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Mistrophera
Final Fantasy 8... La grosse déception ayant suivi FF7. C'était la première fois qu'on avait droit à des personnages jeunz (à présent, entre FF10, FF10-2 et Musahi Samurai Legend, Squareenix ne nous pond que ça) et une bonne grosse histoire d'amour hollywoodienne. Jeu a priori médiocre, donc, qui pourtant pourrait bien surprendre beaucoup de ses détracteurs. Voyez plutôt.
Ci-après: un commentaire de Lepanthes - que de toute façon j'aurais mis sur Boko no Ie, donc...- , auquel je ne souscris absolument pas, bien qu'il soit à mon sens très intéressant. Puis un lien vers une analyse de l'identité d'Ultimecia, qui pourrait bien troquer son titre de "pire méchant de tous les rpg" contre celui de "personnage subtil et travaillé". Peut-être.
Lepanthes a écrit:
Pourquoi le scénario de FFVIII est-il le plus complexe jamais créé pour un FF ?
("Nous voulions raconter une histoire simple avec un garçon et une fille..." / Kitase, scénariste)
PHASE UN --- Parce que FFVIII, tout d'abord, est un jeu à ""narration" subjective". Comparé à FFVI, par exemple, qui est une véritable tragédie classique (la richesse des costumes et l'éxubérance du monde sont caractéristiques du théâtre, thème d'ailleurs omniprésent - qui trouve sa plus puissante représentation dans la scène de l'opéra) où les personnages sont tous suivis, au niveau de leur aventure et de leur psychologie, par le joueur, qui en devient un spectateur presque omniscient... tiens, en parlant d'omniscience : une caractéristique du scénario de FFVI est sa limpidité. Tout, ou presque, y est expliqué, explicité et éclairé, de sorte qu'au-delà d'un certain mystère inhérent au passé de plusieurs personnages (Gogo, Kefka, ...), le scénario ne comporte quasiment aucune zone d'ombre - ce qui n'est pas un mal en soi : l'histoire de FFVI reste excellente.
L'histoire de FFVIII, elle, est presque entièrement plongée dans les ombres. La plupart des thèmes abordés (sorcellerie, le Dieu Hyne, les GF, ...) ne le sont que très partiellement, presque à contrecoeur : certains ont vu dans ce choix une facilité ainsi qu'une faiblesse, à laquelle ils ont ajoutés un argument certes imparable : "A part Squall et peut-être Linoa, les personnages sont tous fades et n'ont aucune psychologie !". Imparable ? Seulement si l'on se place dans un point de vue objectif, où le joueur est sensé connaître la psychologie de chacun des personnages. Mais la force incomprise de FFVIII, à mon humble avis, est de se démarquer de ce moule en tentant subtilement une autre approche : faire vivre l'aventure non par les seuls yeux d'un joueur "omniscient", mais à travers ceux d'un personnage - LE (seul ?) personnage du jeu : Squall.
Une "narration subjective" ? Eh oui. Ce mode unipersonnel, qui fait évidemment référence à l'un des thèmes principaux du jeu ("A-t'on besoin ou non de l'Autre pour vivre ?"), force la transformation de toute personnage autre que Squall à la simple perception que ce dernier a de ceux-ci. Ainsi, chaque personnage possède, à son apparition, une "base psychologique" correspondant à ce que Squall apprend de ceux-ci, mais cette base n'évolue, contrairement aux autres FF, que si Squalle y trouve de l'interêt : ainsi Seifer (en tant que rival) et Linoa (qui obsède notre héros) se voient "observés" et développés, alors que la plupart des autres (Zell, Irvine, ...) gardent leur rôle de "bon ami", leur rôle de départ, à cause du désinterêt relatif de Squall par rapport à ces sujets. Leur psychologie ne change que lorsque Squall est forcé de remarquer un changement (ex : Irvine se révèle être pour Squall un "pleutre frimeur" lors de la mission contre Edea à Deling City).
Cette narration unipersonnelle se ressent également à travers l'histoire apparemment décousue, emplie de mystères : les mythes peu développés (car Squall ne s'y intéresse pas), les questions sans réponse (car Squall s'en fout comme de son premier Chocobo), ... en fait, Squall est obsédé par deux ou trois idées - et le reste, eh bien... basta ^_^ !
C'est à mon avis ce point de vue subjectif, "interessé" et partial qui a été mal compris et confondu avec un choix conscient de la part des scénaristes de "ne s'occuper, sans raison particulière, que des deux héros principaux". Une simple histoire avec un gars et une fille ? Faites-moi rire, la suite s'efforcera de prouver le contraire !
PHASE 2 --- Parce que FFVIII comporte le background le plus complexe de la série toute entière. Suivi de près, je l'accorde, par FFVII - mais ce dernier ne se complaisait pas dans l'obscurité et la dissimulation, tout pouvait être très "facilement" assimilé et interprété. Le scénario de FFVIII se place dans un cadre SF, une science-fiction particulièrement déjantée, d'ailleurs : de la politique, des voyages dans l'espace (Cid de FFVII serait aux anges), des missiles "nucléaires", des laboratoires de recherche... mais aussi et surtout de la magie, des monstres (extraterrestres ?), et des sorcières. Un mélange plutôt d/étonnant, qui ne sert pourtant qu'à justifier et étoffer le thème soi-disant principal, l'amour... qui masque lui-même le véritable thème du jeu, le rapport avec les autres (amitié, amour, famille).
Les nombreux points obscurs du background, en relation avec la narration subjective évoquée plus haut, sont assurément déroutants pour le premier venu - qui aura tôt fait de se concentrer sur l'histoire d'amour entre Squall et Linoa, et de prétendre (donnant raison à ses vicieux créateurs, dont le scénariste *qui est tout de même celui de FFVII*) que l'histoire est simpliste et alambiquée. Alambiquée, peut-être. (Il y a dans ce terme un petit relent d'alchimie qui n'est pas pour me déplaîre ! ^^). Simpliste, oh que non...
Dernier point en ce qui concerne le background, je conseillerai à tous de se pencher attentivement sur la mythologie de FFVIII (le Dieu Hyne, sa relation avec 1/ la magie et 2/ les sorcières, la nature de la "sorcellerie" et son mode d'héritage, la nature des sorcières - et notamment d'Ultimecia, ...). Avec en tête, si possible, les quelques thèmes suivants - qu'il faudra bien sûr mettre de nouveau en relation avec le scénario du jeu : famille, image du Père et de la Mère, malédiction, enfance perdue, ... et tout ce que vous voudrez/pourrez y rajouter. Faites-vous bien mal à la tête.
PHASE 3 --- Parce que les GF ne sont qu'un symbole de la barrière qui isole l'individu de la communauté, qui protège tout en détruisant les liens avec le monde extérieur. La GF ("Force guardienne", tout de même) est une créature fantasmagorique qui se "lie" avec un sujet, et lui propose des moyens de se défendre contre le monde extérieur (la posibilité, notamment, d'utiliser la "magie" pour une personne non douée de "sorcellerie"). Le point "négatif" est que cette GF "occupe l'esprit du sujet", et lui fait progresssivement perdre la mémoire - soit, tout ce qui le rattache au monde extérieur. On peut imaginer qu'au final il se lie une relation d'exclusivité entre la créature et son hôte, au détriment de toute autre personne du "monde extérieur". Bien évidemment, cela est à rapprocher du cas Squall - qui pense pouvoir vivre dans une froideur et une solitude extrême toute sa vie, après avoir été "abandonné par les autres" dans sa petite enfance. La GF est une personnification du sentiment schizoïde qui pousse à se retirer du monde et à s'enfermer dans son propre esprit, son propre fantasme.
Et qui est le personnage "immortel" qui a eu le temps, au cours de son incroyablement longue existence, se couper tout à fait du monde pour ne vivre que dans ses rêves en compagnie de sa GF ? La sorcière Ultimecia, bien entendu. La sorcière Ultimecia et sa GF Griever (Chronos) [elle finit par fusionner avec celle-ci dans le combat de fin, quittant pour toujours de façon explicite le monde réel pour se lier avec ses illusions], qui est comme par hasard la copie conforme de la "mascotte" (^_^) de Squall, le griffon représenté sur son pendentif tout comme sur la bague - QU'IL OFFRE A LINOA AU COURS DU JEU !... hum, excusez ^o^*. Griever / Chronos représente le temps... le temps qui passe et détruit tout sur son passage... le temps qui amène les regrets et les remords (quel est le sens de "griever", déjà ?). Et quel est le but d'Ultimecia, déjà ? Une "compression temporelle". Tiens, tiens. Je préfère arrêter là , cela n'a plus que très peu à voir avec les GF (quoique) ^^.
Pour finir : examinez attentivement les GF de FFVIII et les Chimères / Aeons de FFX (d'ailleurs, Aeons fait référence si je ne m'abuse au nom japonais des Espers de FFVI, dont le système de "linkage" à un perso ressemble pas mal à celui de FFVIII... mal à la tête, déjà ?! :p). Dans FFX, les Aeons représentent les âmes d'êtres humains sacrifiés de leur plein gré au nom d'un Invokeur. Dans FFVIII, les GF... euh... on ne sait rien ou presque sur eux. Etrange. Cela dit, le couple Invokeur/Chimère n'est pas sans me rappeler les Sorcières/Chevaliers de FFVIII... et notons simplement que si Linoa est une sorcière (et, effectivement, elle l'est), son chevalier servant ne pourrait être que Squall. Faisons alors une minuscule transposition d'univers : quelle forme pourrait donc prendre l'esprit sacrifié de Squall pour son Invok... Sorcière, si celui-ci devenait à sa mort un GF (et quelque chose me dit en effet que les GF sont bel et bien les esprits des anciens Chevaliers morts de Sorcières !) ? Je ne me le demande même pas, messieurs. Et cela me permet d'introduire le prochain thème...
PHASE 4 --- Parce que Rinoa = Ultimecia. En toute simplicité. Relisez les paragraphes ci-dessus si vous avez des doutes. Imaginez-vous la suite des aventures de Linoa, la sorcière immortelle, et Squall, le jeune premier tout ce qu'il y a de plus mortel. Puis réfléchissez un peu, beaucoup, et puis, merde ! persuadez-vous-en ! Pourquoi le symbole des ailes blanches rattaché à Linoa, si ce n'est pour indiquer son lien (un peu, oui ^^) avec Ultimecia et ses ailes noires ? Comme beaucoup d'autres, je suis persuadé que les paroles de la séquence d'introduction sont bien plus mystérieuses et "sensées" qu'il n'y paraît : le château d'Ultimecia se trouve là où Linoa avait fait cette promesse de "l'attendre" à Squall ! Et ça, couplé avec les paroles sybillines (et interrompues) d'Ultimecia à Squall pendant le combat de fin - ça fait un peu trop pour être innocent. Surtout dans ce jeu de faux-semblants où le voile n'est jamais levé, ne serait-ce que par exemple sur le lien filial "évident" entre Laguna et Squall.
PHASE 5 --- Parce qu'après tout, le simple fait que l'on puisse déblatérer ainsi pendant des heures sur des théories qui ne seront jamais réellement prouvées est, à mon avis, la marque d'un très grand scénario (- de la poudre aux yeux, soit, mais sous la forme d'un gros sac de 2 kg de poudre, reçu en pleine face à une très grande vitesse ^^).
Et, pour répondre une fois pour toutes à la question de base :
FF1 - scénario bateau voire inexistant, les personnages de Garland et Chaos sont sympa sans plus.
FF2 - (pas joué, mais à mon humble avis... :p)
FF3 - (même commentaire)
FF4 - très bon scénario, classique mais efficace, de grands personnages... mais cela reste *trop* classique.
FF5 - bwarf, une "fantaisie finale" pleine de rêves plus ou moins gentillets, pas trop mon truc.
FF6 - scénario excellent, personnages extrêmement développés - mais déroulement classique et "peu de mystère".
FF7 - le plus grand jeu de la série, un scénario très riche - meilleur que FFVIII, mais assurément moins complexe.
FF9 - une autre "fantaisie finale", dans la lignée des 1,2,3,5 (et 4, dans une moindre mesure), mais avec des éléments SF et déjantés issus tout droit des 3 précédents jeux - au final, une histoire belle et poétique, mais pas "géniale" pour un sou.
FF10 - peut-être le scénario le plus "faible" des derniers jeux, une trame fantasy/SF certes étoffée et relativement intéressante, mais qui reste distante, peu aboutie, et peu apte également à entraîner le joueur dans le monde présenté.
FF11 - sans commentaires.
FF12 - j'en attends beaucoup de Yasumi Matsuno, l'avenir me donnera tort ou raison.
Je "prouve" ainsi la justesse de mon hypothèse... hein ? Comment, "pas d'arguments" ?! Pfff... retournez jouer à FF11 ! :p
Lepanthes
Dans ce commentaire de Lepanthes, je regrette la PHASE 5, qui peut conduire à des raisonnements aberrants (exemple: Matrix est profond parce qu'il y a suffisamment de demeurés pour en discuter des heures durant). On regrettera également pas mal d'autres choses (les G-Force, etc...) mais on retiendra bien l'idée qui me semble la plus pertinente: le héros, mais aussi le joueur lui-même, est Squall, et cela explique en quelque sorte le mauvais développement des autres persos. A noter que ce raisonnement peut très bien s'appliquer à FF10, étant donné que dans FF10 aussi, on connait les pensées du protagoniste, et de lui seul. Mais du même coup, cela confirme la supériorité de FF7, où même le héros est un étranger au joueur (et à lui-même).
...
Et voici le lien vers la page de réFlEXiOnS à propos d'Ultimecia... A lire en prenant son goûter.
http://www.finaland.com/?rub=info&page=hypoff&cat=ultimecia
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A noter que je traverse une difficile période de nostalgie et de regrets, accompagnée de régression à l'état infantile, régression caractérisée par un sévère repli sur soi dans des domaines rassurants, tels que, ici, le passé de SquareSoft et les RPG.
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