Storofeer a écrit:
As-tu vu la vidéo?
D'autre part, ma réaction face à cette vidéo est assez complexe. Je ne pense pas que je me vengerais sur ces "bourreaux". Je ne pense pas non plus que je frapperais les richasses qui portent ces cadavres sur leur sale cul. Je ne crois pas, enfin, que je tenterais de sauver ces bestioles si je le pouvais.
Et pourtant, il y a quelque chose qui réagit. Plusieurs choses, même.
Après visionnage, j'admets que mon Complexe ne s'applique pas ici. Peut-être est-ce l'effet "Happy Tree Friends" ("j'étais trop occupé à vomir"), mais je n'ai pas éprouvé le besoin de me téléporter face aux ignobles dépeceurs de mammifères et de leur niquer sa mère comme l'aurait (virtuellement) fait n'importe quel JDRiste.
(NB : Je suis un être délicat, doué de sensibilité, et non l'un de ces jeunes gnous qui tirent orgueil de leur peau rugueuse de rhinocéros. La mithridatisation au gore, quel lamentable gâchis!)
Je ne parviens pas à en vouloir à ces "rudes trappeurs des steppes du nord" ; et ce n'est pas que je les
excuse (ils n'ont pas été conditionnés par les dessins animés "à petites bêtes", les braves) : pourraient-ils ricaner sadiquement que mon jugement ne changerait pas. Bon sang, on est loin des méchants chasseurs de films Disney, que l'on pouvait détester sans retenue et de façon délicieusement manichéenne ! Mais si ces choses-là on l'art de 'créer' de gentils ressentiments, le pur idéal de "justice universelle" s'effrite au-delà d'un certain stade. Peut-être est-ce dû à toutes ces oeuvres
tortueuses dont on nous gave aujourd'hui (les bons sentiments sont passés de mode) : il est difficile de s'indigner *franchement* de tel type d'attitude, voire d'en "juger" en général.
Toujours est-il que ce sont bien ces boucs émissaires (plus ou moins épais) qui permettent de canaliser l'indignation - cela s'applique en toute situation, jusqu'au "vieux con" qui termine sa vie à râler devant son poste. Lorsqu'il n'y a aucun exutoire extérieur, on est poussé au repli sur soi (ne vous êtes-vous jamais mâchouillé l'intérieur de la bouche, dans l'incapacité de violenter verbalement votre interlocuteur ?). Sauf que dans notre cas, cette scarification est purement... psychologique, ce qui rend la chose bien plus 'traumatisante' à long terme.
Heureux ceux qui pensent que ces gens-là sont "vraiment des salauds" : ils ne connaîtrons jamais les enfers de la névrose psychotique ! (ou psychose névrotique, ça sonne mieux)
***
Je voudrais revenir au Complexe évoqué plus haut (appliqué à des thèmes moins sanguinolents, certes). Il y a chez de nombreuses personnes une détestable complaisance dans la condamnation de tout en n'importe quoi. Voyez plutôt cette masse de topics "ça me révolte" qui submergent la plupart des (mauvais) forums, formidable engrais à des pages et des pages de philosophie de bistrot ("ouais, faudrait buter tous ces salauds"). C'est selon moi le premier pas vers une existence de
Superflu : la caractéristique première de la plèbe hurlante n'est-elle pas sa formidable capacité à râler/pleurnicher ? J'appelle très scientifiquement cela "perte d'énergie par effet Joule" : celui qui 'soupire' recevant plus de satisfaction immédiate que celui qui 'fait', les
'braves gens' sont happés dans un cercle vicieux de gueulage impuissant. Je suis d'ailleurs naïvement convaincu que les médias savent habilement canaliser cet "effet Joule" (Raffarin... ils nous manipulent tous !). Prenez garde aux sujets tels que celui-ci : ils vous anéantiront, vous qui posez déjà un pied dans l'eau bourbeuse de l'indignation pathologique (et faîtes attention au prochain dîner familial avec pépé et mémé : ils n?en ont peut-être pas l?air, mais ce sont des gens
DANGEUREUX).
(Les petits malins s'empresseront de relever chez moi de flagrantes manifestations de ce que je viens de condamner. Ce pourquoi je m'empresse de désamorcer cette éventualité - chacun sait "le dire avant l'autre" empêche de se prendre une balle, vieille ruse de polémiqueur)