre crier n?est pas forcément anormal, surtout pour qui l?a connu en pleine séance de torture d?un damné, mais dans cette salle, tout son supérieur à  un chuchotement de caillou devenait rapidement anormal.
« Si tu pouvais éviter de réduire sensiblement le temps dont nous disposons, marmonna Radamenthe à  l?adresse de la reine des victimes tourmentées, ça serait pas plus mal.
-J?avais besoin de hurler, répondit Hilde du tac au tac.
-Si tu es stressée, fallait pas venir, grogna Radamenthe.
-Mon Dieu, donnez-moi un MonteCristo pour me calmer avant que je l?étripe?
-J?ai trouvé les entrées !! » exulta doucement Gorgon_Roo en ouvrant un énième tiroir. Hilde, dont le sourire se muait lentement mais indubitablement vers ?Douche-froide? en fixant Radamenthe, se reprit et se contenta d?un ?pfff? dédaigneux avant d?aller voir Gorgon_Roo. Elle posa ses mains sur l?épaule de ce dernier et se pencha sur lui. Il devient écarlate, bafouilla et laissa tomber ses feuillets.
« Alors, est-ce qu?elle est notée dessus ?
-Gllblhmm ? » lâcha Gorgon_Roo avant de secouer sa tête pour s?éclaircir les idées. Les techniques de tortures de Hilde était particulièrement variées, et Gorgon_Roo voyait pour le moment un penchant méconnu de tortures envers les mâles qu?elle utilisait rarement. Les autres s?approchèrent et se mirent autour de lui.
Il fit rapidement courir ses doigts sur les multiples intercalaires jusqu?à  la lettre S pour Séphy-Roshou, et en sortit les feuilles correspondantes, puis les distribua à  ses compagnons qui se mirent tous à  chercher. Les archives étaient très bien agencées, pour qui connaissait un tant soit peu l?administration humaine et ses nombreux travers, mais elles avaient les mêmes défauts également : Très difficile d?accès et très longues à  consulter pour un amateur.
« J?ai rien, annonça le Ionisateur Fou en reposant les papiers.
-Pareil. » ajoutèrent Hilde et Radamenthe en même temps. Gorgon_Roo rangea également ses exemplaires et ouvrit un autre tiroir à  la lettre M. Radamenthe ouvrit la bouche pour lui demander qui il cherchait, puis se ravisa. C?était le même problème qu?à  leur arrivée en ces lieux : Ils étaient classés sous leur véritables prénoms, et non leurs pseudos Trauméniens. Gorgon_Roo l?avait compris.
« Je l?ai? » jubila-t-il en tirant une feuille du tas.

*
* *

Serge contourna son bureau afin de ramasser une nouvelle fois les diverses feuilles qui composaient le dossier du tueur en série d?Épinal, rebaptisé Larbaud. Une minute plus tôt, il avait raccroché violemment le téléphone ? le terme jeter le combiné aurait été plus approprié ? suite à  un coup de fil d?une agence de presse qui avait finalement mit son nez dans cette affaire. La troisième agence depuis qu?on lui avait confié ce problème, deux jours auparavant.
Quelqu?un toqua à  la porte.
« Entrez? » marmonna Serge Thourn en classant les pages sur son bureau. Il ne jeta qu?un rapide coup d??il à  son coéquipier qui refermait la porte doucement derrière lui, et qui s?assit en face du bureau. Le commissaire poursuivit patiemment son rangement, et Sylvain ne l?interrompit pas.
« Du nouveau ? demanda Thourn en terminant d?ordonner son dossier.
-Deux hommes sont là  pour Larbaud. Ils ont les papiers du transfert à  vous faire signer.
-Les enfoirés? grogna Serge en se retenant d?envoyer son poing sur la table. Mais ils m?avaient dit qu?ils me le laissaient encore jusqu?à  la fin de la semaine !
-Nous sommes vendredi, commissaire.
-Justement ! » Armée de toute la mauvaise foi du monde, il se releva et arpenta la pièce de long en large, de large en long, dans tout les sens. L?ancien instinct de survie animal de Sylvain Détroit lui ordonnait de rentrer la tête, ne rien dire et se préparer à  tout. Quelques milliers d?années d?instincts ne pouvaient pas avoir tort, et Sylvain obéit à  l?impulsion de ne rien faire et de laisser passer la tempête.
Au bout de quelques minutes ponctuées d?insultes, de grognements sourds et de bruits de pas, une main puissante s?abattit sur l?épaule de Détroit, qui réprima un cri avec grande peine. Thourn retourna le siège de son collègue pour le mettre face à  lui.
« Retiens-les encore une heure ou deux.
-Mais comment? ? balbutia le principal intéressé. Je ne?
-Tu te débrouilles comme tu veux, tu leur dis que je suis ailleurs, que je suis malade, que je suis à  l?hôpital, que je suis mort, même, si ça te chante? Mais je ne veux pas les voir avant une bonne heure. Deux si possible. » Il reprit son souffle en regardant vers le restant du commissariat, qui vivait paisiblement sa vie de l?autre coté de la porte de son bureau, puis ajouta : « Et envoie-moi un mec me chercher Larbaud pour me l?amener ici. »
Sylvain tressaillit.
« Ici ? répéta-t-il. Vous voulez dire, ici, dans votre bureau ?
-Il faut que je te fasse un plan ou tu penses retrouver le chemin ? »
Ce style de phrase, sarcastique, employée avec ce ton de voix aussi froid qu?un congélateur ouvert, marquait la fin de la conversation. Sylvain déglutit, hocha la tête, déglutit encore, puis sortit du bureau en trombe, trop heureux de se soustraire à  la fois à  la poigne insistante du commissaire et à  ses yeux enragés.

*
* *

« Ça nous avance pas des masses de savoir ça, tu sais? »
Gorgon_Roo jeta un coup d??il méprisant à  son éternel ennemi Radamenthe, qui souriait les bras croisés devant lui, et reprit sa lecture.
« Arrivée en ces lieux le dimanche 14 novembre 2004, à  sept heures quarante-trois du matin. Animée d?intentions belliqueuses. Mis au fer pendant quatre jours en attendant une décision quant à  la suite à  donner à  sa requête.
-Quelle requête ? demanda le Ionisateur Fou.
-Euuh? » Gorgon_Roo retourna la feuille en tout sens, mais ne trouva pas la réponse à  cette question. Il haussa les épaules. « Si c?est comme sur Terre, ça doit être rangé ailleurs, ce type de renseignement.
-Dans un tiroir ?requête spéciales? ou ?requête acceptée? si c?est le cas, ou bien ?requête refusée? ou encore?
-Radamenthe ! s?écrièrent ? doucement ? Hilde et Gorgon_Roo en ch?ur.
-Apparemment, reprit Gorgon_Roo en poursuivant la lecture de la fiche ultra-détaillée, elle serait repartie avant même son entrée dans le cachot. Elle se serait?
-?évaporée ? » lu Hilde avant Gorgon_Roo. Les quatre Trauméniens s?entreregardèrent, confus. Ce n?était pas vraiment le genre de phrase qu?on voit notée sur une fiche de passage, même dans le monde des morts.
-Évaporée? répéta le Ionisateur Fou. Matériellement, c?est impossible, vu qu?il n?y a pas d?eau dans l?au-delà . Elle n?a donc pas vu s?évaporer au sens propre du terme?
-Je suppose, dit Gorgon_Roo, qu?ils ont voulu dire par là  qu?elle avait disparue sans laisser de traces, ni sans qu?ils sachant comment.
-Ah.
-Mais ça reste étrange?
-Rien d?autre d?intéressant de noté ? » demanda Hilde en prenant la feuille des mains d?un Gorgon_Roo pensif. Elle commença à  l?étudier avec intérêt. Radamenthe s?éloigna du groupe en poussant du pied une boulette de papier.
« Bon, nous avons trouvé ce que nous cherchions, maintenant rentrons chez nous.
-J?aurais aimé qu?on approfondisse un peu ce problème d?évaporation, avant de partir.
-Je savais que tu allais dire ça. » maugréa Radamenthe.
Gorgon_Roo en était au stade de l?ouverture de bouche afin de répliquer lorsqu?une explosion ébranla fortement la salle, voir l?édifice tout entier, où ils se trouvaient. Radamenthe, Hilde et Gorgon_Roo restèrent interdits et immobiles, et le Ionisateur Fou porta deux mains à  sa bouche et s?écria :
« Je reconnais cette explosion !! C?est ma calto !! »

*
* *

« Alors, tu maintiens toujours ton innocence dans ce quadruple meurtre ? »
Larbaud renifla en fixant son attention sur un cadre sur un mur, sans répondre. Thourn regarda discrètement sa montre et constata avec regret que vingt minutes s?étaient déjà  écoulées sans qu?aucuns résultats probants n?aient pu sortir de cet entretien. Il inspira lentement et se rassit à  son bureau, les yeux rivés sur Larbaud.
« Je suppose que ça veut dire oui, n?est-ce pas ?
-Écoutez, commissaire, je sais parfaitement que les deux crétins qui sont entrain de visiter le commissariat sont là  pour venir me chercher, et que vous essayez de gagner du temps. Manque de bol, je ne compte pas vraiment vous aider, au cas où vous n?aurez pas saisit. » Sur cette tirade, la plus longue de Larbaud depuis son arrivée ici, il s?en retourna à  la contemplation abusive du cadre.
La photographie qui s?y trouvait concernait évidemment Serge Thourn, de nombreuses années plus tôt, qui arborait fièrement en compagnie de trois collègues sa plaque de la police toute nouvellement donnée, un immense sourire placardé au visage. Larbaud fronça les sourcils et plissa les yeux pour distinguer tous les détails, alors que le commissaire lui parlait et qu?il préférait ignorer.
Soudain, le cadre sauta du mur et lui fonça dessus à  une vitesse prodigieuse. Larbaud, les mains menottés dans le dos, ne pu que tenter de se protéger mais reçu la vitre froide du cadre en pleine figure, et se retrouva bien vite par terre. Une des menottes lui rentra dans le poignet, et il hurla de douleur. Le cadre s?appuya encore plus sur son visage, et le verre se fendilla d?un coup.
Larbaud cessa ses cris, se rendant compte qu?il risquait gros si la vitre se brisait. Thourn relâcha un peu la pression.
« Vous êtes complètement timbré, lâcha Larbaud, dont la voix tremblait d?émotions aussi diverses que la rage, la peur et la douleur.
-Désolé, répondit le commissaire avec un sourire, mais je n?ai pas encore reçu l?avis du psychologue. » Il donna un bref à -coup au cadre, qui s?étoila de deux branches aiguisées, puis ôta la photographie et la posa sur son bureau, bien en évidence. Larbaud reprit son souffle.
« Je reprends : dis-moi que tu as tué ces quatre pauvres gosses, et je te laisse filer avec tes copains qui vont bientôt avoir finit leur petit tour. »
Pas de réponse, mais au moins Larbaud le regardait maintenant.
« J?en ai rien à  foutre de te mettre en taule, si tu veux tout savoir. Tout ce que je veux, c?est comprendre pourquoi quatre mômes se trouvaient ici. Alors je te demanderai juste de me répondre franchement, et après tu pourras reprendre tes mensonges éhontés avec le reste du monde. Mais dis-moi juste si c?est bien toi qui les a tué, ou s?ils étaient déjà  là  quand tu es arrivé, comme tu l?as dit. »
Nouveau silence, mais Serge savait pertinemment que Larbaud jaugeait le pour et le contre. Il patienta cinq minutes exactement, montre en main, puis soupesa innocemment le cadre dans sa main. Deux fissures couraient sur la surface lisse du verre.
« Je les ai tué. » annonça simplement Larbaud, un peu penaud, qui n?osait plus regarder en face le commissaire. « Ils ont débarqués de je ne sais où, et ils m?ont embrouillés la tête. Ils parlaient de mourir, de voyage, et ça m?a énervé? J?ai pris peur, et je les ai tué. »
Serge Thourn reposa le cadre, puis sembla réfléchir et le jeta dans la poubelle. Il avait ce qu?il voulait. Tout en songeant à  ce qu?il venait d?apprendre, il redressa Larbaud et l?épousseta distraitement. Ce dernier était au bord des larmes. Après avoir mutilé les quatre Trauméniens dans son accès de folie, et s?être rendu à  la police dans un état proche de l?hystérie ou de la crise de nerf, il avait été mis en prison où il avait réfléchit à  la marche à  suivre pour s?en tirer avec les moins de chefs d?accusations possible.
« Je peux te faire confiance, Larbaud ? demanda Thourn, tout à  fait conscient que la parole d?un tueur en série est vraiment peu fiable.
-Je vous ai dit la vérité, c?est comme ça que ça s?est passé? Mais je ne les connaissais pas, je vous le jure ! Je ne sais pas ce qu?ils faisaient là  !
-Très bien. »
Thourn consulta sa montre. Une trois quarts d?heure que lui et Larbaud étaient enfermés ici. Le temps passait donc tellement vite, songea-t-il. Trois quarts d?heure par ci, quelques années par là . Des bribes de son dernier rêve ? ou cauchemar ? lui traversèrent l?esprit. Il soupira, soudainement fatigué, puis décrocha son téléphone.
« Appelez-moi Détroit, il doit être au niveau des cellules, et faite-le venir ici avec nos invités. Ordre du commissaire. »

*
* *

Lorsqu?ils arrivèrent dans la salle d?attente, les cinq quarts de la pièce étaient calcinés par l?explosion. Gorgon_Roo, en tête, mesura l?étendu des dégâts et jaugea rapidement qu?il était plus que nécessaire de s?en aller d?ici. Le Ionisateur Fou le bouscula au passage, et déambula dans les décombres en gémissant.
« Ma calto, où est-elle, ma calto?
-Tu l?as sur toi, dans ta poche? l?informa Hilde.
-Je sais bien, mais mon double en avait une aussi? La pauvre, elle doit souffrir. Peut-être même est-elle.. ? Non ! Je ne veux pas y penser. »
Radamenthe jeta un regard navré vers Gorgon_Roo, qui haussa les épaules, tandis que Hilde se massait les tempes en priant pour se retrouver le plus vite possible chez elle, avec un bon cigare à  portée de main.
« Tu fumes le cigare, demanda Radamenthe, étonné.
-Oui, et alors ? Ça te pose un problème ?
-Non, juste que je viens de t?imaginer avec un barreau de chaise dans la bouche et c?est? » Il laissa la phrase en suspens et un mince filet de sang coula de son nez. Hilde ferma les yeux, lança son poing et transforma le filet en fleuve en moins de temps qu?il ne faut pour le dire. Pour un observateur averti, les prémices de ce geste s?étaient vues lors de la fugace apparition du sourire ?Attends-voir? sur le visage congestionné de Hilde.
« LIF !! Laisse tomber, on doit vraiment y aller, alerta Gorgon_Roo en jetant un nouveau coup d??il dans le couloir, où personne n?était encore en vue. Si nous avons entendu cette explosion, nous ne devons pas être les seuls, crois-moi.
-J?ai trouvé un survivant !! C?est toi ! »
Gorgon_Roo s?agenouilla près de lui-même ? Étrange impression, songea-t-il ? et souleva sa propre tête à  la base du cou. Le Ionisateur Fou souleva une planche et découvrit le double de Radamenthe avec son propre double, inconscients.
« Les autres sont là , dit-il.
-Qu?est-ce qui c?est passé, Gorgon ? demanda? ?Gorgon_Roo.
-C?est le double du double du double? Il? Sa calculette? Et puis? On a essayé de l?arrêter, mais? » Il toussa. Le vrai Gorgon_Roo le redressa encore un peu. Il ne comprenait pas tout ce qu?il disait.
« Il l?a fait? Il a? kof?
-Gorgon !! dit le Ionisateur Fou derrière lui. Viens voir !
-Attends, il vient de me parler de double, et de calculette?
-Gorgon, LIF, on doit s?en aller d?ici, et vite ! » s?alarma quelque peu Hilde.
Gorgon_Roo se releva et courut vers le Ionisateur Fou, où il s?arrêta net. À ses pieds, couché sur le flanc et carbonisé comme tout le reste, se trouvait un quatrième corps. Gorgon_Roo, incrédule, se retourna vers son double, toujours allongé au même endroit, puis revint sur la quatrième personne étendue devant lui.
« Qu?est-ce que c?est que ça ? demanda-t-il à  personne en particulier.
-Il y en a d?autres, là -bas. » dit le Ionisateur Fou en tendant un index tremblant vers une seconde porte entrouverte par le souffle de l?explosion. Radamenthe arriva en trottinant.
« Les gars, c?est pas que nous sommes pressés, mais? » Ses mots moururent dans sa gorge en reconnaissant les chaussures de son double à  terre devant lui. Il regarda tour à  tour son double, son autre double couché non loin, Gorgon_Roo et le Ionisateur, avant de retomber sur son double.
« C?est moi ? dit-il finalement.
-Quel esprit d?observation, railla Gorgon_Roo, plus par habitude que par envie.
-Mais j?ai déjà  un autre double là , et Hilde n?en avait fait qu?un seul par personne, non ?
-Je commence malheureusement à  comprendre. » gémit Gorgon_Roo en retournant au chevet de son autre lui malmené. Il le réveilla précautionneusement, tandis que Hilde les rejoignit à  son tour.
« Qu?est-ce qui se passe ? demanda-t-elle. Ils risquent de débarquer d?un moment à  l?autre, et au cas où vous l?auriez oublié, ce sont tous des tueurs en série, donc potentiellement dangereux pour la santé, même des morts.
-Gorgon, réveille-toi, Gorgon? continua Gorgon_Roo en ignorant Hilde.
-Il y a qu?on a trouvé un peu plus de corps que tu avais créé de doubles. » expliqua Radamenthe a Hilde, qui employa sans attendre son sourire ?Étonnement-Courroucé?, un sourire qui ne faisait pas peur, au final, mais qui traduisait bien son état d?esprit. Le double de Gorgon_Roo répondit enfin.
« Gorgon ! dit le vrai. C?est le double du Ionisateur Fou qui a créé d?autres doubles ? »
Le duplicata mit un certain temps avant de répondre.
« Nous avons été créés pour vous permettre de partir en reconnaissance, mais vous-même aviez déjà  été copiés à  partir d?autres nous avant?
-J?ai mal à  la tête, geignit Radamenthe en se massant le front.
-Vous êtes les numéros combien ? demanda le Ionisateur Fou en se penchant. Combien y a-t-il eu de Gorgon_Roo avant toi ?
-Je crois que je suis la cinquième série? Ou la sixième? » La copie fut prise d?une quinte de toux. Les quatre originaux aussi, mais pas forcément pour les mêmes raisons. Le Ionisateur se redressa, la mine sombre.
« Je pense que mes doubles ont, à  chaque fois, essayés de refaire des fac-similes du groupe pour pouvoir s?enfuir. Ça a marché puis, selon un calcul des probabilités d?une éventuelle explosion?
-?ça a fait BOUM. » termina Radamenthe. Le Ionisateur Fou hocha la tête en soupirant. Gorgon_Roo se releva à  son tour, et décida qu?ils avaient assez attendus ici. Il attrapa Hilde par le bras.
« Tu ne peux pas les faire disparaître ?
-Et bien, dit-elle en regardant ailleurs, si je peux les faire disparaître, mais seulement ceux que j?ai fait apparaître, pas les nouveaux?
-Ça sera déjà  mieux que rien? » souffla Gorgon_Roo. Hilde, sans plus de cérémonie, claqua des doigts, et ailleurs dans les myriades de salles de l?établissement, trois petits démons mineurs disparurent sans laisser plus des traces, devant le regard ébahi d?un tueur en série qui jeta sa bouteille de whisky d?un air méfiant.
« C?est tout ? demanda Gorgon_Roo, hésitant.
-Hum, oui. » Elle réfléchit. « Après tout, pas besoin d?en faire des masses. Lorsque je les fait apparaître, c?est une autre paire de manche, mais la plupart du temps, quand je n?ai plus besoin d?eux, c?est que les victimes sont mortes. »
Hilde afficha le sourire ?Innocence-Incarnée? au moment même où la porte derrière elle volait en éclat. Comme elle était partiellement brûlée, elle se réduisit plus en poussière qu?autre chose, mais l?intention était là . Un homme d?une haute stature s?engouffra par le trou béant de la porte et se dressa de toute sa hauteur face à  eux. Un doigt géant se pointa dans leur direction, sous leurs regards effarés.
« Ce sont eux, tonna l?homme. Je les reconnais ! Ce sont eux qui sont venus voler la nourriture dans ma cuisine ! »
Les quatre Trauméniens s?immobilisèrent, puis se mirent tous à  courir dans une harmonie parfaite vers la seconde porte restée libre.

_________________
La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 28 Mars 2005, 16:13 
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Philosophe aux cheveux dans le vent
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Inscription : 18 Juin 2004, 09:07
Message(s) : 301
"Dans quelle mesure cela fait-il progresser l'action?"
"Est-ce agréable à  lire? Est-ce que j'aime l'écrire?"
"Quel est le niveau de lourdeur? Est-il justifié?"
"Est-ce que je Veux écrire? d'une manière générale? ce texte en particulier? et *ce* passage précisément?"

sont quelques questions à  se poser selon moi. Le post précédent de DN est non seulement une vérité, mais aussi une évidence absolue. On n'écrit pas pour meubler. On ne bâcle pas les parties les plus délicates d'un tableau.

J'ai lu, donc. Je trouve que ça stagne dangereusement depuis... la première ligne du premier chapitre.

Peu d'enjeu dramatique (bon sang, je m'en fous, moi, de Sephy-Roshou),

peu d'événements (je ne parle pas d'action - les descriptions de combat ne servent qu'à  porter des informations dramatiques: dans un match de boxe, c'est le fait qu'un des combattants prenne le dessus, puis se fasse mettre à  terre, puis se relève... qui est réellement intéressant - je ne parle pas d'action, donc, mais de suspense, de "péripéties"),

pas d'évolution concrète des personnages (bon, ils viennent de Traumen, mais de là  à  les traiter comme des soldats en plastique blagueurs. quant aux PNJ ("hihihi") - persos secondaires -> , ils sont absolument dénués d'intérêt pour l'instant. c'est ainsi que je (et probablement d'autres) le vois.)

pas de beauté stylistique (ce n'est pas si grave, le style d'Asimov est dépouillé, celui de King lourd...),
mais surtout, pas de "fond" (ne parlons même pas de profondeur; il faut bien comprendre qu'un monologue interne, ou qu'une délibération, n'est pas là  pour faire joli ou meubler; il doit y avoir quelque chose de saisissant, de déchirant, derrière, et tu dois systématiquement pouvoir retrouver ce que tu as réellement voulu dire, le "message", en veillant à  ce qu'il ne soit ni trop explicite, ni trop niais/moralisateur (hum hum). quand une femme se demande si les hommes sont des salauds ou pas, je ris doucement - et le fait qu'elle ait été violée n'arrange rien (lourdeur/lieux communs: 70% minimum)

une lourdeur récurrente, dans l'humour, les comparaisons utilisées, etc... la lourdeur guette TOUT écrivant, et c'est le plus gros fléau de l'écriture à  mes yeux. DN est lourd. mes textes sont lourds. bon sang, Phénix Noir est sacrément lourd, parfois (mais il prend garde à  cela...). il faut relire ses phrases en se demandant ce qu'en penserait un cynique (mon Ank, for example). ça permet de ne pas se lancer dans un trip que le lecteur ne suivra pas (hum hum).

J'arrête là  pour deux raisons: soit tu ne prêteras pas attention à  ce post, auquel cas perdre de mon temps est inutile; soit tu le liras, et en dire plus d'un coup serait ressenti comme malveillant (d'autant plus que je ne donne pas d'exemples, alors que tout ce que je dis provient d'exemples que je n'ai pas le temps de retrouver - mauvaise foi? nate, quiconque a lu le texte de Magnum attentivement sait que ce n'est pas le cas). Je ne veux ni aider, ni enfoncer. Je constate.

_________________
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Au Menu ce soir
- L'échelle de Jacob, précurseur de Silent Hill;
- la série animée Monster: chef d'oeuvre;
- OST Drakengard II, musique de jeu video;
- Ico et Shadow of the Colossus (et sa BO, par le compositeur de Haibane Renmei), jeux uniques.


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MessagePublié: 05 Avr 2005, 12:14 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
Message(s) : 651
Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Tu constates et, crois-le ou non, j'ai lu.
Quoi qu'on en dise, je tiens bien compte de toutes les critiques présentés à  travers les quelques forums où je dépose ma prose insignifiante en attendant fébrilement un commentaire de tel ou tel personne. Je prends en considération toute critique, bonne ou mauvaise, et j'essaye de faire mieux la fois d'après.
Je crains admettre ne pas y arriver, forcément...


6. Poursuites.
Sylvain Detroit répondit pour la vingt-troisième fois au moins que la visite était bientôt terminée, et qu?il allait emmener les trois nouveaux venus dans la cellule pour récupérer le détenu tant désiré.
« Mais vous savez, répéta-t-il, nous avons si peu l?occasion de voir des gens haut placé dans nos locaux, et nous sommes si fiers de pouvoir vous?
-?présenter notre personnel compétent et respectueux, termina la jeune blonde en levant les yeux au ciel. Oui, nous savons tout ceci. Ça fait au moins dix fois que vous nous le serinez sans arrêt. »
Vingt-trois, ma jolie, vingt-trois.
Il était clair que les agents n?allaient maintenant pas attendre plus longtemps, quitte à  enfreindre une bonne fois pour toute la politesse et se diriger directement vers les geôles que le plus vieux des trois avait repérées dès leur arrivée.
« Pourrions-nous en arriver au fait, monsieur Troit ?
-C?est troit, Sylvain Détroit. Vous avez dû croire que ?Dé? était l?initiale de mon prénom, n?est-ce pas ? » Il s?esclaffa, se rendant bien compte que son rire n?avait rien de naturel, et que les trois invités ne semblaient pas apprécier non plus. Il termina sur une note de fausse toux peu convaincante et peu convaincue et tourna les talons.
« Où allez-vous ? demanda la jolie blonde.
-Je reviens de suite, un petit coup de téléphone ! lança-t-il.
-S?il n?est pas revenu dans cinq minutes, on se passera de lui pour aller vers les cellules de garde-à -vue, marmonna le vieux. Elles sont par là . »
Sylvain slaloma adroitement entre les bureaux remplis de feuilles, de stylos en équilibres et parfois de reliefs d?un ancien repas de la veille. Il songea brièvement à  la similitude entre ce mode de déplacement actuel et celui de son ancien métier, journaliste, qui demandait une souplesse et une agilité de même envergure.
Il arriva devant la porte du bureau de Thourn, frappa et entra sans attendre de réponse. Pas de temps à  perdre, et que ce vieux fou aille se faire pendre, songea-t-il en pénétrant dans la pièce qu?il avait quitté moins d?une heure plus tôt. Le commissaire le regarda, une seconde stupéfait, puis raccrocha le combiné qu?il tenait.
« Eh bien, s?exclama-t-il, ils ont fait vite, en tout cas. »
Sylvain hésita à  demander au commissaire ce qu?il avait voulu dire, et le temps de son incertitude laissa à  Serge le loisir de poursuivre :
« Sylvain. Prends-moi ce gars là  et va le filer à  tes amis haut placé, tu veux ?
-Je venais justement pour ça. Ils s?impatientent.
-Je m?en balance, crois-moi, dit Serge avec un sourire franc. J?ai eu ce que je voulais, et maintenant, ils peuvent en faire de la bouillie ou l?enfermer à  vie, je m?en contrefous. »
Sylvain attrapa Larbaud par les menottes et le leva pour le conduire au dehors. Il adressa un bref signe de la main aux trois agents qui attendaient patiemment à  l?endroit où il leur avait dit de patienter, et s?approcha d?eux, tirant sur les poignets du prisonnier. Il résista puis finalement demanda :
« Qu?est-ce qu?il voulait savoir, le commissaire ?
-Vous n?allez pas vous y mettre aussi, vous ? » s'alarma Larbaud en rentrant la tête dans les épaules. Détroit ne répondit pas. « Il avait besoin d?un détail.
-Quel détail ? »
Larbaud ne répondit pas. Ils s?étaient rapprochés d?eux et les trois agents pouvaient l?entendre. Il se referma sur lui-même et baissa les yeux. Sylvain le regarda un moment, puis soutint le regard sévère de ses invités. Puis il leur tendit le prisonnier.
« Enfin, coassa la blonde. Pas trop tôt.
-Allons-y. »
Le vieux ouvrit la marche et sortit le premier du commissariat, suivit de la jeune femme, puis Larbaud poussé par l?homme qui fermait la marche. Sylvain scruta quelques seconde la porte battante qui menait à  l?extérieur, puis souffla longuement.
Rude journée?

De nouveau seul dans son bureau, Serge tournait et retournait la situation dans son esprit. Larbaud n?avait pas menti, il en était persuadé. Intimement persuadé. Les quatre gosses étaient donc arrivé après Larbaud, comme s?ils savaient où il se trouvait, qui il était et ce qu?il risquait de leur faire.
Ils ont débarqués de je ne sais où, et ils m?ont embrouillés la tête.
Ces gamins devaient savoir ce que faisait Larbaud. Sinon pourquoi l?avoir nargué dans un entrepôt désaffecté ? Pourquoi agresser un inconnu en pleine nuit et lui emmêler les pinceaux ? En considérant le fait qu?ils ne savaient pas que Larbaud était un tueur en série, alors pourquoi ? Ces mômes n?avaient pas l?air de chercheurs de noises, pourtant?
Des suicidaires ?
Ils parlaient de mourir, de voyage, et ça m?a énervé?
La thèse des suicidaires plaisait à  Thourn, mais quelque chose clochait alors. Ils avaient prit la peine de chercher la cachette d?un tueur en série et ils l?avaient énervé juste dans le but de mettre fin à  leur jour ? Pour quelle raison, à  nouveau ? Pourquoi ne pas avoir simplement branché un tuyau du pot d?échappement dans leur voiture et ouvert les gazes ? Pourquoi ne pas s?être noyés dans le port non loin ?
Tant que questions?
J?ai pris peur, et je les ai tués.
Larbaud a prit peur. L?idée faisait frissonner Serge. Comment un meurtrier pouvait-il avoir eu peur de quatre adolescents ? Encore une question. Le commissaire Thourn se frotta les tempes, yeux clos. Il ne comprenait pas. Un élément lui manquait. Un énorme, un immense élément. Quelque chose de tellement grand et tellement évident que sa vision passait inaperçue. Il grinça inconsciemment des dents.
Ils ont débarqués de je ne sais où, et ils m?ont embrouillés la tête.
Ils parlaient de mourir, de voyage, et ça m?a énervé?
J?ai pris peur, et je les ai tués.
Cherchez là  où se cachait le démon. Autrefois.

Serge ouvrit les yeux. Brusquement. Violemment.
Cette dernière phrase n?avait pas été dite par Larbaud. Il n?arrivait plus à  se souvenir de son origine, juste du fait qu?elle était grave, coulante et doucereuse comme le miel mais dangereuse. Elle venait de?
« Mon rêve ! »
Il se rappelait ? vaguement ? que cette phrase venait de là . Qu?avait dit d?autre la Voix qui venait de nulle part et partout ? Il maudit sa mémoire défaillante.
« De qui parlait-Elle, cette Voix ? réfléchit-il à  voix haute. Je ne me rappelle plus? Elle parlait de vengeance, je crois, et qu?il était encore vivant. Mais de qui parlait-Elle ? »
Une vilaine migraine lui scia le cerveau. Il grinça de nouveau des dents, les serrant à  s?en faire mal. Son visage était congestionné.
Enfin, pour parler franchement, il n?est plus vivant, actuellement.
« De qui? ?parlait-Elle? »
Il parcourt les royaumes des morts.
Serge Thourn ruisselait maintenant de sueur. La température autour de lui faisait s?élever des volutes de chaleur, comme un plat brûlant dehors, l?hiver. Sa transpiration dégouttait sur le bois de son bureau, où elle était rapidement absorbée. Soudain, il comprit. Il saisit à  qui faisait référence cette Voix.
Cherchez là  où se cachait le démon. Autrefois.
« Je dois retourner là  où il habitait. » déclara-t-il à  son bureau en se levant. Ou bien parlait-il encore à  la Voix dans son esprit. Sa migraine était toujours là , et il s?essuya le front avec un mouchoir, avant d?enfiler son immuable pardessus beige.
« Direction : Linas. »

*
* *

Une salle d?attente ordinaire.
L?homme qui s?y trouvait faisait partit des rares personnes qui ont été envoyés par erreur dans un autre Paradis alors que leur meurtrier n?était pas encore déclaré en tant que tueur en série. Il avait été abattu de seize balles en pleine poitrine par un illustre inconnu en mai de l?année précédente, et son assassin avait depuis récidivé quatre fois.
Albert Fish, celui qui l?avait accueilli lors de son transfert, lui avait expliqué que les criminels qui tuent plus de trois fois d?une façon relativement semblables étaient considérés comme tueur en série, et leurs victimes rapatriés dans cet au-delà -ci. L?homme, en plein repos dans un des multiples Paradis existants, avait donc été pêché lors d?une séance de golf, où il s?évertuait à  battre Charlemagne et Mao ? et où il gagnait ? par le représentant et délégué des tueurs en série : Ted Bundy.
Une fois le voyage entre les deux mondes effectués, les papiers et les formulaires remplis et signés, il avait été gentiment conduit jusqu?à  cette salle d?attente où il attendait depuis bientôt sept mois. Le temps avait cette particularité de s?écouler étrangement, une fois mort, et ce dans tout les au-delà  répertoriés. Selon son étant d?esprit, ce qu?on fiat, ce qu?on lit, ce qu?on regarde, le temps passe plus ou moins vite. Comme sur Terre, en fait. Seulement, sept mois d?attente restent sept mois d?attente, et les distractions comme lire une vingtième fois le même magazine ou faire des ombres chinoises sur les murs commencent à  perdre de leur intérêt.
Alors, tout du moins le pensait-il avant, un peu d?agitation et de distraction lui semblait la bienvenue. Il en était à  peu près à  ce stade de pensée lorsque Radamenthe ouvrit la porte à  la volée et se précipita dans la pièce, suivit de Hilde, le Ionisateur Fou et Gorgon_Roo qui fermait la marche ? et la porte par la même occasion. Le Ionisateur Fou saisit prestement une chaise à  coté de l?homme et la tendit à  Gorgon_Roo qui bloqua la porte avec. Maigre retardement, mais tout était bon à  prendre.
Hilde chercha des yeux une seconde porte.
« Merde, dit-elle, pas de seconde porte.
-Un cul-de-sac, grommela Radamenthe. Ah bravo, Gorgon, vraiment !
-Je te rappelle, pauvre abruti, que c?est toi qui menais la course !!
-C?est pas une raison !
-Arrêtez tout les deux !! »
L?homme, toujours assit, contempla Hilde qui venait de séparer une énième fois Radamenthe et Gorgon_Roo, prêts à  se sauter dessus. Elle commençait à  en souper de leurs querelles et la petite course à  pied l?avait mis de mauvaise humeur. Elle détestait courir. Elle haïssait courir. Elle exécrait courir. Elle abhorrait courir.
« J?aime pas courir? » murmura-t-elle pour elle-même, tandis que le Ionisateur Fou tripatouillait consciencieusement sa calculette dans son coin.
« Bon, qu?est-ce qu?on fait ? cracha Radamenthe. On attend patiemment ici que le gros boucher et le cuisinier au nom imprononçable débarquent pour nous rôtir ? »
Hilde, infaillible source de connaissances sur l?univers des tueurs en série, leur avait vaguement tiré le portrait des deux personnages qui les pourchassait. Georges Karl Grossman avait été boucher pendant sa vie, et s?amusait à  découper des êtres humains ? des prostituées surtout - afin d?en faire de délicieux pâtés qu?il vendait dans son échoppe en Allemagne. Dzhurmongaliev Nicolaï, d?origine kirghizstane, un république sortie tout droit de l?ex-URSS, a à  son actif au moins quarante-sept meurtres de femmes qu?il cuisinait pour ses voisins lorsqu?ils manquaient de nourriture. Un sacré cuisinier qui a réussit à  maquiller ses plats pour que personne ne se doute de la nature de la viande.
Étrangement, les explications culinaires de Hilde durant leur course effrénée n?avaient rassuré personne.
« Ce qui est sûr, c?est qu?on ne peux pas rester ici, ajouta Radamenthe. Ne pourrait-on pas rentrer, maintenant ? Après tout, on a eu l?information qu?on cherchait, non ? Séphy-Roshou s?est manifestement fait tué par un tueur en série, et elle a atterrit ici.
-Seulement, expliqua patiemment Gorgon_Roo, je te rappelle que le dossier a été classé ?sans suite? à  cause de sa disparition intempestive.
-Et n?oublions pas que son corps était vierge de tout sévices. » Gorgon_Roo et Radamenthe regardèrent Hilde. Elle poursuivit : « Si elle avait vraiment été tuée par un maniaque, on aurait retrouvé des traces de lutte, de coups, du sang? Là , elle a été retrouvée comme endormie, sur son lit, en parfait état. »
Le silence accueillit cette réplique, ponctuée de cliquetis de la calculette du Ionisateur Fou qui continuait à  bricoler son engin de mort, ainsi que la victime inconnue qui feuilletait toujours son magazine, jetant de temps à  autre des coups d??il inquiets aux quatre intrus. Gorgon_Roo, en gardant la porte bien en vue et restant sur ses gardes, étudia la situation sous le nouvel angle découvert par Hilde.
« Tu veux dire qu?elle n?est peut-être que? ??passée? par ce monde ?
-Je veux dire qu?à  part une petite trace d?elle, on a vraiment rien trouvé de significatif, rien qui prouve qu?elle soit encore ici, d?ailleurs.
-Et moi je veux dire que puisqu?elle n?est pas là , on devrait se barrer ! » brailla Radamenthe, dont le visage empourpré trahissait un semblant de panique.
« En laissant les copies se balader librement ? s?insurgea Gorgon_Roo.
- On n?a pas vraiment le choix.
-Si, Hilde, je suis d?avis de tous les laisser se faire éliminer par les maniaques qui rôdent par ici, au lieu d?aller les chercher tout ça pour les tuer nous-même ! »
Gorgon_Roo évita le regard courroucé de Radamenthe. Dans un sens, il avait raison. Et il aurait certainement emporté le suffrage si le Ionisateur Fou n?était pas intervenu à  ce moment là , délaissant un instant ses bidouillages électroniques.
« Je préférerais que nous allions les chercher, car après tout, chacun de ces duplicata sont des parties intégrantes de ma TI-89 customisée, contenant des données informatiques précises sur le fonctionnement de celle-ci.
-Et alors ? répondirent en ch?ur les trois autres Trauméniens.
-Et alors ça veut dire que j?ai perdu des données essentielles, et que ma calculatrice marchera beaucoup moins bien ! Elle risque d?exploser plus souvent ! Et je devrais donc moins m?en servir !
-Je ne vois pas où est le mal, sifflota Gorgon_Roo.
-En plus, ça veut aussi dire qu?ils peuvent se reproduire à  l?infinie et qu?une myriade de nous-même submergeront cet au-delà  et le réduiront à  un néant. Et ce vide risque d?entraver les autres réalités en les déformant, et les bouleversements des autres mondes endommageront ceux d?à  coté, et ainsi de suite. Les répercussions seront infinies et incontrôlables ! »
Il s?arrêta, presque gêné d?avoir autant parlé.
« Bon, d?accord, concéda Radamenthe en soupirant. On va aller les chercher tes disquettes sur pattes.
-J?ai deux copies juste au dessus de nous ! déclara le Ionisateur Fou en brandissant un doigt fédérateur en direction du plafond. Les trois autres Trauméniens levèrent la tête, ainsi que l?homme sensé attendre qui suivit la masse sans trop se poser de questions.
« Comment tu le sais ? demanda Gorgon.
-J?ai un peu bricoler le système d?autoguidage par navigation infra-sattelitaire pour?
-Ouais, tu as inventé un radar à  clone, c?est ça ? traduisit Radamenthe.
-C?est ça. »
Ils regardèrent à  nouveau le plafond.
« Quelqu?un a une idée ? »
Radamenthe leva un doigt, tout sourire, et les autres grimacèrent.

*
* *

Serge arriva sur Paris par la porte d?Orléans. Il ne se rappelait plus le chemin exact pour se diriger dans la ville où avait vécu celui qu?il avait à  la fois tant cherché, tant redouté et tant haïs. Les embouteillages du périphérique l?accueillirent les bras ouverts, sous les injures répétées du commissaire accompagnés de coups de klaxon révoltés.
Il avait habité la capitale, des années auparavant, bien avant toutes ces histoires. Toute cette histoire. Intimement, au plus profond de lui, Serge Thourn savait que cette affaire-ci était elle aussi liée aux deux gros dossiers dont il s?était occupé précédemment. Tandis qu?il faisait une queue de poisson à  un poids lourd ? les manies de la conduite parisienne se retrouvent rapidement, constata-t-il ? il rectifia mentalement sa pensée : Ce n?était pas lui qui s?occupait de ces affaires, mes ces affaires qui s?étaient occupés de lui.
Et à  nouveau, elles le rappelaient à  elles.
La Voix qu?il avait entendu dans son cauchemar lui avait dit de chercher là  où le démon s?était caché autrefois. Sans nul doute possible, il faisait référence à  la toute première des deux histoires qui avaient à  jamais marqué sa vie. Tout avait commencé à  l?époque par une boite de nuit qui avait explosée, mais tout avait également vite dégénéré. Il se souvenait des trois survivants, deux hommes et une fille.
« Une jolie poulette, même? » soupira-t-il en rêvassant. Une moto le doubla par la droite en évitant de peu une Peugeot qui déboîtait. Le rétroviseur de Serge se retourna complètement. Le commissaire sortit de son véhicule de fonction qu?il avait amené sans aucun accord préalable et redressa le rétroviseur en maugréant.
Les deux hommes avaient été examinés et étaient indemnes, alors que l?accident avait fait plus de deux cents morts à  l?époque. Mais ces trois là  n?avaient pas eu une seule égratignure. Le petit ami de la fille était arrogant et suspect, aux yeux de Thourn. Mais il s?était avéré que c?était le troisième homme qui était finalement le plus dangereux. Il se rappelait parfaitement de celui qu?il avait croisé maintes et maintes fois après cette histoire.
Assez costaud, habillé tout de noir, les cheveux longs, un grand manteau qui ressemblait de loin à  une cape de cuir noire, arborant prétentieusement un sourire satisfait sur sa figure ornée d?un bouc. Et ses yeux. Un regard qui donnait un aperçu du néant.
« Mais pas tout le temps, rectifia Thourn en bifurquant en direction d?Orly/Evry. Il n?avait pas toujours ces yeux affreux. Seulement lorsqu?il? »
Il buta sur les mots. S?énervait ? Le voulait ? Se battait ? Tous ces termes convenaient, dans un sens. Il entra sur l?autoroute en direction d?Evry et accéléra. Dans une vingtaine de minutes, il serait arrivé à  la préfecture de l?Essonne. Là -bas, il trouvera bien une indication sur la direction de Linas.
Où bien il se rappellera de l?endroit où habitait François.


*
* *

Dans un monde finalement pas si éloigné du notre, qui pourrait être accessible en crevant la fine pellicule séparant les univers, où un autre Soleil se levait, se couchait et brillait, où une Lune semblable à  la notre éclairait des paysages figés dans le temps, où les prairies étaient perpétuellement vertes, où les villages semblaient immuables, où les oiseaux ne chantaient pas parce qu?ils n?y étaient pas, où aucun animal ne vivaient, où des femmes régnaient en maîtresses absolues et dominatrices, où le simple mot ?homme? était banni de toute discussion?
?dans ce monde-ci, Youfie ouvrit péniblement les yeux.

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La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 05 Avr 2005, 12:49 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
Message(s) : 6475
Localisation : Paris, France.
Un chapitre moyen, mais intéressant par bien des points. Tout d'abord parce qu'il réduit le passage de "Flood attitude" entre Traumenien au strict minimum (je dirais même qu'il pourrait y en avoir moins encore, mais je crois que je demande la lune). Ensuite, l'histoire avance... un peu trop clairement, peut-être, ça manque d'hésitations.
Il se dégage une ambiance assez triste de ce chapitre. Enfin une atmosphère.



Sinon, impardonnable :
Mr. Magnum a écrit:
Serge arriva sur Paris par la porte d?Orléans.


Non. "Aller SUR Paris", c'est bon pour les discussions à  l'oral, et encore. C'est une expression campagnarde pourrie qui s'est répandue pour une raison qui m'échappe et une aberration totale. On en a déjà  parlé là .

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MessagePublié: 12 Avr 2005, 17:51 
Hors-ligne
Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
Message(s) : 651
Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Un peu en retard pour ce chapitre, honte sur moi. Les causes ? Une vie privée, un emploi du temps de ministre et des parents possessifs (vis-à -vis du pc) qui s?étaient ligués contre votre serviteur pour vous empêcher d?accéder à  ce chapitre? *soupir* Mais le voilà  ! Rendez-vous samedi !
Ah, et pour la faute du sur:à , je me réfère à  ce qui a été dit sur le topic que tu as cité, et j'attends d'avoir le résultat des débats. Pour ma par, j'emploie les deux à  l'oral et à  l'écrit... *hausse les épaules*



7. Constatations.
Lorsque Nicolaï Dzhurmongaliev ouvrit la porte donnant sur la salle d?attente, il n?y trouva qu?un homme assit qui patientait. En fait, lorsqu?il le regardait plus précisément, il s?aperçut qu?il regardait le plafond d?un air médusé. Nicolaï s?approcha de lui et, avec un fort accent soviétique, lui demanda s?il n?avait pas vu passer des personnes peu de temps auparavant.
L?homme ne remua pas.
« Monsieur ? Vous ne me comprenez pas ? Monsieur ? »
Toujours rien.
Le tueur en série fit tourner distraitement son immense couteau de cuisine taché de sang en jetant un regard circulaire sur la petite salle. Ils s?étaient séparés pour retrouver au plus vite les fauteurs de troubles, mais pour le moment il avait fait chou blanc. Il termina son observation et se tourna vers l?homme, qui restait toujours immobile.
Il soupira.
« Évidemment, vous n?en avez que faire, de mes problèmes. Après tout, vous êtes mort, n?est-ce pas ? »
Toujours aucune réaction.
Nicolaï tâtonna les murs à  la recherche d?interstices ou d?éventuels passages. Tout en sondant manuellement les parois, il râlait abondamment à  voix haute.
« On devrait pas avoir à  faire ça. J?ai toujours dit à  Jack d?employer une police, ou une milice au moins pour récupérer les récalcitrants. Mais non, môssieur veux qu?on fasse tout nous-même. Vous savez ce qu?il dit, exactement ? » Nicolaï s?arrêta, plus par habitude que pour une réelle attente de la réponse. « Il m?a dit ??Nous sommes des monstres sanguinaires assoiffés de punitions, de viols à  outrance et de cadavres en série??? Pfff? S?il savait ce que j?en ai à  faire, moi, de ces punitions, de ces viols et de tout le reste? »
Nicolaï s?assit à  coté de l?autre homme, qui fixait toujours le plafond d?un air abasourdi. Il fit tourner son long couteau entre ses doigts, tout en fixant le sol entre ses jambes écartées.
« Il n?a jamais voulu accorder une once de pouvoir aux autres. C?est tout pour moi, tout pour moi, tout pour moi. Si vous saviez comme c?est agaçant ! Il ne cherche pas non plus à  savoir si on est d?accord ou non ! Dès qu?un tueur en série meurt, il arrive ici et Jack vient lui-même l?enrôler. J?ai passé des stages et des stages pour devenir comme je suis là . Mais moi, je voulais être cuisinier? »
Dzhurmongaliev poussa de nouveau un long soupir attristé. Il posa son couteau près de lui, de l?autre coté que l?homme immobile.
« Encore heureux, dans un sens, il m?a mis aux fourneaux, ici. Mais quand on y songe, personne ne mange. Je ne fais que préparer des mets succulents pour faire envie aux victimes torturées par la gourmandise, ou bien pour les nouveaux qui ne sont pas encore habitués à  ne pas se nourrir. Sinon, tout le reste, je le jette. C?est pas un métier, je vous le dis ! »
Il se gratta le menton, puis reprit :
« Bon, c?est pas vraiment un métier, après tout, puisque je suis mort. Mais c?est plus une passion. Déjà  tout petit, vous savez, je faisais à  manger à  mes parents. J?ai fait des chiens, des chats, et même un oiseau que j?avais abattu avec mon lance-pierre ! » Il se mit à  rire nostalgiquement, songeant à  son passé. Il leva la tête et ferma les yeux. « Ah, c?était le bon vieux temps, tout ça. On ne tuait pas forcément par envie, ne croyez pas tout ce qu?on vous dit. Je regrette ma vie d?avant. Avant ma mort. Ha ha ! C?est drôle, n?est-ce pas ? »
Il ouvrit les yeux juste au moment où Georges Grossman ouvrait violemment la seule porte de la salle et hurlait :
« Dzhurmagl? Dzhumrglf? Argh ! Nicolaï ! Qu?est-ce que tu fais encore ici ? Tu vois bien qu?ils ne sont pas là  !! Berkowitz les a aperçu vers les dortoirs. Tu comptes rester ici toute l?éternité ou bien? »
Grossman s?arrêta de lui-même, examina Nicolaï, puis l?homme, qui regardaient tout les deux le plafond. Il leva les yeux également, et découvrit à  son tour l?énorme trou béant percé à  même le plafond/plancher du bâtiment.
« Montons ! » crièrent en ch?ur les deux tueurs.

*
* *

Serge rangea sa voiture près de la mairie de la petite ville du nom de Linas. Il l?avait facilement retrouvé par les plans, les voies rapides et autres recherches diverses. Peuplée de cinq milles habitants, à  une trentaine de kilomètres au sud de Paris, elle se situait exactement au croisement de deux nationales relativement importantes, ce qui rendit son accès d?autant plus facile pour le commissaire.
Il était arrivé en fin de matinée, et il repéra rapidement un bar/tabac pour y commander un maigre repas. Il n?avait pas faim. Son mal de tête était revenu durant le trajet entre la préfecture et ici, une vingtaine de minutes au total, et il n?avait qu?une seule envie : Se coucher une heure ou deux après avoir avalé un cachet d?aspirine.
Dans le bistro, les conversation battaient leur plein : Le gérant discutait avec un client, un autre jouait au flipper sous les yeux ébahis de deux jeunes adolescents, d?autres étaient attablés ou au comptoir et le dévisageait d?un air méfiant. Le commissaire renifla l?air empuanti de fumée de cigarette et se fit bousculer par une jeune femme pressée.
« S?cusez-moi, bredouilla-t-elle avant d?enchaîner : Un paquet de Marlboro rouge, s?il vous plaît. » La tenancière du stand où on vendait les cigarettes ? certainement la femme du gérant entraperçu ? lui jeta le paquet et annonça le prix avec une voix éraillée qui devait être une seconde langue dans les études de mégère. La jeune fille paya et s?en alla. Serge s?écarta pour la laisser sortir, et se dirigea vers le comptoir où il commanda une bière.
« Tenez, dit le barman en lui tendant une chope remplit presque à  ras bord.
-Merci. Dites-moi, je peux vous poser une question ? » Thourn se retenait. Il lui fallait rester poli le plus possible afin de s?attirer la sympathie des gens du cru. Et la politesse, Serge ne l?employait que devant sa mère et devant sa banquière.
Et encore.
« Connaissez-vous cet homme ? »
Question classique s?il en est. Le commissaire avait en horreur toutes ces réflexions clichées qu?on rencontre dans tous les polars bon marchés diffusés sur les ondes hertziennes. Il n?employait pour ainsi dire jamais ces phrases toutes faites, mais il faisait une nouvelle fois entorse à  ses règles. Comme pour la politesse.
Il exhiba au gérant une photo racornie, usée de tous les cotés par de multiples voyages, que ce soit en Amérique ou coincée dans une poche de pantalon dans une essoreuse. Elle avait vécu. La photographie était malgré tout datée tout au plus de quelques années, mais semblait en avoir quinze. Ou même vingt. Serge l?avait retrouvé dans ses dossiers personnels : Tout ce qu?il avait pu récupérer de ses anciennes affaires élucidées ou non.
L?homme représenté sur la photo était de profil. Le flou n?était pas artistique, mais dû aux complexes ajouts d?objectifs permettant d?agrandir les sujets pris en photo de loin. L?homme semblait parler à  quelqu?un, mais on ne voyait pas son interlocuteur. Ses cheveux longs voletaient derrière son crâne. Il devait avoir une vingtaine d?années tout au plus. Le gérant se pencha, prit délicatement la photo entre ses doigts et l?examina.
« Je suis un parent proche, mentit Thourn. Il a habité le coin il y a de ça quelques années, mais j?ai perdu toute trace de lui. Vous sauriez s?il serait revenu ici ? »
Le barman releva les yeux, sembla jauger le commissaire, puis revint à  la photo. Il l?étudia encore quelques secondes, puis lui rendit en secouant la tête d?un air désolé. Thourn rangea précieusement le cliché dans son portefeuille, dans une pochette qui lui était dorénavant réservée.
« Désolé, monsieur. Mais je ne peux pas vraiment vous aider. Il est possible que je l?ai déjà  croisé une fois ou deux, mais de là  à  vous affirmer qu?il habite toujours Linas?
-Et si je vous dit son nom ? François Petit.
-Hmmm.. réfléchit l?homme. Non, toujours rien.
-Merci tout de même. »
Serge régla la consommation et sortit. Le soleil brillait mais il faisait tout de même froid, en ce début d?après-midi. Il réajusta son imperméable et avisa un plan de la ville. Une fois devant, il chercha la rue Saint Merry, qu?il repéra facilement. Elle était à  trente secondes de la mairie, il y serait donc dans vingt. Heureusement pour lui, il avait conservé l?adresse de François Petit, alias bien des surnoms, dans les dossiers qu?il avait chez lui.
« Au moins, je suis à  peu près sûr que tu n?es pas dans la région, sinon ce bon vieux bistro t?aurait repéré. Je vais pouvoir fouiner tranquille? »
Il rentra dans sa voiture et fila vers la rue où les parents de François habitaient.

*
* *

Gorgon_Roo couru jusqu?à  la porte, qu?il trouva verrouillé. Il avait été séparé des autres peu de temps auparavant, et la panique l?avait rapidement submergé. Il avait erré pendant quelques minutes de salles vides en salles vides, et finalement ils lui étaient tombés dessus. Au détour d?un couloir. Une coïncidence toute bête, mais qui risquait de lui être fatale.
« Laisse tomber, tu n?es pas de taille !! » tonna une voix grave dans son dos. Gorgon_Roo se retourna et leur fit face, tremblant. Il sentit malgré lui les larmes couler de ses yeux. Ses jambes le lâchèrent et il s?écroula à  genoux sur le sol.
En face de lui, l?une des silhouettes leva un objet rectangulaire dans sa direction. Gorgon_Roo n?ignorait pas que c?était une arme, et il les supplia de l?épargner.
« Je vous promet de vous aider, de ne plus vous ennuyer ! Mais laissez-moi partir, laissez-moi vivre, s?il vous plaît? »
La fin de la phrase avait été noyée sous un déluge de larmes et de sanglots de peur. Ses poursuivants ne réagirent pas. Celui qui tenait l?arme rectangulaire effectua quelques réglages rapides. Un autre prit la parole :
« Est-ce que tu penses vraiment que j?aurais réagi comme ça ? Je me fais pitié, là , franchement?
-Tu ne te pensais pas aussi lâche, hein ? railla l?autre.
-C?est prêt ! » clama celui qui tenait l?objet fatal. Les autres s?écartèrent et le Ionisateur Fou appuya sur la touche ?résultat?. Un rai de lumière rouge déferla sur le Gorgon_Roo qui tremblait de toute part, puis il disparu en hurlant. La calculette crachota un petit nuage de fumée et ronronna de satisfaction.
« Elle fait pas de petit rototo ? demanda Radamenthe.
-Non non, elle montre juste qu?elle est contente en ronronnant. Parfois, elle imprime des petits c?urs aussi.
-Comme c?est meugnon? grogna Hilde, au bord de l?écoeurement. Bon, où se trouve le suivant ?
-Il nous en reste que trois à  avoir, les informa le Ionisateur Fou. Deux Radamenthe et un Moi. Le prochain est dans les escaliers, deux couloirs à  droite.
-Trauménions, attrapez-les tous ! » chantonna Radamenthe en sautillant vers la droite.
Gorgon_Roo, le véritable, regarda l?endroit où s?était trouvé précédemment sa dernière copie vivante, puis trottina à  la suite de ses compagnons. Il rattrapa le Ionisateur Fou, qui étudiait les données nouvellement récupérées sur le Gorgon_Roo fuyard et peureux.
« Il n?y en a plus, d?autres Gorgon, n?est-ce pas ? demanda le principal intéressé.
-Non, il n?y a plus que toi. Tu es redevenu unique.
-Tant mieux. Des infos intéressantes ?
-Pas grand-chose. Apparemment, cette copie de toi avait hérité de tous les gènes de la peur et des émotions fortes. Il n?était pas très courageux. Je crains qu?il n?ait rien trouvé d?autre que les toilettes et? » Il s?interrompit.
Gorgon_Roo et Hilde se rapprochèrent, tandis que le Ionisateur Fou tapait frénétiquement les touches de sa calculette. Il s?était arrêté de marcher. Radamenthe continuait de fredonner le générique de Pokémon en changeant les paroles et avançait sans se soucier des autres.
Hilde se pencha sur la calculette. Ce qu?elle y vit n?est pas explicable facilement : Une succession à  plusieurs niveaux de pensées, modulables en une infinité de transcription possibles, de nombres binaires défilant sans arrêt à  une vitesse faramineuse, vous imaginez ce que ça pourrait donner ? Et bien l?écran de la TI-89 du Ionisateur Fou, c?était pire. Et le plus impressionnant, c?était que?
« LIF, que? Tu arrives à ? à  comprendre tout ça ? bégaya Hilde, sincèrement étonnée.
-Bien sûr ! Il suffit de s?entraîner un peu, voilà  tout. » Le Ionisateur Fou n?expliqua pas plus sa façon de procéder, et Hilde lui en fut reconnaissante. Ils n?avaient pas le temps, et elle n?avait pas non plus l?envie, d?écouter de longues explications que lui seul aurait finalement compris. Gorgon_Roo s?avança.
« Alors, y a quelque chose d?intéressant ?
-D?après les souvenirs récupérés sur le Gorgon_Roo peureux, ce duplicata aurait entendu une conversation importante entre deux Radamenthe, peu de temps avant. On a de la chance, ses souvenirs n?ont pas été altérés par la démolécularisation de ses neurones synthétiques lors du passage dans ma calto. »
Le Ionisateur Fou sourit.
Gorgon_Roo et Hilde attendirent, puis secouèrent le Trauménien qui restait avec son sourire béat. Le Ionisateur Fou sembla se réveiller, et s?excusa.
« Désolé, j?étais fier d?avoir réussi à  mettre au point un tel système, et?
-Bon, on peut l?avoir, cette conversation ? s?impatiente Gorgon_Roo.
-Aucun problème, répondit le Ionisateur Fou. On peut même l?écouter, avec mes modulateurs audio intégrés. » Le Ionisateur sortit quelques outils, tritura quelques secondes sa bécane, puis se releva. Au bout de quelques secondes, quelques paroles s?élevèrent?

?Shhhhhhshshshsssshsshhshhhshs?
«?et tu penses vraiment qu?elle est passée par cet au-delà  ?
« C?est bien ce qui est marqué ici, non ?
« Oui, bien sûr. Mais comment faire confiance à  ce ramassis de tueurs en série aliénés ?
« On a pas vraiment le choix. Ce sont leurs rapports, mais comme ils consignent tout ici comme si c?était des actes divins, on ne peut qu?avoir confiance en ces écrits.
« Tout de même? C?est noté qu?elle aurait disparue en s?évaporant.
« Écoute. J?ai entendu un tueur en série, tout à  l?heure, qui?
« Tu as approché un de ces dingues ?
« Oui, mais j?étais caché. Il ne m?a pas vu. Je crois que c?était Fish, mais je ne suis sûr de rien. Il était à  l?endroit même où tu te tiens, là .
« Hmmm?
« Et il a récupéré des papiers qui traînaient sur une table, puis il les as consulté rapidement. Puis il a marmonné qu?il savait bien qu?elle allait leur créer des problèmes, cette fille venue d?on ne sait où.
« Il a consulté ces papiers là  ? Ceux que tu viens de me montrer ?
« Oui, ceux-ci. Les rapports concernant Séphy-Roshou.
« Ensuite ?
« Ensuite, il a encore grommelé des trucs, mais je n?ai pas tout saisit. Il parlait d?en référer à  un certain Jack ? certainement le même dont on a entendu parlé lors de notre arrivée ici ? et il a dit qu?ils auraient mieux fait de la maintenir prisonnière au lieu de la laisser partir.
« Ils l?ont laissé partir ? Mais je croyais qu?elle s?était évaporée ?
« Justement non. Ça, c?est ce qui est marqué. Mais apparemment, ils l?ont laissé partir.
« Intéressant. Il va falloir leur dire aux autres, ou bien?
« Surtout pas ! On va juste prévenir le boss et se la coule douce. Ensuite, s?il veux, il nous laissera s?occuper de? Ah ! Gorgon ! Tu étais là  ! Il ne te? »
?Shhhhhsshhhhssssshhhsshshhhshhshhs?


Les grésillements se stoppèrent lorsque le Ionisateur Fou coupa le son.
Gorgon_Roo se releva, plus perplexe qu?autre chose. Tout s?embrouillait, tout était confus, rien ne se passait comme il l?avait imaginé. Qui est Jack ? Qui est ce boss dont parlait les Radamenthe ? Que s?est-il finalement passé avec Séphy-Roshou, ici ? Aucune réponse ne lui sautait aux yeux. Il regarda Hilde qui arborait la même expression stupéfaite sur son visage. Elle ne comprenait manifestement pas non plus.
Le Ionisateur Fou rangea discrètement sa calculette dans sa poche et n?osa pas reprendre la parole. Hilde était tendue, Gorgon_Roo était tendu, Radamenthe aussi, bien qu?il continue à  faire le pitre un peu plus loin, inconscient de cette ultime révélation. Et pour finir, les informations qu?ils avaient trouvés dans les archives ne servaient finalement à  rien. Ils n?avaient pour ainsi dire pas avancer d?un iota. Et pour couronner le tout, ils étaient maintenant poursuivis par des meurtriers cinglés et sanguinaires.
« Que fait-on, alors, Gorgon ? » demanda le Ionisateur Fou.
Gorgon_Roo dévisagea son compagnon, incrédule. Hilde aussi le regardait. Ils l?avaient nommés chef de ce groupe, en quelque sorte, bien qu?il songeait ? et à  juste titre ? que ni Hilde ni Radamenthe n?auraient jamais réellement voulu de lui en tant que supérieur. Seulement, dans un cas de figure où toutes les issues sont bloquées, on préfère toujours se rendre à  l?opinion d?un autre. Et ici, cet autre était Gorgon_Roo.
« On va continuer, annonça-t-il aux deux Trauméniens qui écarquillèrent les yeux.
-Continuer ? répéta Hilde d?une voix suraiguë.
-Continuer, affirma Gorgon_Roo calmement.
-On va chercher les derniers doubles, c?est ça ? interrogea le Ionisateur Fou.
-Et une fois qu?on aurait toutes les données en mains, on rentrera. J?aurais aimé qu?on approfondisse un peu au sujet de Séphy-Roshou, mais je doute que les divers tueurs en séries qui peuplent le coin soient d?accord. »
Hilde et le Ionisateur Fou acquiescèrent. Ce dernier consulta sa calculette et les informa de la position du Radamenthe le plus proche. Et c?est à  ce moment précis, lorsque Gorgon_Roo terminait de dire « En avant ! » que la porte derrière eux s?ouvrit sur Nicolaï Dzhurmongaliev, Georges Karl Grossman et David Berkowitz.
Ils sourirent.

*
* *

Radamenthe s?assura de la distance entre lui et ses compagnons de forum. Il risqua un oeil par delà  le coin du couloir et vit qu?ils s?étaient arrêtés et regardaient tous la dangereuse calculette du Ionisateur Fou.
« Bien. Très bien. Excellent, même. » admit Radamenthe en cessant ces imbécillités pour s?agenouiller à  même le sol. Il ferma les yeux. Les sonorités qui l?entouraient s?effacèrent peu à  peu, pour envoyer son esprit dans un silence bénéfique à  la concentration. Les yeux toujours clos, il contacta rapidement son interlocuteur.
Ah, Radinet ! Tu tombes bien, j?allais justement allez Le voir?
Fous-moi la paix, FireFly, je suis encore là -bas.
Moi aussi, je suis encore là -bas, sauf que c?est un autre là -bas, et j?ai de la charmante compagnie, au moins.
Il est là  ?
Tu sais bien qu?Il est toujours là . Où que tu sois? Où que nous soyons tous, en fait.
Dis-lui de ma part que mon groupe est tombé sur les rapports disant qu?elle est passé par le monde des tueurs en série.
Mwahaha ! Si tu crois que ça va L?intéresser ! Il a trafiqué ses rapports pour masquer la vérité, et ce que tes amis ont lu, ce n?est rien d?autre qu?une vérité destinée à  les envoyer encore plus loin d?elle.
Ce ne sont pas mes amis, monsieur la Mouche de Feu. Espérons simplement que Fish tiendra sa langue. Je vais tenter de les faire revenir sur Terre.
Quant à  moi, je vais poursuivre l?exploration enivrante de cette charmante demoiselle, si jamais Il me le permet? Bye !

Radamenthe ouvrit les yeux. Il avait en horreur ces conversations astrales, et qu?elles proviennent de Sa magie noire n?arrangeait rien. Il se massa le front et eut juste le temps de tourner au coin pour voir les trois Trauméniens décomposés face aux tueurs en séries qui venaient de pénétrer dans le couloir.
« Pourquoi faut-il toujours qu?ils se mettent dans de telles situations ? »

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MessagePublié: 18 Avr 2005, 16:45 
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8. Discussions improvisées !
DragonNoir se frotta les yeux. Il s?était à  nouveau mis à  somnoler devant son écran. Il prenait trop peu de repos, tout le monde lui disait. À commencer par sa mère, qui ne cessait de lui seriner moult recommandations qu?il renvoyait vaillamment et sans ? trop ? en tenir compte. Il regarda l?horloge de son ordinateur.
13h22.
Il s?étira et comprit subitement ce qui l?avait tiré de sa sieste accidentelle : Son portable vibrait sur le bureau, près de lui. Il l?attrapa et décrocha d?un geste ample et exagéré, tel un surhomme sauvant une jeune femme des griffes d?un démon tentaculaire animé d?intentions hostiles et répréhensibles.
« Allô ?
-DN ? C?est Draco.
-Ah, Draco ! s?exclama DragonNoir en se laissant tomber sur sa chaise. Quoi de neuf ? Comment vas-tu ?
-Mal.
-Mais tu sais qu?il va rentrer parmi nous, ton frère. Youfie est partie les rejoindre, pour leur expliquer le moyen de revenir. D?ailleurs, quand j?y pense, nous n?avons toujours pas de nouvelles, alors qu?elle est partie avant hier.
-Ce n?est pas de ça dont je parle ! rétorqua Draco avec une pointe d?impatience. Le problème le plus urgent, là , il se trouve attablé avec mes parents au rez-de-chaussée de chez moi, vois-tu ? »
DragonNoir analysa, reformula plusieurs fois la phrase dans sa tête et finit par s?avouer vaincu. Il ne comprenait pas de quoi parlait Draco.
« Un policier est là . Un commissaire, plutôt, précisa Draco. Et il pose des questions sur Mr.Magnum. »

*
* *

On peut dire sans se tromper que les quatre fuyards eurent de la chance durant leur course effrénée pour se tenir éloignés des trois tueurs en série qui avaient mis une option capitale sur leurs têtes : En route, au détour des salles ou des couloirs, ils avaient réussis à  retrouver les deux Radamenthe qui leur manquaient. Surpris, les deux copies avaient fait un bout de chemins avec eux avant de réintégrer la calculette du Ionisateur sans trop de contraintes.
« Entre ces trois-là  et la sécurité toute relative de ta calto, je préfère encore la calto? » avait même déclaré un des deux duplicata avant de disparaître. Tout en courant à  toute allure, le Ionisateur Fou avait consulté de nouveau sa base de données mais n?avait rien déniché d?autre que la précédente conversation déjà  entendue grâce à  un Gorgon_Roo curieux.
« On ne va pas pouvoir tenir la distance toute une éternité ! » souffla Radamenthe. Il les avait rapidement rejoint dans leur fuite en avant lorsqu?il avait aperçu les trois mastodontes armés qui les poursuivaient. « LIF ! Je ne peux pas aller dans ta calto aussi ?
-Je crains que la dématérialisation de ton enveloppe corporelle en molécules subliminaires de données risque d?endommager l?intégralité de tes cycles binaires de ton esprit et ainsi transformer les ions et électrons qui te composent en diverses restructurations plus ou moins alléchantes. Tu veux tenter le coup ?
-Euh? Merci. Finalement, plus trop.
-Où se trouve ton dernier double ? demanda Hilde qui survolait le groupe sans peine grâce à  ses ailes, et qui du coup était la seule à  ne pas être essoufflée.
-Il devrait y avoir une salle sur la droite, là . Il est au dessus. »
Les Trauméniens accélérèrent le pas, augmentant la distance entre eux et les tueurs en série. Ils s?engouffrèrent rapidement dans la pièce indiquée par le Ionisateur Fou et refermèrent la porte derrière eux. Ils entendirent leurs assaillants passer en courant devant la porte sans s?arrêter, puis s?autorisèrent à  soupirer longuement.
Leur repos fut de courte durée, car une voix caverneuse et terrifiante résonna derrière eux, leur glaçant le sang.
« Allons donc. Qui m?envoient-ils, cette fois-ci ? »

*
* *

David Berkowitz, tueur en série américain ayant prit pour surnom ?Son of Sam? et ayant revendiqué plus d?une quinzaine de meurtres ou tentatives de meurtres sans raison, s?arrêta brusquement, laissant le soin aux deux autres de le dépasser. Ils finirent par se retourner et Grossman lui demanda ce qu?il attendait.
« Est-ce qu?on ferait pas mieux d?avertir Jack ?
-L?avertir de quoi ? s?étonna Dzhurmongaliev. Si on les récupère, il n?y aura rien à  dire à  personne, parce qu?il ne se sera rien passé.
-Mais là , continua David Berkowitz, ils nous sèment. »
Silence gêné.
« Et ce n?est pas en restant là  qu?on va les rattraper ! grogna le boucher Allemand. Alors bouge-toi un peu le cul et? » Il s?arrêta. David se retourna et découvrit Albert Fish, vieil homme dégingandé, arrivé là  sans un bruit. Le secrétaire râleur et perpétuellement fatigué se tenait face à  lui, et fixait tour à  tour les trois tueurs en série d?un air fâché.
« Qu?est-ce que vous faites ensemble, vous trois ?
-Nous avons trouvé les fugitifs, s?empressa d?avouer Nicolaï Dzhurmongaliev en faisant un pas en avant. Et nous les poursuivons.
-Ensemble ? insista légèrement Fish, une lueur mauvaise dans l??il.
-Et bien? bredouilla le tueur d?origine Kirghizistane.
-Séparez-vous et trouvez-les ! cracha Albert Fish. Si jamais il s?en aperçoit, je pense que vous aurez certainement droit à  un séjour dans les Limbes. »
David Berkowitz tressaillit.
« Non, pas les Limbes ! hurla-t-il en attrapant le col d?Albert. Je suis sûr que le chien est là -bas ! Harvey est là -bas, le chien démon, il? il? »
Fish l?envoya au sol en un mouvement ample du bras, un mouvement étonnant pour son âge, et le toisa méchamment.
« Alors rattrapez-moi ces quatre là  et ramenez-les moi rapidement. »
Les trois meurtriers, devenus penauds, se précipitèrent dans le couloir et se séparèrent comme Fish leur avait dit de faire. Resté seul, le vieil homme se détendit et son dos s?arrondit sensiblement. Il se remit en route vers le bureau de l?intendant général Jack afin de le distraire.
« Si jamais Jack se rends compte que ces quatre gamins cherche la fille, il serait capable de leur dire ce qu?ils veulent savoir. Et ça, Il ne le veut pas. »
Albert Fish frissonna.
Même l?énonciation mentale du pronom Le représentant le mettait mal à  l?aise.

*
* *

Serge prit le verre d?eau avec une gratitude toute feinte et en avala la moitié sans respirer. Il reposa le gobelet sur la longue table en bois qui trônait au centre de la salle à  manger, et soupira de satisfaction. Mais pas trop ostensiblement non plus, juste assez pour leur montrer à  quel point il leur était redevable de ce simple petit geste liquide.
« Merci, dit-il. Merci beaucoup.
-Mais ce n?est rien, répondit la femme en face de lui. Vous voulez autre chose ? Un café ? Des gâteaux secs ?
-Non merci, ça ira. C?est parfait. » répondit poliment le commissaire en examinant la pièce où ils se trouvaient. La salle était claire et fraîche, alors que le soleil de début d?après-midi commençait à  chauffer les murs, les voitures et même certains esprits. La maison avait des fondations anciennes, et les murs étaient épais et gardaient la chaleur en hiver et la fraîcheur en été. Mais la décoration intérieure était récente et apaisante.
Beaucoup de plantes vertes qui, en ce début de printemps, démarraient leur nouveau cycle d?éveil, également beaucoup de meubles antiques qui se mariaient efficacement avec les tons modernes de l?habitation. Une harmonie de couleur due à  la femme qui se trouvait devant lui, la mère de sa proie depuis des années.
« Voilà , j?ai retrouvé les papiers que vous m?avez demandé ! dit le père en entrant dans la salle à  manger avec un dossier noir.
-Merci, et désolé de vous déranger, à  nouveau, s?excusa Thourn.
-Vous savez, nous avons peu l?habitude qu?un ami de notre fils vienne nous voir ici, annonça la mère avec tristesse. Surtout depuis que nous avons récupéré la maison, après son long voyage aux Etats-Unis. »
Serge ne fait pas un mouvement qui trahirait son émotion. Il avait toujours été doué pour cacher aux autres, surtout les victimes de ses interrogatoires, ce qu?il ressentait, ce qu?il pensait. C?était son boulot, après tout. Mais d?entendre par une tierce personne parler de ce voyage aux Etats-Unis le bouleversait plus qu?il ne l?aurait souhaité.
« Est-il de nouveau en voyage ?
-Oui, répondit-elle en s?asseyant. Il y a quelques mois, mais cette fois-ci il n?a pas précisé où, contrairement à  la dernière fois. »
Il parcourt les royaumes des morts.
Le commissaire consulta succinctement le dossier que le père avait rapporté. Il leur avait réclamé des renseignements sur l?endroit où il pouvait se trouver, et le mari avait rapidement été rechercher ces documents. Il s?agissait de cartes et d?autres feuilles concernant son voyage an Amérique. Rien d?intéressant, en somme, pour Thourn.
« Vous pensez qu?il serait retourné là -bas ? demanda l?homme en réajustant ses lunettes.
-Je n?en ai pas la moindre idée, dit Serge avec franchise. Peut-être bien. Ou bien est-il partit en vacances prolongées ? » Il s?arrêta, semblant réfléchir, puis en vint à  ce pourquoi il était venu vraiment : « Avait-il des amis, madame Petit ? »

DragonNoir monta le volume de son portable afin de mieux entendre Draco. Ce dernier épiait la conversation de Thourn du haut de l?escalier, invisible à  leurs yeux, et retransmettait le tout à  DragonNoir en chuchotant.
« Essaye de parler, là  ?
-Un deux un deux, murmura Draco. Alors ?
-Je t?entends fort mieux que tout à  l?heure, l?informa DragonNoir.
-Le commissaire vient de leur demander s?il avait des amis. Tu crois qu?il pense à  quelqu?un en particulier ?
-Si jamais il pense à  nous tous, il va falloir se tenir sur nos gardes, dit DragonNoir. Cette opération de sauvetage est déjà  suffisamment risquée sans qu?on y mêle la police ! Au fait, comment savais-tu qu?il était policier ? Commissaire ?
-Il l?a annoncé tout de go, en entrant, susurra Draco. Il s?est présenté en tant que commissaire Thourn, ami de longue date de François. Mais si je pense que la première partie est vrai, en revanche, la seconde me paraît assez peu plausible.
-À moi aussi.
-Mes parents viennent de répondre qu?il fréquentait encore ses amis du collège et du lycée. Il faudrait qu?ils ne parlent pas de Traumen.
-Croisons les doigts. » Il y eut un silence, puis la voix de Draco grésilla dans l?appareil :
« Oh non? »

« Ces derniers temps, il a beaucoup rencontrés des membres des forums auxquels il participe sur Internet, dit la mère.
-Il est allé sur Paris plusieurs fois, même, ajouta le père.
-Quels forums ? demanda Thourn, soudainement intéressé. Ou même, si vous les connaissez, les noms de ces personnes ? »
Les deux parents haussèrent les épaules en c?ur. Serge, qui avait délaissé le dossier et avait sortit son crayon et un calepin, patienta quelques secondes avant de demandé s?il pouvait accéder à  l?ordinateur de François.

En haut de l?escalier, Draco hoqueta.

« Et bien, c?est-à -dire que je ne pense pas qu?il apprécierait, voyez-vous. Il a une sainte horreur qu?on dérange ou qu?on touche à  ses affaires en son absence. » La mère commençait à  se méfier, et Thourn le remarqua avant même qu?elle poursuive : « De plus? Où avez-vous dit que vous avez rencontré mon fils ?
-Sur les forums, justement. » répondit Serge évasivement.

« On dirait bien que ma mère commence à  suspecter quelque chose de louche?
-Tant mieux, soupira DragonNoir. Si elle peut mettre fin à  ses investigations, et qu?il en reste là , alors nous lui devrons une fière chandelle. »

Ça commence à  déraper, songea Serge Thourn en remuant nerveusement sur sa chaise. Le regard de la mère de François en disait long sur son incrédulité grandissante face à  ses propos. Il ne faudrait plus beaucoup de temps avant qu?elle ne lui demande ce qu?il vient faire vraiment. Il lui fallait trouver un moyen de s?en sortir.
Et vite.
Ce fut le père qui sauva Serge Thourn de l?inquisition justifiée de la femme en face de lui, juste en prenant la parole :
« Et si vous demandiez à  mon second fils ? Il s?y connaît autant que lui, et il pourra certainement vous aider. Il est à  l?étage.
-Très bonne idée? » dit Serge en se levant, un sourire rassuré sur les lèvres.

*
* *

Hilde, Radamenthe, Le Ionisateur Fou et Gorgon_Roo fixaient la porte devant eux sans oser se retourner. De ce coté-ci, le bois semblait beaucoup plus vieux et? De ce coté-ci, la porte est en bois ! nota mentalement Hilde. De l?autre coté, du couloir, elle était en contreplaqué? Elle déplaça son regard sur les murs, après être passée par de grands gonds en fer rouillés, et elle s?aperçut que le placoplâtre des parois avaient laissé place à  d?immenses pierres rectangulaires posées les unes sur les autres. Comme dans un?
« Château fort. » murmura-t-elle pour elle-même.
Gorgon_Roo s?autorisa un léger coup d??il vers Hilde, qui avait toujours les yeux fixés sur le mur en face d?elle. Il déglutit péniblement, de peur de faire trop de bruit. La voix qui les avait surprit n?avait pas parlé à  nouveau, et les Trauméniens tentaient de se convaincre que de rester immobile leur garantissaient un semblant de sécurité et d?invisibilité.
En vain.
« Que faites-vous là , les mômes ? » grommela la voix du même timbre. Elle semblait plus amusée cette fois-ci. Amusée de les voir trembler, très certainement. Mais Radamenthe y vit un bon présage et, sans se retourner, lui répondit :
« Je crois que nous nous sommes trompés de porte, monsieur. Mais ne vous en faite pas, nous allons repartir?
-Allons, approchez donc et mettez-vous dans la lumière, que je vous voie mieux. » dit la voix sans tenir compte de la réponse de Radamenthe. Puis, voyant qu?aucune réaction ne semblait découler de ses paroles, elle tonna : « MAINTENANT ! »
Les Trauméniens se retournèrent tous les quatre en même temps et découvrirent une pièce ronde dont les murs suintaient d?humidité et de lichen verdâtre. Le plancher constitué de lattes de bois vermoulues et qui grinçaient était couverts de runes cabalistiques et autres sigles sataniques, comme les remparts qui formaient la salle. Une salle de donjon.
Aucun mobilier, mis à  part les innombrables bougies qui parsemaient le sol, placées selon un rite compliqué et parfaitement maîtrisé. Le cercle de pentagrammes au milieu n?augurait rien de bon. Manifestement, l?être qui leur avait parlé attendait un invité démoniaque, à  moins que ce soir cet être qui soit l?invité.
Et eux, le repas.
Le propriétaire de la voix s?avança dans les ronds de lumières des flammes vacillantes des chandelles. Il était monstrueusement grand et vêtu d?une longue toge noire. Son regard allait de l?un à  l?autre avec une expression affamée, tandis qu?il se frottait langoureusement une barbe aux reflets bleus.
Il sourit, exhibant des dents acérées.
« Bienvenu dans la reproduction de la tour de mon Château de Champtocé. »
Il exécuta une révérence qui le fit plonger en avant.
« Je suis Gilles de Rais. »

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MessagePublié: 18 Avr 2005, 17:42 
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Bon, voilà . Je viens de lire les 3 derniers chapitres que je n'avais pas encore lu pour cause de flemme avancée.

Je suis de plus en plus perdue, qui est "gentil", qui est "méchant", qu'est-ce que Magnum a fait de si terrible pour que Serge soit après lui, où est S-R, etc. Rohlala...

Mais c'est bien. Intéressant. J'ai hâte par contre de savoir ce qui se passe avec le groupe de Magnum. Ça fait longtemps qu'on ne les a pas vu.

Oh et puis j'ai envie de faire avaler sa calculette à  LIF. :twisted:


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MessagePublié: 24 Avr 2005, 08:56 
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9. Quatre moins une.
Draco ouvrit prudemment la porte lorsque le commissaire ? il savait pertinemment que c?était lui ? toqua par trois fois. Il avait raccroché seulement depuis quelques secondes, alors que DragonNoir parlait. De toute façon, avait songé Draco en appuyant sur le bouton pour couper la communication, DragonNoir parle tout le temps.
Il découvrit un vieil homme au faciès creusé par le temps et les multiples soucis engendrés par les enquêtes consécutives. Il estima son âge à  cinquante ans. Et il était dans le vrai, à  quelques années près. Plus jeune que mon père ? songea-t-il en détaillant le commissaire qui souriait devant lui.
Ses deux parents étaient en retrait et surveillaient la scène d?un air circonspect, vigilant même, en ce qui concernait la mère. Elle examinait tout ce qui se passait avec une attention prudente, suspicieuse quant aux réelles motivations de Serge Thourn. Elle aussi était dans le vrai, bien que le commissaire ne veuille aucun mal à  Draco.
Seulement à  son frère.
« Salut bonhomme? » dit-il en rentrant dans la chambre dont la couleur dominante était un bleu azuré de toute beauté. Il commit là  sa première erreur : Tenter d?amadouer Draco par une sortie amicale. Draco le jaugea de toute sa condescendance habituelle, qu?il réservait à  ceux qu?il méprisait cordialement, et le dévisagea sans sourciller.
« Vous êtes qui ? demanda-t-il sans amabilité.
-Je suis le commissaire Serge Thourn, et je voudrais avoir quelques renseignements sur ton frère, au cas où tu saches quelque chose. Peux-tu me dire où se trouve ton frère, en ce moment ?
-J?en sais rien. » La grossièreté de Draco faisait mouche, et Serge grinça des dents. Draco s?assit à  son bureau et commença à  taper sur son clavier. Le commissaire examina rapidement la pièce : Chambre classique d?un adolescent de dix-huit ans, avec quelques posters japonais, des armes en décorations ? beaucoup d?armes blanches, constata-t-il ? une chaîne Hi-fi, un ordinateur, quelques consoles et énormément de bordel.
« Tes parents m?ont dit que tu pouvais me renseigner sur les forums dont ton frère faisait partie. Tu y postes, toi aussi ?
-Non, répondit sèchement Draco sans même cesser de naviguer sur Internet.
-Pourquoi ?
-J?ai plus le temps. C?est l?année du bac, il faut que je travaille. »
Serge songea intérieurement que ce gosse allait être plus difficile à  manipuler que ses deux parents réunis. Il retrouva vaguement une ressemblance avec ce qu?il avait pu entrapercevoir de François.
« Bien entendu, approuva Thourn en s?asseyant sur le lit, près du bureau où trônait l?ordinateur. Tu peux tout de même m?accorder cinq minutes de ton précieux temps pour me parler de ces forums, rapidement ? »
Draco, les yeux fixés sur son moniteur, ne répondit pas. Ses deux parents se regardèrent, sur le pas de la porte, et haussèrent les épaules. Serge attendit, patiemment, jouant parfaitement son rôle de gentil policier, alors qu?intérieurement il bouillait d?envie de plaquer Draco sur son clavier pour lui enfoncer les touches dans la joue.
« Alors juste deux minutes ? »
Sourire appuyé. Draco céda et se tourna vers lui, faisant reculer Serge. Un instant, juste un, il avait cru voir le démon d?Autrefois.
« Vous voulez savoir quoi exactement ? demanda Draco, tout en connaissant exactement la réponse. Oui, lui et moi sommes sur des forums. Oui, nous y avons rencontrés du monde, mais nous ne savons ni qui ils sont réellement, ni où ils habitent exactement. Nous ne connaissons que leurs pseudos, leurs noms fictifs, et nous ne savons que ce qu?ils veulent bien nous dévoiler, en considérant le fait qu?ils peuvent nous mentir. Nous avons fait plusieurs rencontres en vrai, mais je serais bien incapable de vous citer un prénom. D?autres détails ? »
Serge Thourn fixa Draco, et Draco soutint son regard. Le commissaire sortit son calepin et demanda à  Draco les différentes adresses des forums pour qu?il aille y faire un tour histoire de voir l?ambiance qui s?en dégage. Draco réfléchit à  toute vitesse, puis donna des adresses de vieux forums morts et d?autres où François ne postait plus.
« Mais il se peut que certains aient été fermés, depuis, l?informa Draco.
-Je verrais bien, remercia Thourn. Tu es sûr que tu ne peux pas me dire s?il y a eu une réunion spéciale dernièrement ? Quelque chose qui aurait motivé ton frère à  partir ?
-Je peux vous poser une question en retour ? répondit Draco en se relevant. Pourquoi êtes-vous tant intéressé par mon frère ? » Serge ne moufta pas.
« Au revoir, commissaire. Pas la peine de vous raccompagner à  la porte, vous la voyez d?ici, non ? » Draco, sans attendre, retourna à  son clavier et à  sa souris. Les cliquetis reprirent de plus belle. Thourn regarda la jeune homme assit devant lui, une furieuse envie de serrer son petit cou d?arrogant, puis sortit de la chambre. La mère de Draco laissa son mari le reconduire, préférant rester avec son deuxième fils.
« Je vous remercie, dit Thourn, maussade. Vous n?hésiterez pas à  m?appeler, n?est-ce pas, si jamais il rentrait ici ? » Serge savait parfaitement que ni le père, ni la mère ni même le frère ne lui passerai de coup de téléphone, mais quitte à  jouer le rôle de l?ami qui en recherche un autre, autant le jouer jusqu?au bout.
« Aucun problème, répondit le père en réajustant ses lunettes de vue. Au fait, vous avez parlé tout à  l?heure de réunion spéciale, n?est-ce pas ? »
Le commissaire s?arrêta et se retourna.
« Oui ? Vous avez un renseignement qui vous est revenu en mémoire ?
-Et bien, je ne suis pas sûr, mais? » Il hésita. « Il me semble qu?il sont partit, il y a quelques mois de ça, à  un enterrement. Et je crois que c?était quelqu?un qui était dans ces forums, comme eux. Mais je ne sais rien de plus, je n?ai entendu que vaguement leurs conversations.
-Quand ? Où ? dit Serge, soudainement excité.
-Il me semble que c?était en octobre dernier. Ou en novembre, plutôt. Oui, mi-novembre, il me semble. À Nantes. Il s?agissait d?une jeune fille, à  ce dont je me souviens, mais je n?en sais pas plus. »
Thourn nota fébrilement toutes ces informations, puis remercia chaudement le père. Par deux fois, il l?avait aidé, inconsciemment. Maintenant, il avait un endroit où aller :
Nantes.
Une fois sur place, il aviserait.

*
* *

De l?étage, la tête prudemment penchée par la fenêtre, Draco regarda Serge partir. Puis il retourna à  son bureau, et alluma ses enceintes. Il régla le volume d?une main, tandis que l?autre naviguait de fenêtre en fenêtre pour terminer sur une conversation Msn.
« Tu as tout entendu ? » demanda Draco à  voix haute.
Aucun problème, écrivit DragonNoir de son ordinateur personnel, chez lui. Tu t?es magnifiquement débrouillé, grâce te soit rendue.
« Je pense qu?il va farfouiller un peu du coté des adresses bidons que je lui ai filé, puis il ira voir ailleurs. En tout cas, peu de chance pour qu?il nous retombe sur le dos. »
Espérons, espérons.
À vrai dire, il serait malvenu qu?il se mette à  contrecarrer nos plans, surtout que nous n?avons toujours pas de nouvelles de l?équipe envoyée chez les tueurs en série.
J?espère que les systèmes de morts instantanées font fonctionner.
vont*

« Je l?espère aussi. Je vais aller voir mon père. Il a parlé avec lui avant de le congédier, et j?espère qu?il n?a pas encore fait une bourde comme tout à  l?heure ! »
XD
Je te laisse aussi, je dois préparer le prochain voyage.

« Qui va partir, et où ? »
Surprise, surprise? ;)
« Bon, je coupe. Tchao. »
À la prochaine.
Draco coupa la conversation et plongea un instant dans ses pensées. Il avait une envie folle de fouiller les affaires de son frère à  la recherche de renseignements sur ce Thourn, mais sa morale lui interdisait.
Il était sûr d?avoir déjà  entendu Mr.Magnum parler de lui.

*
* *

« Ah, que voilà  de charmantes apparitions? Et exactement au moment où j?avais besoin d?elles. Vous arrivez à  point nommé. »
Hilde se rappelait les légendes qui couraient sur ce tueur d?enfants et aux cultes qu?il vouait à  Satan et autres démons. De nombreux faits avaient certainement été inventés pour donner une image encore pire de ce meurtrier. Elle se souvenait en avoir longuement discuté avec Squall dans la réalité, ce qui lui semblait des années auparavant.
« Avant ma mort, j?ai de nombreuses fois tenté de rentrer en contact avec des entités démoniaques, mais sans succès. Mais au moment de mon décès, donnée par un peuple que je chérissais de tout mon possible, mon v?u s?est enfin réalisé. En guise de châtiment, ils m?ont en réalité récompensé. Paix à  leurs âmes torturées.
-Pourquoi faut-il toujours que les méchants retracent leur vie avant de tuer les gentils ? » grommela Radamenthe suffisamment bas pour que Gilles de Rais ne l?entende pas.
Ce dernier déambulait de cierge en cierge, allumant consciencieusement ceux dont la flamme avait été soufflée par l?arrivée impromptue des quatre Trauméniens. Soudainement, il parut réfléchir à  la situation, et se redressa vers eux en arborant un rictus effrayant de malveillance et de cupidité.
« Maintenant que je suis mort, je peux enfin accomplir ma destinée. »
Il écarta les bras et tous les cierges s?allumèrent en même temps. Les flammes montèrent si loin qu?elles léchèrent les nombreuses poutres qui traversaient le donjon en hauteur. Le Ionisateur Fou s?accrocha à  Gorgon_Roo, mettant sa précieuse calculette à  l?abri des flammes, lorsqu?une bougie plus proche de lui que les autres s'embrasa complètement, ne laissant qu?une flaque de cire fondue quelques secondes après.
« Et grâce à  vous quatre, je vais enfin pouvoir entrer en relation avec ces divinités ténébreuses. Il est tellement rare que ces mécréants, ces tueurs de bas étages, laissent passer des enfants jusqu?à  moi, mais on dirait bien que vous avez été plus fort qu?eux, cette fois-ci.
-Nous ne sommes plus des enfants, s?emporta Gorgon_Roo en s?avançant.
-Vous êtes pourtant assez jeunes pour me servir d?appâts, croyez moi. »
Gorgon_Roo pesta, puis se mit en garde, bien décidé à  se battre jusqu'au bout. La porte derrière eux s?ouvrit soudainement, et le Ionisateur Fou poussa un léger piaillement strident avant de s?accrocher à  Hilde. Albert Fish passa la tête dans l?entrebâillement de la porte.
« Gilles, il faut que tu nous files un coup de main : Nous avons quatre fugitifs qui? qui? » Il s?interrompit, fixant tour à  tour ses proies tant recherchées, puis compléta : « ?qui se trouvent juste devant moi.
-N?est-ce pas merveilleux ? s?extasia Gilles de Rais, tout sourire. Je vais enfin pouvoir réaliser mon offrande aux démons? Depuis le temps que j?attendais ce moment ! »
Albert évalua rapidement la situation. C?était risqué : Gilles de Rais savait ce que les quatre fuyards cherchaient, et s?il leur donnait les renseignements qu?ils désiraient, ils se pourrait que le propriétaire de la Voix qui lui avait parlé durant les nuits dernières ne soit pas particulièrement ravi de ce fait.
Et Albert Fish n?avait aucune envie de décevoir cette Voix, qui qu?Elle soit.
« Ce n?est pas vraiment le bon moment pour ça, Gilles, et nous avons d?autres projets concernant ces?
-Hors de question, Fish !! hurla Gilles de Rais en tourbillonnant vers lui, envoyant valser ses victimes ça et là , sonnées. Il se rua sur la porte et la referma sur le visage parcheminé de Fish, qui poussa un cri de douleur et retira sa tête. Gilles de Rais claqua le grand panneau de bois et ferma la serrure de fer avec une des clefs qui pendaient à  sa ceinture.
On entendait faiblement le martèlement des coups de poings de Fish de l?autre coté.
« Maintenant, nous sommes tranquilles. »
Il délaissa la porte et s?en retourna à  son autel noir de l?autre coté de la pièce, afin d?y rassembler les derniers éléments du culte auquel il se préparait. Il fouillait de ci de là , sifflotant gaiement les mains plongées dans les statuettes païennes et autres objets ésotériques malsains. Il semblait presque innocent.
« Gilles ! grogna Fish de l?autre coté de la porte, sa voix étouffée par l?épaisseur du bois. Laisse-les sortir d?ici et nous t?en trouverons d?autres, je te le promets ! »
Gilles de Rais, ignorant superbement les protestations de Fish ou bien ne les entendant tout simplement pas, sortit une dague richement décorée de symboles occultes et la posa sur l?autel, près d?une fiole au liquide indistinct. Gorgon_Roo sortit sa lance et la fit virevolter vaillamment entre ses doigts agiles.
« Vous ne nous dompterez pas si facilement, qui que vous soyez, annonça-t-il.
-Il a raison ! Nous nous battrons pour rester en vie ! » Radamenthe hésita, puis se reprit : « Ou pour rester en mort !
-Faites attention ! J?ai une calculette et elle est armée ! » menaça le Ionisateur Fou en brandissant sa TI-89. Personne ne se moqua : Elle n?était peut-être pas armée, mais dangereuse, ça elle l?était.
« Ah, soupira Gilles de Rais en se relevant. Si seulement Erzébeth était là , avec moi, en ce moment exquis. » Il lissa sa longue toge noire comme le jais et examina les différents objets qu?il venait de disposer sur le piédestal.
Seule Hilde réagit à  cette sortie, voulant gagner un maximum de temps.
« Pourquoi Erzébeth Bathory n?est-elle pas là  ? »
Erzébeth Bathory était une femme complètement obsédée par la jeunesse éternelle, et elle prenait un plaisir sadique à  torturer ses servantes, les femmes de son peuple et tout ceux qui se trouvait sur son chemin dans le seul but de se satisfaire. Elle fut l?instigatrice de nombreuses formes de tortures, dont la dame de fer et autres mutilations diverses, qui lui donnaient des hectolitres de sang chaud dans lesquels elle se baignait des heures durant, nue, afin de retarder son vieillissement. Elle fut finalement arrêtée et condamnée lorsqu?elle s?attaqua à  des femmes de sang nobles, selon elle plus aptes à  la garder jeune.
Les coups de poings s?accentuaient sur la porte, au fur et à  mesure où les autres tueurs en série arrivaient. Bientôt, ils allaient l?enfoncer.
« Hmmm ? s?étonna Gilles de Rais en reconsidérant la jeune fille. Vous connaissez donc la réputation de la Dame Bathory ? Impressionnant. » Il porta une main tatouée de sigles cabalistiques à  son menton qu?il massa en levant les yeux au ciel.
« C?est à  cause de cette jeune fille qui est apparu il y a peu de temps. Erzébeth a voulu la suivre, c?est pourquoi elle?
-Tais-toi !! hurla Fish de dehors, collé à  la porte. Ne leur dis pas !
-?nous a momentanément abandonné et elle a disparue en compagnie de la jeune humaine. Sans plus réfléchir. Quel bel exemple de liberté. »
Les quatre Trauméniens se regardèrent. Sans le vouloir, ils avaient enfin eu une information relativement importante. Séphy-Roshou était donc bien passée ici, et en plus elle avait emmenée quelqu?un avec elle. Mais d?autres questions s?ouvraient maintenant à  eux : Que faisait-elle ici ? Où est-elle partie ? Et comment est-elle partie ? Et également pourquoi Fish ne voulait-il pas que cette information leur parvienne ?
De l?extérieur, des hurlements communs rugissaient avant chaque tentative d?enfoncement de la porte. Mais cette dernière, toute veille et toute usée qu?elle soit, était robuste et tenait le coup.
« Maintenant, il est temps de rentrer, ordonna Gorgon_Roo en portant une petite pilule rouge à  sa bouche. On en sait suffisamment, inutile de rester plus longtemps. »
Trop heureux, Radamenthe croqua à  son tour la pilule, imité de près par le Ionisateur Fou. Gilles de Rais s?avança et leva les mains : Des tatouages couvraient ses avant-bras et semblaient courir sur sa peau, comme s?ils étaient vivants.
« Qui vous a dit que vous aviez le choix de partir ? » tonna-t-il d?une voix forte qui ébranla même les murs. Hilde sortit à  son tour la pilule et la porta à  ses lèvres. Gilles de Rais cria en lançant son bras en avant et Hilde fut projetée au centre d?un pentagramme tracé sur le sol. Elle roula sur elle-même et se releva, visiblement mécontente.
Elle souriait du numéro quarante-sept : ?Fallait-pas-me-toucher?. Elle déploya ses deux ailes membraneuses et les étira brusquement, pour impressionner Gilles de Rais. Et cela marcha au-delà  de ses espérances : Il se jeta à  ses pieds, éperdu d?admiration.
« J?ai réussis ! J?ai invoqué un démon ! Après tant d?années passées à  étudier, j?y suis enfin parvenu !
-Hilde ! hurla Gorgon_Roo qui sentait son corps s?évanouir. Dépêche-toi d?avaler ta pilule ! Nous allons partir d?ici peu, nous ! »
Les flammes des cierges ondulaient sous les battements d?ailes de la demie-mazoku, qui jubilait. Malheureusement, elle venait de se rendre compte qu?elle avait perdue la pilule qui lui permettait de rentrer sur Terre. Elle la cherchait des yeux, tout en maintenant sous son joug le puissant Gilles de Rais qui rampait face à  elle.
« Hilde !
-J?arrive, j?arrive ! » s?impatienta-t-elle.
Les coups redoublaient à  la porte, et cette dernière commençait à  bouger.
Gilles de Rais tenait un objet dans sa main.
« Vous êtes là  pour moi, répétait-il. Pour moi ! »
Hilde sentait la pression monter.
Elle ne trouvait pas cette satanée pilule sur le sol.
Gorgon_Roo ressentit quelques picotements à  la base de la nuque. Le voyage allait commencer, songea-t-il tandis que sa vision se troublait. Il regarda vers Radamenthe, qui lui aussi s?affaissait lentement.
« Hilde ! essaya-t-il de crier. Hilde, ça commence !
-Vous êtes là  pour m?obéir maintenant? »
Hilde baissa les yeux sur Gilles de Rais. Il avait levé une croix abondamment ornée de runes antiques et puissantes qui luisaient étrangement dans la sombre pièce. Les bougies s?étaient toutes éteintes, ou presque, et seul une lumière diffuse éclairait le donjon. Cette lumière provenait du?
« ?du pentagramme ! s?étonna Hilde. Merde ! »
La porte craqua une nouvelle fois, sans céder.
Fish cria de rage.
Hilde cria de douleur. Ses jambes.
Gilles de Rais marmonnait des incantations tout en rapprochant la croix d?elle. Hilde, immobilisée, ne pouvait pas détacher ses yeux de l?objet qui avançait vers elle telle une mort implacable. Elle hurla encore. Il lui semblait que des griffes lui lacéraient les mollets. Elle tenta de bouger, mais en vain.
La croix s?approcha encore.
« Hilde ! Qu?est-ce qu?il se passe ! »
Mais Gorgon_Roo ne pouvait plus rien faire. Tout s?embrouillait. Il tentait de faire e point sur Hilde, mais il commençait à  avoir des hallucinations : il voyait des bras écailleux sortir du sol et maintenir Hilde par les chevilles.
« Laissez sortir ces gamins, Gilles ! brailla Albert Fish. Ou nous enfonçons la porte ! »
Gilles termina son incantation et apposa la croix sur le front de Hilde, dont le hurlement de douleur et de colère monta dans les aiguës les plus intolérables. Elle réussit tant bien que mal à  baisser la tête.
La porte céda enfin.
Gorgon_Roo, Radamenthe et le Ionisateur Fou s?évanouirent sans un bruit, et dans l?indifférence générale.
Gilles de Rais éructa de bonheur.
Albert Fish se stoppa net en assistant, impuissant, à  la scène.

Et Hilde pénétra dans un pan de l?enfer en traversant le pentagramme, tiré par des démons assoiffés de chair fraîche.
Ses derniers mots furent peu glorieux :
« Et merde ! »

*
* *

Lord FireFly s?assit au coin du feu. Un animal méconnaissable grillait sur une immense broche, activée par deux hommes en haillons. Ils peinaient manifestement, mais c?était le sort réservé à  ceux qui ne voulaient pas chasser. Lord FireFly comprenait parfaitement cette méthode : Chacun son rôle. Les chasseurs se sont sacrifiés et ont pris des risques afin de dénicher et abattre cette bête, et il faudrait que ceux qui sont resté tranquillement ici prennent part au dîner ? Hors de question.
C?était à  eux de trimer, maintenant. Les chasseurs se reposaient dans les huttes toutes proches, et dans certaines on pouvait percevoir quelques gémissements équivoques. Les rares femmes qui avaient pu être sauvées des griffes acérées des folles de là -bas faisaient office d?esclaves, et c?était là  aussi une situation appréciée par Lord FireFly.
Le vieux qui l?avait reçu lui avait donné le gîte et le couvert, pour lui et son invitée. Un cabanon l?attendait non loin d?ici, bien qu?il n?ait pas le temps de trop s?attarder. Il regrettait de ne pas pouvoir jouir un peu plus de ces moments de détentes dans les Territoires Extérieurs. Après tout, si on tenait ces monstruosités à  l?écart, le coin était fort agréable, surtout lorsqu?on était considéré comme un hôte de luxe.
Le vieil homme avait été conciliant. Il n?avait pas posé trop de problème, comme Il l?avait prédit. De toute façon, Il avait toujours raison, alors pourquoi FireFly aurait été en douter ? De plus, s?allier avec le meurtrier de la femme la plus puissante de ce monde était un atout non négligeable. S?il avait pu diriger ce village de survivant du fond d?une geôle, alors il était forcément un allié de choix pour Lui et Ses projets.
Lord FireFly leva les yeux vers l?entremêlement de lianes, de branches et autres végétaux abondant qui formaient presque un plafond à  leur village. Néanmoins, il réussit à  percevoir un morceau de lune entre deux immenses feuilles. Il la fixa intensément, tant et si bien qu?il n?entendit l?homme qui approchait derrière lui qu?au dernier moment.
Il se retourna dans un bond et agrippa son ennemi par les frusques qui lui servaient de vêtements. D?un geste souple, il prit appui sur sa jambe et bascula l?homme sur le dos, le plaquant au sol. Il avait déjà  eu le temps de dégainer une dague empoisonnée et de la lui mettre sur le cou avant que celui-ci ne puisse articuler quoi que ce soit.
« Je? me? Monsieur FireFly?
-C?est Lord FireFly, crétin. » Il se relâcha un peu, mais le maintint à  terre d?une main ferme. « Qu?est-ce que tu veux ?
-Juste vous dire que votre protégée est dans votre hutte, comme convenue.
-Ligotée ?
-Comme vous nous l?aviez demandé, monsi? Lord FireFly.
-Parfait. Et à  l?avenir, évite de venir sans t?annoncer, dans mon dos. Je ne supporte pas ça, pigé ? »
Il rangea son arme et se leva. L?homme resta un instant immobile, puis détala rapidement. Lord FireFly lui lança un regard mi-amusé, mi-navré, puis se dirigea vers sa hutte. Des gémissements montèrent brusquement d?une hutte voisine pour se terminer dans une orgie de râles et de soupirs communs.
Lord FireFly sourit.
Youfie?


FIN DE L?ÉPISODE TROIS : SERIAL KILLER.

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La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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