L'habitude la moins malcommode - pour moi - que j'ai découverte est bien trop marginale pour plaire à tous. Lire en cheminant est ma méthode. Elle met à rude épreuve les muscles des jambes et impose souvent un slalom d'écueils. Pour les téméraires ayant l'aplomb de tenter ma méthode singulière, je leur conseille, en premier lieu, de pratiquer leur compulsation pédestre dans la placidité de leur chambre, au préalable évidée d'obstacles pouvant infliger des ecchymoses et autres plaisirs tactiles brillants par leurs soudainetés exquisément propices à de fugaces remodelages faciaux.
Pourquoi je recommande fortement de ne l'utiliser d'abord que dans un lieu exigu et aseptisé d'ameublement ? En gros, afin de pouvoir s'immerger totalement dans le récit et non rester sur le qui vive à l'affut du moindre lampadaire. Moi, je n'hésite pas à lire à l'extérieur, mais c'est, d'une part, parce que je connais par coeur les sentiers urbains que j'emprunte et, d'autre part, parce que les personnes que je croise s'écartent révérencieusement devant mon inexorable marche en avant. Ceci étant, ça n'empêche pas cesdites personnes, de prime abord déférentes, de m'invectiver, d'une voix presque inaudible, de lecteur du dimanche une fois qu'ils m'aient octroyé un passage royal.
Il m'arrive aussi de lire assit, sur mon lit, mais, bizarrement, je n'éprouve pas un plaisir équivalent.
_________________ - Composeras-tu une chanson pour lui ? demanda la femme.
- Il en a déjà une, répliqua l'homme. Comme il est le prince qui fut promis, sienne est la chanson de la glace et du feu."
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