La cadence infernale à laquelle s'est déroulée l'interaction complexe entre l'homme et la femme n'aura laissé place ni à la miséricorde, ni au moindre ralentissement ; le tempo fut rapide, il n'y eut de répit que celui imposé par leurs partenaires respectifs. Ce qui ressemblait, au commencement, à une file d'attente disproportionnée, une queue éléphantesque, s'est rapidement étendu en peloton dont Royal et Sarkozy sortaient déjà en tête ; Bayrou a tenté de les rattraper, mais les fossiles de ressentiments à l'égard du centre auront saligoté sa campagne, les coureurs de la gauche convaincus de son orientation ennemie, les combattants de droite qu'il tendait au socialisme. Tristes étiquettes qui auront abattu cette belle bête, tandis que dès la fin du premier tour de piste, notre couple gagnant distançait définitivement le reste du peloton.
Alors que le rythme de l'épreuve devenait frénétique, cependant, Royal, à bout de souffle, sentant que l'adversaire reprenait du poil de la bête, eut recours aux friponneries et poussettes les plus éhontées, à tel point qu'elle réclamait, dirait-on, la disqualification, que Sarkozy, grandiose et énergique, ne lui accorda pas. Pas de victoire par forfait pour le distingué meneur, qui franchit la ligne d'arrivée avec une avance honorable et sous les ovations, tandis que les huées lapidaient la pécheresse, l'abattaient, tête dans le sable. Les derniers râles de Ségolène Royal se teintaient d'un accent d'agonie.
Nicolas Sarkozy, truculent Président, homme neuf d'une Nation aux forces vives recouvrées, monta sur le podium, armé du plus altier sourire. Ses belles-soeurs fendirent l'affluence populaire, le rejoignirent. Grand jour, victoire. Il fut bon prince, d'accorder à Royal la médaille d'argent... mais à l'issue de cette compétition, dès le lendemain, apparurent partout de mauvais trublions, voulant lui contester son accession à la première place. N'avait-il pas conquis de haute lutte le trophée du sportif ? Quels sont donc ces partisans consternants, ces gauchistes sacrilèges, qui crachent sur le vainqueur ?
L'impasse et la menace ne sont pas là où on les voit. N'en déplaise aux odieux adversaires de la démocratie qui se drapent dans la bannière tricolore pour mieux crier au loup, Sarkozy a gagné.
_________________ Outa-Napishtim : Il existe une plante comme la ronce, Elle pousse au fond des eaux, Ses épines te piqueront les mains À la manière d'une rose, Et si tes mains arrachent cette plante, Tu trouveras la vie éternelle.
|