Ce matin, je suis tombé sur ça, peut-être que certains connaissent :
http://www.dailymotion.com/visited/search/dieudonn%C3%A9%2Bardisson%2Bsoral/video/xh7nv_dieudonne-ardisson
Joute tragique entre un individu qui essaye d'user de mots pour former des phrases, voire même d'éructer d'un raisonnement, coupé toute les dix secondes par un présentateur et sa réplique terrible :
"Okay, okay, mec, mais quand même... c'est pas cool de dire ça, quoi... *ça ne se fait pas*".
(Je n'ai pas suivi la polémique Dieudo, et ce n'est pas l'objet du topic. Je ne trouve pas l'attitude de ce monsieur particulièrement maligne/subtile, vu qu'il sait très bien à quel genre de réactions et de déformations il s'expose. Je n'en suis pas moins scrupuleusement d'accord avec ce qu'il dit.)
Je m'interroge sur ces tabous politiques, tels que l'Antisémitisme, qui sont une sorte de joker permanent pour couper court à toute forme de débat, sous le prétexte de la bienséance et du
respect.
Mais revenons sur cette notion de respect. Quelle est, déjà , sa légitimité dans le débat politique ? Autant que je me souvienne, celle de couper court aux attaques primaires et injustifiées, ne débouchant sur rien de constructif et n'engendrant que des réactions du même niveau. Jusque là , pas d'inquiétude.
Bien malheureusement, nous baignons dans une société où toutes les bassesses sont bonnes pour apporter de l'eau à son moulin, quitte à se discréditer sur le long terme - et à discréditer, par la même occasion, l'ensemble de la politique. Je veux parler de ces "dictateurs de la petite phrase", qui se contentent de surligner chez leurs adversaires les citations qui fâchent dès qu'on les sort du contexte. Et encore, on en est arrivé à un point tel que, même lorsqu'on a le contexte sous les yeux (cf. la vidéo), on ne voit *que* la petite phrase, par réflexe de "bienséance" pavlovien.
Ainsi, il n'est aucun mal à faire passer n'importe quel argumentaire pour une attaque primaire et sans fondement, que l'on aura plus qu'à écraser sous la massue magique du Respect. Heureux ceux à qui les circonstances ont accordé ce Respect, car les voilà intouchables pour les siècles des siècles, grâce aux merveilleux mécanismes de la nouvelle polémique !
Le plus gerbant, c'est que les gens qui bénéficie de cette couverture aberrante s'en revendiquent avec fierté. Ca, pour sûr, c'est une protection efficace, si l'on mise sur la constance de la pourrissure du débat politique. Qu'ils sachent juste que je trouve cela profondément lâche et nauséeux. Ceux qui usent du Respect de cette façon se rendent Méprisables entre tous.
Okay, le débat politique n'est pas parfait, il est même dans un état de décomposition avancée, et se répand dans tous les sens. Okay, il est plus confortable pour une majorité de gogols de se contenter des petits bouts de phrases sournois qui les confortent dans leurs convictions (ou leur névrose), plutôt que d'essayer d'avoir une vision d'ensemble de tout ce fouillis. Mais quand même, pousser le vice jusqu'à en être fier, à se réclamer de cette fange... ça me laisse sur le cul.
J'avais tout d'abord pensé à baptiser ce sujet "l'Antisémitisme", mais ça aurait été
1) Racoleur, impropre et injuste, vu que bien des "tabous" sont dans ce cas
2) Une incitation à la dérive sur le plan historique, instinctive mais parfaitement hors de propos. Je ne veux pas finir comme le pauvre Dieudo, non plus.
(Remarquez que j'ai fait l'effort de ne laisser aucune prise (du moins l'espère-je) aux "serial quoteur" incriminés. Eh oui, il faut lisser son discours, si l'on ne veut pas s'enliser comme tant d'autres.)
J'invite tous ceux qui ne sont pas totalement d'accord à réagir : un peu d'opposition, de nuançage, ça ne fait jamais de mal.
Pour les autres, je me demande simplement comment combattre efficacement cette tumeur du débat : par une refonte du discours ? par une mise en relief des petits surligneurs ? etc.