Avertissement préliminaire. Ce court article est conseillé exclusivement :
- Aux adolescents de moins de 16 ans propriétaires d'un skyblog (lol ! ^^)
- Aux cosplayeurs métrosexuels
- A Quinn Morgendorffer
- Aux curieux à tendances sado-masochistes.
La production RPG-esque de la DS s'étant étoffée ces derniers mois (entre un FFXII Revenant Wings pour petits et grands et des titres pour sociopathes genre Etrian Odyssey), c'est avec curiosité que j'ai découvert l'un des derniers titres de Square-Enix pour la portable de Nintendo : The World Ends With You.
Mesdames et messieurs accrochez-vous. Accrochez-vous et imaginez une réunion de direction dans le bâtiment de Squix (genre château des Carpates avec de l'orage tout autour) durant laquelle de sémillants quadragénaires qui ont chacun volé un rein à une petite fille pour en arriver là se demandent comment se payer leur troisième villa.
Leur cible, ce sont les 12-17 ans, cela est bien compris. Faut que ça bouge, que ce soit coloré, que ça ait l'air profond au mépris de toute vraisemblance (Kingdom Hearts reste à ce jour l'exemple canonique de ce genre de productions).
Si on rajoute à ça la perte de vitesse des univers médiévaux-fantastique et la touche particulière de la DS, ça donne quoi ?
Eh ben ça donne the World Ends With You.
Ca donne ça : Neku, jeune homme asocial et complexé se réveille un beau jour amnésique (oh oh) au beau milieu de Shibuya, quartier commerçant de Tokyo. Il s'aperçoit vite que personne ne le voit. Tel un fantôme, il erre un moment avant d'être attaqué par des grenouilles mutantes (je vous jure) et secouru par Shiki, jeune fille qui semble dans la même situation que lui. Après avoir défait les bestioles, elle lui révèle le fin mot de l'histoire : ils sont quelques-uns comme lui, prisonniers du jeu des mystérieux Reapers, qui leur impose de réussir, en partenariat, une série d'épreuves sous peine d'être effacés. Qu'ils survivent 7 jours et leur vie d'avant leur sera rendu.
Voilà dans quoi tient le scénario, que Squix tente de complexifier afin de nous montrer que c'est vachement prenant comme histoire, tu vois. En "développant" tout d'abord les personnages. Mais comme c'est sur DS et qu'on n' a pas beaucoup de place, les scénaristes font au plus simple. Ainsi, pour nous montrer que Neku est un asocial qui ferait pâlir d'envie Shinji Ikari, ils ont recours à quelques procédés subtils, le plus fréquent d'entre eux étant le gimmick de Neku : "Friends ? Who need 'em ? I hate people..." qui ponctue avec subtilité (14 fois par heures de jeu) son discours.
A côté de ça, nous avons Shiki, qui perpétue la volonté de Nomura de nous présenter des personnages féminins valorisants : elle est belle gentille et creuse comme ma dent artificielle et forcément un peu fourbe aussi parce que OH HEIN c'est une nana. Et on sait à quoi s'en tenir.
Voilà pour le scénario de cette production à côté de laquelle Guerre et Paix peine à se hisser. Niveau technique, c'est un régal, cependant. Les graphismes sont terriblements détaillés (la DS est vraiment faite pour la 2D) et le gameplay propose énormément d'innovations que je ne détaillerai pas parce que mon cerveau est déjà en train de fondre. Je signalerai juste le système de combat, qui se déroule sur deux écrans simultanés : Neku en bas et Shiki (ou d'autres partenaires) en haut. On contrôle le premier à l'aide du stylet, déchaînant divers sorts sur l'adversaire, tandis que l'autre utilise les touche directionnelles. Ca a l'air injouable dit comme ça mais en fait, il suffit d'appuyer frénétiquement dans une direction et de se concentrer sur Neku pour que tout marche comme il faut.
Ah si, les équipements quand même... Il faut parler des équipements ! Voyez-vous, Neku est un asocial rebelz et tout. Oué mon gars. Mais heureusement, Shiki (vous savez, la FILLE) qui est une FILLE est très au fait de la mode et, dans un discours assez hallucinant, lui explique l'importance de se fringuer hype. En effet, chaque quartier de la ville a ses propres canons en matière de mode et suivant ce que vous portez, vous aurez l'air d'un loser dans une rue et d'une star du X dans l'autre... Ce qui influera directement sur vos statistiques de combat. Si à ce point là , votre sang froid se rapproche du point d'ébullition, c'est plutôt normal... Qu'un jeu vidéo ne cherche pas à véhiculer des valeurs, soit, mais quand même, il y a des limites...
En fait, the World Ends With You est une oeuvre plutôt intrigante (sinon, je ne serai pas là à baver dessus) : conçue pour plaire au détriment de tout bon goût, elle est une machine de guerre plutôt efficace : le design sert parfaitement l'ambiance dans sa cohérence, tout comme la musique (insupportable, mais très appropriée : dance, hip hop, trip hop et j'en passe...). Tout est à sa place, et il est très facile de se laisser emporter... Ou plutôt, il serait très facile de se laisser emporter si on avait le droit à quelque chose de moins caricatural. J'ai, de mon côté, passé un agréable moment en riant pour des raisons sans doute non voulues par les réalisateurs (ou alors si, et ils sont terriblement subtils)... Ce jeu fait avancer pas mal de choses mais échoue à nous montrer que, devant la montée des innovations techniques, le scénario est devenu un élément dispensable du RPG.