Années 80-90. De nombreux artistes mondialement connus tels que Ray Bradbury et Moebius sont impliqués dans la réalisation d'un dessin animé adaptant la mythique bande dessinée de Winsor Mc Cay, "Little Nemo in Slumberland".
Le résultat ? Un film aux décors superbes et à l'histoire bien conçue, à l'univers réussissant le tour de force d'être fidèle à l'oeuvre originale tout en établissant une certaine cohérence...
MAIS...
... un film normal, convenu. Les musiques sont anodines, l'intrigue ne réserve aucune surprise, le dessin animé se borne à exploiter tranquillement l'univers du comic strip original et le tout est banalisé par un scénario auquel a participé Chris Columbus, dont la capacité à ternir des chefs-d'oeuvres par un aspect "américain bon enfant" demeure inégalé (je citerai l'adaptation de "Harry Potter", pour ne prendre que l'exemple le plus douloureux).
Qui plus est, le monde onirique qu'explore Nemo est mutilé et divisé de manière manichéenne en deux portions : Slumberland et le pays des cauchemars. Alors que chez Mc Cay, bien et mal, horreur et merveilles, étaient mêlés de la plus fascinante et de la plus inquiétante des manières, on obtient ici l'opposition entre une féérie dépourvu de tout aspect obscur, de tout danger, à un point insupportable, et une région "terrifiante" qui se résume aux canons du genre (marécages, souterrains et château du Seigneur des Ténèbres...). Du coup, l'impact du film est tout relatif, l'absence totale d'idées originales transparaît clairement et le tout ne reste pas dans les mémoires.