Je suis faible.
Moi qui m'étais promis de ne plus dépenser un centime dans les grandes franchises commerciales (mode rebellitude genre djeunz boutonneux activé), me voilà à sautiller comme une petite fille devant la jaquette de ce nouveau volet de ce que Square-Enix a baptisé la compilation FFVII... Aussi connu sous le nom de "Je vais tellement exploiter la poule aux oeufs d'or qu'on ne pourra même plus en faire un pot-au-feu à l'arrivée".
Me voilà donc la honte au ventre et la boîte à la main, prêt à découvrir une autre facette du monde de FFVII... En l'occurence les aventure de Zack, vous savez, le fameux pote de Cloud avant que l'un des voyages les plus célèbres du RPG ne commence...
Première impression : Square a voulu jouer sur deux tableaux dont il est spécialiste : le plein la vue technique (les premières scènes animées sont dignes d'Advent Children, et le moteur de jeu n'a rien à envier à certains jeux récents de PS2) et la nostalgie de ses anciennes productions. Les scènes les plus réussies sont à mon sens réservées aux joueurs de FFVII - ce qui est dommage - qui connaissent déjà la fin de l'histoire.
Et à vrai dire, c'est là la grande réussite du jeu, à côté de défauts tout aussi majeurs : les personnages déjà connus - Tseng, Aerith, Cloud et d'autres - connaissent un développement rétrospectif qui n'a rien de déplaisant et surtout, qui a le bon goût de se faire sobre : Tseng, en Turk cherchant à enfouir ses dernières bribes d'idéalisme est presque touchant.
On ne pourra pas nier non plus que le nouveau système de combat n'est pas amusant, à défaut d'être révolutionnaire. En gros, il s'agit d'une reprise simplifiée du système de FFXII, beaucoup plus simpliste mais beaucoup plus dynamique, le combat ne pouvant jamais être mis en pause, et vous forçant donc à faire cabrioler Zack sur le champ de bataille tandis que vous sélectionnez vos diverses actions. Une sorte de roulette totalement aléatoire vous permet de déclencher des attaques spéciales et de changer de niveau, ce qui rajoute un élément plutôt rigolo (la roulette correspondant à des souvenirs de Zack, de petites scènes interviennent alors qu'on castagne des ennemis... bonne idée). Les batailles sont simples, précises et rapides, ce qui n'est pas un mal au vu de leur nombre... plutôt élevé.
Les lieux dégagent également une ambiance très immersive, anciens comme nouveaux. On ne peut que rendre hommage à la fidélité des décors par rapport à "l'oeuvre" originale, et les endroits inconnus n'ont rien d'anecdotique.
Le bon goût de cette comparaison de taille d'épées illustre bien le problème principal de Crisis Core : c'est quand même très lourdingue...Ce concert de louanges ne doit quand même pas nous faire oublier que l'on a à faire à un jeu désigné par l'Antéchrist, à savoir Nomura, qui, comme à son habitude, n'a pu s'empêcher de saupoudrer tout ça de nouveaux personnages classes, dârks, torturés, et gays comme ça n'est pas permis. L'opposant principal en est un bon exemple, triste pleurnichard qui réussit l'exploit de concentrer tous les clichés de l'ennemi "méchant mais pas trop et tourmenté", transformant une bonne partie de l'aventure en eau de vaisselle. Quant à Sephiroth, il réussit à atteindre de nouveaux records dans l'androgynie, ce qui n'est pas spécialement un bon point. Notre psychotique préféré est tellement occupé à prendre des poses que les éléments d'histoire qu'on apprend sur son sujet deviennent presque accessoires. Ce qui n'est pas foncièrement gênant : on n'est pas passé loin, avec Crisis Core, du syndrome Anakin Skywalker (vous savez : "Mais noooon, il n'est pas si méchant en fait")
Bref, la plupart des nouveaux personnages, s'ils sont crées avec l'intention louable de ne pas faire de ce Crisis Core une simple introduction à FFVII, se montrent peu convaincants, le mentor de Zack étant carrément caricatural et le seul à peu près réussi tombant dans un trou scénaristique (Cissnei, si tu nous entends...)
Je lancera une pierre supplémentaire aux "missions annexes", consistant dans leur quasi totalité à aller du point A au point B en dégommant le plus de monstres possibles dans des décors uniformes.
Sentiments mitigés donc... Par certains points, Crisis Core fait preuve de belles trouvailles, qui, tout en s'inscrivant dans la continuité de son imposant aîné, montrent une certaine originalité. D'un autre côté... D'un autre côté, il y en a un peu assez de ces personnages propres sur eux, qui semblent porter la misère du monde sur leurs épaules à la moindre occasion.
Crisis Core est un jeu dont les qualités sont à la hauteur des défauts. Il fournit un prélude solide à FFVII, développe l'univers sans le trahir, ce qui était le gros risque, et, à quelques rares moments, parvient à échapper au côté lourdingue qui plombe le reste de la compilation. Les scènes les plus attendues par les vétérans sont les plus simples... et tant mieux. Oui, pour la simple rencontre entre Zack et Aerith, Crisis Core mérite d'être parcouru, par les néophytes comme par la génération PSX.