Pour ceux qui n'auraient pas (tout) vu :
http://www.dailymotion.com/relevance/se ... rkozy-19/1
(Je vous laisse recoller les morceaux.)
Sur la forme, Royale a écrasé Sarkozy, telle une institutrice faisant la leçon à un petit élèves penaud. Posture droite, regard de tueuse, terriblement agressive tout en restant posée - bref, l'oral parfait. Tout au plus peut-on lui reprocher sa voix un peu nasillarde (bien qu'elle est considérablement travaillé ce point). A côté de cela, Sarko a joué la carte du petit monsieur affable, toujours en train de s'excuser ("Souffririez-vous que je prenne la parole ?" // "J'ai bien trop de respect pour vous, madame...") et surtout, de baisser les yeux, ce a quoi vient s'ajouter sa nervosité naturelle ("oui.. oui... non... mais attendez..."). Ca m'ennuie de le dire, mais "il n'a pas la carrure d'un président".
Et c'est peut-être ce seul critère qui fera basculer mon vote. Voyez plutôt : Royale a le
don de faire passer des choses qui, dans la bouche de Sarkozy, feraient hurler au fascisme - encadrement militaire, petits drapeaux à agiter le 14 juillet... pire/mieux : cela lui donne du piquant, et estompe l'image de "cruche socialiste" qu'on pourrait lui assigner. Je me dis donc que quitte à foncer dans le mur, autant avoir une bonne représentation à l'étranger, et une bonne représentation tout court.
Sarkozy est piégé dans ce rôle de "gentil monsieur", qui lui sied fort mal : en sortir le ferait ouvertement qualifier de petite teigne aux aspirations dictatoriales. Il aurait du, cependant, jouer la carte du recul, se montre un zeste ironique face aux verts pâturage promis par la candidate, plutôt que de se soumettre aussi piteusement. C'est l'
humiliation.
Sur le fond, Ségolène renvoie la moitié des points du débat aux "partenaires sociaux" (
- Papa, c'est quoi, des partenaires sociaux ? - Des Connards, fiston), alors même qu'elle accuse violemment Sarkozy de toute la lenteur décisionnelle du système. Mais, encore une fois, ça passe (tout comme l'énormité du "raccompagnage de femme-flic potentiellement violable", qu'il eût été "scandaleux" de railler). À part ça, il est globalement question d'ouvrir les chakras de la France et de synchroniser ses énergies karmiques. J'espère candidement que ça réussira, charisme aidant, si elle est élue.
En outre, elle a su prendre l'avantage sur l'éducation, et a crucifié Sarkozy (j'ose croire que c'était prévu) après l'avoir poussé sur le terrain de l'émo, le faisant passer pour le dernier des hypocrites larmoyants (les enfants handicapés, bouhouhou). Caca nerveux fatal, dont Sarkozy se servit pour se rendre encore plus ridicule, en rappelant que le calme et la maîtrise de soi étaient des qualités primordiales chez un Président (*rires du public*).
Il n'a pas été contré sur la fameuse dynamique de l'emploi, mais a traité cette question avec un flou artistique Royalien (...quelle déception). Ses bombardements de chiffres lui donnent l'avantage du sérieux, au début, mais finissent rapidement par barber, rendant les délayage superficiels de la dame presque charmeurs, par contraste.
Bref, qu'avez-vous pensé du show et des prises de position ?