Jeudi soir, sur Arte,
Heavy Metal dans la vallée. J'en bande encore. Entre autres la séquence du gamin de douze ans qui chante comme un dieu! Autre moment intéressant: l'avis du prêtre local.
Le sujet est centré sur l'un des plus gros label indépendant dans ce genre:
Nuclear Blast. Il offre une image positive du métal. Dois-je rappeler la mauvaise publicité dont a souffert ce genre musical, par exemple après l'affaire de Carpentras ou encore avec
Les Seigneurs du Chaos, dans toutes les bonnes librairies (FNAC, Furet du Nord, etc)? Arte a eu l'intelligence de montrer le phénomène culturel dans son environnement, sans idolâtrie ni apologie, mais sans mauvais esprit ni critique de mauvaise foi non plus. Rien que pour ça, je dis chapeau bas. Dans le même cas de figure, je doute que Mireille Dumas ait pu faire preuve de la même ouverture.
Metal is forever! Rediffusions le 08 février à 01:35am.
Rediffusé ce matin (je viens d'éteindre ma télé et je tremble encore): "Questions à la une" sur la première chaîne de la RTBF. Je me fous un coup d'Orphaned Land dans les oreilles pour retrouver la sérénité... Juste deux minutes... Aaaarrrrh...
La première partie de l'émission sert à mettre en valeur l'action diplomatique de la Belgique dans des associations musicales situées à Gaza. Plans faciles du genre "la presse n'est pas bienvenue" en arrrêtant la voiture dans le no man's land et journaliste qui prend des notes sur le bord de la route. Forcément, un flic arrive au bout de 5 minutes, cependant, il ne demande pas l'extinction de la caméra, mais juste de partir pour leur propre sécurité (quand on a visité le pays, on comprend qu'il a plus que raison car un tireur isolé ne fera pas de distinction entre un belge et un israëlien à 50 mètres).
Second reportage sur la musique et la violence avec comme question de fond: "la musique adoucit-elle les moeurs?" Début de reportage avec une image choc: celle du massacre de Columbine. Mise en cause de symptômes précurseurs des assassins: ils jouaient à Doom et écoutaient du Marylin Manson. Oui oui, ils ont osé! Ils ont bien cité la vente facile des armes aux États-Unis, mais sont vite revenus sur le thème principal. Après un bout d'interview rapide du révérend Manson qui répond par la provocation du genre "si quelqu'un croit qu'il a besoin de rock pour se suicider, qu'il en finisse tout de suite il nous rendra service." D'un pas de géant, on saute aux théoriciens du Satanisme (Allister Crowley, Anton La Vey...) auxquels Manson est rattaché. On met en avant l'aspect provocateur et le nombre de groupe qui se sont inspirés de l'icônographie sataniste de Black Sabbath à Kiss qu'on aperçoit dans un plan rapide.
De Manson, on file en Norvège pour s'intéresser au NSBM. On évoque les frasques de Mayhem et Burzum à l'imagerie si éloquente et aux propos à la finesse d'un troupeau de buffles enragés. Puis retour sur Manson qui approfondit ses théories en exposant le besoin qu'il ressent à explorer d'autres voies spirituelles, passant par une réinterprétation du message biblique. Il évoque l'Apocalypse qui procède selon lui d'une révolution intérieure plus que du monde. Se référant à Nietzche, l'humain doit, selon lui, tuer l'image de Dieu pour devenir un dieu lui-même. Plan rapide du recueiilement des élèves de Columbine après le massacre et embarquement pour la Suisse et un festival de Sado-musique, avec une sorte de néo-punk basé sur les larsens et l'expérimentation. Quelques noms aparaissent et sont interviewés: Daniel Menche, Justice Yeldham, qui expliquent leur démarche (musique et auto-mutilations) par une volonté d'attirer l'attention par les procédés les plus spectaculaires. On explique au téléspectateur l'origine des mots "sadique" et "masochiste" (exposé de 20 secondes sur Sade et Sacher-Masoch) puis interview de Randy Yao et Masonna, ainsi que Thala Linder et Dave Philips.
Le reportage se termine à Łodz, en Pologne, où les hooligans, entre deux bouteilles de wodka et un match de foot, taggent des slogans anti-sémites sur les murs. En contre-pouvoir, un groupe de punk-rock "Jude", fondé par Wiktor Skok, dénonce cet état de fait et mène campagne contre l'intolérance. Depuis, la municipalité a institué un
jour de la tolérance où les jeunes de la ville repeignent les murs couverts de graffitis grossiers. En conclusion, le reporter indique qu'il est important de juger aussi une musique par rapport à ses textes, au-delà de l'image qu'elle véhicule.
Mes réflexions: un reportage aux antipodes de celui de la veille. Précisons qu'il a été diffusé en prime time ce mercredi - il bénéficie d'une certaine notoriété - et rediffusé ce matin. Il s'axe sur un aspect noir du métal (majeure partie du reportage), met à l'index deux foyers d'origine: la Norvège et les États-Unis. Ce qu'on peut en tirer, au premier degré: si vous jouez à Doom et que vous écoutez du Metal, vous êtes potentiellement dangereux pour la société. Sinon, les tags sont tout pourris en Pologne.
En contre-partie, voici une interview que j'ai faite d'Alex Møklebust, chanteur du groupe groupe norvégien Zeromancer, en 2000:
Citer:
Hier j’ai vu un reportage sur l’extrême droite en Suède (Néonazis, ARTE, 16-10-00, 21h15). Je ne connais pas la situation en Norvège mais c’était grave.
C’est important en Suède. Si on prend le problème à la source, c’est ce qui arrive quand on leur donne trop d’attention. Ça donne quoi en France?
On a un certain lot de connards; Mais les lois sont un peu différentes. Ici, tenir des propos à caractère racial ou antisémite est puni par la loi. Je crois que ça relève de peines de prison ou d’une grosse amende.
C’est une bonne chose.
Ouais, mais du fait qu'on ne voit ni entend ces gens tenir ces propos, on a la fausse impression qu’ils n’existent pas en France, qu’ils sont marginaux, ce qui est loin d’être le cas.
Tout ce que veulent ces gens c’est qu’on s’intéresse à eux. Les médias sont alarmants et c’est ce qu’ils veulent. C’est à dire qu’ils cognent, ils massacrent des noirs, des juifs tout ça pour être en première page. Ils semblent qu’il y ait des connexions entre les extrémistes suédois et norvégiens, mais les médias les occultent et rien ne se passe. On n'a pas de problème. Ce sont juste des crétins qui ne se rattachent à rien en particulier, et ils voient ces machos bien costauds, et voilà le résultat. Je n'ai rien vu de tout ça. J’ai lu quelques articles sur l’Allemagne où il y a eu des meurtres, des attaques...
Le problème est un peu différent en Allemagne. Les nazis sont apparus à proprement parler dans ce pays et du coup les Allemands ont une fâcheuse tendance à vouloir occulter leur histoire. Il y a ces abrutis mais aussi de jeunes allemands qui s’intéressent sincèrement à leur passé, proche ou lointain. Du coup, ces derniers sont mis dans le même sac. J’ai entendu que des groupes comme In Extremo ou The Inchtabokatables, et d’autres groupes qui chantent en allemand, qui ont des influences médiévales ou traditionnelles étaient rangés à droite simplement parce que des skins appréciaient leur travail ou qu’ils avaient le crâne rasé...