Shen> Je ne suis d’accord avec absolument rien dans ce que tu dis. J’ai l’impression que tu fais l’apologie du refus de l’évolution artistique. Les limites engendrant l’art. C’est une remarque que je ne peux pas laisser passer.
Si l’on devait se cantonner a un tel principe, alors nous en serions encore à nous gargariser de la musique des petits musiciens qui enchainent les accords parfaits et les cadences pré conçues en prenant bien garde de ne jamais transgresser la moindre règle. Ces mêmes musiciens, de nos jours, réussissent à peine leur classe d’écriture et ne peuvent en aucun cas se risquer à la composition. Les compositeurs, depuis toujours, apprennent les règles pour savoir s’en émanciper efficacement. Un musicien que j’admire m’a un jour dit « L’émotion musicale est crée par un savant mélange entre ce qu’il faut faire, et ce qu’il ne faut pas faire ». C’est fini l’époque ou on faisant la chasse au triton (aussi appelé tendrement par les musiciens du moyen age le « diabolus in musica ».), ou on excluait totalement certains intervalles parallèles, et ou il était interdit de faire autre chose que des accords parfaits. Je ne connais aucun artiste dont le crédo était « Ne jamais dépasser les limites ! » toi si ?
Concernant la musique synthétique, je n’ai rien contre. Mais il est dommage qu’elle reste une fin en soi. La musique doit passer par le prisme des interprètes qui lui apportent une émotion supplémentaire. J’ai déjà fais l’expérience de faire entendre a une amie, fan du premier mouvement de la sonate au claire de lune de Beethoven, un enregistrement midi de celui-ci. Elle m’a vite arrêté en me demandant c’était quoi cet « enregistrement de merde ». Bon, elle a été un peu bourrin, et moi-même j’apprécie le midi car c’est bien pratique pour travailler et c’est plus facile d’accès qu’un énorme orchestre, mais le fait est la : ca ne dépassera jamais une performance humaine.
Toujours dans le domaine de la musique synthétique, il y a quelque chose qu’il ne faut pas oublier sur les vieilles musiques simulées par informatique, elles souffraient d’un terrible défaut : La limitation polyphonique. Il était impossible de dépasser un certain nombre d’instruments, et ca, c’est un sérieux handicap. Handicap qu’on a moins de nos jours avec l’évolution du numérique, et qui participe a me faire insister sur mon postulat. Et puis il y a la variété des sons sur lesquels je ne reviendrai pas. Si l’orchestration est une discipline qui constitue à elle toute seule en une matière enseignée au conservatoire, ce n’est pas pour rien.
Qui plus est, tu parle du fait que les musiciens classiques se limitaient à des instruments acoustiques, et atteignaient des sommets grâce a ceux ci. C’est indéniable. Mais ils ne se sont jamais limités, et ont utilisé tout ce qui existait. Des l’invention d’un nouvel instrument, les compositeurs s’y mettaient. On trouve des pièces pour onde Martenot, aujourd’hui, et l’utilisation d’une batterie dans les percussions est plus que fréquente. Les orchestres grandissent, pourquoi ? Par ce que la musique dépasse ses limites. Il y en a même qui s’éclatent a composer en indiquant aux joueurs de cuivres d’utiliser leurs instruments comme percussions en jouant des clefs, mais en ne soufflant pas dedans.
Tu me dis préférer les musiques de Nobuo Uematsu quand elles sont synthétisées et pas quand elles sont jouées par de vrais orchestres. Je me dois de te demander lesquelles. Par ce que si tu parle de celles qu’il a fait jouer par des orchestres alors qu’a la base elles étaient écrites pour des instruments électroniques, je ne peux que t’approuver, les sonorités sont complètement différentes et ne peuvent donner qu’un résultat incomparable. C’est évident. En ce qui concerne les autres, ce n’est pas la même histoire. Le thème d’Aerith, par exemple, est infiniment plus beau joué par un orchestre que simulé en midi… Et que dire de la ré écriture et de l’interprétation majestueuse de One Winged angel faite a l’occasion de la sortie de Advent children ! En plus, la voix est un instrument impossible a bien synthétiser. Il est trop complexe… De toute manière, la question de la beauté est subjective, et propre à chacun. Donc ce débat ci n’a pas lieux d’être.
En outre, les progrès fait dans la modélisation font que les jeux vidéos atteignent les sphères cinématographiques à certain niveau. Il est clair que la musique doit suivre a ce niveau la. Nous vivons dans une époque ou le premier trou du cul venu avec une petite mélodie dans la tête ne peut pas espérer faire de la musique de jeu vidéo, car cette dernière devient aussi « noble » (j’aime pas ce terme) que celle qui doit être utilisée au cinéma.
Maintenant, il y a une chose qui est clair, je ne dénigre pas les gens qui préfèrent les vieilles musiques aux musiques actuelles. Libre a chacun d’aimer ce qui le touche et essayer de définir ce qui est beau ou ne l’est pas est du dernier ridicule. Et puis je ne dénigre pas les vieilles musiques, au contraire ! Je prends encore mon pied à en écouter certaines, comme je l’ai dit. Et ces vieilles musiques avaient d’autant plus de mérite d’être belles qu’elles étaient limitées.
Tribersman > Tout à fait d’accord avec toi. Sauf sur la fin, mais on va pas se retaper une querelle des anciens et des modernes. Il faut aller de l’avant, il serait stupide de se priver des moyens qu’on à , mais ce qui est important, c’est de ne jamais oublier ses racines. On ne pourra jamais s’en émanciper, et il est clair que les musiques des mario bros actuelles, même si elles sont numérisées de manières plus modernes, n’oublient pas les leitmotivs qui existaient à l’époque. Même chose pour beaucoup de jeux a suites qui ont évoluer.
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