Eltanin

Au détour d'une conversation MSN, j'ai eu la joie et la chance d'obtenir des mains de Saucisson une adresse qui m'a permis de découvrir l'oeuvre éponyme de ce sujet.

L'un des grands points forts de ce manga est sa mise en page sobre et sans failles, associée par ailleurs à  un trait des plus gracieux. Cependant, ce n'est pas là  le principal atout de "Death Note". La force première de l'oeuvre est ici le scénario, mettant en scène des personnages extraordinaires dont chacun a ses raisons d'agir. Là  nous est dépeint le portrait de Kira, un criminel mégalomane auquel la Death Note, carnet noir hérité d'un dieu de la mort, permet d'établir sa loi. Pour cet homme, nouveau Dieu d'un monde décadent, point de pitié, rien qu'une justice inébranlable : la loi de la peine de mort, inévitable, frappant tout être qu'il considère comme coupable, sous certaines conditions...
Ce pitch bien excitant est exploité jusqu'à  la lie, de la plus habile des manières. Ici, pas d'intrigue à  tiroirs : nous savons dès le départ qui est le "méchant" de l'histoire, ce Lumière Yagami (ou Raito Yagami, ou Light Yagami, mais on dira "Lumière" parce que le mangaka exige une traduction littérale de son nom), adolescent surdoué qui hérite d'un don dangereux. Le pouvoir corrompt... et le pouvoir absolu corrompt absolument. L'enquête de L, profiler d'exception, devrait perdre de son intérêt car on en connaît déjà  la plupart des tenants et aboutissants. C'est le contraire qui se produit, notre connaissance de Kira rendant le duel entre ces deux personnalités d'autant plus palpitant.
Hélas, "Death Note" tombe finalement dans le piège classique du manga : l'exploitation. Pourquoi clore une formule qui marche ? Du coup, les choses traînent en longueur, avec des passages proches du ridicule et d'autres franchement désagréables par manque d'ambiance et de suspense. Certaines bonnes idées sont abandonnées en cours de narration, d'autres ne possèdent pas la richesse des concepts lancées au départ (les multinationales, beurk).
Un certain humour plus ou moins noir selon les passages sauve pour moi la mise à  ce manga qui gagne à  être connu.

Pour télécharger gratuitement les chapitres du manga :

http://www.apparentlyappalled.com/index ... nloads.php

_________________

Lu le week-end dernier toutes les prépubs jusqu'au dernier chapitre paru (qui aurait bien pu être le dernier du manga, d'ailleurs, en supprimant les dernières pages).

Je ne suis pas d'accord avec le fait les choses traînent en longueur : en moins de sept volumes (rappel : il s'agit d'un manga à  prépub *hebdomadaire*, donc sept volumes c'est peu ; ça fait tout juste un an que la parution dans Jump a commencé !) il y a eu un nombre de retournements de situation assez phénoménal (et le dernier en dates était *vraiment* surprenant). Mais de fait, ce manga est extrêmement dense (il faut bien plus que le temps entre deux stations de métro réglementaire pour lire un chapitre), ce qui peut effectivement donner une impression de longueur, de manque de rythme.

Après pour l'histoire de la multinationale... Ben voir les derniers chapitres parus ^^
(commentaire de Flo copine de moi sur la dernière prépub : "j'ai envie de tuer le scénariste").

_________________

Découvert récemment, et lu seulement jusqu'au volume 2, chapitre 14.

Je ne peux par conséquent pas en dire beaucoup, sinon que ce manga s'annonce comme agréable à  lire et surtout, en ce qu'il est pervers, amusant.

Je le lis ici, pour ma part http://www.deathnote-fr.tk/.

_________________

Au Menu ce soir
- L'échelle de Jacob, précurseur de Silent Hill;
- la série animée Monster: chef d'oeuvre;
- OST Drakengard II, musique de jeu video;
- Ico et Shadow of the Colossus (et sa BO, par le compositeur de Haibane Renmei), jeux uniques.

Au final, "Death Note" manque éminemment de soin sur la forme, narrativement parlant. Sacrifier tous les détails à  l'efficacité fonctionne très mal sur le long terme...

[spoiler]Il y a un défaut majeur qui pouvait se déceler avant mais qui prend toute son ampleur après le décès de L : le manque de caractérisation des personnages.
Je n'arrive pas à  me rappeler des passions du moindre d'entre eux, même Raito lui-même, et pourquoi ? C'est bien simple : ils n'en ont pas !
Pas de passions, pas de tics, pas de défauts, pas de passé, pas de vie. Ils n'existent que pour servir l'intrigue.
Les shinigamis eux aussi sont réduits à  leur plus simple expression. Les visions terrifiantes qui font les beaux jours de certains dessins présents en couverture ne se concrétisent jamais dans le récit lui-même.
L'épuration, outil si efficace au service du scalpel qu'est à  la base Death Note, finit par se retourner contre l'oeuvre.
Et c'est à  la mort de L que le château de cartes s'effondre, car L, lui, faisait illusion. De tous les personnages, c'était le seul adapté à  ce "vide".
Peu importait qu'il n'ait pas de passé, puisqu'il était anonyme. Le présent lui suffisait.
Pas besoin de connaître ses passions, puisque ses tics, mille petites bizarreries créaient le personnage à  la moindre occasion.[/spoiler]

"Death Note" reste une oeuvre à  connaître, autant pour cette épuration extrême de l'univers qui, à  long terme, rend tout personnage superficiel et se révèle donc fatale à  l'oeuvre, que pour un style graphique excellent, un découpage des cases fabuleux... oui, le manga vaut avant tout pour sa mise en scène.
Et bien sûr, l'histoire vaut d'être découverte pour L.

_________________