Brice annonce : Sorti aujourd'hui mardi 9 Novembre 2004... Plus long d'un quart d'heure.
Et un deuxième dvd, avec plein de bonus.
Mais tu dois nous en dire plus !
Quels sont les changements présentés dans cette nouvelle version ? La mise en scène dans son ensemble a-t-elle été remaniée ? Les personnages paraissent-ils plus humains encore ? Le caractère de brûlot du long métrage apparaît-il plus évident ? "Battle Royale" conserve-t-il toute son efficacité sous cette forme ou ces quinze minutes supplémentaires le ralentissent-ils ? Y a-t-il une ouverture sur les événements de la séquelle ?
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DragonNoir rajoute :
Je conteste ce jugement chargé de mépris. "Battle Royale" est une oeuvre porteuse d'une violence extrême, qui renvoie l'être humain dans la barbarie la plus totale et ne cherche que trop rarement à l'en déloger (par exemple avec la scène du professeur agonisant qui répond au téléphone).
Cependant, voir dans cette abominable boucherie l'illustration même d'un nihilisme sanglant serait une conclusion hâtive. Le réalisateur a un discours et l'imprime par tous les moyens dans l'esprit du spectateur.
"Battle Royale", c'est d'abord un homme : Kinji Fukasaku. Ce réalisateur japonais est connu pour son sale caractère et sa rigueur dans le métier. Brosser son portrait relève d'une gageure.
Un jour, son fils, guère plus commode que lui, eut vent d'un livre nommé "Battle Royale", exposant un pitch qui devait devenir célèbre : un groupe d'étudiants lâchés sur une île et forcés de s'entre-tuer. La survie était l'unique objectif, mais les multiples enjeux de l'histoire et les thématiques sous-jacentes faisaient toute la différence. Fukasaku Junior bondit sur l'occasion. Son père eut vent du projet... plus rapide que son rejeton, il s'appropria l'entreprise ambitieuse d'adaptation cinématographique.
Ainsi naquit "Battle Royale". Fukasaku malaxa et modifia le scénario jusqu'à ce qu'il s'adapte à son point de vue. Car bien plus que l'auteur du livre, il avait compris combien cette lutte à mort était appropriée à une attaque en règle de la société en général et des règles de vie japonaises en particulier, le tout dissimulé sous les atours alléchants d'un film simple, énergique et barbare. "Iconoclasme provocateur" devinrent les maîtres mots de cette oeuvre.
Au-delà des qualités formelles de "Battle Royale" - rythme superbe, photographie au-dessus de tout soupçon, effets spéciaux sans failles, personnages développés avec soin - , c'est tout bonnement un film barbare, qui exprime donc à la perfection le moteur premier de l'histoire : la tuerie. Rien ne vient nous distraire de cet objectif primitif, ramenant l'homme à son statut initial de bête sauvage. Quand le vernis de la civilisation tombe et qu'apparaît l'animal? mais pourtant, seul l'homme tue pour le plaisir. En réalité, les participants au jeu sont abaissés bien plus bas que la bête la plus vile. C'est là que Fukasaku réussit magistralement, lorsqu'il nous confronte à cette figure atroce et vulgarisée : l'assassin.
On peut également trouver un niveau de lecture social. Le réalisateur va jusqu'à placer la comparaison dans la bouche de l'un des personnages, le professeur meurtrier interprété avec brio par l'acteur Kitano (dont on pouvait déjà remarquer le talent dans "Furyo", confronté à David Bowie) : "N'oubliez pas? c'est la vie elle-même qui est un jeu". Si la violence est, du propre aveu de Fukasaku, le thème principal du film (il avait même fantasmé un dénouement sur l'archipel nippon, entre les survivants du Battle Royale et les membres du gouvernement), c'est avant tout un moyen d'appuyer la monstruosité du système japonais. Un monde hiérarchisé, plus rigoureux qu'une machine, qui broie les éléments trop fragiles. En ce sens, le propos rejoint celui d'
Amélie Nothomb dans le livre "Stupeur et tremblements" : c'est une société dénuée de pitié et de remords, chaque élément doit manifester une dévotion sans bornes envers ses supérieurs (et ne pas même songer à contester leur opinion). Si on mettait des fusils entre les mains de certains cadres japonais, hésiteraient-ils à loger des cartouches dans les poitrails de leurs collègues ? Il est permis d'en douter.
"Battle Royale" ne pose aucune question, n'apporte pas de réponse, ne fait que constater. Que ce soit la barbarie latente de l'être humain, le comportement de la jeunesse au Japon ou les aspects désagréables du système de ce pays, Fukasaku considère ces horreurs sans mot dire et brise la barrière du politiquement correct dans un film exceptionnel.
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