19h00
Pourquoi dans l'imagerie dans la Grèce antique, le chapeau est-il si mal agencé sur les personnages ? On aurait l’impression d’un rajout…et on a enfin une explication. Ils jouaient tous au Whist Algébrique...
[spoiler]Le Port du Chapeau :
Un dialogue socratique
A Philip P. Mark (1)
Dans l'effervescence qui caractérisa la Grèce Antique, pleine d'idées nouvelles (aussi diverses que la géométrie, la démocratie, la cuisine à l'huile d'olive etc...), d'influences anciennes et nouvelles, dans l'Athènes philosophique, il ne pouvait se faire que le Whist passe inaperçu. Mais dans ce cas aussi les textes connus semblent muets; certes, la répression a fait depuis son travail: des inquisiteurs obreptices ont scruté les lettres, supprimé les allusions. C'est donc reproduits en micrographie figurative sur des amphores traitant ouvertement au yeux des naïfs de la pêche à la baleine (mais tout les marins sont barbus, et c'est cet indice qui attira l'oeil de Banshee Kilpatrick), que les lignes suivantes furent découvertes. Leur sens ne fait guère de doute. Nous avons ramené les descriptions au minimum, laissant les dialogues parler d'eux-mêmes.
Décor antique, une cité hellène sans doute; colonnes doriques, monuments, agoras. Un vieux sage à la barbe plus longue que celle de Duke Dimitri, en sandales et toge, est abordé par un jeune homme musclé aux traits grecs qui lui offre un pagne en cadeau.
Philipos : Dis-moi Socrate, est-il vrai qu'il faille un chapeau pour jouer au jeu du Whist Algébrique?
Socrate : Cela est vrai, Philipos, digne fils de Philipes et de Philipas. Les Règles le disent.
Philipos : Mais, Socrate, pourquoi? Je peux comprendre qu'en sortant de la caverne nous ne comprenions pas le monde qui nous est révélé, ou que les Philosophes sont ceux à qui la conduite des affaires publiques doit être confiée, mais pourquoi le chapeau au Whist algébrique? Peux-tu me l'expliquer?
Socrate : Je le puis, car je n'ai rien à faire jusqu'à l'heure où le coiffeur ouvre sa boutique. Tu n'ignores pas que le mot "chapeau" vient du grec "chappe", de l'anglais "hat" et du breton "rond"?
Philipos : Non, Socrate, je ne l'ignore pas.
Socrate : N'est-il pas dit dans [LC] que "The Hatter was the only one who got any advantage from the change"?
Philipos : Si, Socrate, cela est écrit.
Socrate : Dit, Philipos, dit, car les paroles s'envolent et les écrits restent. Et sais-tu pourquoi?
Philipos : Oui, Socrate, car tu me l'as déjà expliqué. Mais explique-moi le chapeau.
Socrate : Ne vois-tu pas que le chapeau intervient dans les moments les plus délicats du Whist? N'est-il pas exact que les Règles que nous vénérons le citent trois fois et plus?
Philipos : Deux fois seulement, Socrate.
Socrate : C'est vrai, mais quelle importance, puisque "Armateur" n'apparaît pas une seule fois dans les Règles. Et quelle est la première citation?
Philipos : C'est la règle du chapeau bas pour le Matto.
Socrate : Et la seconde n'est-elle pas dans la règle de la dernière carte?
Philipos : Elle est. Mais cela n'est que cosmétique. Je puis jouer au Whist sans chapeau, et je le fais parfois, quand je joue avec des crétois.
Socrate : En cela tu as tort, car si tu ne regardes que les Règles tu ne verras pas la nature profondément intellectuelle, spirituelle, abstraite, théorique, conceptuelle et acyclique de cet objet surnuméraire dans tout autre jeu de cartes.
Philipos : Mais quelle est-elle, Socrate?
Socrate : Viens avec moi, Philipos fils de Philipes et Philipas.
Socrate guide Philipos ; dans une taverne proche, il serre la main du patron qui lui tape dans le dos, "C'est Parménide, un excentrique", précise-t-il. Ils vont observer une table où un athénien et un spartiate jouent au Whist.
Socrate : Ne vois-tu pas ici, de droite à gauche, ce spartiate (A) qui est nu-tête, et cet athénien (B) avec une casquette de base-ball?
Philipos : Si, Socrate, je les vois tout deux, et ils sont comme tu le dis.
Socrate : N'est-il pas vrai que B respire la santé, que ses yeux brillent, qu'il est midi?
Philipos : Par la barbe du prophète, tu dis vrai, Socrate!
Socrate : Et si tu te places derrière lui et observes son jeu, n'est-il pas vrai qu'il a le Matto?
Philipos : Par les fils de la barbe du fils du prophète, tu dis encore vrai, Socrate!
Socrate : Et demande-le-lui, n'est-il pas encore vrai qu'il maîtrise les recettes de confiture les plus sophistiquées du disque plat terrestre?
Philipos : Dis-moi, noble athénien, connais-tu la recette de la confiture aux câpres sans câpres?
B : Oui, je la connais.
Philipos : Merci, noble athénien. Bon sang, au nom des borogoves frumieux, tu as encore dit vrai, Socrate!
Socrate : Et maintenant, observe ce spartiate (Geste dédaigneux). N'est-il pas juste de penser qu'il n'a pas deux mois à vivre (et encore)?
Philipos : En effet, Socrate, son teint est bilieux, sa rate doit être fort abîmée.
Socrate : Et contemple son jeu: n'a-t-il pas le duo di Danari? N'est-il pas cinq heures du matin?
Philipos : Tout cela est prodigieux, Socrate! En effet, je peux presque voir une corde dans ses yeux avec laquelle il va se pendre!
Le spartiate, que ce dialogue mené peu discrètement a beaucoup agacé, se lève alors et égorge Philipos; Socrate s'enfuit. Quelques heures après, revoilà Socrate, et un autre jeune homme ressemblant à Humphrey Bogart s'approche de lui et lui offre un peigne.
Marcus: Hello Socrates! Tell me, by thy long grey beard and glittering eyes, how do we know that the rule of the hat is not in contradiction with the other axioms of the Algebraic Whist?
Socrates: Young Marcus son of Marcia and Marcel, it is because we can prove that it is implied by the Rules.
Marcus: But what score of ungodly magic is required to prove such a thing!
Socrates: Now, I can explain the proof (note 2), if you know Galois theory, C*-algebras and the cohomology thereof.
Marcus: I have learned with Grothendieck the Fool and Serre the Great, and I can trigonalize diagonal matrices. Tell me Socrates, ancestor of Naguru Fujisaki the Irreducible, tell me.
Socrates: Then, tell me Marcus, is it fair and functorial with respect to the ideas to denote by Ca the Hilbert space of card games with reasonable finiteness conditions, G the Galois group of the situation, and H the normal unramified subgroup?
Marcus: Yes it is, O Socrates, as exemplified by many a prominent mathematician, including such diverse characters as...
Socrate: And is it not I who is supposed to speak?
Marcus: Yes, Socrates. Ouch! (Socrates practices psychological war on Marcus).
Socrate: Now, is it true that my uncle's hat is bigger than my aunt's bark?
Marcus: Yes it is, Socrates, it is known in the folklore.
Socrate: And is it true that my aunt only plays Bridge, or even no card games at all, because she believes that such entertainment is diabolical, especially at hours when it is possible to practice black magic to learn things about our neighboors?
Marcus: Indeed, Socrates, by the length of this chapter, it is true!
Socrate: Can we not say, then, that the projection of my uncle's hat on the G-module W of Ca generated by the (coarse) Whist is almost everywhere zero?
Marcus: Well...
Socrate: And is it not true, then, by compacity, that the hat belongs to the sub-H-module Wa generated by the Algebraic Whist? Note that we use here a ping-pong lemma of Kakutani-Bernstein-Kazhdan, which is in fact implicit already in Luzstig-Beilinson-Alfred.
Marcus: By the shadow of the beard of the prophet... euh...
Socrate: Do we not thereby conclude the proof, since by the structure theorem for Ind(G->H)-modules included in Ca, W and the bridging space of Sharif exhaust the space of intelligent games?
Marcus: Are you sure, Socrates?
Socrate: Yes I am, you wax-head! (Socrates throws Marcus in the sea; it is apparent that Marcus can not swim).
De nouveau quelques heures passent; puis revoilà Socrate; il s'est fait couper les cheveux et chantonne du Dylan - All Along the Watchtower -; encore une fois, un jeune homme, cette fois en redingote noire, l'aborde, il lui offre une pogne.
Marlowe : Socrate, salut, dis-moi, quel est l'effet véridique du chapeau au Whist algébrique?
Socrate : Bonjour à toi, Marlowe fils de Raymond qui fait des crêpes à la chandeleur et de Cissy. Je peux répondre à ta question.
Marlowe : Par toute la descendance du prophète réincarné, je te remercie Socrate.
Socrate : Dis-moi, n'as-tu jamais lu l'un de ces textes poignants racontant le déferlement des vikings féroces sur un petit village breton entre 786 et 803?
Marlowe : Si, Socrate, cela m'est arrivé quand j'avais mal aux dents.
Socrate : Ne dirais-tu pas qu'il y a beaucoup dans ces pages qui pourrait s'appliquer au regard horrifié de l'homme dépourvu de chapeau face à un adversaire mieux équipé?
Marlowe : Peut-être Socrate.
Socrate : Ne vois-tu pas l'importance omniprésente de l'imagerie du chapeau dans la pensée occidentale? N'existe-t-il pas de nombreuses expressions populaires qui font appel au couvre-chef, tel que "Manger le chapeau par la racine", ou "Chapeau d'un jour, chapeau toujours"?
Marlowe : C'est vrai, Socrate.
Socrate : Crois-tu, inconscient, que ce soit sans raison que la douteuse Encyclopedia Universalis qui consacre plus de pages à Joseph Liouville qu'à Dashiell Hammett ne contienne pas un mot sur le chapeau?
Marlowe : Pour sûr, non, Socrate, mais que ressent l'homme qui a un chapeau?
Socrate : Le chapeau relie l'être humain (des expériences sont en cours sur les rats, les tapons musqués et les pissenlits) à la face la plus folle de son esprit; véritable peuplier portable, il semble incarner un de ces arbres majestueux sous lesquels le fou aime à se placer. Ainsi libéré des inhibitions les plus raisonnables de son être, il lui est possible de demander 3 plis avec des cartes n'excédant pas cinque en valeur absolue. De plus, le chapeau est bouclier, marmite, récepteur et condensateur d'ondes positives, confident et fusée tout à la fois; son exploitation optimale rapproche l'occiput des dieux.
Marlowe : Est-ce possible, Socrate!
Socrate : Viens et tu verras. Mais n'oublie jamais que Duke Dimitri est subreptice, même s'il te fait des cadeaux, et crains-le en conséquence.
Ils jouent au Whist avec quelques grecs qui font des cadeaux à Socrate.
Méditez encore ce fragment isolé. Malgré sa grandeur, il ne laissa point de trace pendant des siècles, ne guida aucun destin vers le Whist. C'est dans un autre ouvrage majeur de l'humanité que le sujet est véritablement traité de front et en entier, objet de réflexion pour des générations de Docteurs et de Rabbins, indifférents dans l'accomplissement de cette tâche aux persécutions romaines et chrétiennes (tels que les mesures d'interdiction de vente et de fabrication des si précieux placards).[/spoiler]