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Le serpent ardent https://www.pantagrame.com/eltanin/forum/viewtopic.php?f=74&t=1367 |
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Auteur: | Raphychou [ 19 Juin 2005, 18:34 ] |
Sujet du message: | Le serpent ardent |
[center]Le serpent ardent[/center] Le serpent ne savait pas depuis combien de temps il évoluait dans cet univers clos. Il ne savait plus ce qu'il était... mais peut-être n'en avait-il jamais eu conscience. Il se divisait en segments ; sa reptation n'entraînait cependant que la partie antérieure de son corps, les portions postérieures se contentant de suivre sa trace. Il était le serpent ardent. Sa prison dépouillée et verdâtre était constituée d'un terrain rectangulaire de dimensions réduites et de quatre murs kantikos, qui se présentaient sous la forme de surfaces de brume lumineuse. Traverser l'une de ces parois mystérieuses ne faisait que ramener à la cloison opposée. Quant au plafond, inaccessible pour le serpent, ce n'était qu'une surface de verre opaque. Il ignorait pourquoi il avait été enfermé là . Il n'avait qu'un objectif en tête : le noyau d'énergie, plus petit que sa tête, qui n'était pas très loin. Il fonça droit devant et dévora la sphère. Son organisme d'une efficacité froide assimila la totalité de l'énergie et l'utilisa pour s'étendre. A la recherche d'une autre proie, le serpent vit apparaître un second noyau. Il commençait à s'habituer à ce cycle, cette absurde chaîne alimentaire à deux maillons. Il se disait que quelque part, peut-être au-delà du plafond de verre, quelqu'un connaissait le sens de tout cela. Il vira à angle droit et fondit sur le noyau. Quand il l'eut dévoré, il s'allongea encore, couvrant une plus grande partie du sol. A présent, un mur kantiko était droit devant lui. Il s'y précipita, se retrouvant de l'autre côté du terrain rectangulaire... et l'espace d'un instant, il vit l'amusant paradoxe : son appendice caudal disparaissait sous ses yeux dans la paroi lumineuse, loin devant lui. La queue se rematérialisa dans le sillage du serpent, comme tout le reste de son corps auparavant. Après avoir dévoré un troisième noyau, le reptile segmenté fut envahi par la stupéfaction : une chose avait fait intrusion sur son territoire. Une créature abominable, aux pattes arachnéennes. Il fonça à la rencontre de l'intrus, qui semblait déjà perdre de sa substance... la nouvelle proie s'évapora avant qu'il ne l'atteigne. Rageur, le serpent ingéra un énième noyau. Il se replia plusieurs fois sur lui-même, prenant garde à ne pas effleurer ses propres flancs, porteurs, pour une raison qui lui échappait tout autant que le reste de son univers, d'un feu ravageur. C'était pour cela qu'il était appellé serpent ardent, parce que sa nature paradoxale, lui interdisant de toucher son propre corps, était faite de flammes. Si le feu rencontrait le feu, il disparaîtrait dans le néant. Comme un grand penseur l'avait affirmé un jour dans une autre dimension, il était dangereux de croiser les effluves. Ainsi était la malédiction du serpent ardent. Une nouvelle bête venait de pénétrer dans l'environnement clos. La prenant de vitesse, le serpent la consomma et l'intégra à son organisme avant qu'elle ne disparaisse. Il gagna encore en longueur. A présent, les flammes de ses flancs, émettant une lumière presque douloureuse, illuminaient tout l'environnement. Dix noyaux et trois insectes ingérés plus tard, le serpent ardent prit conscience d'un problème qu'il n'avait point appréhendé. Gagnant sans cesse en longueur, il ne pouvait que finir par rencontrer ses propres flancs. Mais il ne pouvait point cesser ses repas. Qui sait, peut-être que sa survie en dépendait ? S'il observait le jeûne, finirait-il par disparaître tel le premier arachnide dont il n'avait pu s'emparer ? Aussi il poursuivit le cycle. La situation devenait critique. Se repliant sur lui-même selon un dédale inextricable, le reptile utilisait les murs kantikos pour se jouer des limites du terrain. Mais rien n'y faisait : l'énergie-matière, cette force même qui lui avait donné naissance, signait sa perte de par sa persistance à accroître sa taille lors de sa digestion. Il filait dans les replis de ses propres segments, cherchant une sortie. Le labyrinthe devenait de plus en plus angoissant. Les insectes et arachnides monstrueux qu'il ingérait de moins en moins fréquemment - car son propre corps, envahissant peu à peu tout l'espace disponible, le gênait dans ses déplacements de prédation - semblaient se rire de lui, de sa prétention à survivre. "Ne sais-tu donc pas que tout a une fin ?" paraissaient-ils lui dire. "Nous pouvons bien ricaner, car tu n'as pas compris l'essentiel, pauvre serpent ardent ! Tout comme nous, tout comme tout être vivant, partout, tu n'es né que pour mourir. Accepte ton sort, qu'espères-tu obtenir ?" L'horreur l'envahissait. Et après avoir franchi un dernier mur kantiko, il entra en collision avec sa propre chair. La malédiction du serpent ardent s'accomplit ; le contact des flammes avec les flammes embrasa son essence et il se consuma dans un hurlement, un ultime cri d'effroi, car il venait de comprendre toute l'ironie de son existence, opposé du symbole de l'Ourobouros : il ne s'était mordu la queue que pour en trépasser. En ce lieu cloisonné, aucune éternité, mais la promesse atroce d'une fin torturée. |
Auteur: | Jalk [ 19 Juin 2005, 19:24 ] |
Sujet du message: | |
Excellente idée, DN, le type de celles qui nous font nous dire, au cours du texte "Non, il ne va quand même pas... Ah... ah ben si, il l'a fait." ^^ J'ai beaucoup apprécié le ton malsain que tu donnes à cet écrit : le contraste classique point de vue du joueur / point de vue de la créature, est très habilement rendu, avec suffisamment d'élégance pour que la ficelle ne paraisse pas trop grosse (travers dans lequel sombre Werber, par exemple). Pour le reste, l'écriture n'est pas désagréable, même si quelques passages étaient à mon sens un peu trop "lourd" (l'abondance des adjectifs ?) pour un texte aussi court et une idée aussi fugace. Cela est un peu dommage car tu sembles particulièrement à l'aise dans les péripéties alertes. Bref une idée bien exploitée, dans un texte qui, malgré quelques défauts, reste agréable dans sa brusquerie. |
Auteur: | Raphychou [ 19 Juin 2005, 19:48 ] |
Sujet du message: | |
Merci. L'idée est vaguement née dans mon cerveau dément quelques temps après avoir lu une fan-fiction HP (non, pas Harry Potter, Hewlett-Packard) de Raton-Laveur. A ce jeu vidéo, je n'ai jamais réussi à battre le record de 1060 d'un certain Thierno. Ces derniers temps, j'y jouais dans le métro plutôt que de consacrer ce temps de transports en commun à une occupation constructive telle que le dessin ou l'écriture. C'est ainsi que m'est venue l'envie d'écrire ce bref récit. Comme Bloody me l'a fait remarquer sur MSN, si l'improvisation me va bien au teint, elle engendre moult répétitions. Raphaël a écrit: Traverser l'une de ces parois mystérieuses ne faisait que ramener à la paroi opposée.
J'entame la correction de ce pas. |
Auteur: | squallgofsc [ 19 Juin 2005, 19:54 ] |
Sujet du message: | |
J'ai bien aimé ton texte raphy, sorte de fenétre sur un univers, qui s'ouvre et se referme sans nous en apprendre quoi que ce soit, juste le temps d'observer un spectacle sadique Juste un petit détail: j'était en train d'écouter la chanson "snake eater" (B.O de MGS3) au moment ou j'ai débuté ma lecture. Ca rajoute un petit coté ironique fort sympatique |
Auteur: | Raphychou [ 19 Juin 2005, 20:00 ] |
Sujet du message: | |
Hi, hi, j'avais également cela à l'esprit, surtout les images des serpents filant dans les "génériques d'ouverture" de "Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty" et "Metal Gear Solid 3 : Snake Eater". Même si je n'ai pas écouté de thème ou de chanson du jeu pour écrire la nouvelle... je ne touche jamais à la plume en musique. Voilà , le texte est corrigé. J'ai éliminé une incohérence : le serpent s'inquiétait de disparaître comme "les arachnides qu'il n'avait pu capturer". Pourtant, à ce stade du texte, il n'en a encore laissé échapper qu'un seul. J'ai également effectué quelques changements mineurs de ce type : Raphaël a écrit: En ce lieu cloisonné, point d'éternité, mais la promesse atroce d'une fin torturée. J'ai favorisé : Raphaël a écrit: En ce lieu cloisonné, aucune éternité, mais la promesse atroce d'une fin torturée.
Meilleure musicalité avec un terme à deux syllabes pour précéder "éternité". Et bientôt, une fan-fiction "Démineur" ! |
Auteur: | Mr.Magnum [ 20 Juin 2005, 19:02 ] |
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Je suis un petit peu plus réservé pour ce texte que mes camarades, mon cher DragonNoir... Et je dois t'avouer avoir fortement envie d'écrire ma vision de cette idée pourtant fort sympathique, même si je ne le ferais pas par manque de temps et parce que je me refuse à piquer une idée ainsi bâtie pour produire une séquelle quelle qu'elle soit. Bref. Mais laisse-moi te proposer juste un soupçon de ma vision, et le reproche principal que je fais à ce petit textounet: On comprends trop vite. On sait dès les premières lignes, les premiers mots même, qu'il s'agit d'un téléphone portable Nokia 3410 dont le propriétaire est en école de cinéma et décide de perdre quelques minutes de son temps afin de donner la vie à un serpent et de le tuer ensuite bêtement en perdant à un jeu. On devine trop aisément tout le contexte. J'aurais préféré un dévellopement plus lent (même si, tu le dis toi-même, il s'agit là d'une simple improvisation) et plus vague qu'une description du jeu de bout en bout. Il aurait suffit d'omettre quelques détails bien précis et d'entraîner le lecteur dans unn terrain qu'il pensait connaître pour finalement le mener dans un autre. Je vois presque déjà la ou les dernières phrases, une fois le serpent 'consumé': "Zut, je n'étais pas loin..." DragonNoir manipula son téléphone portable pour sortir du jeu et verrouila le clavier avant de le ranger dans sa poche. Le métro n'était pas un lieu sûr pour le laisser sortit bien longtemps, et il tenterai de battre son reccord au serpent ce soir, au retour. |
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