
Pendant que certains s'amusent à glander sur Internet, à faire leurs courses, leurs études, leur métier, ou que sais-je encore, à faire la fête avec leurs amis, à s'abîmer dans la fornication la plus débauchée et les sports les plus stupides, d'autres prennent leur courage à deux mains et se lancent dans le travail d'une vie, dans un labeur insurmontable, abominable, une tâche qui ne saurait jamais être véritablement remplie. Ces êtres d'exception plongent en plein cauchemar, avec leur courage pour toute armure - enfin, ils ont bien une armure, mais face à pareil cauchemar, autant porter un cosplay en carton -, devant jongler entre allégeances et feux de camp, saluer les fantômes bénéfiques et occire les maléfiques, affronter des archidémons qu'ils n'ont aucune chance de parvenir à abattre un jour, et autres hauts faits qui se caractérisent par l'abnégation qu'ils nécessitent. Imaginez le courage, la résistance, la persévérance nécessaires pour gravir roc après roc une montagne de cet acabit, sachant que la moindre petite brise peut vous faire retomber de plusieurs degrés. Concevez la cruauté de l'existence dans ce Viêt-nam médiéval, un dédale de rues, de souterrains et de ravins peuplé d'abominations mortes-vivantes, elles-mêmes envoyées par des entités indétrônables, association des pires cauchemars de Bosch et de Barlowe, qu'on va pourtant devoir affronter en combat singulier. Imaginez !

L'un des nôtres est en ce moment même plongé dans cet enfer. Progressant à la force de ses dix doigts et de ses multiples trépas. Alors, nous qui sommes des êtres privilégiés, nous qui nous complaisons dans notre confort du quotidien, nous qui n'avons pas la moindre idée de la cruauté de l'existence, des épreuves auxquelles on doit faire face dans les endroits reculés du monde, ayons une pensée pour le meilleur d'entre nous.
Ayons une pensée pour Kanar.