Au cours de leur carrière, certains comédiens tomberont sur
le rôle qui leur collera à la peau, quoi qu'ils entreprennent par la suite. Parfois c'est dur. D'autres fois, on assume. Preuve en est avec Glenn Close qui, depuis son interprétation de la Merteuil dans
Les Liaisons Dangereuses, cultive les rôles de sociopathes manipulatrices et légèrement sadiques sur les bords. Et la série
Damages n'est pas une exception.
Après les salles d'opérations avec
Urgences, les pompes funèbres avec
Six Feet Under et les bureau de police avec
The Shield, c'est dans l'ambiance feutrée des agences d'avocats que l'on pénètre avec cette courte série de 13 épisodes (une seconde saison est prévue pour juillet).

Patricia Hewes (je vous en prie, appelez-la Patty, notre Glenn Close) est une pointure, et le sait. L'affaire que l'on vient de lui confier - 500 employés assignent leur patron en justice - peut lui rapporter beaucoup. Et pour Patty, la dose de moralité que l'on injecte dans une affaire est proportionnellement inverse à son importance. Autant dire que sur ce coup-là , tout est permis. A commencer par la manipulation intégrale de cette toute nouvelle avocate : Ellen Parsons.
Le concept de
Damages tient en ce simple mot : Manipulation. Chaque personnage joue une partie d'échec en se servant des autres comme pions, le gagnant sera celui qui prévoira le plus de coups à l'avance. La grande astuce de la série réside dans le fait qu'elle suit deux lignes temporelles, espacées de six mois, qui vont petit à petit se rejoindre : on assiste donc aux résultats de la partie d'échec avant de comprendre ce qui s'est réellement passé. Et chaque révélation est l'occasion d'en découvrir davantage sur l'ingéniosité ou le machiavélisme de Patty ou de son entourage.
En effet, si Glenn Close domine la série, elle ne la phagocyte pas pour autant, monstre parmi d'autres monstres. Chaque personnage parvient à créer son lot d'antipathie mais également d'empathie. Les retournements de situation s'enchaînent, tout en restant cohérents et en traçant des portraits de personnages, certes humains, mais cherchant à oublier jusqu'au sens du mot scrupule. Le tout servi par une écriture ciselée, une photographie nerveuse et dynamique et une bande-son qui a le bon goût de se faire discrète.
C'est fin, racé, et pourtant parfois très bourrin, mais, au-delà de ça, jouissif.
Damages met en avant une intelligence amorale, génératrice de souffrance, mais malgré tout admirable.
Je concluerai sur cette phrase frappée de bon sens de ma petite soeur : "Après avoir regardé Damages, ça fait un peu chochotte de jouer à Phoenix Wright non ?"