Eltanin

Mercredi 16 mai, 16 heures

Déjà réassigné. Ça craint. Pourquoi avoir signé ? Pourquoi est-ce que qui que ce soit s'engage ? C'est dingue de penser qu'il y a quelques mois, j'étais un volontaire...
Recruté par un Japonais. À se demander combien de jeunes gens il a impliqué dans cette sale affaire, avec son air neutre, innocent, et sa toque en fourrure de renard. L'officier Toshiro. On m'a dit que c'était un planqué. Je suis pas sûr de le croire. On dirait qu'il a déjà fait ses armes, mais ailleurs... et que les guerres actuelles, il refuse de s'en mêler.
C'est lui qui m'a jeté dans la fournaise. La Bolétarie. La Bolétarie, on n'y survit pas. Elle garde une partie de nous. Les bombardements incessants des Mantas, les grenadiers embusqués dans les escaliers, les pièges en tous genres... Ce pays a toujours été la poubelle du monde, et aujourd'hui, on y fourre des cadavres. No man's land. Combien de fois les flammes ont failli m'avaler. Combien de fois elles ont bel et bien manqué de me détruire. Mais toujours, on se relève. Toujours, on avance.
Une fois qu'on a fini la Bolétarie, notre vie est finie, elle aussi. Mais une émotion douce, un peu amère, met du baume au cœur du guerrier fatigué. Le soulagement éternel. Ça ne peut pas recommencer.

Et pourtant, ça va recommencer. Déjà réassigné.

On a reçu les nouveaux ordres aujourd'hui à quatorze heures. On débarquera de nuit. Nous allons nous infiltrer sur le terrain en toute subtilité, à partir d'une faille de sécurité, un pénitencier à la frontière du pays. Le bâtiment est grand, et s'ouvre sur une région rocheuse et crevassée, idéale pour déléguer des troupes un peu partout, sans être vus. Si le plan principal coule, on passe à la guérilla.
Notre mission est d'abattre quelque personnalités en vue. Le pays s'appelle Lordran. Jamais entendu parler.
Je vais me reposer. Cette nuit, je dois être éveillé. Attentif. Ma vie, et celle de mes camarades, dépend de la concentration de chacun.

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