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Xenosaga : Episode I
Der wille zur macht[/center]
Tetsuya Takahashi, créateur de
l'oeuvre maudite "Xenogears", quitta Squaresoft pour des raisons ayant trait au jeu en question : avant tout, il avait été victime d'un prodigieux manque d'intérêt de la part des exécutifs de Square qui préféraient miser sur le succès assuré d'une certaine série "Final Fantasy". La réalisation de ce qui devait, au fil du temps, devenir une légende, tint donc du calvaire : on s'imagine sans peine le chemin de croix suivi par le concepteur, les innombrables concessions auxquelles il fut forcé aux divers stades de l'entreprise, et enfin la "satisfaction" que lui procura la coupure de budget assénée au projet. Il tint bon et le produit final porte toujours les traces de cette gestation douloureuse.
Passé à l'ennemi, dans les rangs de Namco, Takahashi récupéra, semble-t-il, quelques bases de ce que devait être à l'origine "Xenogears", afin d'élaborer une série sans avoir à se soucier de telles contraintes financières. Ainsi fut lancé "Xenosaga", réincarnation annoncée de l'aventure cosmique originelle, dont le nom même était destiné à rappeler au public la filiation de l'oeuvre.
L'humanité n'existait que sur une unique planète jusqu'à ce que le Zohar soit découvert. Cette source d'énergie divine permit à l'homme de se lancer dans le firmament. Des siècles et des siècles plus tard, le monolithe d'or et ses multiples reproductions sont l'objet de la convoitise des êtres humains et des Gnosis, créatures blasphématoires qui semblent avoir un lien avec le Zohar et avec les mortels.
Sur ce pitch ambitieux se greffent une multitude de personnages et d'intrigues, constituant un univers d'une richesse quasi labyrinthique, à la cohérence sans failles. Une aventure assez linéaire, suivant le parcours d'un petit groupe de personnages dirigé par Shion, une scientifique au service du conglomérat Vector, sert d'angle d'approche de ce dédale d'informations, produisant moult rebondissements et délivrant au passage la philosophie de Takahashi de manière harmonieuse et discrète. On se souvient des discours parfois pompeux et hors de propos des protagonistes de "Xenogears" : Citan Uzuki tenant un grand discours à Fei à l'instant où celui-ci est contraint de se battre, Jesse clamant, en pleine action, à son fils Billy que Dieu et la religion sont des choses qu'il doit découvrir par lui-même... ces tirades nuisaient parfois au rythme de l'aventure et elles auraient sans doute gagné à être placées de manière plus subtiles en des moments plus calmes de l'histoire. Dans "Xenosaga : Episode I", rien de tel. Tout est à sa place, et s'il y a parfois une certaine surcharge d'informations, le déroulement de la quête principale demeure simple à suivre.
Passons aux points noirs... Excepté le scénario d'une envergure et d'une fulgurance remarquables, il faut bien avouer qu'il n'y a pas grand-chose de valeureux dans "Xenosaga : Episode I". Les graphismes sont beaux, mais lisses, à la limite du robotique. La jouabilité est aisée, sans plus. Les combats sont longs, répétitifs et plombés par une absurdité fondamentale : pour décupler les points d'expérience, il faut achever les ennemis à un tour précis en fonction du
Boost... cela retire tout suspense aux affrontements, puisque le joueur se voit encouragé à "jouer" avec des adversaires - le combat ne devrait-il pas engendrer l'émotion et non le calcul amusé ?
Grande idée, l'univers est éclairé par une vaste encyclopédie englobant la totalité des éléments de ce monde passionnant, se complétant au fur et à mesure, guidant le joueur dans la découverte du scénario.
"Xenosaga : Episode I" s'achève par une sorte de doux cliffhanger narratif, guère amer, au final, puisque le statut de simple volet d'une ambitieuse série était annoncé dès les origines du projet.
Note de cette feignasse de Séphira qui ne prend pas la peine de se connecter : La planète où vivait l'humanité est bien la terre puisque la première scène est au lac Turkana en Afrique en 20XX. Et la terre a probablement été abandonnée pour une raison X, puisque ses coordonnées ont été carrément perdues.