Eltanin

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MessagePublié: 29 Mars 2009, 15:12 
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Néophyte en cours de familiarisation

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Les aventures d'une jeune esclave en fuite dans un monde ancien. Inspiré de l'univers de Robert Howard.
Ce récit est la transcription d'un jeu de rôle sur table, tout à  fait classique, à  un détail prés, il se joue sur SL.
Il n'a donc aucune prétention artistique mais simplement celle de rendre compte de ce que peut être un jeu de rôle.
Enheduana est le personnage que je joue, cette transcription est donc sa vision à  elle du jeu, partielle, partiale sans doute, c'est la raison pour laquelle j'ai choisi de l'écrire sous form de journal, dans un style proche du langage parlé.
Merci à  tous de le lire, bonne lecture à  ceux qui y prennent plaisir, quant aux autres, soyez indulgents, je ne suis pas un écrivain, et je n'en ai pas la prétention.


Dernière édition par sandrine slade le 18 Avr 2009, 16:19, édité 1 fois.

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MessagePublié: 29 Mars 2009, 15:19 
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Néophyte en cours de familiarisation

Inscription : 29 Mars 2009, 14:50
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Printemps 1623 AA

Hier matin, je me suis échappée ! Enfin !

Ce gros porc devenait de plus en plus pressant.

Il dormait, noyé dans le vin comme toutes nuits, et aussi dans ce philtre que j’y avais ajouté et qui m’a couté …

J’ai pris quelques pièces dans sa bourse, mais pas tout, il ne s’en apercevra pas, le sort d’une esclave fuyarde reprise n’est déjà  pas très enviable, mais si en plus elle est accusée de vol, c’est le pal assuré !

Depuis je marche dans le désert, je longe la piste mais je ne l’emprunte pas, de temps en temps un cavalier approche, je me jette a plat ventre, je le laisse passer en tremblant, je repends ma route. Cette nuit, j’ai tenté de dormir un peu au creux d’une dune, pour reprendre des forces, je n’ai pas pu, je grelottais, j’ai repris ma marche.

Enfin, les murailles de la ville sont en vue, je suis épuisée, affamée, crasseuse, puante.

Cette ville me semble immense, bruyante, grouillante, un peu effrayante, je n’ai jamais quitté le désert avant.

Il y a des marchand, des paysans, une foule de gens qui entrent et qui sortent et surtout il y a les gardes qui surveillent mollement, mais on sait jamais, ils sont couvert de fer, immenses, ils n’ont pas l’air méchant mais parfois ils contrôlent un malheureux en haillon … un peu comme moi !

Il y a des mendiants assis au pied de la muraille, je vais aller les rejoindre, vu mon accoutrement je pourrais me confondre avec eux le temps de me préparer à  entrer. Les deux plus jeunes me sifflent, je dois être a leur gout, je leur fais un grand sourire, ce n’est pas le moment de me brouiller avec eux.

Une vieille me demande si je veux devenir mendiante, je vais m’assoir près d’elle, je vais en faire mon alliée de celle la.

Je lui explique à  demi mots que je préfère éviter les gardes et que je cherche du travail, elle me propose tout de suite de travailler dans une auberge, à  mon avis elle se voit déjà  en maquerelle, mais moi je préfère me terrer comme servante dans une famille quelque temps, mon maitre doit me faire chercher, dans une auberge je serais trop exposée à  faire de mauvaise rencontre et à  me faire reprendre, il va falloir jouer serré avec la vieille mais en même temps elle est plutôt gentille et je pense quâ€™à  sa façon elle essaie vraiment de m’aider.

Je ne connais rien aux grandes villes et je découvre que même pour faire la bonniche il faut être recommandée, évidemment je ne le suis pas, elle me propose alors tranquillement d’aller travailler dans un bordel, même m’explique même au passage qu’elle-même est une ancienne pute. Là  je suis ferme, je ne veux rien savoir, j’ai de l’ambition dans la vie moi, je sais qu’un jour je serais une princesse ! Un passage dans un bordel est une tache sur la réputation d’une fille bien trop difficile à  effacer !

Elle finit par me proposer à  regret une dernière possibilité, me présenter au roi des mendiants, je ne savais pas que ces gens là  avaient un roi mais au moment où elle m’explique que c’est une corporation très organisée, instinctivement cette solution me plait tout de suite ! Un homme ! Un roi ! Même des mendiants, un roi est un roi, c’est aussi un homme et dans ma jeune vie jamais je n’ai rencontré un homme qui me résiste ! Je tournerais la tête de celui là  comme des autres et il me mangera dans la main ! Ce sera mon marchepied pour creuser mon trou dans cette ville.

Curieusement, ma nouvelle amie n’a pas l’air enchantée de mon choix, elle essaie de me décourager en me représentant la dureté de la vie des mendiants, comme si j’avais l’intention de devenir mendiante !!!

Mais je me tiens à  ma décision et elle finit par accepter de me conduire chez lui, le passage de la porte se passe bien, les gardes la connaissent et je m’en tire avec quelques remarques graveleuses, j’en ai l’habitude, aussi loin que je m’en souvienne j’ai toujours plu aux hommes et même quelques fois à  des femmes …

Aussitôt dans la ville je suis saisie d’une sorte de vertige, tout ce monde, ce bruit, ces odeurs, ce mouvement, ces cris, ces mendiants crasseux qui voisinent avec des artisans en plein travail, le feu des forges, celui des cuisines ambulantes, les odeurs de fritures, celles des chevaux, ces nobles chamarrés, couverts d’or, et leurs femmes voilées, les colonnes de prisonniers enchainés menés comme du bétail par les gardes à  l’air féroce, tout ça se télescope dans ma tête comme un tourbillon, j’ai l’impression de me noyer, je dois m’accrocher au bras de la vieille pour ne pas hurler, je tremble, mes jambes ne me portent plus.

La vieille me saisit et me porte presque sur un tas de bois ou elle me fait assoir, elle a compris mieux que moi ce qui m’arrive, je suis épuisée, affamée, je lui avoue que j’ai quelques pièces sur moi, elle appelle un gosse et l’envoie m’acheter du pain et des dattes, dès que je mange un peu ça va beaucoup mieux, je me ressaisis.

Après la vieille m’a fait visiter la ville, surtout les quartiers riches, ceux sur lesquels je règnerais bientôt, je le sais, je le sens ! Puis on descend vers la ville basse, là  c’est tout à  coup très différent, des échoppes minables, des rues sales et puantes, des bandes de jeunes hommes qui trainent en quête d’une proie ou d’un mauvais coup, je ne me sens pas rassurée, surtout que comme toujours ils s’intéressent un peu trop à  moi, mais visiblement la vieille est connue et respectée, ils n’osent pas s’affronter directement à  elle.

On arrive enfin devant une porte défraichie percée dans une façade aveugle, elle tape à  la porte avec une sorte de code, j’essaie de le mémoriser mais il est trop compliqué, tant pis, la porte s’ouvre, on entre, des hommes en loques mais lourdement armés nous laissent passer sans un mot, on traverse un dédale de couloirs et des courettes, personne ne semble faire attention à  nous, mais en même temps j’ai le sentiment que si je faisais un pas de travers je serais percée sur le champ par une flèche ou un couteau, je suis prudemment la vieille.

On finit par déboucher dans une grande cour ou règne un grand désordre, mais relativement propre, des enfants jouent, des femmes font de la cuisine, des hommes bricolent ou joue aux dés, la vieille appelle une gamine et me confie a ses soins avant de disparaître.


La gamine me conduit dans une grande salle ou sont plusieurs bassins où coule une eau fraiche et pure, je m’y glisse avec délice, je n’ai pas été aussi bien depuis longtemps, la gamine s’arme d’une éponge et se met à  me laver en papotant, elle m’explique qu’on est en train de la former pour ensuite la vendre à  la guilde des voleurs, elle est mignonne, espiègle, et même un peu délurée pour son âge puisqu’elle me demande carrément si je vais coucher avec le roi !

L’espace d’un instant, je la vois, enchainée dans une colonne en route vers le bagne, ça me fait un pincement au cÅ“ur, ma vision a une étrange réalité, je me secoue, je chasse cette pensée comme une mouche et je caresse doucement la joue de la petite qui continue son babillage, elle me montre des robes suspendues à  une tringle, de jolie robes, propres, bien coupées, bien repassée, juste un peu défraichies, elle me dit que je dois me faire belle pour plaire au roi si je veux coucher avec lui, décidément cette petite a l’air très au fait de choses qui à  son âge devrait lui échapper ! Peut être que dans les villes les filles grandissent plus vite que chez nous, dans le désert, peut être est ce la promiscuité qui règne dans ce monde de mendiants. En tous cas, je suis bien ici, j’ai fait le bon choix, je suis dans un bain, avec une servante qui me lave, je vais avoir une belle robe, j’étais loin de penser il y a encore quelques heures que ma fugue finirait aussi bien, surtout que je ne doute pas une seconde que je vais mettre le roi dans ma poche !

Une voix derrière moi me tire soudain de mes rêveries, la voix de la vieille qui me presse de m’habiller et de me préparer en vitesse, je me retourne, et la, le choc ! La vieille a rajeuni de 20 ans ! Elle est propre, coiffée, maquillée, elle porte un superbe robe, elle est magnifique, chez nous on l’aurait pris pour une très haute dame, même les femmes des chefs de clan ne sont pas aussi sophistiquée ! A regret, je me prépare minutieusement, il faut que je brille de tous mes feux pour ma présentation au roi !

Quelques minutes plus tard, parée de la plus jolie robe que j’ai pu trouver et surtout d’une paire de ces magnifiques chaussures à  talons hauts, comme seules en porte les Dames venues du Nord, et qui affinent si merveilleusement la silhouette, j’en avais déjà  vu, une fois aux pieds d’une de ces princesses blondes qui était passé chez nous avec sa suite. J’avais rêvé des nuits entières de porter les mêmes un jour. Mais déjà  Belit m’entraine et je me mets en marche à  sa remorque.

Nous parcourrons un dédale de couloirs, de galeries, de cours, mon cÅ“ur bat à  tout rompre, plein à  la fois d’un espoir fou, d’une peur qui me glace. Vais-je plaire au roi ? Que va- t- il faire de moi ? Va-t-il m’aider, ou au contraire me trahir ? J’ai envie de rire, de hurler, de pleurer à  la fois. Mon Maitre était mon Maitre, et je ne tolérais pas son pouvoir sur moi, mais dans le fond, c’était un homme bon, qui ne recherchait rien d’autre que sa tranquillité et la jouissance paisible de ses biens, dont je faisais partie, celui là , ce roi de l’ombre, sera d’une tout autre trempe, cela ne fait aucun doute. Il faut absolument que je lui plaise, que je le séduise, c’est notre seule arme a nous les femmes, fébrilement je recherche un miroir dans chaque pièce dans laquelle nous entrons, je veux mettre un dernier coup de brosse à  mes cheveux, une dernière retouche à  mon maquillage, mais Belit ne l’entend pas de cette oreille et file comme le vent a travers le labyrinthe.


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MessagePublié: 05 Avr 2009, 20:07 
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Néophyte en cours de familiarisation

Inscription : 29 Mars 2009, 14:50
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Enfin, nous débouchons dans une pièce ou deux hommes en armes et un troisième avec un habit qui cherche à  ressembler à  une livrée nous accueillent. Les soldats interrompent leur discussion, me regardent, m’évaluent, me soupèsent du regard, l’examen a dû être favorable, ils me sourient, si seulement le roi pouvait conclure de même !
Le « majordome » me demande mon nom, frappe à  la porte, m’annonce, une voix mâle, profonde, autoritaire ordonne de me m’introduire, ma tête se vide, mes jambes ne me portent plus, je vais jouer ma vie sur un regard, Belit me secoue, je respire un bon coup, j’entre.

Une grande salle, des tentures défraichies, mais tout est clair et propre, au centre une table, dressée pour un repas, en bout de table, debout, le roi, j’ose à  peine lever les yeux sur lui, il est grand, jeune, beau, élégant malgré l’usure de ses habits.

Je plonge dans ma plus profonde révérence, un regard mi sévère, mi amusé éclaire son visage, il apprécie mon éducation et me le dit, puis de but en blanc il me demande si je veux être libre, je ne pensais pas qu’on entrerait si vite dans le vif du sujet, je suis prise au dépourvu, un peu déstabilisée, je réponds simplement oui, ma réponse n’a pas l’air de lui plaire vraiment, il se lance dans un petit discours d’où il ressort que la situation d’esclave n’est pas si mauvaise, et que beaucoup de nos reines et des plus grandes Dames de l’histoire avaient ce statut, j’ai comme un gout de terre dans la bouche, je me mors les lèvres pour ne pas l’interrompre, il veut refaire de moi une esclave !!!

Je bafouille une réponse incompréhensible, il sourit, son regard m’écrase, je me sens ridicule, je suis loin de rêves de conquête, mes mains tremblent, j’ai la nausée, heureusement, des gens arrivent qui font diversion, ils s’installent à  table, Belit m’attrape par le bras et me fait assoir, je me laisse tomber sur ma chaise, l’esprit vide.

Belit me parle à  l’oreille, elle me secoue, je me ressaisis, je recompose un sourire sur mon visage, je lève les yeux, je fais un rapide tour de table, tout les regards sont braqués sur moi, je suis visiblement l’attraction du jour.

Le roi est vraiment très beau, son sourire dominateur se promène sur l’assistance, à  sa droite dame Mena, une femme, vêtue simplement mais avec recherche, sa femme peut être, à  sa gauche un homme, l’air farouche, presque sauvage, le visage fendu d’une cicatrice rougeâtre, il ne doit pas faire bon tomber entre les mains de celui la.

Le roi me parle, me dit qu’il sait que je veux être servante, qu’il sait que j’ai besoin de lui pour ça. Tout le monde écoute, me regarde, j’en ai assez de subir, je lui déclare tranquillement que je veux être princesse, que je le vaux bien, puis, pour atténuer ces paroles qui pourraient me faire passer pour une idiote j’éclate d’un rire sonore, mon maitre me disait souvent que quand je ris je suis irrésistible. Il rit aussi, j’en profite pour pousser mon avantage et lui demander s’il peut m’y aider, avec un sourire il me répond qu’il peut faire de moi une servante, une princesse des mendiants, et plein d’autres choses encore, mais ajoute-t-il redevenant brusquement sérieux, il faut le mériter.

Le badinage n’a pas duré longtemps, la négociation commence, mon avenir se joue.

Qu’ai-je donc à  lui proposer en échange de son aide, rien, désespérément rien en dehors de moi-même, de mon corps, de ma reconnaissance, je ne peux pas lui parler de mes talents de courtisane, cette femme à  sa droite est sans doute sa femme, me reste ma reconnaissance, ma loyauté, bien peu de choses en vérité, il est si facile de promettre quand on n’a rien et que l’on veut tout, et si facile d’oublier ensuite, je m’en rends compte en le disant, mais je n’ai rien d’autre à  proposer, lui aussi le sait bien, et ne tarde pas à  me le faire remarquer.

Les quelques femmes présente se lèvent, font le service, me servent aussi, comme un hôte de marque, les gens mangent, boivent, semblent occupés, mais je sais qu’ils ne perdent pas un mot de notre échange, quand à  moi, je bois plus que je ne mange, ça me donne des forces, une sorte d’assurance qui me manque cruellement.

En devenant membre de la Confrérie des Mendiants, je pourrais m’assurer de l’aide du roi et des siens, il me le dit clairement, mais il m’explique non moins clairement qu’en acceptant le marché je me livre totalement a eux, pieds et poings liés, il me laisse même entendre, comme une menace voilée qu’un tel lien ne se défait plus et qu’une trahison des engagements pris est toujours chèrement payée, un sourire cruel sur le visage du balafré à  sa gauche souligne son propos.

Je suis prête à  tout, à  tout faire, tout accepter pour sortir de ma condition d’esclave en fuite, je le lui dit simplement, il a un sourire vaguement ironique quand il m’explique que s’il me demande de coucher avec un homme, une femme (une femme !!!), de tuer, de voler, je n’aurais pas le choix, le vin est bon, une douce chaleur m’a envahit, je lui répond simplement, un rien de menace dans ma voix aussi que je serais loyale si on l’est avec moi, après tout, je ne suis pas une volaille qu’on mène a l’abattoir, je suis née princesse et je le dis bien haut, je déclenche les rires, les filles du désert sont toutes princesses, c’est connu, le moindre chef de clan s’intitule roi, les bordels sont peuplés de ce genre de princesses et je ne suis qu’une esclave fuyarde, pas même une honorable mendiante, leur mépris me glace, une colère sourde monte en moi.

Le roi m’ordonne alors d’un bref glapissement de me lever, mon éducation d’esclave est encore bien là , je me lève d’un bond, sans même pouvoir me contrôler, cette servilité spontanée fait sourire autour de la table, mais le roi apprécie mon obéissance.

Commence alors un feu roulant de questions, toujours le même thème, suis-je prête à  coucher, à  tuer, à  voler, à  espionner, sans discuter, sans hésiter ?

Oui ! Oui ! Oui ! Je réponds oui a tout, j’en ai assez, j’ai trop bu, la tête me tourne, je me sens humiliée, que faut il donc leur dire pour qu’il me laisse en paix ?

Dire ? Pas grand-chose sans doute, les mots ne suffisent plus, ils veulent des actes, déjà  â€¦

« Déshabilles toi ! », m’ordonne- t- il froidement …

J’ai une hésitation, peut être même que j’esquisse un refus, je me souviens pas vraiment, non pas que me déshabiller en public me choque, chez mon ancien maitre, je passais des nuits entières à  servir nue pendant qu’il jouait aux dominos avec ses amis, il me trouvait « décorative », mais je m’attendais pas à  ça, ici et maintenant.

Les convives grondent, je ne suis pas prête, je ne sais pas obéir, même Belit me lance un regard mauvais, devant le tollé je me soumets et retire mes vêtements, je demande pardon, j’assure que je vais obéir, mais ça ne suffit pas, je n’ai pas obéi sans réfléchir, je me suis permise une seconde de réflexion, c’est trop pour eux, ils sont en colère, je commence à  me demander si j’ai fait un bon choix en venant ici.

Le roi aboie à  nouveau : « A genoux ! »
Cette fois, pas d’hésitation, je me laisse tomber instantanément en position de repentir, tous les esclaves du monde la connaissent, elle peut parfois éviter le fouet, j’en ai les larmes aux yeux, mais les invités semblent apprécier, je me conduis enfin comme ils l’attendaient.

Au bout de quelques secondes qui me paraissent une éternité, Dame Mena m’ordonne de me lever puis de tourner sur moi-même, je m’exécute, j’en profite pour leur montrer un peu ce que je sais faire, comme si je faisais virevolter ma robe en ondulant comme une liane, puis je me bloque dans un déhanchement à  réveiller un mort.

La compagnie apprécie, les femmes sourient, les hommes sifflent, le désir brulent fugacement dans leurs yeux de brutes. C’est un triomphe !

Et puis ils commencent à  parler de ce qu’il faut faire de moi, et là , ça se gâte.

Les un veulent me renvoyer à  mon maitre contre rançon, les autres me vendre au marché, d’autres encore, les moins nombreux, parlent de me dresser et de m’utiliser, aucun n’a l’air de s’intéresser à  ce que je veux, moi !

A plusieurs reprises j’essaie d’intervenir dans le débat, de placer un mot, de leur rappeler que je suis là  volontairement, pour leur demander de l’aide, pas pour être traitée comme une marchandise, à  chaque fois la réponse est la même « Eny, tu te tais » !!!

C’en est trop, je craque, je lance « Si vous me trahissez, je vous tuerais ! ».Ce n’était surement pas la meilleure chose à  dire, j’en prends conscience à  l’instant même ou je profère cette énormité, immédiatement je regrette, je voudrais ne pas l’avoir dit, j’ai envie de pleurer.

Ils me regardent tous avec mépris, pitié pour certain, je suis idiote, je suis une imbécile, on ne fera rien de moi, je ne vaux rien, même Belit me regarde comme un monstre.

Je me confonds en excuse, en demande de pardon, je jure que je regrette, que j’apprendrais a obéir, à  me taire, que je serais une bonne esclave, j’ai peur d’être battue, fouettée, pire peut être, ces gens la ne sont pas des tendres.

Le roi, finalement, après m’avoir laissé me débattre un petit moment me sauve du pire, il ordonne que je sois enfermée en cellule jusquâ€™à  nouvel ordre, afin de réfléchir. Belit ne perd pas une minute, m’attrape par le bras et m’entraîne au sous sol, comme si elle craignait qu’il change d’avis, ou que les autres protestent.

Belit me fait entrer dans une cave, il y a un trou au sol pour les besoins, une gamelle pleine d’une eau douteuse dans un coin, rien d’autre, pas même un bas flanc.

J’essaie de parler à  Belit, de lui dire mon espoir, ma déception, ma peur, ma peine, mes regrets, le vin, le bruit … je ne voulais pas … je ne voulais pas …

Elle me gifle rageusement, j’éclate en sanglots, malgré sa colère, malgré les coups je m’accroche a elle, j’ai besoin d’elle, d’un mot, d’une caresse, d’un peu de réconfort.

Dans ces moments là , je suis encore une enfant, Belit finit par se laisser attendrir, elle m’attire sur son épaule, me laisse pleurer tout mon saoul, me caresse la tête, me console, puis elle se détache, me regarde.
« Ce soir, le roi te reverra, si tu accepte de prêter serment, tu seras mise à  l’épreuve, et ça sera très dur, tu l’as bien cherché, mais si tu refuse … alors … ».

Elle n’en dit pas plus, pas la peine, j’ai compris ce qu’elle n’ose pas me dire, je lui fais signe oui de la tête, elle sort, ferme la porte a clef.


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MessagePublié: 09 Avr 2009, 02:27 
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Inscription : 20 Jan 2009, 04:20
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Localisation : Victoria, B.C.
Sur-enchère d'emphase.
Trop d'adjectifs pour trop peu d'adjective clauses.
Utilisation incorrecte de la ponctuation (grammaticalement incorrecte).

Si les pronoms relatifs peuvent êtres utilisés avant l'objet ou le sujet auquel ils se réfèrent, tu les utilise plutôt mal dans ce cas de figure.

Registre trop informel.

L'absence de "linker words" hache ton récit.

_________________
« Once you label me, you negate me. »

Kierkegaard


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MessagePublié: 11 Avr 2009, 16:57 
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Inscription : 29 Mars 2009, 14:50
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Je me laisse tomber dans un coin, je me remets à  pleurer.

J’ai pleuré longtemps, et puis j’ai fini par m’endormir, à  l’issu d’un mauvais sommeil, entrecoupé de réveils en sursauts, causés par le froid, l’angoisse, je finis par me réveiller tout à  fait.

J’ai été complètement stupide, comment ais je pu croire que j’allais séduire ce roi aussi facilement ! il doit voir passer des dizaines de filles comme moi dans une année, des filles prêtes à  tout pour s’en sortir, il n’a quâ€™à  faire son marché et renvoyer les autres aux oubliettes, c'est-à -dire à  la rue ou dans un bordel, et j’ai bien peur qu’après mes éclats idiots c’est ce qui finisse par m’arriver.

Et le temps qui se traine dans cette geôle immonde, la faim, la soif commencent à  me tenailler, j’essaie de manger un morceau du pain qu’on m’a laissé par terre, je manque d’y laisser une dent, je préfère renoncer, je bois un peu de l’eau qu’on m’a laissé aussi, heureusement, elle est propre, puis je frappe à  la porte, ce froid devient vraiment insupportable, je tremble de tous mes membres, je claque des dents, on va tout de même pas me laisser crever de froid dans une cave !!!

Une voix d’homme de l’autre coté de la porte, il me demande ce qui se passe, j’ai froid !

Il ouvre, me regarde, je baisse les yeux, je commence à  comprendre la leçon, presque timidement je lui répète que j’ai froid. Il voit que je tremble, il acquiesce et s’en va, je suis au bord des larmes, j’ai envie de l’insulter, de me jeter sur la porte… heureusement, il revient, me jette une espèce de couvre lit en laine, je me roule dedans avidement.

Cédant à  un mouvement de presque panique je le supplie bêtement de m’aider, il me regarde, un peu surpris.

- Tu es ici en attente d’être jugée, qu’est que tu veux que je fasse pour toi ?

Jugée ! Je vais être jugée ! Je n’arrive pas à  croire que je me suis mise dans une aussi mauvaise situation !!!

- Mais j’ai rien fait !!! C’est un cri du cÅ“ur, visiblement, il s’en fout, il me répond simplement que ce n’est pas à  lui d’en décider, mais au roi.

- Et puis pourquoi je t’aiderais ? » Reprend-il

Je me traite d’idiote à  haute voix, je lui dis que je comprends qu’il ne peut pas m’aider, et que de toute façon, je ne vois pas comment il pourrait m’aider, il sourit, puis il rigole franchement

- Oui, tu es vraiment idiote !!! » Me lance-t-il entre deux rires

Je trouve rien de mieux à  faire que d’éclater à  nouveau en sanglots, il s’approche de moi, me prend dans ses bras et me dit doucement « J’ vois pas pourquoi j’aiderais une idiote comme toi ! ». Quelque chose a brusquement changé dans sa voix qui me met sur mes gardes. Je m’immobilise, il commence à  me caresser les cheveux, les hommes sont bien tous les mêmes ! Ils ne pensent quâ€™à  ça ! Je joue mon avenir, ma vie, et lui, tout ce qui l’intéresse c’est de me culbuter sur cette paillasse crasseuse !

Je ne veux pas le brusquer, je me suis déjà  assez faite d’ennemis comme ça depuis que je suis arrivée ici, mais je ne veux pas non plus lui céder, d’abord, je n’ai vraiment pas la tête à  ça, et puis un reste de vanité au fond de ma cervelle embrumée me souffle que sans doute le roi, lui aussi aura envie de moi et qu’il me sera gré de lui avoir gardé la première place. J’essaie de l’expliquer au geôlier, il s’en fout et ses mains continue a courir sur mon corps, se faisant de plus en plus précises envers certaines partie de mon anatomie que les hommes affectionnent.

Je me contente de répéter inlassablement mes arguments, et surtout de ne pas bouger, de ne pas lui donner le moindre encouragement, je sais que je suis à  sa merci et que s’il voulait me forcer je ne résisterais pas plus de quelques secondes, il m’embrasse, je reste de glace, ses mains sont maintenant sous mon plaid, malaxe mes seins, j’ai de plus en plus de mal à  jouer mon rôle d’indifférente, mais au moment ou je suis sur le point de succomber il finit par s’apercevoir de ma froideur et se détache lentement de moi. Soit qu’il ait reçu des ordres clairs, soit que le viol ne soit pas son truc, je suis sauvée.

Je le remercie, l’assure qu’il est un gentleman, sans un mot il se retourne et quitte la pièce qu’il verrouille derrière lui.

Je me roule dans ma couverture, soulagée, mais toujours terrorisée par ce qui risque de m’arriver.

Au bout d’un temps infini, pendant lequel je ne parviens pas à  me réchauffer, la nuit commence à  tomber et je m’apprête à  la passer ici quand tout à  coup la porte s’ouvre, deux hommes pénètrent dans ma cellule. Instinctivement je me recroqueville dans mon coin, les deux hommes me considèrent silencieusement un instant, je tremble comme une feuille, et pas seulement de froid, mon esprit bat la campagne, je suis terrorisée, ils vont m’étrangler, m’égorger, je vais finir ma jeune vie dans ce trou puant …

- Debout, et suis nous, tu vas servir le roi pour le repas du soir, me déclare tranquillement l’un des hommes.

Je saute sur mes pieds, j’en oublie ma couverture qui glisse sur le sol, je suis folle de joie, pour peu je les embrasserais. Ils me ramènent à  la salle de bain, j’essaie dans le peu de temps qu’ils me laissent de me refaire une beauté, je vais jouer gros ce soir, j’ai déjà  grillé mon joker et je n’aurais pas une troisième chance, je veux mettre tous les atouts de mon coté. Un des types finit par m’arracher au miroir en adoucissant sa brutalité par un compliment du genre « J’espère que tu seras aussi intelligente que ce que tu es jolie », Je peux pas m’empêcher de minauder un peu, je n’ai jamais su vraiment résister aux compliments, j’en profite pour rafler une ceinture sur une étagère et je la boucle autour de ma taille, le type hésite, il a des ordres, je dois être nue, mais la ceinture ne cache rien, au contraire, elle souligne plutôt ma nudité.



Le type hoche la tête, il décide de me la laisser, s’approche de moi, passe un collier autour de mon cou puis ils m’entrainent tous les deux vers les cuisines. C’est un collier d’esclave, mon ancien maitre me dispensait de le porter mais il semble que les mendiants et leur roi n’ont pas ce genre de délicatesse, je suis retombée plus bas que je ne l’ai jamais été, j’enrage, mais je canalise ma rage, je dois en faire une alliée et c’est la rage au cÅ“ur, et même grâce à  elle, que je me montrerais particulièrement servile ce soir.

Nous entrons dans la cuisine, enfin du feu, de la chaleur, ça me revigore … Des gens s’affairent à  préparer un repas, de la pièce a coté me parvient la vive lumière des flambeaux, c’est la que je devrais accomplir mon service.

Le chef s’approche de moi, il me regarde, me détaille, de la tête aux pieds, des seins au bassin plutôt je devrais dire, comme un morceau de viande dont il évaluerait la cuisson. A ses yeux exorbités je devine que l’examen est positif et qu’il doit me considérer comme un bon morceau, ce n’est qu’un cuisinier, apparemment crétin en plus, mais je ne peux pas m’empêcher de savourer ma victoire et le salue d’un petit mouvement de hanches. Cela le tire de sa rêverie, il me prend par la taille, me fait retourner et me pousse dans la salle à  manger. Il me montre la salle, le fauteuil du roi, me demande si je saurais servir, je le rassure, j’ai été formée comme esclave d’agrément, rien de ce qui peut rendre une soirée agréable à  des convives ne m’est étranger, nous retournons à  la cuisine.

Il me montre ou se trouve le vin, le pain, m’explique le service, petit à  petit à  coté les gens arrivent, s’installent, se mettent à  discuter, un joyeux brouhaha nous parvient.


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MessagePublié: 14 Avr 2009, 04:58 
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J'avais oublié un point : un certain nombre de phrases ne respectent pas la structure parallèle.

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« Once you label me, you negate me. »

Kierkegaard


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MessagePublié: 18 Avr 2009, 16:11 
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On entends quelqu’un frapper des mains, le chef se précipite, prends un énorme plat, me le fourre entre les bras et me propulse dans la salle, le plat est bouillant, il me brûle cruellement le bras, je me mord les lèvres, je supporte la douleur, il est trop tard pour me reprendre, je m’approche du roi par la droite, comme on me l’a appris, lui présente silencieusement le plat, il me considère quelques secondes qui me semblent une éternité, j’ai l’impression que mon bras cuit a feu doux, je baisse les yeux, humble et soumise, il me fait un signe, je pose le plat devant lui, il saisit une cuillère et se met à  manger directement dans le plat, les autres le suivent. Sauvages ! Chez mon maitre au moins, on était peut être des rustres du désert, mais au moins, on savait manger avec des assiettes ! Je garde mes réflexion pour moi et je prends garde de remplir le verre du roi chaque fois qu’il y trempe les lèvres.

Une vieille mégère m’interpelle alors et me montre son verre vide, le cuisinier m’a bien précisé que je ne devais servir que le roi, mais je décide de faire profil bas, je ne veux plus me faire d’ennemi, je m’excuse platement auprès d’elle avec un grand sourire et je la sers, elle se fend quand même d’un mot gentil auprès du roi, elle me trouve très docile, très bien dressée. Salope, un jour je lui ferais bouffer, son verre !

Des musiciens s’installent et commencent à  jouer, le roi me sourit et me dit gentiment « Ressers moi à  boire poulette, et vas danser pour nous ».

J’obéis, je passe entre les tables, me retrouve dans le carré central, pour la première fois je regarde brièvement le roi dans les yeux, c’est pour lui que je vais danser, je veux qu’il le sache, il me renvoie une Å“illade presque complice, il a compris.

Je suis une excellente danseuse, je le sais, on me le dit depuis mon plus jeune âge, et j’ai été formée à  toutes les techniques, des danses sacrées aux danses les plus lascives.
Je me mets lentement en mouvement, les convives discutent, plaisantent entre eux, rient.

Je fais le vide dans ma tête, je me pénètre du rythme lancinant de la musique, puis j’accélère. La musique m’emporte, mon corps entre en résonnance avec elle mais je ne perd jamais le contrôle de ce que je fais. Je leur sers un savant mélange de tout ce que je sais faire, peu à  peu les voix se tarissent, le silence se fait, les regards semblent ne plus pouvoir se détacher de mon corps qui ondule frénétiquement, même les femmes semblent fascinées. Si seulement j’avais mes voiles ! Un escadron de filles entrent dans le carré, se positionnent autour de moi, se mettent à  danser, essaient d’imiter mes mouvements, je les écrase de toute ma technique, leur dérisoire concurrence me survolte, je me déchaine, des applaudissements éclatent, c’est un triomphe !!!

Les filles se retirent, je m’approche du roi, je lui sers à  nouveau à  boire, visiblement il discute de moi avec ses voisins de table. Il me renvoie au centre de la scène, me fait agenouiller, je comprends instantanément, je vais être jugée, l’angoisse à  nouveau m’étreint.

Le roi me demande qui je suis et ce que je veux, tout ça est très formel, une femme intervient alors :

- « Je ne vois là  qu’une jeune esclave, assez bien éduquée d’ailleurs !!! »
- « Laisses la répondre elle-même au roi ! » Lui lance un homme, un rictus mauvais aux lèvres.

L’attitude modeste, presque timide, d’une vois très douce, je réponds

- « Mon nom est Enheduana, je suis une esclave en fuite, et je demande votre aide pour commencer une nouvelle vie. »

- « Pourquoi aiderais-je une esclave en fuite, insolente de surcroit ? Qu’est-elle pour moi ? » Lance le roi.

- « Je vous demande pardon sire, je ne serais plus insolente, je vous le jure ! » Dis je en le regardant de mes yeux limpides et suppliants.

- « Tu n’es pas faite pour être servante, faire le ménage, la lessive, tu es bien trop insolente pour ça, me rétorque-t-il, là  tu es toute douce, tu tremble de peur ! Mais dans quelques jours, qu’en sera-t-il ? »

- « Je ferais ce que vous voulez sire ! »

- « Dans dix ou quinze ans, tu seras peut être servante, mais le temps n’est pas venu, j’ai d’autres projets pour toi, mais tu nous as mal parlé, tu nous as menacé, moi et mes amis. »

- « Pardon sire, j’ai été idiote, stupide, je regrette ! »

- « Comment puis en être sur, comment te faire confiance ? »

J’essaye de parler, il lève la main, m’imposant silence !

- « Tu dois apprendre à  obéir, a inspirer la confiance et à  nous faire confiance toi-même. »

Faute de pouvoir parler, j’agis, je prends des poses, toujours modestes, mais de plus en plus sexy, le roi sourit, me regarde dans les yeux

- « Tu es une putain jeune fille, une adorable putain, mais une putain tout de même. »

Derrière ma mine contrite de circonstance, je lui fais un sourire imperceptible, mais très équivoque, il fait mine de ne pas le remarquer et m’annonce froidement que je devrais trouver le moyen de lui prouver ma loyauté, qu’en attendant je serais servante ici, et que de plus, pour me punir de mon insolence passé, il a décidé que je serais châtiée et que je recevrais 20 coups de fouet.

Le ciel me tombe sur la tête, je pensais une fois de plus m’en être tirée avec mon charme et ma virtuosité sur la piste de danse, aussi je ne proteste pas et je n’ai pas même un mouvement pour échapper aux hommes qui, sur un signe de lui, m’empoignent et me lient sur un châssis de bois, face au sol.

Le fouet je connais, quelle esclave ne le connait pas ? Avec le Maître j’arrivais toujours à  y échapper, en usant de mes charmes, mais avec la Maitresse, c’était une autre chanson, j’avais même l’impression qu’elle y prenait un malin plaisir, la jalousie sans doute. Je sais la souffrance presque intolérable que ça provoque, je sais que l’on se dit qu’on ne va pas tenir, qu’on va mourir, que ça vaudrait mieux. Mais je sais aussi qu’on s’en remet malgré tout.

Je n’en suis pas moins tendue comme une corde d’arc, j’en tremble d’avance, les conversations vont bon train, on soupèse mon endurance, on se demande a quel moment je me mettrais à  hurler, à  supplier, on en rit, certain s’offusquent de la modicité de la punition, de l’indulgence du roi.

Et le temps passe, le premier coup ne vient toujours pas, je commence inconsciemment a me détendre, je trouve même la force de me cambrer, d’essayer de me montrer sous mon meilleur jour, même dans cette position humiliante. Le bourreau caresse mes fesses avec le manche du fouet, je tressaille, je pousse un petit cri, les convives rient de bon cÅ“ur, le bourreau est un spécialiste, il sait jouer de sa proie, à  plusieurs reprise il recommence ce petit jeu, laisse courir alternativement le manche ou la lanière sur ma peau frémissante, chaque fois la terreur me tord les entrailles, chaque fois les convives éclatent de rire, applaudissent.


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MessagePublié: 26 Avr 2009, 19:17 
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Puis tout à  coup le sifflement redouté de la lanière qui fend l’air, mes muscles qui se tétanisent, ma tête qui se vide, le choc mat du cuir sur la peau, la douleur qui explose, tellement violente que j’en ai la nausée, le cri rauque qui remonte de ma gorge sans que je puisse le contrôler malgré mes résolution d’héroïsme. Le silence enfin qui se fait, les spectateurs apprécient ma souffrance en connaisseurs.

Quelques secondes se passent, juste le temps de reprendre ma respiration, et de nouveau le sifflement et l’horrible enchainement qui en découle, vingt fois le terrible scenario se reproduit, le bourreau est un artiste, il frappe toujours un peu plus haut ou un peu plus bas que la fois précédente, je serais marquée régulièrement, je n’aurais pas ces croisement qui font éclater la peau et « abiment » la victime. Plus la punition avance, plus la douleur devient insupportable, je me met à  tirer sur mes liens, à  supplier, à  pleurer, à  gémir, contre toute raison j’essaie d’échapper à  l’intolérable, je conjure le roi, le bourreau, le public, j’abdique toute parcelle de dignité, ça fait longtemps que j’ai perdu le compte des coups, je ne suis plus qu’un boule de chair en souffrance, cela amuse beaucoup le public qui rit, qui frappe des mains qui applaudit la belle régularité avec laquelle le bourreau me frappe.

Enfin, au moment ou je pense mourir, ou je veux mourir pour échapper à  l’atroce châtiment, le coup que j’attends ne vient pas, je me crispe tout de même, je l’attends, je hurle quand même, puis je comprends, c’est fini ! Enfin ! Je reste prostrée sur mon châssis, le corps secoué de sanglots et de spasmes.

Belit vient vers moi, se penche, me caresse les cheveux, deux hommes me détachent, m’emportent comme un paquet sanguinolent dans une pièce attenante et me posent sur un lit, un vrai lit. Mes sanglots ne se calment pas, je prends la main de Belit et je la serre de toutes mes forces.

Les hommes me posent sur un lit, se retire, je tourne mon visage ravagé par les larmes vers Belit.

- « Tu as eu de la chance En, certains voulait te voir mourir ! » Me déclare-t-elle sans ambages.

Je ne lui réponds pas, je n’en ai pas la force

- « Dame Mena a plaidé ta cause, elle t’aime bien, je ne sais pas pourquoi, peut être parce qu’elle vient du désert, comme toi. » Ajoute-t-elle

Je murmure un remerciement, Belit m’encourage, me dit que ça ira mieux demain, j’écoute vaguement ces paroles de circonstances. Je sens qu’elle me passe un onguent.

- « Et puis dès demain il faudra te mettre au travail ! »
- « Demain ? C’est impossible ! Je souffre bien trop ! »
- « Tu verras, ça ira beaucoup mieux, et puis ici il n’y a pas de place pour les fainéantes ! »

De fait, j’ai l’impression que la douleur s’estompe plus rapidement que ce à  quoi je m’attendais, je ne fais pas de commentaires superflu, je repense à  ce que m’a dit le roi, trouver une façon de lui prouver ma loyauté, je n’ai aucune idée de ce que je dois faire, je m’en ouvre à  Belit, elle se contente de me conseiller de me souvenir de ce que j’ai dit au roi parmi tous me caquetages inutiles, une chose que j’ai déclarée que je ne ferais jamais, sous aucun prétexte, je n’ai pas besoin de réfléchir longtemps, la seule chose que je ne veux pas faire, que je ne ferais jamais c’est la prostitution ! Ca hypothèquerait bien trop mon avenir !

- « Je ne vois pas le rapport ! » Dis-je à  Belit.

- « Comment mieux montrer ta loyauté, ta fidélité, autrement qu’en acceptant de faire ce que tu redoutes le plus au monde ? »

Je ne réponds pas, elle me caresse à  nouveau les cheveux, se lève, me conseille de dormir

- « Tu réfléchiras demain à  ce qu’il convient de faire, tu n’es pas à  la seconde, mais ne prends pas trop de temps non plus, tu pourrais décourager ceux qui cherchent à  t’aider, n’oublie pas que tu t’es faite de puissants ennemis. »

Puis elle sort, me laissant abasourdie, je vide mon esprit, me forçant à  ne pas penser, pas maintenant, puis en quelques secondes je m’endors, la souffrance, c’est épuisant …

Au terme d’une nuit de mauvais sommeil, je me réveille, on finit toujours par se réveiller et ce n’est pas toujours très agréable, mais enfin, après avoir tenté stérilement de rester encore un peu dans les limbes je me résous à  ouvrir les yeux. Le dos me brûle, bien sur, mais pas plus qu’il y a cinq minutes, pas plus qu’au cours de la nuit, lors de mes multiples aller-retour entre mon avenir doré et …

On m’a mis une couverture, on a posé prés de mon lit une tunique et des sandales, propres. Propres mais horribles, je vais ressembler à  une gardienne de troupeau là  dedans, ils l’ont fait exprès, j’en suis sure, ils ont voulu me priver de mon meilleur atout, m’enfermer dans un sac, me rendre laide, mais ils n’y arriveront pas, en défaisant une couture ici, une autre là , en serrant un bout d’étoffe autour de ma taille, je réussi même à  en faire quelque chose de presque sexy.

Et puis il y a ce collier, qu’ils ne m’ont pas retiré après la punition, qui pèse sur mon cou, mes épaules, qui me désigne à  tous comme différente, qui me renvoie à  ma condition d’esclave, à  cette condition à  laquelle j’ai tellement voulu échapper. Je le hais ce collier, et je hais ceux qui me l’ont imposé.

J’entends du bruit dans le couloir, je m’approche de la porte, je la pousse, elle est ouverte des gens passent, vaquant à  leurs occupations. J’ai faim, j’ai soif, un gosse passe, je l’intercepte, lui demande où est la cuisine, je suis un peu perdue dans cette grande bâtisse, il accepte de me conduire, il fixe mon collier un moment puis finit par me demander si je suis bien la nouvelle, on m’aurait marqué au front ça n’aurait pas été pire. On arrive enfin aux cuisines, le chef est là , il nous accueille avec un grand sourire, nous fait installer, apporte sur la table de quoi nourrir un régiment, je bois un grand gobelet d’eau, je picore.

Le chef s’assoit avec nous, il m’explique que Belit m’a dispensé de travail aujourd’hui, que j’avais ma journée pour réfléchir.

Réfléchir.

Bien sur je sais ce que ça veut dire, mais je ne sais pas comment on fait, je n’ai jamais fait ça moi, je suis une danseuse, une courtisane, pas une savante ou un mage. Jusquâ€™à  maintenant, j’ai toujours fait ce qu’on me disait de faire, et des fois, je n’en avais pas envie, alors je faisais autre chose, comme la fois ou je me suis enfuie de chez mon maitre, et quelques autres fois, ou j’ai fini par recevoir le fouet. Mais m’assoir, et « réfléchir » à  ce que je dois faire … tout ça devient très compliqué, je ne m’attendais pas du tout à  ce que ça se passe comme ça quand j’ai quitté la maison du maitre parce que la maitresse m’avait battue une fois de trop.

Le chef me fait un peu de morale, me reparle de mon inconduite, des menaces que j’ai proférées à  l’adresse du roi et de ses conseillers, je l’écoute à  peine, je me contente d’un grognement d’approbation de temps en temps, et de marmonner de vagues excuses chaque fois qu’il fait mine d’attendre une réponse de ma part, ça a l’air de le satisfaire.


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MessagePublié: 02 Mai 2009, 08:01 
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Le chef retourne à  son travail, le gamin est toujours là , je le questionne, il me raconte son histoire, orphelin, abandonné, il a été recueilli par le roi qui prend soin de lui. J’en ai les larmes aux yeux, je le serre contre moi, il éclate de rire, il se moque de ma naïveté, de ma crédulité, il me met même en garde contre ma sensiblerie qui fait de moi une victime idéale pour tous les rapaces qui trainent en ville. Je ne saurais jamais si son histoire est vraie, fausse, ou un peu des deux. J’ai envie de le gifler, je me raisonne, je me calme, je prends le parti d’en rire avec lui.

Je me lève, je vais remercier le cuisinier, il ne fait que son travail, je fais partie de la maison du roi, j’insiste, je me fais juste un brin aguicheuse, il apprécie en connaisseur mes minauderies, en rit de bon cÅ“ur puis me renvoie gentiment, m’expliquant qu’il a du travail.

Je traverse la cour, elle est plus petite que dans mon souvenir, et presque vide, tout le bric-à -brac qui y trainait hier a disparu, je vais vers la salle d’eau, j’ai l’intention de prendre un bain.
Un couple est en train d’y faire ses ablutions, ils me saluent par mon nom, je réponds un peu surprise. La femme me répond :

- Ton collier ! Tout le monde sait qui tu es !

Maudit collier !

La femme me déconseille de prendre un bain, le calmant qu’on passe sur les blessures quand on veut ménager la victime se diluerait dans l’eau et la douleur se réveillerait. Je me doutais un peu que j’avais moins mal que ce que j’aurais dû, mais je tombe des nues qu’on m’ait fait ce cadeau, et que ça soit connu de tous. La femme se ravise, j’ai droit a mon bain, elle me remettra du baume après.

J’entre dans l’eau, la fraicheur me fait du bien, je me détend, enfin, je me sens calme, sereine, comme je ne l’ai plus été depuis ma fuite, même si dans un coin de ma tête demeure l’idée que ce moment sera fugace, et que je dois réfléchir.

Le moment me semble idéal pour le faire, je ferme les yeux, j’essaie de me concentrer. Que faire ? Quelle décision prendre ? Des images défilent devant mes yeux, l’enfance, le désert, le raid, les cris, le sang, les larmes, le marché aux esclaves, le maitre, la maitresse, l’apprentissage, les amis du maitre, la perte de l’innocence, la fuite, le roi, le fouet.

Je n’avance pas, je ne sais toujours pas quoi faire.

Je m’ennuie.

J’ouvre les yeux, la femme me sourit.

Je sors du bain, elle m’aide à  me sécher, me fait allonger sur une table, enduit mon dos d’une pommade qui me pique un peu. On discute, je suis la seule esclave actuellement dans le « château ». La guilde n’a pas d’esclave, moi-même, si je m’étais mieux tenue je n’en serais pas la. Je vais finir par le savoir !!!

L’homme en rajoute, nous sommes les petits, les faibles, seule notre solidarité et notre loyauté nous permettent de survivre, mais nous ne sommes pas des voleurs, ni des assassins … ni des prostituées, ajoute-t-il en me regardant bien en face.
Bêtement, je rougis, je bredouille quelques vagues assentiments, je remercie la femme, je me lève, je sors.

- Dépêches toi de trouver un moyen de prouver ta loyauté - me lance l’homme alors que je passe le seuil- ou tu seras revendue … ou pire !

Je ne réponds pas, ne me retourne pas, il m’a remise en rogne !

Et puis je suis repassée par la cour, j’ai joué un moment avec des bébés et une gamine qui les gardait, au moins eux, ils ne savent pas ce que représente ce collier.

Et puis je les ai quittés, et puis j’ai trainé dans les couloirs, les salles, les cours.

Et puis j’ai cherché un moyen de m’évader, je n’ai pas trouvé.

Et puis je me suis allongée, j’ai essayé de dormir, je n’y suis pas arrivée.

Et puis je me suis fait gentiment draguer par un jeune homme, et j’ai été méchante avec lui.

Et puis j’ai essayé de réfléchir

Et puis j’ai pensé à  autre chose, des foules de choses.

Et puis j’ai pleuré.

Et puis j’ai mis des coups de pied dans des bassines, des seaux

Et puis des gosses m’ont révélé que d’autres avant moi avaient porté le collier, que l’une d’entre elle, Zillah, est toujours ici.

Enfin un but ! Trouver Zillah ! Elle, pourra me dire comment elle a fait, comment elle a obtenu son pardon, comment elle est devenue une sœur !

Je me mets immédiatement à  sa recherche, je ne la trouve pas, elle est sortie mendier.

Il est midi, je retourne à  la cuisine.

Il y a une fille avec le cuisinier, on fait connaissance, elle s’appelle Afrit, on discute un peu, ct une mendiante chevronnée, elle est née dans la « famille ».

On s’assoit, on boit, on mange, je n’ai jamais autant mangé que depuis que je suis arrivée ici.

D’autres arrivent, s’installent, se servent, parlent de la ville de leurs affaires, de leur travail, je les écoute, fascinée, peindre par bribes un monde qui m’est aussi étranger que les fonds marins le seraient pour un oiseau. Ils évoquent certains d’entre eux qui sont partis, qui vivent une autre vie, ailleurs, dans les beaux quartiers et qu’on vient de relancer, pour rendre de petits services à  la famille, apparemment aucun ne s’est dérobé.


J’ai une boule dans la gorge, une envie de pleurer, de hurler, de leur faire mal, de leur jeter ma détresse au visage, de leur faire comprendre que je veux être des leurs par chaque fibre de mon être. Je prends la parole, je leur parle de moi, je suis venue de très loin, j’ai 17 ans, je leur ai fait confiance, je vais mourir, j’ai reçu des menaces claires, je les ai comprises à  force de les entendre. Ils se récrient, me rassurent, mais non, je ne vais pas mourir, mais moi aussi, j’ai menacé, il faut bien que je paye mon insolence.

On tourne en rond, on ne s’en sort pas, c’est moi qui ai les clefs, mais je ne les trouve pas.

Une dame me rassure tout de même, si ils avaient voulu ma mort, je serais déjà  morte, mais elle ajoute comme tous les autres que c’est à  moi de tendre la main. Je ne sais pas comment tendre la main, la seule chose que je sais faire, c’est danser. Je saute sur la table, je laisse tomber mon horrible tunique, et je me mets à  danser, pour eux, pour moi, pour oublier, parce que quand je danse, je suis bien.

D’abord surpris, ils se laissent emporter, se mettent à  frapper dans leur mains, à  me donner le rythme, certain chantent, d’autre m’encouragent, me jettent même des pièces de monnaie. Je ferme les yeux, je m’enivre de mes entrechats, je suis presque en transe, attirés par le bruit d’autres arrivent, ils sont bientôt une vingtaine.

Fugacement, comme ça m’est déjà  arrivé à  plusieurs reprises, je me sens acceptée, mais les meilleures choses ont une fin, je m’arrête, me rassois, je suis acclamée, on me souhaite la bienvenue dans la famille, on m’appelle sÅ“ur. Je ramasse la monnaie, je la lance aux enfants à  travers la fenêtre.

Ma colère, ma frustration reviennent, je leur demande de ne pas oublier de porter des fleurs sur la tombe de leur sÅ“ur, quand ils l’auront tuée.

Une Dame, Dame Mena, que je n’avais pas reconnue, se met en colère aussi et me houspille, me traite de pleurnicharde, d’idiote. Je pleure, elle se radoucit, s’assoit près de moi, les autres s’écartent un peu, on se met à  parler, de l’enfance, du désert, de la liberté, des rêves, des déceptions, elle en a eu aussi. Et puis elle me donne un conseil, je ne suis pas qu’un sexe, je dois arrêter de penser avec mon sexe, arrêter de penser que mon destin est tracé, et qu’il conduira forcement à  la prostitution, notre guilde ne pratique pas la prostitution de ses membres, pour me prostituer il faudrait me remettre une autre guilde, ce serait un échec, pour moi, et pour eux


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MessagePublié: 11 Mai 2009, 10:06 
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Inscription : 29 Mars 2009, 14:50
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(Désolée pour le petit retard de publication, un problème informatique)

Je n’avais jamais pensé à  ça, depuis que je suis sortie de l’enfance, seul mon corps, et mon sexe m’ont valu un peu d’attention, il faut que je réapprenne tout. J’ai quelque chose de plus précieux que mon corps, que mon sexe, j’ai ma vie, et tout ce qu’elle porte en germe, tous mes futurs possibles. C’est Dame Mena qui le dit et j’ai envie de la croire. Mais je ne vois pas ce que ça m’apporte dans l’immédiat, ce que ça change à  mon problème. Je dois prouver ma loyauté, et je sais pas comment.

Dame Mena se lève, sort, un à  un ils s’en vont tous, retournent à  leur travail. Je propose au cuisinier de l’aider à  débarrasser, à  faire la vaisselle, je préfère encore ça qu’une longue après midi d’ennui. Il accueille ma proposition avec plaisir et me met tout de suite au boulot. Je fais de mon mieux, malgré ma méconnaissance totale des taches domestiques et je déclenche souvent son gros rire.

Seule Afrit est restée avec nous, on travaille ensemble, elle m’apprend une foule de choses, à  récurer un plat, faire briller un verre, ou trouver des produits cosmétiques qui me permettront de sauver mes mains du désastre annoncé par la vaisselle, d’autres pour me maquiller, démêler mes cheveux.

Ce babillage me fait du bien, me rappelle la complicité qui m’unissait à  Melaka, ma sÅ“ur d’esclavage chez mon ancien Maitre, ma chère Melaka, que j’ai abandonnée, mais que je retournerais chercher quand je serais princesse !

La vaisselle terminée, la salle rangée, le chef nous congédie, Afrit a à  faire, je suis épuisée, rompue, je n’ai jamais autant travaillé de ma vie ! Je retourne dans ma chambre pour me reposer et je ne tarde pas à  sombrer dans un bon sommeil réparateur.

Un sommeil qui ne dure pas très longtemps, je me réveille deux heures plus tard, en pleine forme, et puis maintenant, je sais comment prouver au roi ma loyauté, je l’ai compris dans mon sommeil, je ne sais pas comment ça m’est venu, mais je me suis réveillé en le sachant.

Je sors dans la cour, une femme est là , avec ses bébés, elle s’appelle Aloha, elle me demande tout naturellement de garder ses bébés pendant qu’elle fait une course, et naturellement j’accepte. Je suis d’humeur joyeuse, libérée d’un poids, je prends les bébés dans mes bras, je les berce, je danse, je vais même jusqu'à  chanter une berceuse. Leurs gazouillis de protestation me rappellent que le chant n’a jamais été mon point fort.

Heureusement, leur maman revient, au même moment un jeune garçon vient me chercher, le chef a besoin de moi à  la cuisine, en voilà  un au moins qui ne se pose pas de questions et qui m’a déjà  complètement acceptée, mas je ne suis pas sure que ça sois tout à  fait désintéressé.

Un monticule de légumes m’attend, je m’y attaque courageusement et je commence à  les peler. Le jeune garçon me donne un coup de main, on discute, il sait que je suis une danseuse, il sait ce que c’est, il a aussi entendu dire que je suis une courtisane, il ne sait pas ce que c’est, je le lui explique, il comprend tout de suite. Une pute. D’un seul mot, il résume mes explications fumeuses.


Je rougis, je bafouille, j’essaie de protester, de prétendre que ce n’est pas la même chose, le chef s’approche, lui balance une claque derrière la tête, lui ordonne de me foutre la paix. Je le remercie, c’est un brave homme celui là .

L’après midi avance, le tas de légumes finit enfin par baisser, une gamine entre en coup de vent dans la cuisine, dit un mot au chef, celui-ci m’envoie toutes affaires cessantes à  la salle de bain, me préparer pour la soirée.

J’en ai besoin, j’ai transpiré, mes cheveux sont collés par les vapeurs, ma tunique est devenue informe, je sens la friture. J’entre en courant dans la salle d‘eau, je laisse tomber mes vêtements sur mon chemin, je me jette dans un bassin.

Un vieil homme, vouté, affligé d’une énorme bedaine fait son entré. Il me regarde, me sourit, il est édenté, sale, je lui souris quand même.

En commençant à  me récurer je le regarde distraitement. Lui aussi commence à  se déshabiller, il retire sa veste, la petite bosse qui l’affligeait disparait, puis il se redresse, il gagne 20cm, puis il enlève son gilet, et là  c’est sa bedaine qui disparait sous mes yeux ébahis, il arrache le turban crasseux qui lui enserre la tête, de magnifiques cheveux s’en échappent. Le roi ! C’est le roi !!!

Il sourit, amusé de ma surprise, me fait un clin d’ Å“il, puis se désintéressant de moi, il se met à  discuter avec les autres de la « moisson de la journée, ils échangent des anecdotes, les bon plans, les mauvais …

Belit fait son entrée dans la salle, se dirige vers moi, me fait sortir du bain.

Aux regards appuyés que me lancent les uns et les autres, je sens que je ne les laisse pas indifférents, même le roi qui pourtant m’a déjà  vu danser dans le plus simple appareil ne peut s’empêcher de me détailler.

Je triomphe intérieurement, mais je n’en laisse rien paraitre, Belit me fait allonger sur une table, regarde mon dos, me passe un onguent, le montre au roi, un petit attroupement se forme autour de moi, tous se félicitent de la bonne cicatrisation de ma peau et du bon travail du bourreau. Au ton de certaines voix, je me dis que tous ne regardent pas exactement mon dos, mais peut être un peu plus bas.

Belit s’en agace un peu, elle disperse les importuns et m’envoie dans ma chambre ou une tunique propre m’attend, je détale, elle m’arrête net d’un cri et m’ordonne de prendre la sale, pour la laver. J’obéis en éclatant de rire, elle ne comprend pas ce qu’il y a de drôle la dedans, je le lui explique, je n’ai jamais rien lavé de ma vie, ça n’a jamais fait partie de mes attributions, je veux bien le faire … si elle m’apprend à  le faire.

Belit est atterrée, je voulais être servante, je ne sais pas éplucher les légumes, pas laver une tunique … Elle me regarde en hochant la tête, comme si elle avait affaire a une demeurée, puis, devant ma mine déconfite elle aussi éclate de rire et me congédie d’un geste, je m’élance et traverse les couloirs nue comme un ver, provoquant les rires des enfants, la désapprobation des femmes, et des sifflements appréciateurs des hommes.

Dans ma chambre je trouve trois tuniques et tout le nécessaire pour me coiffer, me maquiller. Je me mets au « travail », avec tout le sérieux que j’ai toujours consacré à  ce genre d’activité, la seule que j’apprécie vraiment et que je pratique en vraie professionnelle, les robes sont jolies, les crèmes et les parfums de qualité, je suis bien, heureuse, libérée, je chantonne.

Totalement absorbée par ce que je fais, je ne vois pas le temps passer et il me semble quâ€™à  peine quelques minutes se sont passées quand un jeune garçon vient me chercher pour me conduire à  la cuisine.

Encore la cuisine !!!

Je le suis tout de même, j’ai à  peine le temps d’arriver, le chef tout en grommelant sur les femmes, qui sont toujours en retard, me fourre un plateau entre les mains, le charge d’énormes plats, et me pousse vers la salle à  manger ou le roi et, ses convives attendent.


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MessagePublié: 16 Mai 2009, 19:58 
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Il y a là  Dame Mena, Belit, et divers autres hommes et dames, que j’ai tous déjà  vus.
Je présente le plateau au roi, le pose devant lui, je prends les carafes de vin et je fais le tour de la table, servant les uns et les autres, le repas prend son rythme de croisière, on parle de tout et de rien, on plaisante, malgré mes efforts personne ne semble faire attention à  moi, pourtant j’offre un service irréprochable, je suis souriante, attentive au moindre besoin de ces messieurs-dames, même de quelques harpies, qui trop heureuses d’humilier une fille plus jeune et plus jolie qu’elles en rajoutent sans gène ni honte. Mais mon désir de me racheter est tel que je parviens à  faire bonne figure à  tous, d’autant plus que l’idée me traverse l’esprit qu’ils sont en train de me tester.

J’en reste d’autant plus sidérée quand le diner se terminant, le roi me congédie sans plus de façons. J’ais tellement répété dans ma tête le moment ou enfin j’allais montrer à  la face de tous ma détermination, mon courage, ma loyauté, et le faire de façon éclatante, écrasante !*

Et on me congédie comme une simple bonniche ! Comme si depuis deux jours je n’avais pas vécu un enfer, comme si je n’avais pas été battue, humiliée … forcée à  me creuser la tête à  m’en donner des migraines !!!

J’en reste bras ballants, immobile, idiote.
Le roi finit par s’apercevoir que quelque chose ne vas pas

- Un problème, En ? me demande-t-il
- Sire … j’aurais voulu vous parler … à  propos ….de … de …
- Parles, tu n’as rien à  craindre, intervient Belit

Ces quelques mots, de celle que j’ai pris l’habitude d’appeler Maman Belit dans ma tête, me redonne le courage qui était en train de me fuir et je me lance, sans respirer, les yeux rivés dans ceux du roi

- Sire, je suis prête à  faire parti de la guilde, dis-je d’une voix ferme
- Tu as trouvé un moyen de me prouver ta loyauté ? réplique-t-il
- Oui Sire
- Lequel ?

Je ne réponds pas, je m’approche de la table, je saisis un couteau et d’une main qui ne tremble pas, pleine d’une détermination farouche, je tranche les veines de mon poignet. Puis, levant devant lui mon bras ou coule mon sang a gros bouillon, je lui déclare, un peu théâtrale :

- Celui là  Sire, vous pouvez me faire soigner, me sauver, vous pouvez me laisser mourir, ma vie vous appartient, je vous l’offre

Il est interloqué, il me regarde, je le regarde, mon regard vacille, la peur s’y insinue, il sourit

- Je te remercie de ce cadeau En, et je l’accepte de bon cœur.

Et puis, le roi me regardant sans rien dire, j’ai peur, ma tête tourne, je me sens partir, j’essaie de m’accrocher à  la table … et je me réveille dans mon lit.

Maman Belit me regarde, inquiète.


- Espèce de folle !!! Tu aurais pu mourir ! s’écrie Belit

Je lui souris, je vois un gamin détaler, je referme les yeux, Belit me tient la main, un remue ménage me parvient, je rouvre les yeux, le gamin est revenu, il accompagne le roi, je lève mes yeux vers lui, j’ai du mal à  fixer mon attention.

Anxieusement je lui demande la seule chose qui m’importe :

- Vous m’acceptez ?
- Tu as fait la preuve de ta détermination, nous sommes fiers de te compter parmi nous, tu seras officiellement intronisée dans la guilde ce soir, me répond il.

Ma tête tourne, je porte ma main a mon cou pour demander qu’on me retire ce collier qui me fait horreur, je réalise alors qu’on me l’a déjà  enlevé, je serre plus fort la main de Belit dans mon autre main, je referme les yeux, soulagée.

Le roi quitte la pièce.

- Aujourd’hui, tu vas te reposer et ce soir, tu assisteras encore au souper du roi, pour ton intronisation, en attendant, profites en pour penser à  ce que tu veux faire, a part mendier bien sur, me dit Belit
- Princesse bien sur, je suis une princesse ! Je veux simplement le redevenir
- Le chemin est long, de princesse à  mendiante, me répond Belit, mais il y a eu des exemples !
- Je veux être régner ! Porter de belles robes, de couteux bijoux, de subtils parfums, je veux que les notables de la ville courbent le front quand je passe, qu’ils soient fous de moi !

Je bats des mains d’excitation, manquant de rouvrir ma blessure, Belit me rabroue, me force à  me calmer. Puis elle se met à  me parler de Zenobia, une esclave du harem du roi de Némédie, elle a aidé un guerrier légendaire, prisonnier de ce même roi à  s’évader, et celui-ci l’a faite reine d’Aquilonie. Je l’écoute à  peine, je m’y vois déjà . Mais Belit, une fois de plus me ramène sur terre, je dois me rendre utile à  la communauté, gagner mon pain, je sais danser, je danserais, dans la rue, accompagnée d’un de nos frères, qui joue de la flute, et peut être, qui sait, que je rencontrerais dans la rue, un roi qui voudra bien de moi.

Elle éclate de rire, pas rancunière, je ris avec elle. Je lui reparle de Zenobia, elle coupe court :

- Elle était esclave au harem du roi, tu n’es qu’une mendiante !
- Mais je suis belle ! Je danse merveilleusement ! je rétorque
- Vous êtes des milliers de jeunes filles, belles comme le jour, qui dansez comme des grâces, et qui rêvez comme des idiotes !
- Oui, mais moi je suis la fille de Belit ! Ca change tout !
- Oui, tu es ma fille … Elle sourit

Elle se radoucit petit a petit, comme parlant pour elle-même elle me dit que oui, on pourrait essayer de me faire entrer dans un harem, que ça ne pourrait être qu’une étape, mais que la vie au harem est tellement, difficile, compliquée, dangereuse, remplie de jalousies, de chausse trappes …

Je l’écoute, fascinée, la seule chose qui m’effraie, c’est d’être enfermée, de ne plus pouvoir la voir, elle me rassure, on s’arrange toujours pour ça, il y a des astuces, des stratagèmes pour pénétrer les harems, ou en faire sortir une fille un moment, les mendiants connaissent tout ça pas cÅ“ur. Sa description des harems m’a quand même un peu effrayée, je veux apprendre à  me servir d’un couteau, elle s’en occupera, me présentera quelqu’un. Elle est adorable ! Je l’aime !

Belit me sert alors à  boire, de l’eau, ou elle verse une poudre, un remède pour me redonner des forces, je bois, Belit se lève, me conseille de me reposer pour ce soir, et après avoir posé un baiser sur mon front, elle sort.

Je m’endors aussitôt, la tête pleine de rêves.


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MessagePublié: 24 Mai 2009, 20:13 
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La journée se passe, entre phase de sommeil et de réveils vaseux, tout le monde est aux petits soins pour moi, on me sert à  manger, à  boire, on refait mon pansement, j’essaie à  grand peine de pas abuser de la situation.

Le soir venant, Belit vient me chercher pour me conduire à  la salle de bain. C’est plein de gens, ils sont tous amicaux, souriants, le roi, lui aussi est là , il se prépare. Je me plonge dans un bassin, je m’y étire avec délices, attirants les regards, dont celui du roi.

Je savoure l’instant, je chantonne même de plaisir.

Belit me tire de mon bain, m’aide à  me sécher, elle me présente une robe, qu’on a apprêtée pour moi, je la passe, elle est magnifique !!! Je noue un voile de soie sur mon poignet blessé, puis je mets voluptueusement les merveilleuse chaussures à  hauts talons que j’aime tant et qu’on a eu la délicatesse de préparer pour moi. Puis Belit me fait assoir, m’aide à  me coiffer, presque tout le monde quitte la salle petit a petit, nous ne sommes plus que trois, Belit, Dame Mena et moi.

J’en profite pour présenter mes excuses à  Dame Mena avec qui j’ai été désagréable la dernière fois que je l’ai vue, à  la cuisine, elle les accepte avec grâce, puis Belit et elle m’entraine à  travers les couloirs jusquâ€™à  la salle à  manger. Nous y entrons, mais cette fois par la porte centrale, et pas par la porte de service comme les autres fois.

La salle est pleine, inondée de lumière, le brouhaha des conversations y règne.

Quand nous entrons, le silence se fait, le roi se lève, Belit et Dame Mena font une révérence, je les imite.
Le roi demande d’une voix grave à  qui il a affaire, Belit et Dame Mena se nomment, le roi leur demande alors qui je suis. Elles me présentent comme étant Enheduana, le roi s’adresse alors à  moi :

- Que veux-tu Enheduana ?
- Je veux devenir une de vos sÅ“urs, je veux servir la communautés des mendiants, dis je d’une voix ferme

Le roi se tourne alors vers l’assemblée

- Mendiants de la libre Cité de Kyros, acceptez vous de recevoir Enheduana comme votre sÅ“ur ?

L’acclamation éclate, tous hurlent « Oui » à  pleine voix, lèvent leurs verres, trinquent à  ma santé, ma gorge se noue, j’ai les larmes aux yeux, je suis heureuse, en sécurité, enfin …

Le roi me demande alors de m’avancer au milieu du cercle des tables, et m’ordonne de prêter serment de fidélité à  mes frères et sÅ“urs, et d’obéissance à  nos chefs, je répète ses paroles mot pour mot, il me fait alors approcher de lui, se saisit d’un couteau, prend ma main, la pique au pouce, pique le sien, une goute de sang perle sur chacun de nos doigts, il les joint, mêlant nos sangs.

- Par les lois sacrées de la Confrérie des Mendiants, et par le sang mêlé, tu es désormais des nôtres, tu seras soumise à  nos règles, et tu bénéficieras de notre protection ! Déclame-t-il.

Un tonnerre d’applaudissement éclate à  nouveau, je cherche Belit des yeux, je me jette dans ses bras, je sanglote sur sa poitrine tandis qu’elle me caresse les cheveux, puis elle me conduit à  la place d’honneur, à  la droite du roi, et me fait assoir, le roi lui-même me sert un verre de vin, je le porte à  mes lèvres, je suis rayonnante, heureuse, épuisée, mais comme sur un nuage… et puis soudain, il n’y a plus rien, le noir, le néant, je sens qu’on m’emporte, on me couche, je ne verrais pas la fin du repas, j’ai un peu présumé de mes forces, et mon épuisement a eu raison de moi.
Pour le seconde fois je m’éveille sans lavoir e souvenir de m’être couchée, pour la seconde fois Belit est la, qui me regarde de ses yeux protecteurs, j me sens encore un peu faible, quand je me lève ma tête tourne un peu, Belit me conduit à  la cuisine, pour refaire un peu mes forces, sur mon chemin tout le monde me salue gentiment, me sourit.
Seul le cuisinier, pourtant en général si gentil, après m’avoir servi un solide petit déjeuner est désagréable, il tient absolument a me faire savoir que c’est la dernière fois qu’il me sert, et qu’a l’avenir j’aurais à  préparer mes repas moi même.
J’éclate de rire, il est interloqué, je lui demande si la confrérie, après avoir voulu me réduire en esclavage, veut maintenant me faire mourir de faim.
Je n’ai jamais su faire cuire le moindre petit Å“uf ! on ne m’a pas appris, j’ai toujours été nourrie, je rendais d’autres services.
Le brave homme se trouve tout gêné de mes confidences, pourtant pas nouvelles pour lui et je jurerais pas qu’il ne rougit pas un peu. Il finit pas me dire qu’on s’arrangera et devant mon regard interrogateur et un rien amusé il me précise précipitamment qu’il ne s’agira que de travail de cuisine.
Je lui souris gentiment et je me mets à  dévorer, je dois refaire mon sang., puis, mon petit déjeuner à  peine terminé je me lève et je débarrasse la table. Un gamine déboule alors en coup de vent dans la cuisine. Elle m’annonce qu’Ebun me cherche, Ebun, je sais qui c’est, c’est un des proches du roi, je demande à  la gamine ce qu’il me veut, elle se contente de me faire signe de la suivre, je lance un regard au cuisinier, qui lui aussi me fait signe de la suivre, il finira de débarrasser ma table. Je suis donc la petite. Elle me fait traverser une cour et entrer dans une pièce, il y a la deux hommes, assez âgés tout les deux, je reconnais Ebun, j’ai jamais vu l’autre, un peu intimidée je fais une petite révérence. Ca les amuse, ils sourient.

- Pas de chichis entre nous petite, me dit Ebun
- Merci Monsieur, lui dis je
- Pas de Monsieur non plus ! me rétorque-t-il
- Qu’est ce que vous me voulez Ebun ?
- Je vais t’apprendre ton métier petite

Il se retourne vers l’autre homme et reprend

- Je te présente Matten, Matten est flûtiste, un excellent flûtiste, il sera ton grand père, il jouera, tu danseras, et ensemble, vous mendierez

J’acquiesce, Ebun me raconte alors la lamentable histoire de Matten l’aveugle , et de sa petite fille, qu’il a du recueillir après la mort de ses parents, l’histoire que je devrais servir à  nos « clients ». Je l’écoute attentivement, l’histoire est compliquée, le moindre détail, la moindre question qu’on pourrait me poser prévue. Puis on m’apprend à  me vêtir de loques assez subtilement pour attirer le regard des hommes sans choquer celui des femmes. On m’apprend à  me maquiller pour avoir l’air sale, fatiguée, amaigrie, ces gens sont de vrais artistes ! On m’apprend enfin a réclamer un peu de monnaie, à  tendre un bol avec un air a fendre le cÅ“ur le plus dur. Je suis une élève très douée, je prends tout ça comme un jeu, ce qui agace un peu Ebun qui a des idées très simple sur l’éducation et qui ne manque pas une occasion de m’appliquer de petit coups secs d’une fine baguette de bois qu’il ne quitte jamais, provoquant à  chaque fois mes cris, et quelquefois mes larmes lorsqu’il est particulièrement déçu d’une de mes réponse et qu’il se laisse aller a frapper un peu trop fort.
Je finis par protester contre ce traitement, Ebun me montre alors un espèce de battoir en bois, vaguement en forme de main, « C’est avec ça que mon père m’a éduqué, quand j’avais ton âge, tu veux qu’on essaie ? Tu regretteras la baguette, crois moi ! »
Terrorisée je fais non de la tête, et je me promets de ne plus jamais me plaindre de mon sort.
Cette formation dure trois jours, trois long jours ou alterne les coups de baguettes et les éclats de rire, Ebun en un gentil garçon lui aussi, à  sa manière, bien sur il me bat, mais c’est pour mon bien, pour m’apprendre, comme son père lui a appris, et puis il n’a aucune rancune et souvent quand d’un coup de baguette il fait jaillir mes larmes, il me console lui même, se faisant tendre et câlin sans jamais dépasser les bornes de la décence. Et puis il y a la musique, la danse ! Le bonheur ! Matten est vraiment un très bon flûtiste, et danser sous sa direction est un véritable plaisir !


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MessagePublié: 30 Mai 2009, 18:42 
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Inscription : 29 Mars 2009, 14:50
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De temps en temps, Belit passe nous voir, elle m’encourage, me donne des trucs, comme de toujours demander d’abord à  la dame si je m’adresse à  un couple, elle m’explique que si je fais pitié à  la dame, elle demandera à  son mari de donner, et il le fera pour lui complaire, alors que si je demande a lui en premier et qu’il me dit non, il ne se déjugera plus, alors que si la dame refuse, j’ai encore une chance avec le mari. Elle me montre les attitudes qui éveillent chez les passant la compassion, m’apprend à  adopter un comportement humble et révérencieux en toutes circonstances même face au mépris des passants, à  la morgue des bourgeois, à  l’arrogance des soldats. Je promets de me conformer à  ces recommandations, même si ça me paraît difficile d’être tellement discrète quand on est belle comme je le suis !
Je fais rire tout le monde avec cette sortie, sauf Belit, qui se doute que dans ma bouche ce n’est pas qu’une plaisanterie.
Enfin mes mentors jugent que je suis prête, et que mon éducation est terminée.
Demain à  l’aube, je me préparerais et je sortirais avec Matten, je vais commencer à  Â« travailler ».
Je n’en dors pas de la nuit, une sourde angoisse m’étreins, est ce que je vais être à  la hauteur ? est ce que je ne vais pas décevoir une nouvelle fois ? Et puis je ne connais pratiquement pas cette immense ville qui n’a rien a voir avec la tranquille petite cité ou je vivais avant, Dieu seul sait quel dangers sournois risquent de s’abattre sur moi dehors …
Enfin, juste au moment ou je parviens à  m’endormir, une main me secoue, c’est Belit, il est l’heure, elle m’aide à  revêtir mes haillons artistiquement ajourés, me noircit très légèrement le visage au charbon, je dois rester belle, et me traîne, encore hébétée à  la recherche de Matten.
On déjeuna en vitesse, Matten prend sa flûte, nous sortons, au moment ou les portes s’ouvrent, j’ai l’impression d’une nouvelle naissance, pour la première fois de ma vie, je vais me promener dans les rues, libre ! ! !
Par un dédale de ruelles, d’abord étroites et crasseuses, puis de plus en plus larges, propres, opulentes, nous arrivons sur la place du marché. L’activité y est déjà  intense, j’ouvre grand mes yeux, je l’ai vu qu’une fois, j’avais faim, peur, j’étais épuisée, cette fois j’en profite de tout mes yeux, de tout mes sens, les monceaux de viandes, de poissons, de légumes, d’étoffes précieuses, d’animaux exotiques, d’armes en acier rutilant, de cuirs, de harnais, de selles parfaitement cirés m’éblouissent.
Matten me conduit dans un coin de la place, prés de la fontaine, les gens semblent de pas nous voir, parfois nous bousculent, parfois nous écartent d’un revers de ma in, comme des insectes, et à  chaque fois, Matten s’excuse, s’incline. Parfois, quand même un sifflement se fait entendre, d’un homme qui me détaille de la tête aux pieds, je suis rassurée, mon petit costume fait son effet.
Matten joue l’aveugle à  la perfection, il s’assoit lourdement, tâtonne pour trouver sa flûte, la porte a ses lèvres, commence a jouer. Je commence à  danser au rythme de sa mélopée, des gens passent, d’autres s’arrêtent quelques secondes, certain plus longtemps, jettent une pièce, reprennent leur chemin, je me demande si c’est les trilles de Matten ou l’ondulation de mes hanches qui les attire !
Une riche dame passe, escortée de gardes, portant une robe merveilleuse, des chaussures superbes, l’air hautain, elle regarde droit devant elle, les gardes écartent les étourdis sur sa route, elle même renverse un petit étal qui la gêne d’un coup de pied rageur, mon cÅ“ur se tord de jalousie ; je l’interpelle, lui demande une petite pièce, elle ne tourne même pas sa tête, un de ses gardes me traite de traînée et me montre le poing, je me tais, je baisse la tête, mon audace amuse les badauds, certain me jettent des pièces, je remercie, les gratifie d’un de mes meilleurs sourire.
Je remarque une fille d’a peu prés mon âge qui nous regarde, comme si elle voulait nous aborder, mais elle bouge pas, elle est vêtue d’une tunique propre, mais pas luxueuse, sans doute une servante d’une riche maison.
Le jeune fille finit par s’approcher, au même moment deux soldats s’arrêtent prés de moi, me complimentent su la perfection de mes courbes, tapent des mains en rythme, me serrent de prés, je me dégage l’air de rien en dansant autour d’eux, je leur demande une pièce, l’un d’eux m’en jette une au sol, je la ramasse vivement, il voulait me voir me plier en deux, ils éclatent de rire, commentent a nouveau mes proportions, je me contente de leur sourire et de leur en demander une autre, le second en sort une, la lève pour me la montrer, me fait signe d’approcher, j’obéis tout en continuant a danser, il la glisse dans mon corsage, déclenchant de nouveaux rires, je remercie, je souris, je continue à  danser entre eux deux, je sens leurs mains effleurer mes hanches, je leur en demande encore une, d’une voix rauque l’un d’entre eux me propose une pièce d’argent cette fois, mais pas seulement pour danser. Je me dégage encore une fois, d’une pirouette, l’in des soldat me claque les fesses, je les remercie encore, je vais quémander à  d’autres types, les soldats rient, m’applaudissent, s’éloignent. La jeune fille reprend sa progression vers nous, je lui demande une pièce, elle me répond qu’elle m’en donnera une si je danse pour elle, je suis un peu surprise, venant d’un fille, mais j’accepte et je me mets a danser autour d’elle.
Elle me dit que je suis jolie, que je danse très bien, ça accentue un peu mon trouble, mais je me contente de lui répondre que c’est parce que je danse depuis très longtemps, mon grand père me jouant de la musique depuis que je suis toute petite.
Elle me répond d’un sourire énigmatique.
Je lui redemande une pièce, elle me sort une pièce d’argent, enveloppée dans un bout d’étoffe, je peux pas m’empêcher de pousser un petit cri, la fille me fait vivement signe de me taire, elle rentre prestement son petit paquet, puis le ressort quand elle s’est assuré que personne ne nous observe, elle me précise que l’étoffe est pour le roi des mendiant, et la pièce pour moi.
Je saute de joie, pour un peu je l’embrasserais
Malheureusement même si la pièce est pour moi, je dois la remettre à  mon « grand père », comme tout ce que je gagne, la partage aura lieu plus tard, je lui remets aussi la pièce d’étoffe, il me demande qui me l’a remise, la jeune fille répond à  ma place, l’étoffe vient d’un certain « Lord Dath », Matten acquiesce d’un air entendu, je m’enquiers à  mon tour de qui est ce Lord Dath, mais le vieux me rembarre sèchement, me dit que je le rencontrerais en temps venu et que je ne suis pas la pour bavarder, mais pour travailler et me renvoie danser, je ravale les protestations qui me montent à  la bouche, je ne veux pas faire un esclandre en public le premier jour, mais ça me reste un peu en travers, surtout que je commence à  en avoir plein les bottes de danser.
Mais je m’y remets doucement, la foule est de plus en plus dense, des quantités de gens de toutes conditions passent et repassent, j’ai un sourire pour chacun, dés qu’un regard s’arrête sur moi je quémande une pièce, et souvent je l’obtiens, Matten s’en frotte mentalement les mains, je reçois aussi quelques paroles méprisantes, quelques propositions indécentes, qui, formulées à  haute voix font rire à  mes dépens, mais je m’en formalise pas. Je suis même surprise de la facilité avec laquelle j’accepte d’être ainsi considérée comme moins que rien, d’être moquée, insultée, palpée. Moi qui ai pourtant toujours été si fière, il faut croire que les leçons de Belit ont portées, en fait j’ai l’impression que c’est pas moi qui suis la, à  mendier, mais que c’est une autre, que je regarde de l’extérieur, peut être que c’est pour ça que beaucoup de ceux qui font le même métier que moi boivent, ça les aide à  se dédoubler, mais moi, j’ai pas besoin de ça.
La seule chose qui m’a un peu contrariée, et qui a failli me faire faire une bêtise, c’est quand un autre soldat s’est approché de moi. Bien sur tout se suite je me suis mets a virevolter autour de lui, il m’a regardée d’une air un peu bizarre et enfin m’a adressé la parole :

- Nouvelle en ville mignonne ?
- Oui, beau soldat, juste pour danser pour toi, lui lançais je dans un sourire de toutes mes dents, puis je tends la main vers lui
- Désolée, mignonne, je suis en service, me répond il
- Dommage !
- Tant que tu te contente de mendier, que tu respectes les règles, et que tu racoles pas tout ira bien pour toi ajoute-t-il

Je me détourne de lui mais je peux pas m’empêcher de marmonner entre mes dents : « Connard ! ». Le soldat se retourne : « qu’est ce que tu as dit ? ». Je pensais pas qu’il m’avait entendu, je me recule un peu, bafouille : Rien, rien soldat, j’ai rien dit, je parlais a grand-père… ». Il préfère laisser tomber, me menace vaguement de son doigt tendu et tourne définitivement les talons. Je lance un regard à  Matten, la rage froide qui brille dans ses yeux me fait froid dans le dos, j’ai bien peur d’avoir a payer cet écart tôt ou tard.
Je me remets a danser avec entrain malgré la chaleur qui monte, Matten qui est quand même pas un monstre me rappelle et me tend un bol d’eau, j’en bois une partie et je tend l’autre moitié à  la jeune fille qui m’a donné la pièce d’argent et qui est toujours la, elle la boit avec reconnaissance puis s’éloigne.


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MessagePublié: 06 Juin 2009, 22:14 
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Inscription : 29 Mars 2009, 14:50
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Je vois arriver Belit, grimée en vieille presque repoussante, je me précipite vers elle, je saute dans ses bras, elle m’embrasse, me demande comment ça se passe, je lui raconte fièrement que j’ai gagné pas mal de pièces de bronze, et même une pièce d’argent, ça lui fait relever les sourcils, je lui explique alors, la pièce, le morceau d’étoffe. Belit va s’accroupir prés de Matten et lui parle a voix basse. Juste à  ce moment, la jeune fille, qui jusque là  marchandait du pain à  une échoppe revient et m’offre la moitié de son acquisition, à  mon tour je la remercie, j’en donne la moitié à  Matten et je dévore mon morceau a belles dents, le grand air, l’exercice physique, ça creuse. Belit remercie la jeune fille, qui se présente sous le nom de Nurda.

En mangeant je m’approche de Nurda :

- Tu es une fille bizarre, tu sais, lui dis je
- Pourquoi ?
- Tu es habillée comme une servante, mais tu as des pièces d’argent …
- Je pourrais t’en dire autant, me répond elle
- Moi ?
- Ou plutôt ton grand père, il est aveugle mais rien ne lui échappe !
- Parce qu’il a l’ouïe très développée, tous les aveugles sont comme ça !

Elle éclate de rire :

- T’inquiètes pas, ton secret sera pas révélé !

Je lui cligne de l’œil, je lui souris, je la remercie, puis Matten me rappelle à  l’ordre, et je me remets à  danser, interminablement, jusquâ€™à  ce que mes jambes semblent me rentrer dans le corps, heureusement, la bourse de Matten s’arrondit en proportion de ma fatigue.

Enfin, le soleil arrive au sommet du ciel et Matten me fait signe d’arrêter et de venir m’asseoir prés de lui.

Tout doucement, le marché se vide, les boutiques ferment, tout le monde s’en va déjeuner. Matten appelle la jeune fille qui nous a donné le morceau d’étoffe et qui traîne toujours autour de nous, il lui demande si elle a de l’argent, elle en a. Il lui indique une auberge ou en venant de sa part elle sera en sécurité, et ou on pourra la trouver facilement pour lui donner la réponse qu’elle attend. Je comprends rien à  leur histoire, et dans le fond je m’en fous, je suis épuisée, je veux juste manger, boire, me reposer, mais enfin si elle cherche la sécurité, c’est peut être qu’elle est en danger, c’est son problème, le mien c’est que j’ai mal aux pieds !

Enfin, Matten renvoie Nurda en lui recommandant de ne pas bouger de l’auberge, me prend par la main et m’amène dans une petite échoppe qui vend du pain, des gâteaux, des pâtés. Chemin faisant je questionner un peu Matten pour en savoir un peu plus a propos de cette mystérieuse fille, ça a pas l’air de lui plaire, il me fait un couplet sur la curiosité mal placée, je laisse tomber.

On arrive à  l’échoppe, Matten achète du pain, des oignons, du fromage en continuant à  se moquer gentiment de moi, de mon imagination qui s’enflamme au sujet du maître de Nurda. Nous retournons auprès de la fontaine, je tire de l’eau dans un bidon, nous le buvons à  grand traits, puis Matten rompt le pain et m’en donne la moitié accompagné d’un oignon, je mors dedans de bon cÅ“ur … et je manque de me casser les dents, le pain n’est pas d’aujourd’hui, et peut être même pas d’hier, je regarde le fromage, il est sec comme une tuile! Je m’en plains amèrement à  Matten, il éclate de rire, se moque de mes goûts de luxe, me rappelle que nous sommes des mendiants, que ce pain et ce fromage rassis nous coûtent moitié prix, j’essaie d’objecter que ce matin on s’est remplis les poches, il me répond simplement que l’argent gagné trouvera un meilleur usage et que quand on est pauvre comme nous le sommes il faut toujours garder des réserves pour les mauvais jours, puis il se tait et se met à  manger, me signifiant d’en faire autant.

J’obéis, ses leçons de morales commencent à  me fatiguer, mes pieds sont en compote, j’ai un peu envie de pleurer mais je meurs de faim et continuer à  discuter me rapporterait rien d’autre qu’une paire de claques. Je m’attaque donc au pain et au fromage à  m’en donner des crampes à  la mâchoire, mais enfin, avec de grandes rasades d’eau, et de solides morceaux d’oignon, ça arrive à  passer. Je m’installe confortablement contre la fontaine, et je m’assoupis.

Pendant ce temps, Nurda, qui depuis est devenue mon amie, se dirige vers l’auberge que lui a indiqué Matten, Nurda m’a raconté plus tard ses aventures, je les intègre donc dans ce journal et raconte ce qui lui arrive en parallèle avec mes propres aventures, mais je me sers d’une écriture différente, dans la mesure où je n’ai pas assisté aux évènements.

Nurda se dirige vers l’auberge que lui a indiquée Matten, et bien sûr, elle se perd un peu dans cette ville où elle vient pour la première fois. Elle traverse un quartier de hautes maisons de belle mine, un quartier bourgeois sans doute, les rues sont presque désertes, il fait très chaud, quelques soldats désÅ“uvrés traînent, patrouillant plus ou moins, cette jeune fille qui rase les murs, toute seule, à  une heure où chacun est chez soi en train de se reposer les intrigue … et les intéresse !

Ils l’interpellent gentiment : « Que fait-elle par ici ? Par ces chaleurs ? Son maître est il fou de l’envoyer faire des courses à  cette heure ? Qui est son maître ? »

Devant l’avalanche de questions Nurda élude, se contente de dire qu’elle cherche l’auberge du Cygne Couronné. Après quelques remarques un peu grivoises, et quelques gestes un peu lestes, les soldats lui indiquent le bon chemin et la laissent partir.

Nurda a eu peur, elle n’est pas plus habituée que moi à  la grande ville, et à  la façon très libres dont les soldats et la plupart des hommes en général traitent les jeunes et jolies esclaves, ou celles qu’ils pensent l’être.


Tout à  coup, je me sens secouée, Matten est debout, l’heure est venue de reprendre le travail, je proteste, je suis fatiguée. Matten ne me répond même pas et m’entraîne devant l’entrée des bains publics, ça tombe bien, j’ai transpiré, je pue, je veux prendre un bain !

Matten, excédé, se contente de me montrer du doigt un petit recoin et de m’ordonner d’une voix qui n’admet pas la réplique « Danses ici, et tais toi ! », puis il s’assoit et se met à  jouer.

Les larmes aux yeux, j’obéis, mais je dois danser à  peu prés comme un ours.

Des gens arrivent, ou quittent les bains, ils s’arrêtent pour discuter, papoter un moment, les hommes sont richement vêtus, les femmes très élégantes, de temps en temps, l’un d’entre eux me jette une pièce, je la ramasse lestement et je remercie, la plupart ne me jettent pas un regard, ne m’entendent même pas les solliciter, certain me chassent même d’un geste, comme une mouche dés que je tente de m’approcher d’eux.

Heureusement, petit à  petit, la magie de la musique opère, ma fatigue semble s’envoler, comme toujours je me laisse emporter par le rythme, je ferme les yeux, mon corps ne m’appartient plus, il ondule de lui même aux accents de la mélopée de Matten.

Des hommes, et même quelques femmes se mettent à  m’accorder un peu plus d’attention, certains s’arrêtent même quelques instants, juste pour me regarder, les pièces pleuvent.

Nurda se dirige dans la direction que les soldats lui ont indiquée, petit à  petit, les maisons se font moins hautes, les rues moins larges, moins entretenues, les odeurs sont plus fortes, parmi elle une odeur douceâtre se distingue, l’odeur de la vase, elle approche de la rivière, des docks, des cris se font entendre, des hommes en haillons transportent des ballots énormes, déchargent de lourdes barques sous l’œil sévère des capitaines des felouques, leurs fouets en main et des commerçant, venu chercher leurs marchandises.

Nurda traverse cette agitation, se faisant toute petite, essayant de n’attirer l’attention de personne.

Peine perdue, avec sa robe bien propre, sa coiffure bien ordonnée, son teint frais et rose, elle est comme une carpe au milieu des lapins. Les coups de sifflet fusent, les invites plus indécentes les une que les autres pleuvent. Nurda se hâte, baisse la tête, évite les regards, traverse la rue pour éviter de passer devant les caboulots d’ou sortent les beuglements des marins avinés.

Malgré toutes ces précautions, tout à  coup elle sent qu’on l’attrape par le bras, un homme, gigantesque, barbu, puant la regarde en riant.

« Pas si vite poulette ! Où cours-tu comme ça ? »


Nurda essaie de garder son calme, le regarde froidement, il n’a pas l’air méchant, il est saoul, ou presque, il faut absolument s’en débarrasser sans faire trop de vagues.


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MessagePublié: 14 Juin 2009, 14:47 
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Inscription : 29 Mars 2009, 14:50
Message(s) : 15
Il la regarde, de la tête aux pieds, appréciateur, il siffle son admiration.

- Tu es perdue mignonne ?
- Un peu, répond Nurda
- Nouvelle en ville ?
- Oui
- Tu sais poulette, roulée comme tu es, je connais des endroits ou tu gagnerais des fortunes, et moi quelques pièces pour t’y avoir amenée !
- Je crois pas que mon Maître apprécierait vraiment, répond froidement Nurda
- Ah … Tu es servante ? D’un homme riche et puissant sûrement …
- En effet, et assez vindicatif …insiste Nurda en sentant une hésitation chez l’homme
- T tu cherches quoi ? demande l’homme en lâchant son bras


Nurda respire, soulagée, l’homme n’a pas l’air de vouloir se frotter a plus puissant que lui, un sage dans le fond, il propose même de l’accompagner au Cygne Couronné dés qu’elle lui a dit qu’elle voulait s’y rendre, il la guide, lui évite les embûches de la chaussée défoncée, Nurda sourit, un bon Maître, reconnu et puissant, voilà  ce qu’il faut a une fille se dit elle.
Ils arrivent devant l’auberge, l’homme fait une dernière tentative pour l’entraîner au « Soleil Levant », Nurda se souvient que Matten l’a mise en garde contre cet endroit, elle se contente de sourire, donne une pièce de bronze au géant. Il prend la pièce, la gratifie de son sourire édenté


- Si tu as besoin de quoi que ce soit, viens au Soleil Levant, et demande Aram, c’est moi, dit il puis il s’éloigne de son pas lourd et chancelant.

Nurda entre dans la salle.
Quelques marins jouent aux dés, des hommes pauvrement vêtus consomment en silence, comme épuisés, sans doutes des dockers. Un brouillard de fumée de pipes flotte dans la salle, à  part les deux serveuses elle est la seule femme dans le bar. Elle se dirige vers le comptoir, le silence se fait, on l’obser
ve.
Le barman l’arrête d’un geste

- Désolé petite, pas de boulot pour toi ici, on est complets
- Je cherche pas du travail, j’ai besoin d’une chambre, Matten m’envoie
- Ah, chambre privée ou dortoir ?
- Privé
- Si c’est Matten qui t’envoie, je pense que tu pourras payer, c’est une pièce d’argent par jour


C’est un peu cher pour l’endroit, mais Nurda n’a pas envie de discuter, elle cherche sa bourse à  sa ceinture … il n’y a plus que le lacet qui la portait, coupé …Nurda tâte son ventre discrètement, l’autre bourse est toujours la, avec ses bijoux, elle pourra toujours en vendre un pour avoir du liquide mais pas ici, pas dans ce quartier, et puis sortir des bijoux devant ces gens, c’est presque se condamner a mort.
Le patron se méprend sur les recherches de Nurda

- Ca va bien petite, tu parias plus tard, tu as l’air fatiguée, tiens, chambre3, premier étage
- Merci Monsieur, oui, je tombe de fatigue

Nurda prend la clef et monte dans sa chambre et monte.


Je continue a danser, les pièces continuent a tomber dans l’escarcelle de Matten.
Un homme se plante devant moi, il me donne une pièce, je le remercie, je lui souris, il est bien habillé, il sent bon, il porte de lourds bijoux, il a un peu d’embonpoint, signe de richesse. Je virevolte autour de lui, il me saisit, m’arrête.

- Viens prendre un bain avec moi ma jolie ! il rit

Sans le savoir, il retourne le couteau dans la plaie, je rêve que de ça depuis la pause de midi.
Je regarde Matten. L’homme insiste, il paiera mon entrée aux bains, et il m’offrira une jolie robe si je le suis ! Pour un service privé ajoute-t-il, je pense que tu vois ce que je veux dire ?
Je ne réponds rien, Matten s’interpose

- Cette fille est ma petite fille seigneur, et c’est pas une prostituée !
- Non , je ne suis pas une …. Je suis une danseuse !
- Viens, laisse tomber, il y a d’autres filles a l’intérieur, lance un de ses amis qui a suivi la scène.
- Mais je peux danser pour vous ! Je m’accroche a lui
- Oui, danser, elle peut, confirme Matten, si je l’accompagne et que je joue de ma flute pour la faire danser.

L’homme hésite, je lui plais, il soupèse intérieurement le plaisir qu’il aura à  me regarder danser, et la frustration qu’il ressentira de pas pouvoir aller plus loin.
Il finit par prendre sa décision, se présente, il s’appelle Elho, puis il nous fait signe de le suivre, Matten se lève, son ami a un petit geste de dépit, une bourse tombe de sa manche, je la vois, la rafle en vitesse, la tentation de la garder est forte, mais je suis pas une voleuse, je repense à  la longue file de filles enchaînée que j’ai croisé en arrivant dans la ville. Je lui tends la bourse

- Vous avez laissé tomber ça Seigneur
- Merci petite

Il ouvre la bourse, me donne une pièce d’argent, il a un regard amusé, je me demande si il a pas fait exprès de la laisser tomber pour me tester.
Nous entrons dans les bains, Elho Paye pour moi et Matten.

Nurda se lève, elle a un peu dormi, elle a faim, elle a un peu mal à  la tête, peut être l’inquiétude qui la taraude depuis qu’elle s’est aperçu qu’on lui a volé sa bourse. Elle se dit que Matten trouvera sûrement une solution, qu’il lui trouvera un acheteur pour les bijoux qu’elle a dans l’autre bourse, dissimulée au plus prés de son intimité.
Mais ou trouver Matten maintenant, il peut être n’importe ou dans cette ville qu’elle ne connaît pas !


Elho me montre les bains pour dames

- Décrasse toi en vitesse mignonne, et rejoins nous, m’ordonne-t-il

Je m’exécute, malgré mon envie de traînasser dans l’eau fraîche et régénératrice je me contente d’un bain rapide, puis je drape une des serviettes qui sont à  ma disposition autour de mes reins, je sors des bains, j’entre dans un grand salon, un peu genre club house, je cherche des yeux le groupe d’hommes qui m’attend, puis je m’avance vers eux, dardant fièrement ma poitrine dénudée.
Ils sont assis autour d’une table basse, des carafes de boissons multicolores, des verres a moitié pleins, des pâtisseries sur des plateaux d’argent, des corbeilles de fruit encombrent la table, je repense fugitivement au pain dur de midi, les hommes me félicitent, je sais pas si c’est pour ma rapidité à  me laver, ou pour ma tenue, peut être un peu des deux.
Une toute petite estrade ronde, couverte de velours rouge se trouve juste derrière la table, à  la même hauteur, Elho me la montre du doigt, je lance un regard à  Matten, il se met a jouer, je monte sur l’estrade, je commence à  onduler doucement, mes yeux rivés dans ceux d’Elho.


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