Au contraire, pour les normes de l'époque, je trouve la modélisation assez admirable, mis à part quelques abominations dont la monstruosité ne doit rien à l'atmosphère du jeu (Ignatius et les zombies qui ont la même hideuse tête en pain de sucre, le boss final et ses épaules supposément décharnées mais qui ne réussissent à ressembler qu'à deux gros pustules blancs). Nadia est bien plus arrondie et souple que la Lara Croft de l'époque, la plupart des monstres sont articulés de manière crédible (mention spéciale aux tentacules des horreurs qui sortent de l'eau) et si l'on relève quelques fautes de goût (les Dockers, ces énormes humanoïdes du bleu le plus royal qui, ô malheur, reviennent dans la séquelle), globalement, le bilan est satisfaisant. Nous pouvons aussi parler des environnements, vastes, regorgeant de passages secrets, où le cheminement est clair et l'ambiance palpable.
Pour ce qui est de la pixelisation, j'avoue, elle est bien dramatique par moments. Dieu soit loué, de nos jours, il est possible d'y remédier. Dommage que tu n'aies plus le jeu vidéo : il fait bon ménage avec le lissage de textures PS2.
Au niveau de la jouabilité, le bilan est mitigé. Le maniement des personnages est diablement instinctif, faire courir Nadia est tout ce qu'il y a de plus agréable, tant c'est rapide et aisé, et les sauts de côté ou en arrière, de même, sont exécutés avec célérité. C'est cette vitesse qui, paradoxalement, nuit aux combats : les créatures de cauchemar sont d'une combativité telle que le joueur n'a pas le temps de se concentrer sur les enchaînements. Du coup, on passe le plus clair de son temps à bourriner, et de temps à autre, quand on a réussi à coincer un ennemi contre un mur, on se risque à une combinaison de boutons... Il y a bien plus dramatique : un passage de plate-formes dans les égouts (Thames Tunnel) si mal géré, avec une voûte basse qui bloque les sauts, que l'on peut très bien épuiser toutes ses vies en buvant la tasse. C'est le seul moment du jeu où le problème se pose, mais il est assez tordu pour figurer parmi
les pires moments de ma vie de joueur.
Le jeu totalement en anglais, ça, c'est criminel. Kalisto a tant prêté attention au marché international qu'ils ne se sont guère préoccupés de penser aux malheureux francophones qui pourraient avoir envie de profiter de l'histoire !
Post-scriptum : As-tu gardé le contact avec le scénariste (qui ne peut guère être fier de son boulot) ?