Rions un peu avec l'industrie cinématographique américaine.
Certains d'entre vous (les gens de qualité) ont peut-être vu le film... Non, le CHEF-D'OEUVRE (je le pense vraiment) qu'est
"Donnie Darko", sorti il y a maintenant presque huit ans. Un film de Richard Kelly, une espèce de fresque finalisante de tout ce qui a pu cinématographiquement tourner autour des adolescents dans la production américaine de ces trente dernières années. A la fois teenage movie, film de science-fiction hardcore, comédie, drame familial et satire sociale, je tiens ce film pour une oeuvre majeure du cinéma.
L'histoire... Pfff, c'est dur à raconter. Fin des années 80, petite bourgade bourgeoise des Etats-Unis, à la veille de l'élection de Bush père. Un lycéen, Donnie Darko, est affligé de crises de somnambulisme frisant la schizophrénie. Durant l'une de ces crises, un type déguisé en lapin de l'apocalypse lui annonce qu'il ne reste que 28 jours avant la fin du monde. Pendant ce temps, dans sa chambre laissée vide, un réacteur d'avion écrase le lit où Donnie aurait dû être en train de dormir. Convaincu d'être une espèce de messie, Donnie se met au boulot pour trouver la cause de la fin du monde à venir, et la combattre.
Sauf que le film parle en fait très peu de ça, et est surtout construit autour de scènes adolescentes ou familiales incroyablement bien jouées et écrites, qui donne au film l'air d'être une peinture de l'Amérique telles que Stephen King sait si bien en faire dans ses meilleurs livres.
Breeeeeef.
Tout ça, c'était bel et bon. Jusqu'à ces derniers jours. La nouvelle m'est tombée sur la gueule comme l'annonce du compte à rebours était tombée sur celle de Donnie : "ILS" sont en train de lancer la sortie de "S.Darko"... La suite du chef-d'oeuvre sus-mentionné. Chef-d'oeuvre qui, ceux d'entre vous qui l'ont vu le savent, admet assez difficilement une suite.
Le réalisateur est complètement inconnu au bataillon, et surtout, n'est pas celui de Donnie Darko. L'un des acteurs est
la tête pleine d'eau qui va jouer Songoku dans "Dragon Ball Evolution". La bande-annonce est boursouflée d'effets spéciaux et de "passages qui font peur". L'élément pertubateur semble être exactement le même que dans "Donnie Darko". La punchline, "What would you do if you knew the future?" est d'une nullité sans fond. Le tout sent vraiment à dix mille kilomètres le producteur obèse et fumeur de cigare qui ricane dans son fauteuil en cuir en disant "Hey, Jim, you know comment on pouwait faiw du dollaws easy, dude ? Une fucking suite de Donnie Darko, brother !".
Bref, l'odeur du nanard déshonnorant m'entoure de toutes parts.
MAIS.
Mais Kraken a dû déteindre sur moi. Car j'ai envie d'y croire.
D'abord, le film initial, Donnie Darko, s'était entouré d'un univers surnaturel tout en non-dits. Univers que, j'en ai l'impression au vu de
la bande-annonce de S.Darko, cette suite va grandement explorer. Si le premier film se servait finalement du surnaturel pour raconter une autre histoire, le processus semble ici contraire. Ca se défend, comme démarche. Cela dit, vu ce qu'on sait de la mythologie autour du premier film, je me demande vraiment comment ils vont amener ce qu'on voit dans la bande-annonce, à savoir, entre autres, une espèce de phénix, des pluies de météorites, une ado qui visiblement peut faire des boules de feu et un type à gueule de vampire...
Ensuite, le film ne s'appelle pas "Donnie Darko 2". "Donnie Darko" était, comme son nom l'indique, un film sur un personnage, et pas sur une histoire. L'entier déroulement de la narration reposait sur les épaules du personnage central, qui sera probablement complètement absent de "S.Darko". L'héroïne est ici Samantha Darko, la petite soeur du précédent héros (petite soeur qui a grandi d'une dizaine d'années, et qui est jouée par la même actrice, qui a elle aussi grandi d'une dizaine d'années). Si le réalisateur et le scénariste ont compris ce qu'ils faisait, ça peut être regardable.
D'ailleurs, en guise de dernier argument en faveur de ce film, c'est bien cette actrice, justement.
Daveigh Chase. Cliquez sur le lien, vous comprendrez. J'irai bien entendu voir un film dont cette fille occupera la quasi-totalité des scènes.
Allez, on verra bien. Je garde espoir. Par plaisir.