Eltanin

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MessagePublié: 25 Jan 2005, 02:00 
Hors-ligne
Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
Message(s) : 6475
Localisation : Paris, France.
Ca baisse, ça baisse...

Je trouve qu'après une entrée en fanfare dans la seconde partie, on retombe progressivement dans les mêmes problèmes. Les péripéties s'enchaînent avec naturel... trop de naturel. Le rythme finit par se transformer en une sorte d'automatisme, du genre "Un nouveau rebondissement toutes les dix lignes".
Myat?Ala est plus nuancée qu'avant, c'est intéressant et ça prolonge agréablement la conception déjà  subtilement exposée selon laquelle les dames blanches sont avant tout victimes de leur haine.
Le violeur est plus pathétique qu'autre chose. Encore un point excellent du texte...
Mais dans l'ensemble, on perd un peu en naturel à  chaque chapitre, je ne trouve toujours pas le mordant qui me fait apprécier les fan-fictions d'exceptions telles que "Enfants d'un Très Ancien Dieu". Peut-être que j'attends trop de ce texte.

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MessagePublié: 29 Jan 2005, 18:27 
Hors-ligne
Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
Message(s) : 651
Localisation : Dans le coté obscur de la force.
7. Libération(s).
« Plus à  droite !! Non ! Non, à  gauche !! Voi? Voilà , comme ça !! »
Les ordres, relativement confus, que K-Ro donnait à  Kefka obligeaient ce dernier à  se comporter comme un automate. Après avoir assommé la dame blanche avec une chaise, il l?avait ligoté, difficilement, et s?évertuait maintenant à  la cacher dans un recoin du mur, dans l?ombre. Mais les pieds nus et blancs dépassaient de l?orifice, et Kefka, de par sa petite taille et sa maladresse, n?arrivait pas à  les coincer dans une aspérité.
« On les voit encore, ses pieds ? demanda-t-il à  l?assemblée.
-Non non, c?est bon, répondit K-Ro sans se soucier de ses compagnons. Maintenant, récupère les clefs sur elle. »
Un silence pesant s?abattit sur la prison, alors que Kefka ne remuait pas.
« Quoi ? s?époumona K-Ro. Les clefs !! Toi y en a comprendre ?!
-Crie pas si fort, K-Ro, dit Erwan. Tu vas finir par ameuter les autres. Et je n?ai pas vraiment envie de me retrouver à  nouveau aux prises avec une armée de femmes?
-Qu?est-ce que t?as contre les femmes ? » s?insurgea K-Ro en se tournant vers Erwan, délaissant momentanément son objet de torture numéro un en la personne de Kefka. Ce dernier prit discrètement les clefs et les fourra dans sa poche en ricanant.
« Mais rien, rien du tout, répliqua Erwan, amusé. Seulement je préfère avoir une armée de femmes vivantes à  mes trousses plutôt que des cadavres.
-Et moi donc ! » ajouta Mr.Magnum, qui fit rire Haschatan. K-Ro les lança un regard noir de reproches et fit de nouveau volte-face. Kefka sifflotait innocemment. Elle examina son laquais d?un ?il soupçonneux.
« Je ne suis pas dupe, Kefka, cracha-t-elle. Je sais parfaitement que tu dissimules quelque chose. Dans ta poche, là  !
-Qui ça, mwa ? gazouilla le sinistre ?sauveteur?. Mais tu sais parfaitement que je suis incapable d?une telle bassesse, surtout envers toi, ô grande maîtress?
-Libère-moi, avorton !! »
Interrompu par cette voix provenant de la cellule d?à -côté, Kefka bredouilla la fin de sa phrase et s?avança vers l?autre cellule. Sa curiosité avait été piquée au vif. Qui ose proférer de telles remarques désobligeantes envers mwa, le grand, l?illustre, le seul, l?unique Kefka ? Tout à  ses pensées, il scruta la pénombre afin d?y découvrir le vieil assassin, qui tendait une main blême et ridée vers lui dans un appel au secours silencieux.
« Qui es-tu, toi ? demanda Kefka en reniflant d?un air méprisant.
-Ouvre-moi, fais-moi sortir d?ici, je t?en supplie?
-Et pourquoi ferais-je ça ? exulta l?ignoble gnome arrogant, profitant de sa situation de supériorité. Je ne te connais même pas, l?ancien.
-Alors que moi, tu me connais ! » raisonna K-Ro en souriant. Elle tendit sa main vers son souffre-douleur et lui fit les yeux doux. « Nous nous connaissons depuis tellement longtemps, mon Kefka !
-Ah ça oui ! » tempêta Kefka en perdant son sang froid, oubliant le vieillard qui se remit aussitôt à  gémir en guise fond sonore. K-Ro retira sa main d?entre les barreaux et se recula un peu. Les autres restèrent bouche bée devant la révolte de Kefka, lui qui d?ordinaire acquiesçait à  toutes les volontés et caprices de sa maîtresse.
« Parlons-en, de notre relation, pendant qu?on peux ! Mis à  part me torturer, me faire laver le sol, m?envoyer à  droite et à  gauche faire des corvées qui répugneraient même un rat? » Il réfléchit. « Bon, même si ce rat, pour faire le type de corvées quotidiennes auxquelles je pense, devrait avoir des bras, des jambes, et aussi pouvoir survivre à  des magnétoscopes doués d?une intelligence limitée mais d?un appétit sans bornes. Mais là  n?est pas la question. »
Personne n?osa parler.
« La question, c?est de savoir pourquoi je te libèrerais, toi et tes amis qui m?ont également fait du mal ?
-Je savais que je n?aurais pas du le piétiner au 22ème la dernière fois? soupira Erwan.
-Je te promets de te donner une augmentation dès que?
-Pour qu?il y ait une augmentation, il faudrait déjà  qu?il y ait un salaire, K-Ro ! vociféra Kefka, écarlate.
-Il va finir par faire rappliquer les autres. » gémit Mr.Magnum. Les autres acquiescèrent, tandis que Kefka continuait.
« Mais en guise de salaires, des coups. Au lieu de primes, des insultes. Sans compter les innombrables travaux effectué au noir sans rémunération !
-Tu voudrais des coups aussi pour le black ? demanda K-Ro, parfaitement sérieuse.
-Tu te rappelles ton cadeau de Noël dernier ? la questionna Kefka sans tenir compte de sa remarque. C?était un déguisement d?homme grenouille pour que je puisse descendre dans un réservoir à  ordure où viennent se déverser tes poubelles afin d?y retrouver le contrat d?une loutre apprivoisée que tu avais jeté par mégarde !
-Mais c?est qu?elle était très utile, cette loutre !
-Mais je m?en fous ! s?emporta carrément Kefka. De toi, de tes projets de conquérir le monde, de ton armée stupide dont je suis le général et de tout le reste ! Voilà  pourquoi je ne vais pas vous ouvrir la porte. Pourquoi le ferais-je ? Pour que tout recommence ?
-Bon, d?accord, abandonna K-Ro. Tu as gagné. »
Elle sortit son portefeuille et l?ouvrit. Une mite s?envola.
« Tu veux combien ?
-Kefka, intervint Haschatan. Si tu ne nous libères pas, penses-tu pouvoir t?en sortir sans nous contres les prédatrices d?en haut ?
-Il a raison, ajouta Squall. Que feras-tu seul contre elles ?
-Et si je libère ce vieux plouc qui connaît manifestement bien la région, au lieu de vous ? Peut-être sait-il comment se tirer d?ici ? »
À l?évocation de son statut, le ?vieux plouc? se jeta contre la grille et mit ses mains en position de prière. Manifestement, il n?avait plus du tout mal à  celle qui s?était écrasée contre la parois quelques minutes auparavant.
« Je sais parfaitement comment sortir d?ici, monsieur Kefka, implora-t-il. Ouvrez-moi et je vous mènerai dans un endroit sûr !
-Accordé ! » jubila Kefka en s?approchant de la cellule du vieux brigand. Ce dernier exhiba deux rangées de dents à  l?allure suspectes dans une grimace de sourire que Kefka n?aperçut pas. Mr.Magnum bouscula tout le monde en s?avançant.
« Ne fais pas ça, il ne sait rien !
-Et toi, rétorqua Kefka, que sais-tu ? »
Il enclencha la clef dans la serrure et tourna. Le cliquetis de libération du loquet résonna dans le silence de la prison, alors que la porte qui menait aux étages supérieurs sortit de ses gonds et alla se fracasser au sol. Myat?Ala se trouvait derrière, debout.
Furieuse.
Kefka fit un pas en arrière, saisi par la peur, et sentit sa vessie menacer de se libérer. La porte de la cellule du vieux prisonnier s?ouvrit alors et son occupant en sortit, vif comme l?éclair, au grand étonnement de Squall et ses compagnons. Il attrapa un couteau disposé sur le bureau de leur garde, toujours au sol et ligotée, et saisit de l?autre main un Kefka tremblotant, qui poussa un hurlement.
« Plus un geste, Mathilde !! » Les autres prisonniers tournèrent la tête vers la nouvelle arrivante, impuissants. Elle fut bientôt rejointe par une dizaine de dames blanches, dont Élodie, qui restèrent en retrait, interdites. Myat?Ala foudroyait son meurtrier du regard.
« Oh pardon, fit le vieil homme. J?avais oublié que tes esclaves à  la solde de ta vengeance ne t?appelaient pas Mathilde, mais Myat?Ala. Un surnom parfaitement ridicule, si tu veux mon avis.
-Je ne veux pas ton avis, espèce de moins que rien !! » répondit Myat?Ala/Mathilde. Elle semblait être aux bord des larmes, mais personne ne savait comment interpréter celles-ci : Des larmes de fureur ? De peur ? De tristesse ? Elle-même l?ignorait. Mais quelle qu?en soit la réponse, la reine des dames blanches était prête à  étriper quiconque se mettrait sur son chemin, vivants ou morts.
« Que vas-tu faire ? demanda le vieillard qui ne paraissait finalement pas si âgé que ça. Comptes-tu m?envoyer tes filles ? Tes victimes ? Car toutes sont là  par ta faute, si je ne m?abuse. Indirectement, c?est toi qui les as toutes tués pour assouvir ta vengeance !
-Ferme-la, assassin !! beugla Myat?Ala.
-C?est peut-être pour ça que tu as changé de nom : Pour éviter que tes victimes ne sachent que tu es Mathilde, celle que j?ai moi-même tué et que tu as tué en retour ! Celle qui ne vaux pas mieux que moi?
-Je vais en finir avec toi une bonne fois pour toutes, violeur, lança Myat?Ala. Et ce n?est pas l?otage que tu menaces qui m?arrêtera. Ce n?est qu?un homme, après tout.
-Au secours ? hasarda Kefka.
-Heureusement que Frédérique, notre garde, m?a prévenue pat télépathie de l?arrivée impromptue de ce nouvel invité. » Et, alors que deux dames blanches s?acharnaient à  défaire les liens de Frédérique, Haschatan croisa les bras sur son torse, mécontent.
« De la télépathie? Pfff? C?est du grosbillisme, oui.
-Mathilde ! Êtes-vous vraiment tombé au niveau de cet homme que vous haïssez tant ? »
La remarque fit mouche. Myat?Ala concentra son attention vers Mr.Magnum. Ses yeux lançaient des éclairs de rage concentrée, et sa colère offensée était presque palpable.
« Ne m?appelle pas comme ça, espèce de mâle répugnant.
-Et comment dois-je vous appeler, alors ? demanda Mr.Magnum. Myat?Ala, votre pseudo censé être synonyme de respect et de vertu ? D?incarnation de la femme bafouée résignée à  ne pas se laisser faire ? Ou bien dois-vous rappeler que vous êtes Mathilde, une femme qui a été battu et violé à  l?orée d?un bois par un homme sans scrupule ?
-Magnum, vas-y mollo, ne la mets pas en rogne? murmura Haschatan.
-Ce que veux dire mon ami, intervint Squall en se mettant en avant, c?est que vous êtes entrain de faire les mêmes erreurs que votre meurtrier : Vous tuez des innocents pour assouvir votre vengeance, et vous avilissez les femmes pour en faire une armée à  vos ordres. Croyez-vous que ce soit la meilleure solution ?
-Faire une armée, c?est une bonne solution, non ? » grommela K-Ro.
Cette fois-ci, le silence se prolongea. La reine des damnées ne savait plus quoi répondre, car Squall avait tout à  fait raison. Elle n?avait fait que rechercher la vengeance ave sa haine incommensurable des hommes. Et pour ça, elle avait condamnée toutes ces femmes, ces innocentes, à  la suivre dans ses tourments.
Myat?Ala tourna la tête vers elles, se remettant de plus en plus en question. Les visages de ses sujettes était tous braqués vers leur maîtresse et attendaient un ordre, un mot de sa part. N?importe quoi. Si je leur donnais l?ordre de se tuer, elles le feraient sans même y réfléchir. Qu?ai-je fait ? En quoi tout ceci est mieux que le meurtre de cet homme qui a prit un nouvel otage dans sa folie ? Et, au final, ne suis-je pas folle également ?
Désemparée, assaillie par des pensées contraires, Myat?Ala ne savait plus quoi décider. Elle se prit la tête entre les mains et tomba à  genoux en poussant un petit cri plaintif. Automatiquement, trois des dames blanches les plus proches la soutinrent.
En face, le vieux brigand maintenait toujours Kefka d?une main, coinçant l?autre sous sa gorge. Celui-ci tremblait de part en part et ses joues ruisselaient de larmes de peur. Il se demanda même si ses cuisses n?étaient pas détrempées par autre chose que la transpiration. L?homme derrière lui le poussa en avant.
« N?essayez pas de m?arrêter et écartez-vous, ou bien je l?exécute. Je vais passer tout près de vous toutes, et vous n?avez aucun intérêt à  me toucher. Sans quoi, je ferais un cadavre de plus et un innocent de moins.
-Pourquoi c?est toujours sur moi que ça tombe, ces embrouilles? ? gémit Kefka.
-Il est hors de question que vous sortiez d?ici, vous. N?essayez pas de profiter de l?affaiblissement de notre souveraine pour vous échapper. Et je vous répète que cet otage ne vous servira à  rien : C?est un homme, et je serais personnellement très heureuse s?il mourait. »
Élodie avait manifestement pris le commandement des opérations. Myat?Ala était toujours à  genoux, pesant mentalement le pour et le contre de ses actions passées, présentes et futures. Elle était momentanément incapable d?assumer le rôle de leader.
Kefka sentit le couteau aiguisé se rapprocher de sa gorge, et il hurla à  l?attention de K-Ro : « Mais fait quelque chose, toi !! Dis-leur que je suis important à  tes yeux, et vite !
-Pourquoi j?irai leur mentir ? ricana K-Ro.
-Très bien, conclut l?homme à  voix haute. Alors si c?est comme ça? » Kefka se contracta, s?attendant à  prendre un coup de couteau, mais il se sentit projeter en avant vers le group de femmes qui protégeait leur maîtresse. Élodie, rapide comme l?éclair, s?interposa et envoya valser Kefka contre un mur du plat de la main. Le gnome percuta durement le mur et tomba à  terre, étourdi.
Le vieil assassin se rua alors sur une des dames blanches les plus près d?elle. Au autre vit l?action et tenta d?intervenir mais elle reçut un magistral coup de pied dans le ventre. Elle se retrouva à  terre, les poumons vidés et à  la limite de l?évanouissement. L?homme s?empara alors de sa cible et la menaça à  son tour du couteau.
« Pas très original, tout ça, commenta Erwan, blasé.
-Il ne se renouvelle pas trop, ouais, ajouta Haschatan.
-Moi, j?aimais bien le coup de pied ! » dit K-Ro en levant un panneau noté : 10.
Le vieil homme aux ressources insoupçonnées se remit en retrait. Élodie grogna. Cette fois-ci, la situation était différente. Il ne s?agissait pas d?un simple otage, mais d?une dame blanche. Heureusement que Myat?Ala n?avait pas été prise elle-même en tant que bouclier humain, sans quoi?
« Et maintenant, mademoiselle Je-Dirige-Tout ? railla le meurtrier. Ça n?a toujours aucune importance ou bien vous allez me laisser passer ?
-Un jour ou l?autre, tu paieras pour tes actions, vieillard? Tu rejoindras tous les autres hommes dans les Territoires Extérieurs. Ou bien je t?enverrais ?en bas? de mes propres mains. J?espère que tu m?as bien compris ?
-Tous les hommes envoyés dans les Territoires Extérieurs ne sont pas forcément morts, mademoiselle Je-Dirige-Tout. » Le vieux raffermit sa prise sur la dame blanche.
« Ils ont créés une communauté où ils survivent tant bien que mal en se nourrissant des démons qui habitent ces Territoires, et ça depuis qu?ils ont compris que ces monstrueuses créatures étaient capables de tomber sous leurs assauts répétés. Eh oui, qu?elles soient le reflets des peurs de Mathilde ou non, elles sont mortelles et mangeables. Un village a été construit sur les ruines d?un cimetière naturel d?animaux. Un chef a été désigné, et les membres de cette tribu sont nombreux. Très nombreux. Et c?est vous-même qui grossissez leurs troupes en envoyant de nouvelles âmes. »
Le vieux reprit son souffle. L?effort qu?il fournissait pour garder en joue la dame blanche, ajouter à  celui de rester en permanence sur ses gardes, amenuisait petit à  petit ses réserves. Mais il ne pouvait s?arrêter de parler et, la jubilation aidant, il poursuivit son récit devant les yeux d?Élodie et des Trauméniens qui en étaient réduit à  de simples spectateurs.
« Ils ont organisés tout un système de circulation de l?information. Ils savent toujours où et quand vous allez relâcher de nouvelles victimes mâles et ils vont les chercher avant qu?ils ne se fassent dévorer. Ils vous vouent une haine sans limites, et attendent le bon moment pour vous occire. Et ils y arriveront, j?en suis certain. Tôt ou tard, ils vous décimeront jusqu?à  la dernière, et nous pourront enfin tuer Mathilde pour que ce lieu maudit disparaisse à  jamais. »
Élodie, les dents serrées, la mâchoire crispée, resta sans parler une bonne minute. Le silence était pesant après ces lourdes révélations. Mr.Magnum jeta un ?il à  ses compagnons, qui lui rendirent d?un regard complètement perdu. Seul Squall lui fit un clin d??il. Mr.Magnum leva un sourcil, puis il sourit nerveusement en l?informant silencieusement, par signe discret de la main, que ce n?était vraiment pas le moment de draguer.
Squall porta une main à  son front, navré, puis se pencha à  l?oreille de Mr.Magnum. Celui-ci écouta et au fur et à  mesure des explications, un sourire fendit son visage. Squall se redressa, et hocha la tête. Mr.Magnum fit de même, et se tourna vers Erwan pour faire passer l?information.
« Toi, toi et toi, dit Élodie en désignant trois dames blanches. Emmenez Myat?Ala notre souveraine dans ses appartements. Mettez-la en sûreté. Je prends l?entière direction des opérations dorénavant. Exécution ! »
Les trois volontaires obéirent sans un mot et emportèrent délicatement Myat?Ala à  l?étage supérieur. Restée seule, Élodie continuait à  faire face au vieil homme, qui transpirait maintenant énormément.
« Nous voilà  donc bloqué, hein ? souffla-t-il.
-Je vois bien que je n?ai pas le choix.
-Vous êtes ridicules, coassa le vieillard en riant. Vous êtes capables d?envoyer une cinquantaine de dames blanches à  la mort pour capturer quatre ou cinq hommes, mais vous ne pouvez même pas sacrifier sciemment l?une d?entre vous pour me tenir enfermé ici.
-Nous n?avons pas le droit de donner la mort à  l?une des nôtres, directement ou indirectement. » Le violeur éclata de rire. « Je vais vous laisser partir. Vous relâcherez notre amie devant la porte d?entrée. Mais n?oubliez pas, ce que j?ai dit tout à  l?heure tiens toujours : Un jour ou l?autre, nous vous retrouverons. »
Le meurtrier enfonça doucement la pointe du couteau dans la gorge blanche de son otage. Il triomphait.
« Et ce jour là , je serais à  la tête d?une armée entière d?hommes et nous vous écraserons comme de vulgaires mouches que vous êtes, mademoiselle Je-Dirige-To?
-Non !! Pas à  l?intérieur !! hurla Mr.Magnum.
-Ah oui ? Zut, j?avais oublié qu?il était si gros !! » s?excusa K-Ro.
Le vieil homme et Élodie se tournèrent vers la geôle encore verrouillée et ils virent les six prisonniers plaqués sur les barreaux, poussés par une immense chose verte qui gonflait derrière eux. Une sorte d?immense ballon verdâtre couvert d?écailles. Une queue gigantesque passa entre deux barreaux et brisa les attaches du mur, emportant la grille et les voyageurs accrochés dessus et qui hurlaient à  pleins poumons.
Élodie se jeta sur le coté, évitant de peu la chute de la grille et de ses occupants. Le vieux, avec toujours l?otage, n?en croyait pas ses yeux. Les six Trauméniens se relevèrent avec peine, se massant les endroits douloureux. K-Ro leva les yeux sur sa bestiole.
« Était-ce vraiment une si bonne idée, Squall ? demanda Haschatan.
-Hum, en fait, c?était l?idée de K-Ro?
-COOOOOOOOOIIIIIIIIIIN !!!!!!!! » beugla Téquila, heureux.

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MessagePublié: 02 Fév 2005, 03:33 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
C'est meilleur. Bien, bien meilleur que le chapitre précédent. La fluidité du style sert ici une action à  rebondissements multiples. Les personnages sont bien traités, mis à  part quelques écarts :

- Relations entre Kefka et K-ro trop haineuses... du coup, les deux personnages perdent pas mal en sympathie...
- Le vieil homme qui se prend soudain pour Houdini, passe encore. Qu'il soit au courant du rassemblement des hommes des Terres Extérieures... comment ? J'espère qu'on aura une explication à  ça. Et enfin, pourquoi révèle-t-il aux dirigeantes des Dames Blanches la présence de leurs ennemis, ce qui, d'un point de vue stratégique, est tout bonnement une trahison de la cause de ses congénères ?

Ah oui, tu aurais pu ne pas infliger cela à  ton texte :

Mr.Magnum a écrit:
Pour éviter que tes victimes ne sachent que tu es Mathilde, celle que j?ai moi-même tué et que tu as tué en retour !


"Pour éviter que tes victimes ne sachent que tu es Mathilde, celle que j'ai moi-même tué et qui m'a tué en retour", plutôt, non ?

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MessagePublié: 06 Fév 2005, 04:35 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
Message(s) : 651
Localisation : Dans le coté obscur de la force.
8. Retournement de situation.
Myat?Ala, assise sur le lit, la tête entre les mains, continuait de ressasser sans cesse ses sinistres pensées. Les mots que son ancien esclave lui avait lancés avaient fait mouche. En plein dans le mille. Et elle n?arrivait pas à  les oublier.
?vous êtes entrain de faire les mêmes erreurs que votre meurtrier?
« Non, non, ce n?est pas la même chose ! C?est lui qui m?a violé, qui m?a battu et qui m?a laissé crever comme une chienne sur le bord de la route, pendant des heures ! » Mais elle n?y croyait plus. L?histoire était vraie, elle venait de comprendre les erreurs de sa vengeance.
?vous tuez des innocents pour assouvir votre vengeance, et vous avilissez les femmes pour en faire une armée à  vos ordres?
Elle était dans le faux. Totalement aveuglée par son désir de représailles envers lui, elle n?avait pas su mener à  bien sa vendetta et elle s?était enlisée dans une guerre sans fin contre tous les hommes. Et le pire, c?est qu?elle avait entraînée des dizaines, des centaines, des milliers de femmes avec elle.
Croyez-vous que ce soit la meilleure solution ?
Non. C?était maintenant clair pour Myat?Ala comme de l?eau de roche. Ce n?était pas la meilleure solution. Elle menait tout le monde à  la baguette comme une véritable tyran. Tout ce qu?elle avait réussie à  faire, c?était faire souffrir tout le mode par sa faute. Pourquoi les autres devraient-elles souffrir et endurer ce qu?elle avait endurer, après tout ?
C?était égoïste de sa part. Et toutes ces femmes qui l?adulaient comme une reine, une souveraine, une déesse, presque? Elle ne valait pas mieux que l?autre, après tout.
Croyez-vous que ce soit la meilleure solution ?
Définitivement non.
Myat?Ala se leva et se dirigea vers la porte. Elle allait ordonner la libération des prisonniers, pour prouver sa bonne foi, et elle allait apprendre aux autres dames blanches l?art et la manière de pardonner. Leurs vies allaient changer. Ou plutôt leur mort.
Mathilde éclata de rire. Un rire franc, loin de ceux qu?elle employait d?ordinaire lorsqu?elle voulait intimider les hommes ou des dames blanches rebelles. C?était, pour la première fois depuis longtemps, un rire gai. Un rire qui fut soudainement interrompu par une explosion venant des sous-sols. De la prison.
Elle se rappela alors qu?Élodie était restée seule avec son meurtrier. Elle devait se hâter de les rejoindre. Si Squall et ses amis n?étaient pas trop rancuniers, ils l?aideraient peut-être même à  le faire réintégrer sa prison ? Au moment même où elle posait sa main sur le loquet de la porte, une voix sombre, sans âge, s?éleva derrière elle.
« Tu t?es encore laissée bernée, Myat?Ala? »

*
* *

Le dragon Téquila tourna sur lui-même, envoyant sa longue queue dans le mur juste au-dessus de Kefka, qui choisit ce moment là  pour ouvrir un ?il et crier. Fury dégagea ses amis des décombres en rouspétant sur les idées foireuses de Squall, et Kefka les rejoint l?instant d?après. Il sautillait partout, les joues baignées de larmes.
« On va mourir !! On va mourir !!
-On est déjà  mort, Kef?, lâcha Haschatan en évitant à  nouveau la queue du dragon qui le frôla à  quelques centimètres.
-K-Ro !! hurla Erwan. Tu ne pourrais pas tenter de raisonner Téquila ?!
-Oui, parce que là , le remède est pire que le mal, ajouta Squall.
-Mais j?ai simplement dit que je pouvais aussi matérialiser Téquila, je n?ai jamais dit que je pouvais le contrôler !! »
Une langue de feu laissa une longue trace carbonisée sur le mur près de Mr.Magnum. Ce dernier se tourna lentement vers K-Ro, une veine battante sur sa tempe, et il fit grincer ses dents. K-Ro joignit les mains et se pencha en avant.
« Gomenasaï !! »
Le couinement monstrueux du dragon résonna dans la prison, et dans le reste de l?établissement. Élodie s?était mise à  l?abri dans un renfoncement du mur, sous une arche encore intacte, et observait les mouvements désordonnés et maladroits du dragon. Mais d?un autre coté, elle ne perdait pas non plus de vue le preneur d?otage, son otage, et les prisonniers qui venaient de se libérer.
Le vieillard était complètement éberlué devant cet animal gigantesque qu?il n?avait jamais vu en vrai. Bien sûr, il avait déjà  entendu parler de légendes concernant des dragons, leur férocité, leur feu qui sortait de leurs bouches, mais il n?en avait jamais vu en face. Est-ce à  ça que les monstres des Territoires Extérieurs ressemblent ?
Puis, il songea rapidement aux profits qu?il pouvait tirer de la situation, et décida de tenter sa chance. Exploiter les imprévus à  son avantage, telle avait toujours été sa politique. Lorsque, en tant qu?être vivant, il avait aperçut cette douce et fraîche jeune femme au détour d?un chemin, il avait également employé cette méthode. Lorsque les rescapés des Territoires étaient venus le libérer, il leur avait dit de le laisser ici et qu?il allait leur servir d?informateur. Lorsque Ce petit être surgit de nulle part refusait de libérer ses amis, il avait de nouveau saisit la balle au bond et le gnome l?avait libéré.
Et maintenant, il était là , face à  un dragon géant qui réduisait la prison en miettes, avec une dame blanche presque inconsciente dans les bras, et l?opportunité de sortir d?ici dans le désordre ambiant sans se faire remarquer. Il était vieux, certes, mais encore agile et rapide. Seulement il lui fallait se débarrasser de son otage qui allait le ralentir.
Ni une ni deux, il lui trancha la gorge, répandant son sang sur sa robe immaculée.

*
* *

Mathilde lâcha le loquet et resta face à  la porte. La voix suave et sombre qui avait parlé, elle la connaissait. Elle lui était venue en rêve, peu de temps avant que le dernier groupe de voyageurs décédés ne parvienne jusqu?ici. Elle ne se rappelait plus exactement ce que cette voix lui avait dit, mais il était question de les envoyer ?en bas? ligotés, inconscient, et surtout incapables de la moindre rébellion.
Au moment des rêves, elle n?avait pas compris pourquoi les prochains arrivants devaient à  tout prix être envoyés ?en bas? aussi impuissants que possible. Mais avec les récents événements, elle avait commencé à  saisir. Même ?en bas?, ils risquaient de faire du grabuge, bien qu?aucun homme n?en soit jamais revenu. Ni aucune des dames blanches qui avaient été assez folles ou assez curieuses pour y descendre.
« Tu t?es encore laissée avoir par un de ces hommes avec leurs belles paroles, leurs longues phrases enrobées de bons sentiments? » reprit la Voix. Mathilde n?arrivait pas à  définir le sexe exact de celui qui utilisait cette Voix. Masculin, féminin ? Impossible à  savoir. Parfois, la Voix prenait des intonations de gens qu?elle avait connu de son vivant ; son père, sa mère, des amis du village de Saxtown ; et parfois, elle ressemblait étrangement aux voix des dames blanches qu?elle connaissait.
Mais ce n?était que durant les rêves. Et là , Mathilde était belle et bien réveillée.
« Oui, tu es réveillée. Et pendant que tu es entrain de réfléchir, de penser, là , dans ta chambre, les prisonniers s?évadent, tuent et détruisent ce que tu as bâti. » La Voix était juste derrière elle, près de son oreille gauche. Mathilde eut un frisson douloureux qui lui parcouru la colonne vertébrale, et elle eut grand peine à  réprimer un hurlement.
« Une de tes filles vient de mourir des mains de ton assassin? »
Mathilde se retourna brusquement, s?attendant à  voir une silhouette vaguement humaine, noire de la tête aux pieds, armée d?une langue monstrueuse sortant d?une bouche aux crocs acérés, mais elle ne vit que sa chambre. Vide.

*
* *

Élodie aperçut la lame virevolter et plonger dans la gorge de la dame blanche, avant d?ouvrir la peau comme on coupe une motte de beurre, déversant un liquide sanguinolent sur la poitrine de la victime. Le dragon arriva ensuite devant elle et elle perdu de vue le meurtrier. La dernière image qu?elle ait vue était le corps inanimé de sa s?ur dame blanche qui tombait à  terre comme un pantin désarticulé.
Elle se jeta sur le sol et passa acrobatiquement sous la queue de Téquila qui cancanait sans vouloir s?arrêter, oscillant de droite à  gauche comme un immeuble pris d?une subite envie de bouger. Ou d?une envie de pisser. Et un immeuble qui urine, c?est relativement rare. Une fois de l?autre coté, elle se remit agilement debout, et nota que l?assassin avait disparu, laissant évidemment le cadavre mais emportant le couteau avec lui.
Un cri de rage la fit se retourner, et elle découvrit qu?un des prisonniers était entrain d?essayer de soulever l?imposant mastodonte qui s?évertuait à  détruire la prison. Et celui-ci y arrivait, même. Le monstre se retourna vers l?homme avec une tête passablement étonnée, et ne réagit pas plus que ça lorsque ses pattes quittèrent le sol.
« Ça va aller Fury ? demanda l?homme à  la queue de cheval qui l?avait dévoré du regard tout le temps où elle les avait conduit vers la ville.
-Aucun problème, sortez tous d?ici, je le retiens, répondit le dénommé Fury. Il n?est pas si lourd que ça, Téquila. »
Élodie entraperçu l?espace d?un instant le vieil homme qui se faufilait hors de la pièce, mais elle n?eut pas le temps de réagir. Le dragon, Téquila, poussa son couinement affreux et cracha une colonne de feu en direction du plafond, très certainement dans le but de montrer à  son Atlas personnel qu?il n?aimait pas être traité ainsi.
Celui qui s?appelait Fury grogna sourdement, contracta ses muscles, et hurla en envoyant la tête du dragon dans le plafond le plus fort qu?il le pouvait. Élodie profita du fait que le dragon avait cessé de vomir son feu pour passer à  son tour, juste à  la suite des autres prisonniers qui fuyaient à  son tour.
Elle eut juste le temps de voir de nouveau l?homme enfoncer la tête du dragon dans le plafond en criant de rage avant de passer ce qui restait de la porte de sortie et gravir les marches menant au hall.

*
* *

Mathilde n?osait pourtant pas se retourner et offrir son dos à  la pièce. Elle n?y voyait personne, mais elle sentait que quelqu?un s?y trouvait. Une présence, peu amicale, voire pas du tout. Elle se colla à  la porte.
« Je sais que vous êtes encore là . »
Silence. La Voix ne daigna pas répondre, ni se manifester d?aucune façon. Peut-être n?y avait-il personne, après tout ? Son esprit embrumé par ses trop nombreuses réflexions ne lui avait-il pas joué un tour, une sorte d?hallucination auditive ? Elle ne le pensait pas mais se forçait à  le croire, à  se convaincre.
« Tu penses qu?ils t?ont ouvert les yeux sur des fautes, Myat?Ala ? Tu penses sincèrement t?être fourvoyé durant ces années, ces siècles ? Tout ce pourquoi tu t?es battu durant cinq cents ans, tout ce que tu as construit, tu n?y crois plus ? »
La Voix. La Voix était de retour, et plus forte, plus présente que jamais. Myat?Ala sentit un mal de tête germer en elle. Et dès que la Voix parlait de son ton si calme et pourtant tellement rempli de haine, une haine féroce et affamée, son cerveau était comme transpercée par d?immenses aiguillons gelés. Elle du se contenir pour ne pas hurler.
« Je sais que tu as mal, Myat?Ala. Au plus profond de ton être, de ton âme bafouée et violée comme ton corps, tu as mal. Et quelle est la cause de ce mal, de cette douleur lancinante qui te vrille l?esprit ? » La Voix marqua une pause, comme pour lui laisser le temps de répondre. « Les hommes. »
Mathilde porta ses deux mains à  sa tête et ferma les yeux. Son visage, rougit par la douleur, était constellé de gouttelette de sueur et ses doigts laissaient des traînées blanches là  où elle appuyait. Elle gémit.
« Ton meurtrier t?a fait souffrir il y a des années, et tu avais réussis à  te venger. Et maintenant, qui vient de te remettre en question ? Cinq hommes venus sciemment de la Terre, cinq hommes venus exprès chercher la mort sur une autoroute dans une voiture, cinq mâles qui n?espéraient qu?une chose en te rencontrant : Te soumettre. »
La Voix avait insisté lourdement sur le dernier mot, et Mathilde avait eu la sensation qu?un étau se refermait sur son crâne, serrant de plus en plus fort, à  le faire éclater. Elle tomba à  genoux sur le sol, soufflante, haletante, dégoulinante de transpiration. La Voix se taisait, mais elle était toujours présente. Et elle serrait toujours l?étau.
Mathilde, d?une voix étranglée, s?entendit répondre : « Je ne? pense pas qu?ils aient totalement tort? » L?étau se desserra de manière imperceptible. Mathilde reprit des forces. « Je me suis concentré sur? sur ma vengeance personnelle durant toute ces années !! Et j?ai tué? Oui, j?ai tué des centaines, des milliers d?innocentes sous ce prétexte !! »
Pas de réponses, juste l?étreinte qui diminue sensiblement maintenant.
« Il est temps de cesser de remuer le passé et de changer de comportement !! »
Un souffle glacé emplit la chambre, comme une fenêtre laissée ouverte sur un paysage hivernal, sauf que la pièce ne comportait aucune ouverture mise à  part la porte close. Mathilde se releva péniblement, soulagée de la fin de cette torture cérébrale. Elle souffla et aperçut un nuage de condensation blanchâtre se former devant sa bouche.
Une forme se profilait à  l?autre bout de la pièce, une forme humaine, sans aucun doute possible, entourée de filaments de ténèbres qui s?étiraient en tout sens. Le mur sembla onduler tandis qu?un pied humain apparu, sortant du néant.
Sortant des ténèbres.

*
* *

Squall, Haschatan et Erwan étaient entourés de dames blanches. Un peu plus loin, K-Ro et Mr.Magnum étaient également cernées de femmes. Ils n?avaient pas été loin, et ils avaient perdus de vue le vieil homme. Haschatan l?avait vu, dans la prison, trancher la gorge de la pauvre innocente sans pouvoir faire quoi que ce soit à  cause de Téquila. Et maintenant qu?ils étaient encerclés, aucune chance de le rattraper.
« Écoutez-nous, au moins !! Le prisonnier du sous-sol s?est libéré ! Celui qui a tué Mathilde il y a cinq cents ans vient de se faire la malle !
-Ce n?est pas la peine, Erwan, dit Squall. Elle ne nous écouterons pas.
-Ne me dites pas qu?il va encore falloir se battre ! ragea Haschatan. J?en ai marre, à  chaque fois je me fais prendre dès le début ! »
K-Ro, un balai dans une main et un wakisashi dans l?autre, une épée japonaise à  la lame relativement courte, tira la manche de Mr.Magnum, manquant de peu de lui trancher le poignet avec son arme.
« Magnum ! Je crois qu?on a oublié un petit détail, dans la prison !
-Et lequel ? demanda Mr.Magnum, sans baisser sa garde.
-Je crois que Kefka est toujours là -dessous? »
Mr.Magnum regarda K-Ro une seconde, puis haussa les épaules. Après la énième traîtrise qu?il avait fomentée, ce gnome n?avait que ce qu?il méritait. Il pouvait bien rester coincé pendant le restant de sa mort sous les gravas, Mr.Magnum n?en avait rien à  faire. Il avait d?autres chats à  fouetter, actuellement. Et il avait bien peur que ces chats lui soient fatals à  lui et à  ses compagnons. Les dames blanches ne feraient pas de prisonniers.
Squall arma sa Gunblade et se prépara à  charger. S?il devait tomber, ça ne se serait pas en baissant les bras. Il se battrait jusqu?au bout. Mais le combat ne vint pas : Élodie fit son irruption dans le hall et hurla à  ses congénères de fermer toutes les issues du bâtiment.
« Il y a un intrus autrement plus dangereux que ces cinq là  dans l?immeuble ! Toutes à  vos postes, laissez-les libres ! » Les dames blanches, sans discuter ni chercher à  comprendre, abaissèrent les armes et partirent toutes à  leurs positions de gardes, sans exceptions. La tension accumulée dans la pièce se relâcha d?un coup, et Haschatan soupira longuement.
« J?ai bien cru qu?on allait encore devoir se prendre des baffes, dit-il à  Élodie qui approchait les mains vides.
-Pourquoi nous laisser ainsi libre de nos gestes ? questionna Squall.
-Peut-être qu?avec un peu de chances, vous nous aiderez à  chercher ce parasite qui doit se terrer quelque part ici, si vous voulez bien nous pardonner? »
Élodie, qui n?avait plus sourit depuis la visite guidée de la veille, laissa tomber son masque d?autorité et de suffisance pour arborer un sourire enjôleur des plus franc. Mr.Magnum s?avança, plantant ses yeux dans ceux d?Élodie. Des jolis yeux verts.
« Voilà . C?est avec ce genre de sourire que les autres obéiront, pas avec votre tête habituelle qui ne vous ressemble pas.
-Mais j?y suis obligée. Je suis forcée d?user de mes pouvoirs pour?
-Je vous suivrais n?importe où si j?étais assuré que vous alliez me sourire comme ça pendant le voyage?
-Magnum ! dit K-Ro exaspérée. Quand tu auras finit de draguer, tu nous feras signe, hein ! »

*
* *

Mathilde dévisagea le jeune homme qui avait émergé du vide. Celui-ci, habillé d?un uniforme mauve de la tête aux pieds, retira distraitement les derniers filaments ténébreux qui ondulaient encore autour de lui, et releva la tête vers Myat?Ala avec un sourire arrogant. Un rictus, même, provenant un homme sournois et manipulateur.
Le nouvel arrivant écarta une mèche blonde de devant ses yeux qui ne cessaient de parcourir la pièce, semblant enregistrer les moindres détails. Étais-ce lui l?origine de la Voix ? Mathilde en doutait : Ce sinistre individu n?avait pas la carrure de celui qui utilisait cette Voix effrayante. Malgré tout, il restait inquiétant.
« Ah, c?est tout de même plus beau lorsqu?on est matérialisé.
-Qui êtes-vous ? demanda Myat?Ala, méfiante. Elle n?était plus aussi acide envers les hommes, mais elle avait conservé des traces de ses derniers cinq cents ans passés à  les haïr.
-Vous n?avez pas besoin de le savoir. » L?inconnu marqua une courte pause, puis ajoute, l?air satisfait : « J?ai toujours rêvé de dire ça, moi !
-Alors dites-moi au moins ce que vous faites dans ma chambre ! Et comment vous y êtes arrivé ! Et aussi?
-Holà , holà , ma belle. On se calme. »
Myat?Ala serra les dents face à  cette familiarité, pendant que son visiteur prenait place, sans la moindre petite once de gène, sur son lit.
« Là  est tout le problème, tu sais : Tu te poses trop de questions. Et ce n?était pas vraiment prévu au programme de mon cher patron. Enfin, je dis patron, ce n?est après tout qu?un titre honorifique, rien de plus. Je ne lui dois rien. Il a simplement eu besoin de moi, et j?ai accepté. Mais nous nous éloignons du sujet, hein ? »
Mathilde ne répondit rien, attendant la suite.
« Bien, dit l?inconnu en se relevant et en arpentant la pièce, faisant froufrouter ses vêtements violets à  chaque pas. Tu sais ce qu?il avait prévu, mon patron ? Que tu exécutes purement et simplement ces nouveaux venus. C?est pour ça qu?il t?a envoyé ces rêves complètements débiles toutes ces nuits.
-Pourquoi aurais-je du les?
-Ferme-la !! Ferme-la, ferme-la, FERME-LA !!! » L?homme s?était soudainement emporté, passant d?un calme olympien à  une fureur noire. Ses doigts décorés de fines cordelettes rouges reliées aux manches de son sous-pull noir tressaillaient sous les impulsions d?une force invisible. Pour le moment.
Le jeune homme regarda sa main, serra le poing et les cordelettes arrêtèrent de voltiger. Il expira lentement, et remit de nouveau une mèche en place.
« Tu sais comment je m?appelle ici, dans ce type de Monde ? Littéralement, mon surnom peut se traduire en ?feu volant?, mais toi, tu peux m?appeler Lord FireFly. C?est bien parce que c?est toi. »
Il esquissa un sourire, et lui fit un clin d??il.

*
* *

Téquila couina à  nouveau lorsque Fury l?envoya valser contre un mur. Sa tête heurta une des deux geôles et il vomit une langue de feu surpuissante dans les décombres. Fury, haletant, les muscles hypertrophiés par l?action, observa un instant l?immense bestiole dont la queue battait encore l?air. Elle claqua telle un fouet une fois ou deux, puis tomba sur le sol, inerte.
Fury était vainqueur de Téquila par K-O.
Il dégagea rapidement le passage obstrué par les débris qui menait à  la sortie, puis s?arrêta, interdit. Il avait entendu un gémissement. Était-ce le vieillard ? Fury fit lentement demi-tour, aux aguets, prêtant attention au moindre bruit. La respiration caverneuse de Téquila emplissait ses oreilles, mais malgré cela il réussit à  percevoir des plaintes étouffées, enfouies sous les ruines provoquées par le dragon débile.
« Quelle idée ridicule d?inventer un dragon aussi con, aussi? » maugréa Fury. À l?étage, K-Ro éternua. Il souleva sans effort un morceau de mur, et dessous se trouvait l?origine des lamentations qu?il avait entendues. Enseveli sous des monceaux d?éboulements divers se trouvait?
« Kefka ! »
Le gnome ouvrit un ?il, aperçu Fury, puis referma les yeux et se remit à  geindre.
« Oh? Ma jambe !! Je souffre? Laissez-moi mourir ici, je ne ferais que vous ralentir? Laissez-moi au moins voir K-Ro une dernière fois pour? »
Kefka rouvrit les yeux.
« Mais ! Où est-elle ?
-Elle est à  l?étage avec Squall et le reste de la bande. D?ailleurs, je vais les rejoindre, en espérant qu?ils n?aient pas eu trop de problèmes.
-Aaahh? pleurnicha Kefka en fermant de nouveau les yeux. Je pense que je vais mourir ici, dans ce sous-sol, abandonné de tous? Laisse-moi périr?
-D?accord. »
Fury se retourna et enjamba les décombres, repartant dans l?autre sens, lorsque Kefka l?appela, paniqué : « Eh ! Eh ! Mais que fais-tu ?
-Et ben je m?en vais, ça ne se voit pas ?
-Mais tu vas donc vraiment me laisser crever ici ? » s?insurgea le gnome à  K-Ro. Fury haussa les épaules, sourit, et reprit sa marche. Kefka resta un instant interdit, puis se releva sans trop de mal et couru à  ses trousses, en marmonnant dans sa barbe.

*
* *

Haschatan vit arriver Fury qui se calmait peu à  peu, reprenant une allure plus ou moins humaine, sans les muscles disproportionnés, avec un Kefka qui trottinait à  sa suite. Les recherches se poursuivaient, et Élodie accueillait les réponses négatives avec patience, non loin du petit groupe de Trauméniens.
« Alors ? Tu t?en es sortit avec Téquila ?
-Aucun problème. Il est assommé, en bas. Mais rien de grave?
-C?est le seul moyen que j?ai trouvé pour nous sortir de là  ! » s?excusa K-Ro. Elle venait de ressortir d?une salle annexe où elle s?était rhabillée avec ses véritables vêtements. Mr.Magnum se pencha en avant, observant K-Ro, puis se remit droit en poussant un soupir de désespéré. K-Ro le regarda, intriguée.
« Qu?est-ce qu?il y a ?
-Non, rien, je préférais la robe que tu portais avant. On voyait plus de choses qu?avec ce kimo? » Il ne pu terminer sa phrase, car un balais était nonchalamment venu s?encastrer avec force sur sa tête. Erwan, sans tenir compte du hurlement de douleur de Mr.Magnum, attrapa Squall par l?épaule.
« C?est pas tout ça, mais il va tout de même falloir repartir, Squall.
-Oui, je sais. Nous avons déjà  perdu assez de temps parmi elles. Ces recherches ne nous concernent plus. Maintenant que nous sommes tous à  nouveau réunis, nous allons partir.
-Mais comment repartir de cet endroit, au fait ? » demanda Haschatan. Tout le groupe se tourna vers lui. Haschatan les regarda tous un à  un, puis grimaça un sourire gêné. « Je? J?ai dit une connerie ?
-Non, bien au contraire, réfléchit Squall à  voix haute. En fait, tu viens de poser une question à  laquelle nous n?avions pas encore réfléchi jusqu?à  maintena? »
Un hurlement venant de l?étage interrompit le brouhaha des conversations ambiantes. Les dames blanches se précipitèrent vers l?escalier, et Erwan s?empara d?une d?elle par le bras. Elle lui lança un regard impatient.
« Ça vient de la chambre de Myat?Ala !! » cria-t-elle. Puis elle se dégagea, rejoignant les autres. Les six voyageurs firent de même, suivis de Kefka.

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La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
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MessagePublié: 06 Fév 2005, 05:54 
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Pamplemousse Panchromatique
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Un chapitre déterminant. Et assurément le meilleur. Moins de bourrinisme qu'avant. Le passage où Mathilde se rend progressivement compte de son erreur est peut-être un rien trop moralisateur ; en tout cas, le personnage gagne encore en profondeur. Kefka est plus ambigu que jamais. Lord Firefly dégage un grand charisme. Et encore un cliffhanger. J'attends la suite avec impatience.

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MessagePublié: 12 Fév 2005, 19:28 
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Extincteur des ténèbres
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9. Un nouveau départ, un nouvel ennemi.
« Cesse de hurler ainsi, espèce de sale garce ! » ordonna Lord FireFly en s?approchant d?elle, les mains en avant.
Mathilde hurlait toujours, appelant à  sa rescousse les autres dames blanches qui affluaient en masse à  son appel. Lord FireFly grogna, se rendant soudainement compte qu?il n?arriverait plus à  en tirer quoi que ce soit. Il leva une main et marmonna un charabia incompréhensible, juste au moment où la porte s?ouvrit avec fracas, libérant des dizaines de femmes qui protégèrent toutes Mathilde de son agresseur.
Elles encerclèrent rapidement leur reine, lui offrant une protection de leur corps, alors que d?autres prenaient position devant Lord FireFly. Leurs griffes étaient de nouveaux longues et effilées, et leurs visages avaient repris cet aspect bestial et affamé découvert lors de l?attaque de l?hôtel. Haschatan nota avec satisfaction que, cette fois-ci, elles n?avaient pas l?air d?en avoir après eux.
« Bon, je vois qu?il est grand temps de partir. » dit Lord FireFly, toujours un bras levé tel un grotesque salut militaire. Il avait fini de réciter sa formule, et une mince aura sombre l?entourait maintenant, s?amplifiant de plus en plus. Un sourire narquois barrait son visage, happé peu à  peu par les ténèbres qui l'enveloppaient. Sa main s?agita.
« Bye bye? »
Mr.Magnum pénétra le premier sur les lieux, et il entraperçut Lord FireFly qui disparaissait dans le trou noir béant qui pulsait au milieu de la chambre. Mais il n?en vu pas assez pour le reconnaître à  coup sûr. Le second Trauménien sur les lieux, Erwan, ne vit que sa main se faire avaler par la plaie obscure qui s?atténuait déjà . K-Ro, qui suivait, ne vit que la faille se refermer. Et les autres ne virent rien.
« Vous allez bien, Myat?Ala ? »
Élodie était entrain d?examiner Mathilde, inquiète au possible, tandis que cette dernière la rassurait paisiblement.
« Il n?a pas eu le temps de me faire du mal. Je ne crois pas qu?il soit venu pour ça, en fait. Pas pour moi, du moins. » Mathilde avait posé les yeux sur le groupe de Squall en disant ceci. « Est-ce que vous le connaissez ?
-Je ne l?ai pas assez vu pour me prononcer, répondit Squall. Magnum ?
-Je? Je ne sais pas? » Mr.Magnum hésita. Dois-je leur dire que je crois bien avoir reconnu l?un des notre ? Un des Trauméniens ? Un de notre équipe qui aurait manifestement trouvé un nouveau moyen de passer dans les mondes des morts ? Et quel est son but ? Est-il seul ? Est-ce que FireFly ?uvre avec nous ou contre nous ?
« Magnum ? »
Mr.Magnum se retourna brusquement vers Haschatan, comme réveillé en sursaut à  après un cauchemar. Il cligna des yeux, puis arbora un sourire gêné.
« Non, désolé, je n?ai rien vu de bien précis sur ce type. Il paraissait assez pâle de peau, blond, peut-être châtain, mais je ne l?ai pas reconnu. »
Mathilde acquiesça à  la description, puis elle leur expliqua succinctement l?apparition subite de cet intrus, les rêves dans les semaines qui ont précédés la venue des Trauméniens parmi elles, ainsi que toute la conversation qu?elle avait eu avec Lord FireFly.
« C?est lorsqu?il m?a énoncé clairement ce qu?il voulait de moi que j?ai hurlée.
-Et que voulait-il exactement ? la questionna Erwan.
-Il m?a menacé avec son soi-disant pouvoir de contrôle du feu, avant de m?obliger à  lancer mes s?urs dames blanches pour vous éliminer. J?ai refusé, et il s?est emporté. Il a concentrer une sorte d?énergie dans sa main et il a fait voler une boule de feu jusqu?à ? Attendez ! Il m?a même dit son nom ! FireFly ! Lord FireFly !! »
Les six Trauméniens restèrent interdits. Aïe, songea Mr.Magnum. Remarque, je n?ai plus à  me torturer pour leur cacher la vérité, comme dans la plupart des films où tout le monde cache des informations !
« Oui, c?était bien FireFly ! Maintenant que vous le dîtes, je me souviens mieux !
-Il voulait nous tuer ? répéta K-Ro en regardant Kefka.
-À certains moments, je le comprends? grommela-t-il.
-Il faut absolument rentrer, conclu Squall d?un ton sans appel. Il faut qu?on arrête FireFly avant qu?il ne fasse d?autres dégâts.
-Sans problèmes ! s?exclama Haschatan. On fait comment ? »
Silence pesant dans l?assistance.

Élodie fut la dernière à  entrer dans la salle annexe au tribunal, où K-Ro avait attendu quelques heures auparavant. Mathilde trônait en bout de table, avec à  sa droite Squall Fury et Erwan, et à  sa gauche Mr.Magnum Haschatan et K-Ro. Élodie s?assit à  la dernière place de libre, en face de sa reine.
Les autres dames blanches étaient entrain de remettre en état la prison, après de K-Ro aie pris le temps de faire disparaître Téquila, non sans un grand effort de pensées. Squall lui avait demandé pourquoi, devant l?ampleur des dégâts, elle ne l?avait pas fait disparaître plus tôt, ce à  quoi elle avait répondu ne pas avoir eu assez de « possibilités de concentration efficace ». Haschatan avait ri.
Le vieillard n?avait pas été retrouvé. Selon Élodie, il avait finalement réussi à  s?enfuir d?une manière ou d?une autre. Les rondes de gardes avaient été doublées, ainsi que la vigilance des troupes. Tout ce petit monde serait aux aguets pendant un long moment encore, surtout que la menace de l?assassin de Mathilde planait encore sur elles.
Tôt ou tard, ils vous décimeront jusqu?à  la dernière, et nous pourrons enfin tuer Mathilde pour que ce lieu maudit disparaisse à  jamais.
Tôt ou tard?

« Bien, nous voilà  tous réunis, annonça Mathilde. Je pense qu?il est grand temps de mettre en commun tout ce que nous savons, dans l?intérêt à  tous. Il est manifeste que ces voyageurs ne sont pas comme les autres, comme ceux que nous attrapons d?ordinaire. »
Élodie, à  qui cette tirade était destinée, opina.
« Que faites-vous ici ? Qu?êtes-vous venus faire dans mon monde de tourments et de damnation pour les hommes ?
-Nous sommes venus chercher une jeune femme qui a disparue récemment, dans des circonstances pour le moins étranges. Elle a comme qui dirait tout bonnement cessé de vivre, sans raison, en dormant.
-Mais elle ne pouvait pas atterrir ici si elle est morte en dormant, expliqua patiemment Mathilde en regardant Fury qui venait de parler. Nous ne recueillons que les personnes décédées en voitures par notre faute.
-Soit les conducteurs s?arrêtent et nous montons à  bord du véhicule, pour finir par l?obliger à  s?envoyer dans le mur, soit ils ne s?arrêtent pas, comme vous. »
Élodie embrassa le groupe d?un geste de la main pour illustrer son propos. Squall se tourna vers Mathilde et, en la regardant fixement, lui demanda :
« Est-il possible qu?une âme vienne tout de même ici une fois décédée ?
-Comment ça ?
-Le vieillard en bas, votre meurtrier, il nous as certifié avoir rencontré une jeune fille dans sa geôle qui ressemblait à  celle que? »
Élodie éclata de rire, suivit de Mathilde qui le fit plus discrètement. Squall fronça les sourcils, honteux. Il les avait berné, bien entendu?
« Si vous commencez à  croire tout ce que dit cet affabulateur, gloussa Élodie, vous n?avez pas finis de voir des chimères et autres dragons ! » Elle s?interrompit elle-même, portant une main à  sa bouche. Elle venait de repenser à  Téquila. K-Ro sourit. Mathilde reprit son sérieux, et Élodie toussota.
« Mais comment discerner le vrai du faux ? demanda Erwan. Comment savoir s?il a dit la vérité ou non, simplement dans l?espoir de nous amadouer afin de s?échapper ? Sa description de Séphy-Roshou était tout de même assez exacte, sans que nous lui ayons dit quoi que ce soit.
-Ne croyez-vous pas que son histoire d?organisation soit vraie, alors ? »
Mathilde tressaillit. Élodie lui expliqua rapidement ce que l?ancien détenu leur avait expliqué avant de prendre la poudre d?escampette. Mathilde écouta tout sans ciller, engrangeant les informations. Une fois le court récit achevé, elle posa son visage sur ses doigts entrecroisés.
Mr.Magnum remarqua la similitude de l?attitude avec celle de Gendô Ikari, et songea à  DragonNoir. DragonNoir, toujours vivant, toujours sur Terre, attendant patiemment des nouvelles d?eux tous. Il se maudit en pensées pour ne pas avoir songé à  un moyen de revenir à  la vie à  la fin d?un voyage dans le monde des morts. Où avait-il eu la tête ? Quel était l?intérêt de retrouver une personne si pour cela il lui fallait en tuer cent ? Il repensa au film Il faut sauver le soldat Ryan.
« Séphy-Roshou est-elle notre soldat Ryan ? » murmura-t-il pour lui-même. Haschatan le regarda un instant, inquiet, puis retourna à  la conversation générale sans plus y penser. Mathilde avait admis que son meurtrier avait pu dire la vérité, et elle avait enchaînée sur Lord FireFly, la Voix et ses cauchemars récents.
« À chaque fois, c?est la même chose, raconta-t-elle. Je suis debout, en pleine nuit, seule et la plupart du temps vêtue de mes habits que je portais sur Terre, avant ma mort. Je ne sais pas exactement si je suis toujours en vie ou non, mais je sais que je suis dans ce monde, car je suis près de la fosse aux mâles.
-La fossomale ? répéta Haschatan d?un seul trait.
-La fosse aux mâles, détacha lentement Élodie. Il s?agit d?un orifice situé non loin d?ici, dans la forêt où vous êtes allés vous promener seul. C?est à  notre connaissance le seul et unique passage vers ce qui se trouve ?en bas?. »
Squall et Mr.Magnum croisèrent leurs regards.
« Alors que je suis là , continua Mathilde en regardant ses mains jointes, et que tout est noir autour de moi mis à  part les deux torches qui brûlent en permanence là -bas, une voix s?élève. Sa Voix à  lui.
-À qui exactement ? demanda Erwan.
-Aucune idée. Je ne sais pas le moins du monde à  quoi il ressemble, seulement qu?il a une Voix horrible, insupportable même. À vous faire dresser les cheveux. Ce n?était pas la voix de celui que vous avez vu dans ma chambre, ce FrayeurFlaïe?
-FireFly, grommela Squall. Lord FireFly, mais croyez-moi, il n?a vraiment rien d?un gentilhomme, d?après ce qu?on vient de voir.
-Peu importe. Ce n?est pas sa voix à  lui qui me parlait pendant mes rêves. C?était la plupart du temps une Voix grave, sans timbre, sans émotion. Comme si? » Elle hésita. « Comme si cette Voix était celle du néant, de la Mort, du vide. Elle était à  la fois aguichante, suave, à  la fois froide et tranchante. Je ne saurais pas la décrire plus précisément. Parfois, elle prenait divers tons complètement différents, imitant la voix de mon père, de ma mère.
-Mais le message qu?elle véhiculait était toujours le même, c?est ça ? » questionna Fury, soudainement intéressé par la conversation. Il fixait Mathilde avec de l?avidité dans le regard, sans même s?en rendre compte, pendant que celle-ci hochait la tête. Une image flasha dans l?esprit de Mr.Magnum, qui l?enregistra sans y prêter attention : Fury, dans la voiture, la tête penchée sur le coté, qui semblait écouter quelqu?un.
« À chaque fois qu?elle me venait en rêve, c?était pour me dire qu?un groupe de voyageurs allait débarquer chez moi, et qu?il fallait à  tout prix les envoyer ?en bas?. Dès que la Voix prononçait ces mots, la fosse aux mâles rayonnait d?une lumière rouge comme l?Enfer. Souvent, elle me disait ceci et je m?éveillais, parfois en sueur, parfois hors de mon lit, parfois complètement emmêlée dans mes draps.
-Et croyez-vous qu?elle parlait de nous en particulier, cette Voix ? interrogea K-Ro. N?y a-t-il pas eu d?autres arrivants entre le début des rêves et notre arrivée ?
-Si, bien sûr, répondit Élodie qui était au courant elle aussi des songes. Mais les rêves continuaient après qu?ils aient été envoyés ?en bas?, donc c?est qu?il ne s?agissait pas d?eux. Et nous poursuivions les recherches.
-Nous avons envoyés, pour plus de sûreté, l?intégralité de nos prises dans la fosse aux mâles. Je ne voulais pas prendre de risques face à  cette ignoble Voix, et pour être franche, il me tardait de jeter les bons pour être enfin débarrassée de ses cauchemars. Et alors vous êtes arrivés?
-?et on a foutu le boxon ! s?exclama Haschatan.
-Ça, c?est le moins qu?on puisse dire. » soupira Squall. Élodie et Mathilde ne connaissaient pas l?expression, mais elles inférèrent rapidement et à  juste titre l?idée générale, car elles acquiescèrent en ch?ur.
Mr.Magnum se chargea de raconter en détails, peut-être trop, le prologue de leur aventure, en leur expliquant que Lord FireFly était lui aussi dans leur groupe de voyageurs, mais qu?il devait partir plus tard, dans un autre voyage au cas où celui-ci ne donnerait rien.
« Donc il était aussi dans cet immeuble que vous appelez faux-rhûme, c?est ça ?
-Un forum, un lieu de discussion, mais virtuel, enfin? » Mr.Magnum se passa une main sur le visage. Comment leur expliquer le virtuel, l?Internet, et les cinq cents dernières années en quelques mots ?
« Disons qu?il faisait parti de notre groupe, et que manifestement il est passé du coté de la Voix, qui qu?elle soit. » Squall regarda sa troupe de Trauméniens. « Je ne savais pas qu?en se lançant là -dedans, on allait se retrouver avec un ennemi à  abattre, en plus d?une âme à  retrouver !
-Il ne manque plus que les cristaux et le méchant charismatique pour que Traumenschar devienne un Final Fantasy, dites-moi ! railla Haschatan.
-Je ne comprends rien à  ce que vous dites.» les informa Élodie, ce qui décupla les rires autours de la table. Au bout de quelques minutes, lorsque le calme fut revenu, Mathilde reprit la parole et posa la question que tout le monde redoutait :
« Et maintenant, qu?allez-vous faire ? »

*
* *

DragonNoir, seul devant son écran d?ordinateur, jonglait habilement entre les forums, les téléchargements, les fenêtres de conversations multiples et les consultations de fichiers diverses qu?il effectuait simultanément, armé simplement de ses deux mains. Ses yeux allaient et venaient, infatigables malgré l?heure tardive, et ses doigts tapaient avec fièvre sur son clavier, passant avec habileté de la souris aux touches.
Sans trop approfondir, il suffisait de l?observer quelques secondes pour comprendre de DragonNoir passait de nombreuses heures de son temps sur cet ordinateur. Et cela servait actuellement non pas sa culture personnelle déjà  étendue, mais à  la recherche des différentes façons de mourir. Une liste non exhaustive des procédés surplombait une pile non négligeable de papiers variés, près de l?imprimante qui marchait quasiment sans cesse depuis la fin de la dernière réunion Traumen.
« Égypte? Égypte? » marmonnait-il en slalomant sur une multitude de sites consacrés aux méthodes d?embaumements, aux cultes Égyptiens, aux pyramides, etc? Il perçut un mouvement sur la gauche de son moniteur, mais ne daigna même pas lever les yeux.
« Encore debout ? » demanda-t-il à  l?individu qui s?était placé à  coté de lui, scrutant l?écran également. Ce dernier poussa un grognement simulant un ton endormi, et s?assit sur un siège libre. Il se passa une main dans ses cheveux châtains en bataille, puis demanda d?une voix imitant la somnolence :
« Tu recherches quoi ?
-Je suis à  présent sur diverses religions qui ont toutes en commun la base des croyances Égyptiennes. Les mêmes divinités, le même culte des morts. Je pense que ça sera un monde intéressant à  découvrir et explorer, et j?espère pouvoir en faire partie prochainement.
-Bien sûr, répondit l?autre en étouffant un faux bâillement. Mais le prochain voyage, ce n?est pas celui avec Radamenthe, le Ionisateur Fou et?
-Et Youfie, et Gorgon_Roo et évidemment Fury, quand il sera revenu. Pourquoi, tu veux également en faire partie ?
-Hein ? Oh non non, c?était juste pour savoir, pour connaître la suite un peu? Je retourne me coucher, bonne nuit?
-Bonne Nuit FireFly ! »
Lord FireFly rejoignit sa couche dans le salon de DragonNoir. Deux autres personnes dormaient là , à  même le sol, mais son attention se portait simplement sur l?une d?entre elle, elle aussi éveillée. Lord FireFly ricana silencieusement.
L?autre personne lui répondit.

*
* *

Mr.Magnum se pencha au dessus de la fosse aux mâles, perplexe. Le puit légèrement incliné faisait deux mètres de diamètre au bas mot, et allait en s?étrécissant vers le fond. On ne distinguait pas plus loin qu?une dizaine de mètres en contrebas, et la lumière écarlate décrite par Mathilde dans ses songes n?était manifestement pas de la partie.
Il se redressa et retourna auprès de Mathilde, qui discutait avec Erwan et le reste du groupe un peu en retrait. Élodie et quelques autres dames blanches les avaient accompagnées, curieuses de voir des personnes qui désiraient aller sciemment ?en bas?. Haschatan pensa, en les voyant, à  une bande d?admiratrices face à  un groupe de chanteurs connus.
« Vous êtes bien sûrs de vouloir y aller ? demanda Mathilde.
-Certains, répondit Squall pour tout le monde. Si la Voix vous a demandé non pas de nous éliminer mais de nous envoyer ?en bas? pieds et poings liés. Je suppose qu?il y a quelqu?un ou quelque chose qui nous attends ?en bas?, et même si FireFly a certainement du les informer de votre rébellion?
-?ils ne s?attendent pas à  vous voir débarquer de votre plein gré, termina Élodie en s?avançant. Que pensez-vous trouver une fois arrivés ? »
Personne ne répondit. Parce qu?en fait, personne n?avait la moindre idée de la nature du monde qui se trouvais ?en bas? et de ce qui les attendait. Ils étaient encore tous sous le coup du retournement de veste de Lord FireFly et espéraient qu?il fut le seul à  être passé à  l?ennemi. À tort.
Mathilde reprit a parole pour leur prodiguer ses derniers conseils :
« La descente est très longue, c?est tout ce que je peux affirmer de sûr vis-à -vis de la fosse aux mâles. Nous avions l?habitude de balancer les hommes et les femmes récalcitrantes dans cette fosse sans tenir compte de la souffrance des victimes, mais pour vous, c?est différent.
-Encore heureux, grogna Fury en croisant les bras.
-Il va vous falloir glisser dans le trou tout doucement, lentement?
-Bigu, murmura Squall en souriant.
-?afin d?éviter de tomber. Toute corde est inutile. Nous avions pensé à  vous sécuriser de cette façon, mais les cordes se coupent sur les pierres aiguisées des parois. Donc vous agirez sans filet.
-On a l?habitude, hein les gars ! fanfaronna K-Ro en donnant des grandes claques dans le dos d?Erwan et de Haschatan. Moi, je pense que je vais rester là  afin de superviser les éventuels problèmes que vous pourriez rencontrer?
-Ben voyons, gloussa Mr.Magnum en attrapant K-Ro par une épaule. Tu viens avec nous, et sans discuter. »
K-Ro se tortilla et gémit avant d?abandonner. Un cri de rage que tout le groupe identifia rapidement fendit l?air alors qu?un gnome, ligoté, porté par deux dames blanches, se démenait pour s?enfuir. K-Ro mis de coté sont air abattu et exhiba un sourire sadique de toute beauté.
« Oh tiens tiens tiens? Qui voilà  là ... »
Kefka, dont on avait oublié de bâillonner la bouche, se mit à  pousser un hurlement strident tel que plusieurs dames blanches durent porter leurs mains aux oreilles. Mais K-Ro, habituée, se contenta d?attendre qu?il ait finit, puis retira ses boules quiès l?air de rien.
« Alors comme ça on ne voulait pas nous libérer, n?est-ce pas ?
-Je? Je? balbutia-t-il. Mais bien sûr que si, c?était pour le berner ! J?attendais le moment propice pour le mettre à  terre lorsque Téquila est apparu !
-C?est pour ça, intervint une dame blanche, que tu as mouillé ton pantalon ! »
Hilarité générale moins un, qui bougonna dans son coin. On le détacha finalement, et Squall demanda à  K-Ro ce qu?elle comptait en faire.
« Il va venir avec nous bien sûr ! Seulement au lieu de voyager dans mes pensées, il marchera, comme vous et moi. Et dès que j?en aurais l?occasion, il fera les pires besognes jamais inventées, comme aller écrire des contrats à  la main, ou aller nourrir le Flaga? le Flaflanou? Enfin ! La bestiole qui rôde autours de mon quartier général ! »
Nouveau gémissement de Kefka. Nouvel éclat de rire général. Puis vint le temps de partir enfin. Stoïques, les dames blanches agitèrent faiblement leurs mains. La plupart d?entre elles savaient pertinemment qu?elles ne les reverraient jamais, mais à  long terme, elles ne s?en souciaient que peu.
Élodie regarda partir Haschatan, et celui-ci cru même qu?elle allait se mettre à  pleurer. Peut-être l?espérait-il ? Mais elle se contenta d?un signe de la main. Mathilde leur lança un sourire de remerciement indirect pour tout ce qu?ils avaient fait, et ce malgré les conséquences que ces changements impliquaient.
« C?est parti? » soupira Squall.
Alors le groupe de Trauméniens entamèrent leur longue et périlleuse descente dans la fosse aux mâles, vers ?en bas?.


FIN DE L?ÉPISODE 2 : LES DAMES BLANCHES.

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MessagePublié: 20 Fév 2005, 02:57 
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ÉPISODE 3 : SERIAL KILLER.
1. « Un tueur en série? -Un quoi ?! »


ENCART DU QUOTIDIEN «LA LIBERTÉ DE L?EST »
Épinal.

[?] Le ?tueur des mineures? comme le nomment les habitants d?Épinal a encore frappé la veille au soir, dans la nuit de mercredi à  jeudi, sur l?innocente personne de Sandra Duval. L?adolescente seulement âgée de 16ans, a été lardée de coups de couteaux dans sa propre chambre. Selon le commissaire Serge Thourn, chargé de l?enquête, le tueur en série aurait pénétré par effraction en passant par la fenêtre entrouverte de la petite Sandra, et l?aurait tué pendant son sommeil. La famille Duval organisera une veillée funèbre le [?]

*
* *

La porte s?ouvrit lentement sur la vaste salle remplie d?ombres projetées par la forte lumière des lampadaires extérieurs. Le panneau de bois grinça sur ses gonds non huilés, faisant fuir quelques rats qui se cachaient entre les nombreuses caisses vides délaissées que le sol de l?entrepôt.
Une fois qu?elle eut achevée sa progression circulaire en heurtant une énième caisse vide, la porte s?immobilisa dans un nouveau grincement cacophonique. Un animal non identifié voleta dans les ténèbres du plafond, tandis qu?une immense silhouette apparaissait dans l?embrasure de la porte. Des rayons de lumières pâles filtrées de particules de poussière en suspension donnaient à  la scène un aspect fantomatique.
La silhouette entra silencieusement dans la bâtisse abandonnée, et referma la porte, faisant hurler une dernière fois les gonds. Puis, dans l?obscurité ambiant, on peut deviner que l?individu cherche un objet dans un sac, aux divers bruits de fouille qu?on entend dans le noir. Soudain, un raie de lumière déchira la nuit et on se rendit compte qu?il ou elle tient une lampe torche dans sa main.
Le faisceau balaya le sol alors que l?inconnu(e) slalomait entre les divers objets jonchant le plancher de béton sale. Il s?avança d?un pas habile malgré le désordre, connaissant parfaitement la configuration des lieux. Le rayon lumineux s?arrêta sur une porte rouillée de part en part, ne comportant ni serrure ni poignée, mais bloquée par une autre caisse vide qui maintenant l?ouverture close.
Un pied chaussé d?immondes baskets rouges, aussi immondes par la crasse que par l'apparence originale, projeta la caisse contre une autre, libérant la porte qui s?écarta sans bruit, celle-ci. Un index crasseux, et indéniablement masculin car couverts de poils hirsutes, s?engagea dans le trou béant où s?était trouvé une serrure des lustres auparavant, et ouvrit la porte où pénétra l?inconnu.
Celui-ci jeta un dernier regard soupçonneux vers l?entrée de l?entrepôt dans la pénombre, juste en dessous le panneau vert indiquant ?sortie de secours? qui clignotait, cherchant désespérément une source de courant depuis un bon moment, et qui n?en trouvera jamais. Le silence lui indiqua que personne ne l?avait suivit, et il poussa un soupir presque inaudible avant de refermer la porte en apposant de nouveau la petite caisse devant.

La porte de l?entrepôt s?ouvrit, répandant à  nouveau la lumière brute des lampadaires sur les innombrables cartons. Mais cette fois-ci, au lieu d?une silhouette, ce fut un attroupement de personnages qui fut révélé par l?ouverture de la porte. Quatre individus au comportement calme se tenaient debout et scrutait l?intérieur.
La porte grinça horriblement, tranchant le silence. Tous sursautèrent.
« Merde. » grogna une voix rauque d?homme.
Puis, les réactions s?enchaînèrent : Superbe course des quatre individus, cache-cache rapide dans le piles de boîtes diverses tandis que la porte sans serrure s?ouvrit à  la volée, temps d?apnée record durant les longues minutes où l?inconnu rencontré en premier retourne fermer la porte, grommelant contre les chats errants, pour finir par une remarquable patience des quatre nouveaux arrivants pendant que l?inconnu se curait consciencieusement le nez en gardant un ?il sur la porte.
Puis il se renferma à  nouveau dans la pièce annexe.
« C?est bon ? Il est repartit ? demanda une voix de femme dans l?obscurité.
-Je crois, ouais, répondit la voix grave de tout à  l?heure. Allons-y. »
Quatre ombres remuèrent et se faufilèrent silencieusement jusqu?à  la porte sans serrure. Une troisième voix, masculine mais pas aussi grave que la première, demanda à  l?assemblée si c?était réellement une bonne idée.
« Tu veux te défiler ? répondit Voix Grave.
-Non, ce n?est pas ça, mais? » La troisième voix bredouilla quelques mots, et la quatrième personne mis son grain de sel, d?une voix jeune mais calme.
« Si tu ne veux pas, il est encore temps de faire demi-tour, chuchota Voix Calme.
-Mais c?est maintenant, ajouta Voix Grave. Maintenant, ou jamais. »
Quelques secondes de silence, lourdes de réflexions.
« On y va ? hasarda la femme.
-Euh? Oui, on y va. » dit la seconde voix.

Lord Satana roula des yeux en voyant DragonNoir affalé sur son siège, la tête collée à  son clavier de sorte que le document Word ouvert contenait plus de vingt pages de caractères ?n? d?affilés. Le soleil donnait sur le bureau enseveli de papiers, de piles de livres, certains ouverts, d?autres parsemés de marques pages, de post-it. ou de notes. Il était bientôt huit heures, et tout le monde dormait encore dans la maison.
Les derniers Trauméniens étaient partis l?avant-veille pour Épinal, et Lord Satana était maintenant bien plus à  l?aise depuis leur départ. Il n?avait jamais apprécié la compagnie d?autrui, surtout depuis qu?il s?était installé chez DragonNoir pour superviser les opérations à  ses cotés. Mais il s?était obligé, pour Séphy-Roshou, à  supporter tout cela.
D?un geste souple et gracieux, il tapota l?épaule de DragonNoir afin de le réveiller.
« Hm ? marmonna-t-il, ensommeillé.
-Il est peut-être temps d?arrêter de copuler activement avec ton clavier pour aller rejoindre ta couche, ne penses-tu pas ? »
DragonNoir se frotta un ?il distraitement, relevant ses lunettes de l?autre main. Il avait une demi-douzaine de touches tatouées sur sa joue, qui reprenait peu à  peu des couleurs. Lord Satana poussa un soupir désespéré en se reculant pour laisser passer un DragonNoir somnolent qui se traîna jusqu?à  sa chambre. La porte claqua.
Il s?assit à  son tour devant le moniteur et le document resté ouvert, et entreprit d?effacer la multitude de caractères identiques qui s?alignaient. Une fois revenu au texte d?origine, il fut prit d?une irrésistible envie de consulter les notes virtuellement jetées sur le papier par DragonNoir. Une petite voix intérieure lui soufflait qu?il ne devait pas, que c?était mal, mais Lord Satana n?avait pas pour habitude d?écouter les petites voix.
Il remonta donc le document tout en haut et commença la lecture.

L?homme, car il s?agissait bien d?une homme suite à  l?examen en détail de la main qui avait ouvert la porte sans serrure, l?homme donc coinça à  nouveau la porte avec la caisse et brancha sa source de lumière, une vulgaire ampoule coincée sur un panneau de bois et branchée à  une batterie de voiture. La lumière éclaira le petit local d?une coloration jaunâtre, malsaine, dont les clignements incessant n?arrangeait as la visibilité.
Mais cela semblait satisfaire l?inconnu qui s?assit à  une table remplis de fouillis aussi variés que des rouleaux de scotch vides ou un tas d?allumettes à  demi consumés. L?homme, que nous pouvons maintenant sans trop de risque appeler maniaque, tira à  lui un carton et l?ouvrit, dévoilant des centaines de photographies carrées, typiques des appareils photos instantanées. Il en sortit une poignée au hasard.
Une fois qu?il les eut toutes étalées aléatoirement sur un coin relativement vide de sa table, il commença à  toutes les embrasser une à  une. C?est l?occasion pour nous de découvrir un homme relativement jeune, dont le visage aurait pu être beau s?il avait été plus soigné, plus rasé, et surtout sans l?air de folie qui enlaidissait ses traits. Il choisit une photo et passa sa langue dessus, dans un geste qui passait pour être sensuel à  ses yeux.
Dégueulasse aux notre.
La majorité des filles présentes sur les images étaient nues, ou simplement en culotte. Inconscientes, aussi. Voire mortes. Et jeunes. Terriblement jeunes. Seule une ou deux devaient avoir dépassés la majorité, et on ne peut exclure un simple développement physique avancé. Il tira une seconde photo et se frotta le visage avec, soufflant et haletant. L?ampoule nue clignota méchamment.

« Qu?est-ce qu?il fait ? demanda la femme.
-Il? commença Voix Grave. Je crois qu?il est entrain de se frotter sur des bouts de papiers, nom d?une quiche !
-Est-ce vraiment le moment de faire de l?humour ? » l?implora Voix Calme. Dans la pénombre, il s?avança jusqu?au trou de la serrure, poussa son coéquipier et regarda par le trou à  son tour. Il retira son ?il au moment où le maniaque défaisait sa ceinture.
« Alors ? dit celui qui avait hésité tout à  l?heure.
-Alors on va entrer avant qu?il commence à  faire de cochonneries, répondit Voix Calme.
-Des quoi ? » Sans prendre le temps de plus de détails, Voix grave donna un coup de pieds dans la caisse et ouvrit la porte à  la volée, éclairant les visages des trois hommes et de la jeune femme qui les accompagnait.

Lord Satana avait épluché les dizaines de pages dans tout les sens, avide de satisfaire sa curiosité. DragonNoir avait tout noté, de A à  Z, sur l?ensemble des recherches qu?il avait effectué. En tant que superviseur des opérations Traumenschar, il avait préparé les équipes, longtemps à  l?avance, ainsi que les divers voyages et divers morts possibles.
Satana vit le prochain sur la liste, et remarqua que son nom n?y figurait pas. Il releva les yeux pour s?assurer que personne n?était là , et modifia l?équipe en sifflotant, s?assurant ainsi de pouvoir partir en même temps que DragonNoir dans l?au-delà  concernant l?Ég?
« Déjà  debout, Satana ? »
Lord Satana sentit une onde glacée lui lécher le dos, et ses mains tressaillirent sous la surprise, fermant le fichier avant qu?il n?ait pu terminer la modification. Il pesta intérieurement, exhibant un magnifique sourire aussi faux qu?une poitrine siliconée à  Lord FireFly qui venait de sortir du salon.
Ce dernier s?avança, ou plutôt se glissa jusqu?à  l?ordinateur, pour se poster aux cotés de Lord Satana. Celui-ci sourit.
« Qu?est-ce que tu veux ?
-Non, rien, siffla Lord FireFly en se penchant vers l?écran, comme s?il voulait deviner ce qui y était affiché auparavant. Je voulais juste voir ce que ça donnait? » Lord FireFly laissa sa phrase en suspens. Un sourire inquiétant barrait son visage, et Lord Satana se sentit mal à  l?aise, inexplicablement. Il laissa le silence s?installer, puis le chassa.
« Ce que donnait quoi ?
-Deux Lords côte à  côte devant un ordinateur. »
Puis, sans autres explications, Lord FireFly fit demi tour et s?en alla, tout sourire.

Le maniaque se retourna, sa ceinture dans les mains, le pantalon aux genoux dans une attitude qui aurait pu être drôle s?il n?y avait pas eu toutes ces photos de mineures sur la table. Son expression hébétée trahissait une surprise totale, une peur manifeste quant à  l?identité des nouveaux arrivants, mais aucune honte vis-à -vis de ce qu?il allait accomplir.
Toujours en fixant les quatre individus qui se tenaient en retrait de la porte, l?inconnu se baissa et remonta son pantalon. Il dû s?y reprendre à  deux fois avant de réussir à  le remettre correctement. « Qu?est-ce que vous foutez là , les jeunes ? articula-t-il lentement, non pas pour faciliter leur compréhension, mais plutôt la sienne.
-On vous a suivi jusqu?ici, répondit Voix Grave. Pour vous demander un petit service. »
Le jeune homme était grand et avait le visage sévère et austère. Sa voix n?arrangeait pas l?ensemble et lui conférait une aura d?antipathie assez fulgurante, presque palpable. Il porta un poing à  sa bouche et toussa.
« Un service, les mioches ? Vous savez pas qui je suis, n?est-ce pas ?
-Si, justement, répondit Voix Calme. Vous êtes le tueur en série qui a assassiné plus d?une quinzaine d?enfants.
-Alors vous êtes barjos? » dit le tueur en exhibant un couteau encore maculé de sang séché de la dernière victime. Les quatre jeunes s?entre-regardèrent, puis sourirent tous. Sauf celui qui se tenait un peu en retrait, et qui remontait nerveusement ses lunettes sur son nez d?une main tremblante.
« Vous êtes sûrs que c?est vraiment une bonne idée ? demanda-t-il à  l?assemblée d?une voix hésitante.
-Oh, tu ne vas pas encore faire ta mijaurée, LIF ! cria Voix Calme d?un ton moins calme, justement. On a tous décidé de venir ici et de le faire, alors c?est pas pour reculer maintenant !
-Bien sûr, dit Le Ionisateur Fou en tortillant ses doigts. Mais est-ce qu?on pourrait pas lui demander de faire ça vite et bien, et de ne pas nous violer après alors ?
-En ça je suis d?accord, ajouta la jeune fille. J?aime torturer, mais pas me faire torturer. Et l?idée de me faire tripoter une fois morte m?indispose également. »
Le jeune homme au visage austère se passa une main sur la figure.
« Quelle bande de quiches vous faites ! dit-il. Hilde, ne me dit pas que tu ne voudrais pas connaître la douleur que tu procures à  tes victimes Trauméniennes, tout de même ?
-Pour être franche, avoua Hilde : Non. Je suis Sado, pas Maso.
-En même temps, dit Voix Calme en se grattant les pattes qui descendaient sur ses joues pâles et émaciés, je suis également de leur avis, Rada?
-Ah non, Gorgon ! brailla Radamenthe, au comble de la colère. Tu ne vas pas me lâcher toi aussi !!On avait tous dit qu?on se faisait tuer par celui-ci, alors maintenant on y va, d?accord ? » Radamenthe fixa Gorgon_Roo, puis Le Ionisateur Fou, puis Hilde.
Derrière eux, le tueur en série, couteau à  la main et pantalon de travers, restait éberlué par les réactions inattendues de ces quatre adolescents manifestement suicidaires.

Lord Satana, une fois habillé, tournait la poignée de la porte pour sortir de chez DragonNoir au moment où une voix féminine l?interpella. Il se retourna vers Youfie qui elle aussi avait posée ses valises chez DragonNoir pour une durée indéterminée, et elle arborait un visage soucieux.
« Qu?est-ce qu?il y a ? » demanda Lord Satana, la mine renfrognée. Il avait prévu d?aller faire un tour dans le quartier, mais seul. Youfie, qui avait enfilé son manteau et mettais ses chaussures, contrariait ses plans.
« Je peux venir avec toi ? Tu vas faire un tour, non ?
-Certes.
-Je voudrais te parler. Pas à  toi précisément mais?
-Si c?est pour te justifier vis-à -vis de ton refus de partir dans le second groupe de voyage, je n?en ai cure.
-Non, enfin? Peut-être, si. Mais je voudrais surtout te demander un service, toi qui es proche de DragonNoir, admit-t-elle en le regardant dans les yeux.
-Q-Po est plus proche de lui, tu sais.
-Mais lui, il n?est pas réveillé. »
Un silence s?installa. Youfie fixait Lord Satana, qui finit par ouvrir la porte et sortir en la laissant entrouverte. Youfie vis ce geste comme une approbation silencieuse et elle sortit à  sa suite, le rattrapant dans les escaliers qui menaient à  la rue.
Une fois dehors, Lord Satana huma l?air frais du matin parisien, encore relativement peu pollué par les milliers de véhicules qui allaient défiler dans la capitale durant la journée. Le soleil n?était pas assez haut pour donner entre les immenses bâtisses au style encore ancien qui les entouraient, mais d?ici quelques heures la chose serait réglée.
Youfie arriva près de lui, quelque peu essoufflée par sa course dans les escaliers pour le rattraper. Il remarqua la couleur de ses joues qui viraient au carmin lorsqu?elles entrèrent au contact de la brise rafraîchissante du dehors. Elle frissonna.
« Pas chaud, hein ?
-Si nous pouvions éviter de tomber dans les poncifs des pré-conversations importantes, comme ?Beau temps pour la saison !? ou encore, le pire de tous : ?Sinon, ça va ?? Est-ce que ça t?est possible ou non ? Venons-en au fait.
-Bon, comme tu veux, dit Youfie, un peu vexée par l?attitude hautaine d?un adolescent moins âgé qu?elle. Je voulais te parler du premier groupe de Trauméniens, qui ne sont pas encore revenus.
-Mais nous savons tout deux que ce groupe, partit trop tôt, n?avait pas encore réfléchit à  la solution de retour. En fait, rectifia-t-il, personne n?y a pensé. Magnum nous avait donné le moyen de partir, sans moyen de retour, et nous nous sommes jetés dedans sans prendre le temps d?analyser la situation de a à  z. Mais c?est maintenant fait.
-Oui, je sais, ça ne se reproduira pas avec les nouveaux voyageurs, ni avec personne car tous sont maintenant au courant de la manière de rentrer. Tous sauf eux.
-Et alors ? s?impatienta Lord Satana, impatient. Il suffira d?envoyer quelqu?un pour les? » Il s?interrompit de lui-même, scrutant l?air déterminé de la jeune femme qui se tenait devant lui, sérieuse et déterminée.
« Je suis candidate. » dit-elle simplement.

« Bon, reprit Radamenthe en s?asseyant sur une caisse en bois. Qu?est-ce que vous proposez alors ? Qu?est-ce que vous voulez qu?on fasse ? On annule tout et on rentre voir DragonNoir en disant que LIF avait les pétoches ?
-Je n?ai pas les péto?
-Non, bien sûr que non, raisonna Gorgon_Roo. Maintenant que nous sommes là , autant y aller. De plus, je crois que notre ami s?impatiente quelque peu. »
Le groupe se retourna vers l?assassin pédophile qui, terré dans un recoin de sa cachette, essayait vainement de mettre le plus de distance possible entre lui et ses invités. Radamenthe s?approcha de lui en souriant. L?homme s?enfonça dans le mur en gémissant.
« Ne? Ne m?approchez pas !
-Mais nous voulons juste que vous nous?
-Ne m?approchez pas !!!
-Tu lui fais peur, gloussa Hilde.
-Écoutez, je vous laisse tous partir, vous êtes marteaux mais je ne vous ai jamais vu, d?accord ? Promis, je ne vous tuerai pas?
-Mais on veut mourir nous !! » s?exclama Radamenthe en l?empoignant par l?épaule. Le tueur hurla et poussa Radamenthe qui, sans l?intervention du Ionisateur Fou et de Gorgon_Roo, tombait à  la renverse.
« Il ne veux pas, c?est manifeste, conclut Gorgon_Roo.
-Qu?est-ce qu?on peut faire ?
-Peut-être qu?il y a un monde différent selon les tueurs, aussi ? hasarda Hilde en réfléchissant. Imaginez un seul instant qu?il existe autant de monde que de tueurs en série ? Ça veux donc vouloir dire qu?il va falloir retrouver le tueur éventuel de Séphy-Roshou et se faire tuer par lui avant de?
-Teu teu teu !! l?interrompit Radamenthe. Je t?arrête tout de suite, si on part comme ça, on arrivera à  rien. Déjà , on a un problème à  régler : Il ne veux plus nous tuer.
-On aurait mieux fait de se taire tout à  l?heure, grommela Gorgon_Roo. Tu lui as fait peur, Radis !
- Toi, le gorgonzola, je ne t?ai pas sonné. » répliqua Radamenthe en pointant un doigt rageur vers le susnommé. Il y eut un silence, puis deux, et enfin Gorgon_Roo ouvrit la bouche pour rétorquer mais Hilde le stoppa dans son élan.
« On ne vas pas commencer à  se bagarrer, non plus, si ?
-Rha ! Juste lorsque j?allais te renvoyer une insulte terrible?
-Aussi terrible que ta tenue vestimentaire ? »
Gorgon_Roo regarda sa chemise à  carreaux et son jean, puis releva les yeux, juste à  temps pour voir le maniaque qui se jetait sur le Ionisateur Fou, dans son dos. Il n?eut pas le temps de crier. Hilde et Radamenthe, voyant le regard horrifie de Gorgon_Roo, se retournèrent.
La lame pénétra dans le ventre de Radamenthe et celui-ci grommela quelques mots incompréhensibles avant de tomber à  terre. Puis, alors que le meurtrier s?attaquait à  Hilde et la dépeçait en hurlant, Radamenthe dit ses derniers mots :
« Ah ben? ?quand même, c?est? uuh? ...pas trop tôt? ?nom d?une quich? »

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ENCART DU QUOTIDIEN «LA LIBERTÉ DE L?EST »
Épinal.

[?] Encore quatre nouveaux morts retrouvés dans l?affaire du tueur en série d?Épinal. Le tueur en personne est venu se rendre à  la police dans la matinée, sous le regard médusé du commissaire Serge Thourn. Le meurtrier aurait avoué la vingtaine d?assassinats en sanglotant, et il aurait expressément demandé à  être jeté en prison. Selon les déclaration du psychologue, le jeune homme serait atteint de folie passagère certainement due à  [?]

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MessagePublié: 20 Fév 2005, 04:01 
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Encore une fois, le fait de suivre deux groupes alternativement ajoute en dynamisme. On est loin du passage chez les Dames Blanches qui traînait en longueur.
Il est amusant de lire ceci alors que, vaincu par l'épuisement, je me suis justement effondré sur mon clavier la nuit dernière. A part ça, tu ne glorifies en aucune façon le tueur en série (pour changer) et sa confrontation avec les Traumeniens est le moment le plus hilarant jamais lu jusqu'à  présent.

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MessagePublié: 27 Fév 2005, 11:30 
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2. Un enfer administratif.
Radamenthe ouvrit un ?il perplexe sur une immense pile, voire montagne, de papiers qui se dressait telle une représentation de l?arbre d?où toute ces feuilles sortaient. Son ?il roula dans son orbite, puis se referma, fatigué par l?effort. Il n?arrivait plus à  sentir le reste de son corps, si ce n?est son esprit. Un instant, même, il songea à  la décapitation, avant de repousser vivement l?idée. Il n?avait pas mal.
Deuxième découverte, deuxième sens : l?ouïe. Ses oreilles fonctionnaient également, bien qu?une des deux devait être collée au sol, ou à  la table ; les yeux disaient qu?il se trouvait sur une table. Le brouhaha ambiant lui rappelait les bureaux de poste, les longues files d?attente à  la banque ou les repas au restaurant. Une sorte de bruit de fond, qu?on n?entend pas lorsqu?il est présent, mais qui nous manque dans le cas contraire.
Il fit un premier essai pour bouger sa main, mais sans résultat. À la seconde tentative, il réussit à  apercevoir une bête à  cinq membres, rose, passer devant son regard. Il mit un moment à  se rendre compte qu?il s?agissait de sa main. Il ouvrit et referma ses doigts dans le vide, comme pour s?assurer qu?elle répondait toujours docilement, puis se passa lentement une main sur la figure.
Il se surprit à  espérer avoir une envie pressante d?uriner, ou le pied qui le gratte, ou une crampe au mollet, enfin n?importe quoi qui aurait pu lui permettre de savoir qu?il n?était pas qu?un simple tronc entrain de se vider de ses tripes sur une table. Il en était même venu à  espérer un viol douloureux de son intimité lorsque?
« Vous comptez rester ainsi couché longtemps, les nouveaux ? » résonna une voix.

De retour à  l?appartement, Youfie prit place sur un des canapés du salon de DragonNoir, et Lord Satana, la mine sérieuse indiquant une réflexion poussée, préféra un siège solitaire, comme lui. Il se passa une main dans ses cheveux mi-longs, en regardant Youfie avec insistance, et celle-ci baissa les yeux. Elle aurait préféré continuer la conversation dehors, mais Lord Satana l?avait presque obligé à  rentrer pour mettre les choses à  plat. En elle-même, elle songeait qu?elle n?aurait peut-être pas dû lui confier ainsi ses idées et partir seule pour?
« Donc tu penses être la personne qu?il faut, une sorte d?élue, pour aller informer Magnum et les autres du moyen de revenir parmi nous ?
-Oui, répondit Youfie, sûre d?elle. Vous ne comptiez pas envoyer un autre groupe visiter le monde des dames blanches, tout de même ? »
Lord Satana ne répondit pas, se repassant en mémoire les différentes pages du document de DragonNoir concernant l?organisation des prochains voyages. Rien n?indiquait qu?un second groupe était prévu pour partir là -bas, car il avait été prévu que le dernier groupe allait rentrer de ce mode-ci à  un moment ou un autre. Il grogna.
« Non, je ne pense pas. Mais t?y envoyer seule serait une pure folie, à  mon sens.
-Squall y est bien allé seul, non ? » La remarque fit mouche.
DragonNoir avait perdu toute trace de Squall bien avant le départ des cinq autres Trauménien pour la première excursion. Il s?était renseigné, et il avait découvert qu?il avait disparu lui et sa voiture quelques jours avant, sans dire un mot à  qui que ce soit. Non sans peine, nombre des membres de Traumen avaient songé à  une désertion de Squall face à  une mission qui le dépassait. Et maintenant, Youfie leur donnait une nouvelle version de l?histoire, une version à  laquelle ils n?avaient pas encore pensé.
« Tu veux dire qu?il serait allé les rejoindre ? Ou bien qu?il?
-?serait partit en éclaireur, oui, c?est ce que je pense. » termina-t-elle.
Lord Satana, dubitatif, se massa distraitement l?épaule, les yeux rivés sur le plafond. Après tout, songea-t-il, ce n?était pas impossible. C?était bien dans le style de Squall, agir seul et sans le dire à  quiconque. Il sourit.
« Bon, soit, admettons : Squall est partit là -bas en voulant leur dégager le chemin, ou pour repérer, ou autre. Ils sont donc six dans ce monde, n?est-ce pas ? Et tu voudrais y aller à  ton tour, ce qui porterait le nombre à  sept ? Sept membres partis dans un monde où Séphy-Roshou n?est probablement pas car elle n?a que peu de chances d?être morte à  cause d?une dame blanche dans son lit ? »
Silence de Youfie.
« Je te rappelle, non sans une certaine lassitude de devoir toujours répéter la même chose, qu?il existe une multitude de monde, d?innombrables au-delà  à  visiter. Six membres dans un seul monde, c?est déjà  en soit une trop grande perte.
-Mais si nous voulons qu?ils reviennent, alors il faut bien que quelqu?un y aille ! » rétorqua Youfie. Lord Satana, réticent, se leva et arpenta la pièce de part en part, slalomant entre les matelas sur le sol et les sacs de couchage. Elle avait raison, indéniablement. Youfie le suivait des yeux, attendant une réponse qui ne venait pas.
La porte s?ouvrit alors, et Lord FireFly se faufila dans la pièce, rompant la tension.

Gorgon_Roo, lorsque la voix avait retentit, avait relevé la tête précipitamment et s?était cogné au bureau. En se massant la tête, il s?était remis sur pieds avec peine, et il avait regardé en face le propriétaire de la voix de Stentor qui venait de les interpeller. Il étouffa un rire.
L?homme qui se tenait derrière le bureau était l?antithèse même de l?armoire à  glace à  laquelle il s?était attendu. Il était petit, il était vieux, il ne semblait pas plus dangereux qu?une tortue sur le dos, et surtout il avait un air fatigué qui lui donnait un aspect de retraité servile et un peu gâteux. Il caressait sa moustache en fixant tour à  tour les quatre Trauméniens d?un ?il indifférent, mais peu engageant.
Sur le bureau, une petite pancarte annonçait : H.A.Fish.
« Est-ce que vous pouvez vous identifier ? » dit Fish en tripotant toujours sa moustache. Il avait l?air d?un simple vieillard, réceptionniste d?hôtel ou grand-père classique qu?on s?attend à  voir assit au coin du feu entrain de raconter des histoires. Son emploi de réceptionniste ne lui convenait manifestement pas, et il marmonnait en permanence à  voix basse, une voix grave et anormalement résonnante.
« Bonsoir ! Je m?appelle Radamenthe, et je viens chercher une fille dénommée Séphy-Roshou, ravi de vous rencontrer ! » Fish leva un sourcil indécis en direction du nouvel arrivant à  l?humour bravache, puis parcouru des yeux une demi-douzaine de feuillet tous remplis de nombreuses lignes de textes, manifestement à  la recherche de noms, le tout en grommelant dans sa moustache.
Fish ouvrit sans même regarder, force de l?habitude, un petit coffret sur le coté de son bureau et en sortit une friandise que personne n?arriva à  identifier, pour le moment. Hilde commença à  trouver le temps long, alors que Fish mâchonnait sa confiserie avec délectation. Il avait au moins cesser des jurons étouffés. Gorgon_Roo en était à  l?étape d?ouvrir la bouche pour relancer la discussion lorsque Fish le devança.
« Je n?ai pas de Radamenthe sur ma liste, désolé. Vous pouvez passer par la porte là -bas, on vous demandera de remplir un formulaire de donation d?âme. Vous avez dû faire une crise cardiaque en voyant un des tueurs ou bien une victime, et ils vous ont envoyés ici au lieu du Paradis prévu dans ce type de cas? »
Il avait parlé d?un ton monocorde, puissant mais navré, sans même lever les yeux sur Radamenthe qui s?était retourné vers le Ionisateur Fou, Gorgon_Roo et Hilde, qui haussaient tout trois les épaules en parfaite synchronisation. Radamenthe se gratta le nez en souriant, puis haussa le ton, au grand désappointement de ses compagnons :
« Non non, nous avons bien été tué par un tueur en série, un serial killer, et je revendique le droit à  accéder au Paradis des victimes de tueur en série, et que ça saute ! » Il faillit rajouter nom d?une quiche en bois, puis se ravisa. Fish le regardait maintenant. Gravement. Radamenthe soutint son regard.
« Vous n?êtes pas sur la liste, répéta-t-il en secouant une feuille. Et selon le formulaire C-49 alinéa D, paragraphe 6.4, je cite : « Toute personne non répertoriée sur le feuillet numéro 8.D en tant que MES (Morts En Série, expliqua-t-il) se verra dans l?obligation de léguer en son âme et conscience son esprit astral en remplissant le formulaire Q.4?? qui?
-Mais qu?est-ce que c?est que ce charabia ? jura Gorgon_Roo. Même mort, on nous ennuie quand même avec des papiers, et des formulaires, et des questionnaires à  cocher? C?est fou ! »
Fish soupira, révélant pour une première fois une mimique humaine. « Ah ça, je suis bien d?accord, voyez-vous, mais je n?ai pas le choix. C?est mon poste, vous voyez, et si je veux grimper les échelons, je suis obligé de respecter la procédure? »
Il rentra deux doigts dans sa bouche et en sortit une phalange humaine. Ou plutôt l?os, simplement. Toute la peau et la chair avait été suçoté et l?os était blanc comme? eh bien oui, comme un linceul. Le Ionisateur Fou déglutit péniblement, réfrénant une nausée subite, alors que Hilde poussait des petits cris de bonheur en songeant à  l?ex-propriétaire du doigt.
« Je sais qui vous êtes ! J?en suis sûre ! Vous êtes Hamilton Albert Fish, le tueur en série qui aurait selon certaines rumeurs tué plus de quatre cents personnes, en majorité des enfants, pour les dévorer ensuite petit à  petit jusqu?à  la décomposition totale !
-C?était le bon temps, sourit Fish en triturant de nouveau sa moustache, la mine songeuse et le rose aux joues. J?étais alors capable de grandes choses, à  cette époque. Là  on savait vivre ! Maintenant? Et bien maintenant je suis mort, bien entendu ! »
Et il partit d?un rire guttural, que les quatre Trauméniens, au comble de la gène, suivirent plus par politesse que par envie. Fish sortit un mouchoir de sa poche, faisant au passage tomber deux autres friandises, et s?essuya les yeux. Gorgon_Roo jeta un regard interrogateur à  Hilde, qui répondit par un haussement d?épaules et un air amusé des plus sincères. Radamenthe s?avança.
« Si je peux me permettre, Al ; je peux vous appeler Al, comme mon idole, n?est-ce pas ; je vous propose de chercher à  nouveau sur votre joli listing à  Thibaut. C?est mon nom. »
Fish tiqua, reprenant son calme.
« Thibaut, n?est-ce pas ? reprit-il en sa saisissant de nouveau de sa liste de noms. Pourquoi ne pas m?avoir donné votre vrai nom dès le départ ?
-Je l?avais oublié. » répondit sincèrement Radamenthe, sourire aux lèvres. Fish ne releva pas, puis s?exclama en pointant un doigt noueux sur la feuille. Il la retourna et la présenta à  Radamenthe, le visage radieux.
« Signez ici, s?il vous plaît. »

Le groupe de départ composé de Lord Satana, Youfie et Lord FireFly s?était alourdi d?autres membres tels que DragonNoir, qui avait émergé après à  peine trois heures de sieste, Q-Po qui se tenait accolé au piano du salon, Soulblighter et IL, tout deux sur le canapé. Ils avaient tous écoutés l?annonce de Youfie qui visait à  aller, seule, dans le monde des dames blanches pour informer le groupe de Trauménien. Lord Satana avait précisé l?idée qui expliquait le brusque départ de Squall et la probabilité qu?il se trouve là -bas avec eux.
« Et, comme l?a dit Satana tout à  l?heure, conclut Youfie, nous avons déjà  beaucoup trop de membres de partis dans l?au-delà  pour qu?on se permette d?en envoyer une seconde escouade de secours. C?est pourquoi j?ai proposé de partir seule. »
Seul Q-Po rompit le silence par un murmure approbateur et grave puis, se rendant compte qu?il avait été le seul à  émettre un avis à  haute voix, il roula des yeux.
« Oui, bon, et alors ? Je pense effectivement que c?est une bonne idée, ne vous en déplaise. Après tout, que risque-t-elle ? De mourir ? Tout le monde sait que si elle meurt, elle reviendra parmi nous, et la boucle sera bouclée.
-Là  est tout le problème, dit IL. Les premiers voyageurs sont partis trop rapidement, sans prendre la peine de réfléchir une seconde au moyen de revenir. Maintenant, de là  à  envoyer Youfie seule?
-Personne ne sait ce qu?il leur est arrivé, aux autres? » ajouta Soulblighter pour tenter de la dissuader. Mais le regard résolu de Youfie suffit à  le convaincre du contraire. Elle n?allait manifestement pas se laisser abattre par la peur de l?inconnu, ni par ce type de vaines considérations. DragonNoir prit la parole après un long bâillement.
« J?avais arrangé les prochains voyages selon les préférences de chacun, mais comme tu as jugée bon de ne pas partir avec Radamenthe et les autres, je ne vois personnellement pas d?objection à  ton départ. Quelqu?un d?autre veux exprimer son avis ? »
Personne ne répondit à  l?appel et le départ de Youfie dans les jours, ou les heures, qui suivraient fut accepté à  l?unanimité. La réunion se disloqua rapidement, chacun retournant à  ses petites occupations. Youfie préparait ses bagages lorsque Lord FireFly paru se matérialiser derrière elle. Il resta ainsi à  la regarder pendant quelques longues minutes, alors qu?elle s?habillait sans aucune pudeur, pensant être seule.
Elle enfila son T-shirt et, apercevant Lord FireFly dans la glace, se retourna brusquement. Lord FireFly fut prit au dépourvu, une seconde.
« Ça va pas non, de me reluquer comme ça ? cracha-t-elle.
-Excuse-moi, répondit-il en s?avançant au milieu de la pièce, à  peine gêné. Je ne voulais pas te faire peur, tu sais.
-Depuis combien de temps tu étais là  ?
-Je venais d?arriver. »
Youfie dévisagea l?adolescent au visage pâle et émacié, puis se remit à  terminer ses préparatifs, préférant l?ignorer. Lord FireFly renifla, regarda à  nouveau Youfie de dos, puis attaqua ce pourquoi il était vraiment venu.
« Tu vas vraiment y aller seule ?
-Oui, répondit-elle d?un ton sec en passant sa tête dans son pull-over. Il ne me semble pas avoir entendu d?objection, tout à  l?heure. » Elle se retourna vers lui, lui cachant la vue de ses fesse qu?il n?arrêtait pas de contempler. « Tu reviens sur ta décision ?
-Non, pas du tout. Je venais simplement te proposer ma compagnie. »
Youfie eut du mal à  contenir un éclat de rire.
« Tu veux m?accompagner ? dit-elle en se recoiffant.
-Pourquoi pas ?
-Parce que je préfère encore faire le voyage seule que de te savoir avec moi, voilà  pourquoi. Si Squall n?avait pas fait la connerie de partir avant, c?est avec lui que j?aurais voyagé, mais jamais avec toi.
-Tu ne me fais pas confiance? » traduisit-il en regardant ses longs doigts fins. De longs doigts capables de lancer bien plus que des menaces, dans un ailleurs pas si éloigné d?ici. Il resta songeur. Youfie attendit patiemment qu?il relève la tête vers elle, acquiesça d?un air sévère et quitta la pièce sans autre avertissement.
Lord FireFly, resté seul, l?esprit remplit d?images d?une Youfie en petite tenue, porta une main à  sa bouche, et lança un baiser silencieux à  l?adresse de la porte qui se refermait doucement. Son sourire avait un éclat inquiétant.

Serge Thourn frappa la machine à  café, gueulant des insultes à  tout va qui s?entendirent dans tout le commissariat des archives au standard en passant par la quasi-totalité des bureaux. Il était dans une humeur de chien, et lorsque le commissaire était ainsi, il valait mieux qu?il passe sa colère sur la machine à  café que sur un de ses agents.
Un proverbe propre au commissariat.
Le gobelet descendit enfin, lentement, doucement, et se positionna au bon endroit après un Clac retentissant. Le café en poudre tomba dedans, puis l?eau chaude et, au moment fatidique où e gobelet est amenée à  portée de main, un mécanisme lâcha, toujours le même, et l?innocent verre en plastique se retrouva rapidement broyé entre deux morceau de ferraille, réduisant les quarante centimes d?Euros du commissaire à  néant.
Un pied rageur s?abattit sur la machine, qui répondit par nombre de cliquetis audacieux, et finit par lui rendre sa monnaie, presque à  contrecoeur. Si la machine avait eu une vie propre, elle aurait boudé. Serge Thourn retient une nouvelle bordée d?insultes aussi variée que le permet le répertoire français, et retourna à  son bureau, les mains dans les poches.
Curieusement, ceux qu?il croisaient se mettaient sur le coté à  son approche. Peut-être était-ce dû à  son allure massive, telle une armoire normande (comme ses origines) en déplacement autonome, ou à  son faciès écarlate de rage contenue, ou à  son allure semblable à  une charge de rhinocéros en rut. Dans tout les cas, on s?écartait, et c?était exactement ce que désirait le commissaire.
Il rentra dans son bureau et claqua la porte, qui avait l?habitude depuis toutes ces années passée au service du commissaire. La vitre trembla, les gonds grincèrent de protestation, mais rien ne chuta. Les cadres était également habitué à  ce type de comportement violent et ne tombaient plus à  un simple claquage de porte.
Pour la troisième fois de la matinée, Serge Thourn sortit le dossier concernant le tueur des mineurs et le parcouru. Et, pour la troisième fois de la journée, il le balança sur le bureau à  la fin de la relecture. Les papiers glissèrent hors de la pochette en carton et s?éparpillèrent sur le sol, à  nouveau. Il jura.
Depuis son retour dans la police il y a quelques années, suite à  une affaire on ne peu plus étrange qui l?avait conduit en Amérique du Nord à  la poursuite d?un maniaque, on ne lui confiait plus que des affaires ayant un aspect soit anormal, soir paranormal, soit impossible à  comprendre, ou délirante, ou n?importe quoi d?autre en fait. Il savait qu?il n?était pas vraiment apprécié de ses confrères, mais il mettait un point d?honneur à  résoudre tout ce qu?ils lui envoyaient. Juste pour les faire enrager, ce qui fonctionnait neuf fois sur dix.
Cette fois-ci, l?histoire concernait un serial killer qui s?attaquait à  des gamines qu?il tuait, violait et prenait en photo. Rien de très anormal, au fond. Sauf que les quatre derniers morts étaient intrigants, sans autres rapports avec les précédents assassinats, ce qui avait particulièrement attiré son attention : On avait l?impression que ces quatre adolescents (pour Serge Thourn, toute personne en dessous de quarante ans était un adolescent) avaient voulu se faire trucider par ce tueur.
Alors, pour la troisième fois de la matinée, et non la dernière, Serge ramassa les feuilles du dossier répandues sur le sol de son bureau et entreprit de les classer.

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MessagePublié: 27 Fév 2005, 18:54 
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Inscription : 29 Avr 2004, 03:00
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Albert Fish?! C'est un dingue ça. x_X Un cannibale pédophile sado-maso (et plein d'autres trucs tordus). Il aurait torturé/violé/tué/mangé entre 100 et 400 enfants... Au moins il est mort sur la chaise électrique en 1936.

M'enfin, j'aime bien l'apparition.

Voilà , je suis gentille pour ceux qui ne connaisse pas ce fou.
Un lien vers une page web.


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MessagePublié: 05 Mars 2005, 23:11 
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
3. Attentes et songes.
Le Ionisateur Fou poussa un long soupir.
Ils étaient assis depuis bientôt une heure, et n?avaient rencontrés personne d?autre que cet Albert Fish, ancien tueur en série reconvertit dans le secrétariat post-mortem. Après avoir remplis divers questionnaires comportant des aberrations telles que « Avez-vous déjà  tué des êtres humains lors de votre ancienne vie ? » suivie de « Si oui, combien : », ou encore : « Êtes-vous pour ou contre le tortures mentales infligées aux familles ? ». À la dernière question, Hilde avait répondu oui, bien évidemment.
Ensuite, ils avaient été dirigés vers celle salle d?attente où s?empilaient des magazines comme Mortes & Jolies, hElle et même un Playdead qui traînait sous un monceau d?autres revues. Radamenthe avait jeté un ?il distrait sur quelques pages de ce dernier, gloussant de temps à  autre en matant les poses suggestives des cadavres.
Albert Fish leur avait dit d?attendre qu?on vienne les chercher, leur avait proposé un de ses bonbons qu?ils avaient tous refusés gentiment, puis il était repartit en maugréant sur son sort, comme d?habitude. Et depuis lors, plus rien. Oh, ils avaient bien entendu un début d?esclandre derrière l?autre porte, celle d?où devait sortir leur prochain guide, mais la clameur et les cris s?étaient tus au bout de quelques minutes.
« C?est long? siffla Gorgon_Roo en se recoiffant une nouvelle fois. Qu?est-ce qu?on attend là , exactement ?
-Un type qui pourra nous renseigner, peut-être ? hasarda le Ionisateur Fou. Quelqu?un qui pourra nous dire si Séphy-Roshou est là  ou non ?
-Encore faudrait-il qu?ils se pressent un peu. On peut forcer la porte, sinon, et faire irruption dans la salle, tout détruire et?
-?et risquer de retourner sur Terre plus tôt que prévu, bonne idée Radamenthe, ironisa Gorgon_Roo.
-Ah, fous-moi la paix? brailla Radamenthe en ouvrant à  nouveau son magazine de nécrophiles. Moi au moins j?essaye d?avoir des idées. »
La revue s?arracha des mains de Radamenthe et celui-ci leva les yeux sur Gorgon_Roo, qui s?acharnait sur les photos de mortes dénudées, les déchirant une à  une en le fixant.
« Quoi encore ?
-Je trouve ta façon d?être trop désinvolte, Rada, dit calmement Gorgon_Roo.
-Après tout, je ne la connaissais pas tant que ça, votre Séphy-Roshou? » Il se fit empoigner par le col et soulever de terre. Ici, Gorgon_Roo était bien plus fort que Radamenthe, contrairement à  la réalité terrestre. Ce dernier roula des yeux, en signe de lassitude outrageante.
« Je continue à  espérer que tu n?es pas là  pour saccager le travail, Radinet, cracha Gorgon_Roo. Personne ne t?a obligé à  venir ici, n?est-ce pas ? C?est bien toi qui t?es proposé pour faire partie de l?idée de Magnum.
-Mouais?
-Alors soit tu y mets un peu du tiens, soit? » Gorgon_Roo n?acheva pas sa phrase, et reposa Radamenthe qui, pour tenter de retrouver un peu de constance, repassa manuellement ses vêtements froissés. Hilde, qui s?était levée pour de nouveau les séparer, resta sur ses gardes mais reprit sa place sur les chaises de la salle d?attente.
On est pas sortit de l?auberge, avec ces deux là  qui ne peuvent pas se voir, songea le Ionisateur Fou en remplissant distraitement une grille de mots fléchés ayant pour thème ?La fête des morts?.

Le commissaire Serge Thourn avait épluché maintes et maintes fois les dossiers, les fiches des victimes, les témoignages, les comptes-rendus des policiers et de la morgue, les rapports de ses propres investigation, tout ceci pour n?arriver qu?à  une seule conclusion : Il n?y avait aucune raison pour que ces quatre gosses se trouvent à  cet endroit, à  ce moment.
Ils ne disposaient d?aucun moyen d?identification : Pas de papiers, de cartes d?identité, rien. Les corps avaient été mutilés à  l?extrême, rendant les visages méconnaissables. C?était tout juste si le médecin légiste s?était aperçu qu?il y avait une fille et trois garçons parmi les morceaux de cadavres. Une véritable boucherie.
Le coupable, Joseph Larbaud, un expert comptable renommé dans la région, n?aurait eu aucun mal à  se faire innocenter pour ces quatre morts, tellement la façon de tuer était différente vis-à -vis de ses méthodes habituellement employées pour ses autres victimes. Mais il avait été directement se rendre, implorant littéralement pour qu?on le jette en prison sous les yeux incrédules du commissaire et de son adjoint.
On toqua à  la porte. Thourn sortit de ses pensées et grogna d?approbation.
« Je m?excuse de vous déranger, commissaire, mais?
-Tout d?abord, Sylvain, on ne s?excuse pas, on demande pardon. »
Le jeune adjoint Sylvain Détroit, ancien journaliste dont une période de gloire lui avait permis d?accéder à  ce poste l?an dernier, resta interdit, tenant la porte comme pour s?empêcher de tomber. Serge se passa une main sur la figure, désespéré, puis lui fit signe d?entrer. L?expression de soulagement qui se peignit sur le visage de son nouvel acolyte l?exaspéra encore plus.
« Bon, qu?y a-t-il ?
-Aucun avis de disparition pour les quatre jeunes gens retrouvés dans l?entrepôt, pour le moment. J?ai élargi les recherches au pays tout entier, mais je doute que?
-Très bien, l?interrompit Serge qui se moquait éperdument de l?avis personnel de Sylvain. Et pour les résultats du psychologue ?
-Le psy? Le psychologue? ? bafouilla un Sylvain au bord de la panique. Je? Je ne sais pas de? je ne vois pas?
-Celui qui est chargé d?examiner l?état mental de Larbaud ! beugla le commissaire, après l?avoir laissé patauger dans la mélasse de ses phrases une minutes ou deux.
-Ah ! Ah oui, oui, le psychologue. Et bien le rapport qu?il nous a fourni démontre que Joseph Larbaud est victime de penchants pédophiles et violents?
-Quelle nouvelle, marmonna Thourn entre ses dents.
-?et qu?il n?a pas montré d?autres signes de folie. Mais ces résultats seront approfondis lors de l?étude à  long terme qui a débuté ce matin même.
-Quand, ces résultats définitifs ?
-Fin de semaine, pas avant. » Serge Thourn jura, et Sylvain, par réflexe, rentra la tête dans ses épaules. Il aurait eu besoin de ses résultats avant, histoire d?avoir une bonne raison de questionner plus précisément le tueur en série. Malheureusement, les psychologues et les psychopathes s?entendaient manifestement trop bien pour que ça aille rapidement, et Serge allait être obligé d?attendre encore.
Attendre, toujours attendre.
L?avis de transfert de l?accusé allait certainement arriver sous peu, et la garde du prisonnier allait lui être retiré, ainsi que l?enquête. Le tout confié à  les hautes sphères de la police, qui se feraient une joie de pouvoir dire après coup de le commissaire Serge Thourn, un vieux de la vieille, n?avait pas réussit à  dénicher tous les tenants et les aboutissants de l?affaire. Ils jubileraient.
« Et ça, hors de question que ça arrive?
-Quoi ? »
Serge releva la tête et croisa le regard mou et interrogatif de son auxiliaire. Ce dernier tenta le sourire, puis baissa les yeux.
« T?es encore là  toi ? Tu as quelque chose d?autre à  me dire ?
-Et bien, euh? Non, je?
-Alors dehors. Laisse-moi réfléchir. » Sylvain Detroit se releva, voulu ajouter quelque chose, puis préféra ne rien en faire et sortit du bureau sans claquer la porte. Le commissaire s?adossa à  sa chaise, croisa les bras sur son ventre qui commençait à  être rebondit, et s?accorda cinq minutes de répit.
Il s?endormi au bout de deux.

La porte s?ouvrit brusquement, et les quatre Trauméniens sursautèrent en c?ur. Radamenthe s?autorisa même un petit cri de surprise, haut dans les aigus. Un homme vola plus qu?il ne marcha jusqu?au centre de la pièce et s?écrasa lourdement sur la table basse, la brisant en deux selon une symétrie presque parfaite, mis à  part le pied gauche cassé.
Gorgon_Roo se précipita sur l?homme à  terre pour l?aider à  le relever, mais une voix venant de la pièce d?à  coté l?arrêta dans son élan. Elle n?était pas adressée à  lui, mais sa simple écoute lui paralysa les membres : C?était une voix qui faisait trembler les âmes jusqu?aux os, qui résonnait dans les esprits plus que dans les oreilles.
Surtout lorsque ce type de voix hurlait comme maintenant.
« Hamilton Albert Fish !! Qu?est-ce que tu m?as foutu là , encore ? Ce type n?a rien d?une victime, c?est un dérangé qui se prend pour Jason, merde !! Tu vas me faire le plaisir de me dégager ça d?ici? » Le propriétaire de la voix sortit de la salle annexe et, les mains sur le hanches et les jambes écartées, termina : « ?ET PRESTO !!! »
Fish ouvrit l?autre porte, jeta un coup d??il à  l?homme qui se relevait péniblement, et dit : « Ah, désolé Richard, je n?avais pas vu qu?il s?était dirigé vers la mauvaise porte.
-Ouais, et bien reprend-le et case-le avec les autres fanatiques. C?est déjà  la troisième fois cette semaine qu?un détraqué débarque en se prenant pour un tueur en série, tout ça parce qu?il a buté une ou deux vieilles femmes devant chez lui.
-C?est bon, reprit Fish en élevant un peu la voix. Pas la peine d?en faire tout un plat ! C?était une erreur, je vais le mettre avec les autres, point.
-Alors vas-y, et dépêches-toi. » répondit l?autre homme tandis que Fish attrapait le corps sous les épaules.
« Ah, je vous jure, ajouta-t-il en prenant Hilde à  parti. Si on n?était pas là  pour faire le tri, je ne sais pas ce qui arriverait là -haut?
-Dois-je te rappeler, huh? dit Fish en haletant. Dois-je te rappeler que si nous autres, les vieux serials killer, n?avions pas tué tant de personnes à  l?époque, peut-être que toi-même tu n?aurais pas été autant inspiré pour tes meurtres.
-Et moi, vieux fou, je te rappelle que mes assassinats ont été commis au nom du Diable, et on pour satisfaire mon estomac ! »
Fish le fixa intensément, puis secoua la tête.
« Ricardo Ramirez, tu ne changeras jamais. » Ramirez sourit, puis claqua la porte d?un coup de pied. Puis il se retourna vers les Trauméniens, qui avaient assistés à  la scène sans broncher, et sembla seulement les remarquer.
« Ah ? D?autres clients ? Richard Ramirez, the Nightstalker, pour vous servir. » annonça-t-il en leur tendant la main. Radamenthe l?examina, comme si elle pouvait receler un piège quelconque, puis la serra vigoureusement. Hilde le poussa ensuite, tout aussi vigoureusement, et attrapa la main de Richard Ramirez, les yeux de nouveaux pleins de multiples étoiles scintillantes de bonheur.
« Vous êtes le véritable Nightstalker ? Celui qui a sévit dans les années quatre-vingts quatre quatre-vingts cinq dans les alentours de Los Angeles, qui tuait, violait et mutilait pour le simple plaisir ?
-Et pour Satan, ajouta Ramirez avec un sourire.
-Mais normalement, vous n?êtes pas sensé être mort ! s?exclama Radamenthe.
-En fait, expliqua le tueur en série en s?asseyant derrière son bureau, je me suis donné la mort hier soir. Je me suis intentionnellement étouffé avec ma nourriture. »
Et il sourit à  nouveau, leur montrant ses dents pourries.

L?homme était là , en face de lui, lui offrant son dos couvert d?un long trench-coat noir qui volait au vent. Le décor était le même qu?autrefois. La situation était la même qu?autrefois. Tout était pareil, sauf que Serge dormait, et il le savait. Ce n?était qu?un simple rêve. Toute cette histoire avait été réglée à  l?époque, aux Etats-Unis, au terme d?une longue course-poursuite dans le désert américain.
Sa tête se tourna sur la droite, et il retrouva la jeune femme qu?il avait alors à  ses cotés, habillé d?un ensemble qui moulait ses formes généreuses. Il avait eu envie d?elle, à  l?époque, bien avant qu?il ne commence à  comprendre la vérité du monde tel qu?il l?avait conçu. Il croyait le connaître, ce monde, à  l?époque, mais il s?était trompé. La femme lui avait dit. Et lui aussi.
Lui.
Ses cheveux longs d?ordinaire attachés en catogan étaient libres de tout mouvement et ondulaient sous les bourrasques d?un souffle chargé de sable. Il avait les mains gantées de cuir noir, elles aussi, et Serge le vit lever les bras en signe de reddition. Il remarqua alors qu?il avait les mains accrochées à  un revolver, son revolver, et qu?il tenait en joue l?homme qu?il avait pourchassé des mois, des années durant.
Comme autrefois.
Il voulu arrêter la femme lorsqu?elle exhiba sortie d?une autre temps, il voulu lui crier qu?il savait ce qui allait arriver, il voulu lui dire qu?elle allait mourir atrocement, qu?elle allait souffrir des heures et des heures sur le sable chaud du désert. Mais c?était un rêve. Un rêve qu?il n?avait pas fait depuis des années. Depuis qu?il en avait terminé avec lui.
Ou du moins qu?il avait cru en terminer.
En un éclair, de nouveau, la femme se retrouva à  terre, le ventre déchiré par une main démoniaque et son sang se répandant sur le sol. Il vit, comme autrefois, l?homme en noir se retourner l?entement. Il vit, comme autrefois, l?homme en noir sourire tel un démon. Il vit, comme autrefois, ses cornes, ses yeux et ses dents effilées. Il vit, comme autrefois, la fille arriver dans sa voiture décapotable et lui sauver la vie.
Sans elle, il ne serait pas ici, assoupi sur son fauteuil, et entrain de ressasser des événements qu?il avait cru avoir oublié depuis longtemps. Comme autrefois, il resta longtemps immobile, les bras tendus, revolver armé, à  viser le nuage de poussière qui s?éloignait sur la route. Comme autrefois, il tomba à  genoux. Et comme autrefois, il apposa le canon chauffé par le soleil sur sa tempe, désireux d?en finir.
Mais?
Non, Serge, pas maintenant?
Ce n?était pas comme autrefois, maintenant. Ce n?était pas la voix de sa coéquipière qui l?avait sauvé, qui l?avait retenu. Ce n?était même pas une vois féminine. Son rêve se figea. Serge lâcha son revolver qui resta à  une dizaine de centimètres du sol, en lévitation.
Arrêt sur image.
Il se remit debout et regarda autour de lui, comme un spectateur projeté au milieu d?un film en trois dimensions. Il avait retrouvé ses vêtements d?aujourd?hui, et non ceux de l?époque. La femme se trouvait encore à  quelques mètres de lui, immobile, son visage bloqué dans un rictus de douleur. Il voulu faire un pas dans sa direction, mais une voix le retint.
La Voix.
Vous ne l?avez jamais retrouvé, n?est-ce pas ? dit-Elle de son ton le plus grave et plus aimable possible. Il vous a échappé cette fois-ci, et lorsque vous avez cru l?éliminer peu de temps après, il s?est à  nouveau joué de vous?
La Voix était douce, caressante, mais restait néanmoins une langue froide inspirant la révulsion la plus totale. Elle dégoulinait dans son crâne comme du sang caillé et remplissait son âme de pensées impures, sans même qu?il s?en rende compte. Elle était séduisante, mais incitait au dégoût. Et surtout, il était impossible de l?ignorer.
« Qu?est-ce que vous voulez ? Qui êtes-vous ? » demanda Serge Thourn au milieu de rafales de vent immobiles.
Je sais où il se trouve actuellement, cet homme, ce démon, celui dont vous êtes la Némésis. Votre vengeance n?est pas accomplie?
« Mais je l?ai retrouvé ! Je lui ai tiré dessus et il est? »
?encore en vie. Enfin, pour parler franchement, il n?est plus vivant, actuellement. Il parcourt les royaumes des morts.
« Il? ?parcourt les royaumes? ?des morts ? »
Serge avait la tête qui lui tournait. Le décor s?assombrit, et il distingua vaguement quelque chose qui se rapprochait, au loin. Quelque chose d?immense. Comme?
Retrouvez-le. Assainissez votre esprit.
?comme une gigantesque,?
« Mais? Je l?ai? Il est? »
?une colossale représentation?
Cherchez là  où se cachait le démon. Autrefois.
« ?le démon? »
?d?une sculpture de croix ansée.
Autrefois.
« Autrefois. »
Autrefois.
AUTREFOIS.

Et Serge s?éveilla avec la plus formidable migraine depuis sa dernière cuite trente-deux ans auparavant.

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MessagePublié: 06 Mars 2005, 23:19 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
L'altercation entre Radamenthe et Gorgon est mal, très mal gérée ! Les répliques sonnent faux, psychologiquement, c'est très grossier, amené sans aucun soin et conclu sans davantage de brio.
Mis à  part cela, pas trop de remarques à  faire sur le style - comme d'habitude, ce n'est pas mauvais, bien qu'un rien confus.
Ce chapitre manque singulièrement d'intérêt : on remâche des informations plus ou moins connues (que le tueur pédophile a fait un massacre, etc), on vogue de portrait de psychotique en portrait de psychotique... je crains que le monde de la paperasse et des tueurs en série ne lasse aussi vite que celui des dames blanches...

Seul le dernier passage, le rêve de Serge Thourn, se détache du lot. Il est habité d'une énergie, d'une ambiance, d'une froideur excellentes. A part une petite erreur : il ne peut pas y avoir de "rafales de vent immobile". On n'est pas dans un jeu vidéo, les déplacements d'air ne se traduisent pas par des textures et des effets spéciaux : à  un niveau réaliste, l'énergie cinétique, c'est invisible. On peut voir au mieux les feuilles mortes, les vieux papiers ou autres figés dans l'air. Mais les rafales de vent immobiles ? Oxymore.

Ah oui, et j'espère que l'ank ne correspond pas à  ce que je pense, parce que sinon, il y aura une paire d'yeux en moins pour parcourir la suite. J'en ai ras-le-bol, du troll mythique.

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MessagePublié: 07 Mars 2005, 16:33 
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Inscription : 01 Mai 2004, 11:57
Message(s) : 1161
Ayant abandonné la lecture de Traumenschar pendant plusieurs semaine, j'ai décidé de parcourir ce dernier épisode afin de constater l'évolution de ce projet "plus ou moins" ambitieux.

Le constat n'est guère enthousiasmant. La série s'est à  présent confortablement engagée dans la voie que je craignais, à  savoir : une successions de stéréotypes brodés sur un fond "à  la Bernad Werber". Ces clichés (dont la qualité varie du grand soin au bâclage complet) sont traités sans grande originalité, et sembleront gentillement caricaturaux pour la majorité du lectorat - dont moi, ma culture dans ce genre de littérature étant pourtant très mince. Les personnages sont imbriqués ("clips") dans l'archétype qui s'en rapproche le plus, ce qui est navrant, bien que cela ne soit pas trop gênant pour certains (héhé). Une soupe assez insipide, dont la saveur est quelque peu relevée par un certain goût du pittoresque, qui sait maintenir la fic au-dessus de la moyenne.

Quant à  l'ank (point d'orgue comique de cette rapide lecture), j'ose espérer que ce thème sera traité avec un tant soit peu d'intelligence. S'en tenir à  un tueur démoniaque ridicule serait une consécration parodique du joli monde de Traumen - n'est-ce pas, cher "amoureux profond" du forum défunt ? Je te souhaite de retrouver la finesse qui m'avait semblé transparaître lorsque le thème de la réunion géante fût abordé (ceci est également valable pour le reste).

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Spoiler! :
N'oubliez jamais que vous êtes unique, comme 7 milliards d'autres humains sur Terre.


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MessagePublié: 07 Mars 2005, 18:28 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
Message(s) : 651
Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Je ne m'attendais sincèrement pas à  tant de réactions négatives vis-à -vis de ce dernier chapitre de Traumenschar. Que dois-je en conclure? Changer le scénario que j'ai en tête pour la suite et mettre de coté un personnage, voire une caste entière de personnage pour faire plaisir à  DragonNoir et Arkh? Je suis désolé, franchement désolé, mais je ne pense pas changer cet aspect de l'aventure.
Je prendrais en compte vos autres remarques, d'accord, mais si j'ai envie de faire apparaître Ank, un Bisounours, Jar-Jar ou même Vitriol dans Traumenschar, et bien je le ferais. Si je perds du lectorat, et bien tant pis, c'est dommage, je le regretterai mais je n'en mourrais pas. Mais juste une chose, DragonNoir: Je ne vois pas en quoi ce personnage récurent à  l'univers Traumen (qui était bel et bien le plus grand troll jamais conçu) te gène tant que ça?
J'en profite pour relever préciser juste une petitte chose: Avec ce chapitre, j'embrique Traumenschar dans un immense groupement de texte que j'ai écrit précédemment, des années avant que je connaisse Traumen, voir même des années avant la création de Mr.Magnum. Si un jour je termine mes deux autres gros pavés concernant mon personnage, je les posterai ici. Sachez simplement que les rêves de Serge Thourn (personnage de commissaire apparaissant dans les deux autres textes) concernent justement ces histoires annexes/essentielles. Mais je ferais en sorte de ne pas trop vous embrouiller.
Une dernière chose, pour la fin: Je déplore également, tout comme vous, l'absence manifeste de l'ambiance du départ, que j'avais su conférer à  l'enterrement et au restaurant. Je n'arrive pas à  avoir autant d'inspiration que pour ces premiers chapitres et je m'en excuse. J'ai été boosté lorsque j'ai rallié cette fic à  mes autres récits, lors du songe de Thourn, et DragonNoir l'a manifestement remarqué. J'espère arrivé à  retrouver cette muse créatrice et dominatrice lors de mes prochains voyages dans l'au-delà .
(hum, j'ai écrit un pavé, moi...)

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MessagePublié: 07 Mars 2005, 20:29 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
Message(s) : 6475
Localisation : Paris, France.
Modifier tes écrits en fonction des desideratas du public ? Et puis quoi encore ?
Une oeuvre d'art se forge de partis pris. Créer, c'est prendre des risques. Tu n'as pas à  ôter tel ou tel personnage, telle ou telle intrigue parce qu'elle ne plaît pas à  certaines personnes.


Post-scriptum : Un point plus intéressant est ce multivers auquel tu fais référence dans ton dernier message, qui m'évoque autant l'Entre-Deux-Mondes de Stephen King que la Non-Réalité que j'avais forgé (sans parler de l'Hypercycle du Multivers de Moorcock). Davantage de détails là -dessus seraient souhaitables, ainsi que d'autres textes non liés à  Traumen.

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Dernière édition par Raphychou le 08 Mars 2005, 22:35, édité 1 fois.

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